RAPPORT D’ETUDE Par Dr OULEDI Ahmed, Consultant
Août 2024
Table des matières
1 Contexte et justification de l’étude. 8
5 ANALYSE DES DONNEES COLLECTEES.. 12
5.1. Le tourisme aux Comores. 12
5.2. Le tourisme culturel aux Comores. 18
6.1. Bref rappel historique. 20
6.1. Les sites seriels selectionnes. 21
6.1.1. LA MEDINA DE MUTSAMUDU (ELEMENT 1) 21
6.1.2. LA MEDINA DE domoni (ELEMENT 2) 22
6.1.3. LA MEDINA d’itsandra (ELEMENT 3) 23
6.1.4. LA MEDINA DE d’iconi (ELEMENT 4) 24
6.1.5. LA MEDINA DE Moroni (ELEMENT 5) 25
6.1.6. LA MEDINA DE ntsoudjini (ELEMENT 6) 27
6.2.1. Des opportunités pour la découverte sites historiques et culturels. 28
6.2.2. Des opportunites et des debouches pour l’artisanat comorien. 28
6.2.3. Des opportunites pour rehabiliter et sauvegarder le patrimoine architectural ancien. 29
7. Analyse Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces (FFOM) ou (SWOT) 30
Sigles et Acronymes
CNDRS | Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique |
COVID-19 | Pandémie du Corona Virus de 2019 |
ICOM | Conseil International des Musées |
ICOMOS | Conseil International des Monuments et des Sites |
ODD | Objectifs de Développement Durable |
OMT | Organisation Mondiale du Tourisme |
ONG | Organisation Non Gouvernementale |
ONTC | Office National du Tourisme des Comores |
OSC | Organisation de la Société Civile |
PCE | Plan Comores Émergent |
PCI | Patrimoine Culturel Immatériel |
PIB | Produit Intérieur Brut |
SHC | Sultanats Historique des Comores |
UNESCO | Organisation de Nations-Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture |
Remerciements
Cette étude entre dans la préparation de la rédaction du dossier d’inscription des sultanats des Comores sur la liste du patrimoine mondial. Elle a bénéficié de l’appui et du soutien financier du programme FSP RR, dans le cadre de la collaboration du CNDRS avec le service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Union des Comores.
Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui nous fournis les documents, rapports et photos d’illustrations notamment Mme Marie Attoumane, Directrice Générale du Tourisme, Dr Bourhane Abdérémane, Expert en patrimoine et ancien Directeur du CNDRS à Anjouan, Azali Said Ahmed, Enseignant et guide touristique professionnel. Nous voudrions leur témoigner de notre gratitude pour cet appui et cette collaboration.
Résumé analytique
L’Union des Comores a un potentiel culturel avéré pour développer un tourisme culturel et pour répondre ainsi à la demande des touristes souhaitant découvrir la culture et les traditions comoriennes. Les médinas des sultanats historiques des Comores représentent une opportunité et fort un volet attractif de cette forme de tourisme durable. En effet, situées au croisement de nombreuses civilisations, les Comores ont su générer au cours de leur histoire une culture riche et variée. Un patrimoine culturel riche et varié s’est développé autour de la pratique religieuse et des relations sociales au sein de la population. Il va des sites archéologiques aux édifices religieux, aux édifices architecturaux liés aux anciens sultanats, aux fortifications et aux sépultures, un patrimoine tangible, architectural et urbain, représenté par les 6 médinas concernées. A cela s’ajoutent de nombreuses croyances populaires et de nombreux rituels très intéressant à faire découvrir dont les danses et les chants qui occupent une place importante dans la vie comorienne, les mariages et fêtes traditionnelles, l’artisanat, le savoir-faire traditionnels constituent de véritables creusets culturels à découvrir. Ce riche patrimoine forme une offre touristique très attractive pour promouvoir la destination Comores.
Grâce à ces atouts, le gouvernement de l’Union des Comores dans le cadre de sa politique de développement un Plan Comores Emergent (PCE) qui fait du tourisme, un des socles de l’émergence des Comores. La vision déclinée dans le PCE qui est « de hisser les Comores au rang de destination touristique de référence » devra permettre de créer les conditions les meilleures pour la relance du secteur touristique et pour susciter l’intérêt des investisseurs internationaux et nationaux. Dans cette logique, le tourisme culturel peut être créateur d’emplois, favoriser l’amélioration des conditions de vie, contribuer à la préservation du patrimoine matériel et immatériel et limiter les flux migratoires notamment des jeunes. Pour promouvoir le tourisme culturel, des efforts sont à faire pour protéger et valoriser les éléments de ce patrimoine culturel et naturel très fragiles. Des stratégies sociales, économiques et culturelles doivent être développées et s’articuler avec le développement infrastructurel afin de permettre au pays de se positionner sur ce créneau nouveau en proposant des produits compétitifs qu’on ne trouve pas sur d’autres destinations concurrentes. Ces produits originaux, spécifiques et adaptés au nouveau marché nécessitent des efforts importants dans les domaines suivants :
- Les monuments et les sites doivent être identifiés, préservés et promus
- L’artisanat doit être soutenu en tant qu’important secteur et bénéficier d’un appui important notamment en matière de formation, de professionnalisation, la qualité, la transmission des savoir-faire traditionnel et la mise en vente des productions
- Élaboration d’un répertoire des différentes formes artistiques présentes dans les principales cités : art funéraire, chants soufi, sculptures, l’art architectural, art culinaire, art funéraire, art vestimentaire,
- Établir un calendrier des évènements culturels (grand-mariages, fêtes traditionnelles, expositions, etc.) chaque année et le diffuser largement pour permettre aux touristes de planifier leurs visites ;
- L’organisation de visites de découverte de la vie quotidienne dans les médinas tout en préservant la quiétude des quartiers et en développant des formes d’accueil chez l’habitant qui impliquent le touriste dans la vie des communautés.
Ces actions doivent être conduites en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires publics et privés concernés, et les partenaires techniques et financiers. Les habitants des médinas et la société civile devront être impliqués fortement pour assurer la qualité, l’efficacité et la durabilité des projets à développer.
Introduction
Le Tourisme est une des plus grandes industries au monde. Le secteur représentait, avant la pandémie de la COVID-19, plus de 10% du marché de l’emploi mondial et 11% du PIB mondial. En tant que tel, il a un impact majeur et croissant tant sur l’environnement que sur la société. Les impacts peuvent être négatifs comme positifs. Le développement et la pratique inadaptés du tourisme peuvent entraîner la dégradation des habitats et des paysages, la réduction des ressources naturelles et l’accumulation de déchets et de pollution. Par contraste, le tourisme durable peut contribuer à faire naître une prise de conscience et un soutien à la protection de l’environnement et à la culture locale, et engendrer des perspectives économiques pour les pays et les communautés.
Le tourisme est aussi un secteur économique qui a besoin de se nourrir de l’identité et d’événements culturels des destinations et qui représente, en échange, un fort moyen de préservation, de renforcement et de financement des spécificités culturelles[1]. Bien que la question de la sauvegarde du patrimoine culturel de l’archipel des Comores semble aujourd’hui bénéficier d’une certaine attention de la part du gouvernement et de la société civile, les actions concrètes sont rares et ne semblent pas répondre à un plan stratégique spécifique. Situées sur la route maritime menant vers l’Asie, le monde arabo-musulman, l’Afrique et l’Europe, les Comores Furent longtemps une escale obligée. Sa position géographique privilégiée et son passé historique multiséculaire ont fait de l’archipel comorien, un pays hériter d’une grande richesse patrimoniale. Il est doté d’une grande diversité dans son patrimoine intangible fait de contes, de danses, de mythes et de croyances populaires, mais aussi dans son patrimoine tangible avec ses cités historiques, ses édifices architecturaux et ses sites naturels remarquables.
Peu sont les actions d’envergure qui ont été conduite pour préserver, conserver et valoriser cette richesse culturelle exceptionnelle. Les conséquences de ce retard accusé sont perceptibles avec les dégradations des sites patrimoniaux de grande valeur, menacés actuellement de destruction et de disparition par la dégradation naturelle (monuments, sépultures…) et par la pression excessive exercée sur les espaces abritant des médinas historiques. Le temps, la nature et l’homme lui-même, font des ravages et menacent des bijoux dignes d’admiration et de protection, que de nombreux touristes aurait probablement voulu découvrir.
Le présent rapport soulève la nécessité de prendre des mesures urgentes, dans la perspective d’un modèle de développement, afin de contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine et surtout d’impliquer les personnes et les communautés vivant dans ces lieux d’intérêt pour le pays et pour l’humanité. Ce rapport s’inscrit dans un cadre plus global en ayant pour mandat d’étudier la situation actuelle du tourisme culturel aux Comores en général, et dans les médinas concernées en particulier, et les plans de développement touristique à l’étude. Il sera intégré au chapitre 5 du dossier de candidature et au Plan de Gestion des sites. Sa préparation s’est appuyée principalement sur une revue de la littérature et une consultation limitée à travers un entretien avec les autorités nationales et des discussions avec des acteurs du secteur du tourisme.
1 Contexte et justification de l’étude
Dans le cadre du programme FSP RR, le CNDRS en collaboration avec le service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Union des Comores, met en œuvre un projet des études des Sultanats historiques des Comores pour la préparation du dossier d’inscription sur la liste du patrimoine mondial. Ce travail fait suite à la mission de conseil conjointe UNESCO/ICOMOS, sur invitation de l’État partie des Comores Cette mission s’est rendue aux Comores du 31 mai au 9 juin 2022. Son objectif était de mener une étude de faisabilité de la proposition d’inscription du site, inscrit depuis 2007 sur la Liste indicative de l’État partie. La mission des experts internationaux d’ICOMOS/UNESCO et des experts nationaux s’est rendue sur les Médinas de Mutsamudu et Domoni situées sur l’île d’Anjouan, et de Moroni, Itsandra, Iconi et Ntsoudjini sur l’île de la Grande Comore. Pour information, ne faisant initialement pas partie du bien tel que proposé dans la Liste indicative, l’étude de la médina de Ntsoudjini a été retenu à la demande de l’équipe nationale.
La mission a ainsi pu se rendre compte de l’état actuel de la conservation et de la gestion de chacune des Médinas, du rôle et des capacités des différents acteurs et parties prenantes ainsi que de l’état d’avancement du dossier de proposition d’inscription du site candidat. Sur cette base, la mission a également fourni un ensemble de recommandations en vue de la finalisation du dossier de proposition d’inscription. Sur la base de ces recommandations, l’État partie des Comores en collaboration avec le comité scientifique de l’équipe nationale et le comité de pilotage entend réaliser une série d’études notamment sur l’architecture, urbanisme, cartographie, histoire, anthropologie, tourisme culturel et le droit du patrimoine.
Le mandat confié à la consultance a été d’étudier la situation actuelle du tourisme culturel aux Comores en général, et dans les médinas concernées en particulier, et les plans de développement touristique à l’étude. Cette étude sera intégrée au chapitre 5 du dossier de candidature et au Plan de Gestion des sites.
2 objectifs de l’etude
L’étude vise à dresser un état des lieux de la situation actuelle du tourisme culturel aux Comores dans la perspective de l’inscription des Sultanats historiques des Comores au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, Elle s’intéressera en particulier aux plans de développement touristique des médinas.
L’étude a eu à:
- Évaluer la situation actuelle du tourisme culturel aux Comores
- Analyser les perspectives de développement du tourisme culturel et de valorisation des médinas notamment à travers une analyse de l’infrastructure disponible pour l’accueil des touristes en termes, entre autres, des capacités d’accueil, de la restauration et de la gastronomie locale, des conditions de sécurité, des contraintes culturelles locales…
- Formuler des éléments d’un plan de sensibilisation et de mobilisation sociale de la population en faveur de la préservation, la conservation et la valorisation touristique.
- Formuler des éléments d’un plan de renforcement des capacités des acteurs publics et privés pouvant être impliqués
3 DEROULEMENT DE L’ETUDE
- Les étapes de l’étude
L’étude s’est déroulée du début du mois de mars à août 2024, date de remise du rapport final. Les différentes étapes sont résumées ainsi :
- Elaboration du Plan d’étude (note méthodologique + Plan) le 23/03/24
- Remise du 1er livrable du rapport d’étude le 29/05/2024
- Remise du 2ème livrable du rapport d’étude final en août 2024
- Calendrier de l’étude
Le calendrier de ces principales étapes de l’étude est présenté dans le tableau ci-dessous :
Phases | Activités | Mois1 | Mois2 | Mois3 | Mois4 | Mois5 |
Evaluation | Élaboration de la méthodologie et des outils d’investigations et de collectes de données et préparation de la mission terrain | |||||
– Revue documentaire – Prise de contacts avec les personnes-clés du secteur touristique et culturel – Visites de terrain des principaux sites culturel et des médinas à Ngazidja – Échanges pour Mutsamudu et Domoni avec des personnes clés de ces deux villes – Entretiens avec les personnes ressources et ONG opérants dans le domaine culturel | ||||||
-Identification des principaux opérateurs touristiques (agences, ONG…) – Identification des principaux opérateurs culturels dans les médinas cibles | ||||||
Inventaires des ressources et des compétences existantes Inventaires des besoins en formation et en renforcement de capacité de ces compétences | ||||||
Analyse | Traitement et Synthèse des informations collectées | |||||
Analyse en profondeur des données collectées | ||||||
Développement du « rapport provisoire » y compris les conclusions préliminaires | ||||||
Remise du rapport provisoire | ||||||
Conclusions, Recommandations Finalisation | Considérations des commentaires et recommandations issues du CNDRS et des experts du programme FSPI RR | |||||
Validation des conclusions et recommandations | ||||||
Finalisation du rapport final | ||||||
4 METHODOLOGIE
- Cadrage de la mission
Des réunion de travail ont été organisée avec le CNDRS afin d’assurer du cadrage de l’étude et pour s’assurer de la compréhension de l’étude et de l’appui du programme FSPI RR tout au long de son déroulement.
- Collecte des informations
Des échanges notamment avec les acteurs de l’île d’Anjouan ont été organisés pour collecter les documents et rapports pertinents pour la réalisation de l’étude. Des rencontres ont été organisées également pour rechercher et collecter les informations de base à travers des entretiens ciblés avec des institutions et des personnes clés du secteur du tourisme et de la culture. Des visites de terrain des principaux sites avec prise de photos ont eu lieu.
L’étude analyse aussi les données liées aux media sociaux (groupes d’intérêt, associations, visiteurs, associations d’expatriés…) et les données disponibles par internet.
- Revue documentaire
Notre travail a consisté à identifier et trouver les documents pertinents relatifs à la problématique du patrimoine culturel et de sa valorisation aux Comores. Notre recherche est basée sur la définition de « patrimoine culturel » donnée dans la Convention pour la protection du patrimoine mondial naturel et culturel de l’UNESCO de 1972, et sur lesdéfinitions de l’UNESCO sur le patrimoine culturel immatériel, contenues dans la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003.
Dans le cadre de cette étude, des informations de base mais aussi des données plus développées ont été collectées notamment des données statistiques, des articles de périodiques, des rapports sectoriels ou des thèses sur le tourisme culturel aux Comores et dans la région Océan Indien en vue de la mise en valeur touristique des médinas historiques. Le rapport comporte une liste bibliographique détaillant les sources consultées.
- Entretiens avec des acteurs clés et des parties prenantes
Des entretiens et des visites de terrain ont été réalisés pour collecter des informations complémentaires auprès des associations et autres personnes ressources.
- Étude sur l’état de connaissance
L’approche proposée pour la réalisation de cette enquête, s’articule autour des axes d’interventions suivants :
- Faire un état des lieux, recenser, compiler et analyser les rapports existants, les politiques et stratégies existantes ainsi que les dispositifs institutionnels impliqués directement ou indirectement dans le tourisme.
- Récolter les données relatives au tourisme et aux touristes aux Comores et sur chaque île.
- Analyse des données collectées
- Analyse de la revue documentaire
Le rapport a eu à analyser la problématique du tourisme culturel dans toutes ses dimensions pour mieux appréhender et cerner les enjeux, les défis et les solutions à préconiser pour assurer sa promotion.
- État de lieu du tourisme culturel
L’analyse des données collectées a permis de rédiger :
- Un rapport provisoire sur l’état du tourisme culturel
- Un rapport final faisant la synthèse, assorti de recommandations tangibles.
- Analyse FFOM du cadre institutionnel existant en matière de tourisme culturel
L’analyse a permis de faire ressortir les forces et les faiblesses en matière du tourisme culturel ainsi que d’identifier les opportunités disponibles pour développer un cadre plus adapté en adéquation avec les enjeux et défis qui se présentent et aussi par rapport aux menaces auxquels le patrimoine cultuel du pays est confronté. Il s’agit de :
- Faire une analyse Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces (FFOM ou SWOT) du secteur touristique en lien avec le tourisme culturel en soulignant éventuellement les opportunités offertes par les différents cadres existant (PCE, Agenda 2030, adhésion à l’OMC…)
- Concevoir et proposer des recommandations précises et mesurables, capables de contribuer à l’élaboration d’un programme de développement du tourisme culturel en lien avec les médinas.
- Analyse socio-économique dans la perspective du développement du tourisme culturel
La problématique de l’intégration des groupes vulnérables dans les actions à développer en matière de tourisme culturel a été prise en compte par l’étude. En effet, promouvoir le tourisme culturel dans une perspective économiquement durable suppose également une forte implication de la population et plus particulièrement des jeunes, des femmes et des personnes vivant avec un handicap.
Il s’agit d’étudier la prise en compte de la problématique de genre mais aussi des droits humains dans la perspective de développer le tourisme culturel notamment dans les volets pouvant contribuer à créer des activités génératrices de revenu.
5 ANALYSE DES DONNEES COLLECTEES
5.1. Le tourisme aux Comores
Le développement du tourisme constitue un des socles majeurs du Plan Comores Émergent (PCE) à l’horizon 2030. La vision déclinée dans le PCE est « de hisser les Comores au rang de destination touristique de référence ». L’artisanat accompagnera cette vision en étant un des leviers du tourisme.
Le rôle du tourisme comme moteur de développement découle de ses avantages comparatifs attesté par une nature exceptionnelle avec des écosystèmes, terrestres et marins, remarquables, de nombreux sites balnéaires, et un patrimoine historique et culturelle riche et varié. Le pays se fixe l’objectif d’asseoir durablement une croissance soutenue de ce secteur à long terme et de dépasser la barre des 200.000 touristes par an à l’horizon 2030, y compris les Comoriens résidents et non-résidents.
Le gouvernement entend reposer son action sur une politique touristique volontariste en matière d’offre touristique (hôtels, randonnées, écotourisme etc…) et de ressources humaines de qualité, indispensables pour réaliser cette ambition. Pour assurer le développement du tourisme, les autorités entendent concentrer leurs principales actions sures :
- L’aménagement du territoire par la définition des zones dédiées à chaque segment du secteur.
- La formation initiale et continue aux métiers du tourisme et d’hôtellerie.
- L’organisation des acteurs du secteur tourisme (hôteliers, agences de voyage, restauration, transport, guides, etc.).
- L’intégration des secteurs connexes (énergie, eau et assainissement, sécurité) dans la configuration du secteur.
- Le développement du transport aérien et maritime et des liaisons avec le pays
- La promotion de la destination Comores.
Ces différentes étapes sont conçues pour se faire sous l’égide de la bonne gouvernance du secteur afin d’éviter la dégradation de l’environnement et de créer un climat des affaires propice aux investissements dans le secteur. Un plan d’aménagement et développement touristique a été développé dans le but de concevoir des aménagements touristiques permettant de valoriser le potentiel touristique des différentes îles.
Les Comores disposent effectivement d’un capital touristique reconnu pour être une destination touristique à part entière comme les autres îles du monde. Elles possèdent plusieurs atouts et potentialités, cependant les capacités hôtelières sont quantitativement et qualitativement limitées, et les arrivées restent encore modestes. Au terme de l’année 2023, le volume touristique international enregistré dans le pays a été estimé à 33 039 touristes[2]. La majorité de ces arrivées provient de la France (83%), et plus précisément de la diaspora comorienne. Les motifs du séjour sont variables : tourisme et loisirs (38%), visites familiales (29%), affaires et motifs professionnels (15%), et autres motifs (18%)[3].(cf. figure 1).
Figure 1 : les arrivées touristiques en 2023 (source DNTH)
La tendance est en nette évolution si l’on compare les flux enregistrés ces dix dernières années (cf. figure 2). Entre 2014 et la fin de l’année 2023, le nombre des arrivées a progressivement augmenté considérablement. La chute observée en 2020 est liée à la pandémie du covid-19 qui avait fait ralenti le secteur touristique au niveau global.
Figure 2 : tendance des arrivées touristiques 2014-2023
Ces indicateurs montrent que le tourisme comorien se trouve encore à l’état embryonnaire tant au niveau des infrastructures qu’au niveau des fréquentations touristique. Alors que près de deux millions de touristes sont attirés chaque année dans les îles sœurs de l’Océan Indien, les Comores connaissent une très faible fréquentation. L’essentiel des touristes est constitué par un tourisme affinitaire de la diaspora.
En se référant aux études et travaux faits dans le cadre de la préparation de la Conférence des Partenaires au Développement (CPAD) tenue à Paris en décembre 2019 et ceux effectués dans le cadre du Plan de Relance Post-Covid-19, le secteur tourisme fait l’objet de contraintes majeures d’ordre institutionnel, infrastructurel qui touchent également le capital humain et le climat des affaires. Au niveau institutionnel, les contraintes sont principalement liées à l’environnement des affaires et notamment à :
- Des taux de crédit élevé pour les investissements.
- L’insuffisance des infrastructures
- Un climat des affaires peu propice à l’investissement.
En matière d’infrastructures et de capital humain, les contraintes portent surtout sur :
- Le manque de vols directs entre les pays émetteurs et les Comores.
- La faible adaptation des banques et des services financiers au tourisme moderne.
- L’insuffisance d’une sécurité sanitaire et alimentaire insuffisante.
- La faible pénétration des technologies de l’information et de la communication dans le tourisme.
- La capacité limitée des institutions de formation en tourisme ainsi que la limite dans la qualification des ressources humaines.
D’autres contraintes viennent aussi se greffer à celles-ci, notamment l’absence d’un budget national de promotion, et le prix élevé des billets d’avion vers les Comores, quel que soit le lieu de provenance.
Le choix opéré dans le cadre du PCE de faire du tourisme un levier du développement place les Comores dans une nouvelle trajectoire de développement prometteur. En effet, dans une région, qui bénéficie depuis longtemps d’une image touristique très forte avec les îles de l’Océan Indien, les Comores pourraient avoir la possibilité de développer un secteur touristique capable de générer des entrées de devises, des emplois et des effets induits sur les autres secteurs de l’activité économique tout en participant efficacement aux politiques de réduction de la pauvreté.
Les défis à relever sont cependant nombreux et les contraintes déjà identifiées doivent être levées pour permettre une relance rapide du secteur tourisme.
Dans le cadre du plan d’action et de mise en œuvre du PCE, le gouvernement s’est engagé à :
- Mettre en œuvre un cadre légal et règlementaire favorable au développement touristique, notamment par la mise en place d’un cadre plus appropriée, d’une stratégie nationale du tourisme, et d’un plan d’Aménagement touristique.
- Bâtir les infrastructures adéquates servant le secteur touristique.
- Veiller à l’application des textes relatifs à la préservation de l’environnement (dont le respect de l’interdiction de prélèvement de sable et de matériaux de construction sur le littoral, la gestion des déchets, le braconnage des tortues, l’extraction de sables marins etc…).
- Mettre en place des centres de formations capables de fournir une main d’œuvre de qualité.
- Se confronter aux problèmes de changement climatique à travers les politiques et stratégies des différents secteurs connexes au tourisme (lutte contre le déboisement côtier…).
- Assurer la sécurité sanitaire.
- Concevoir une ingénierie d’offre pour réduire les coûts des billets.
- Promouvoir l’intégration à l’échelle régionale.
Le contexte national, régional et international s’avère favorable pour engager le pays dans la promotion du tourisme notamment culturel.
Avec l’augmentation des compagnies aériennes et du trafic voyageur, le nombre de touristes ne cesse d’augmenter et, si les actions programmées sont mises en œuvre, le secteur peut décoller progressivement en profitant des retombés du développement touristique régional avec les îles vanilles, de la percée diplomatique opérée par les Comores avec la présidence en exercice de l’Union Africaine et même les succès de l’équipe nationale de football «Les cœlacanthes ». Les projections réalisées par la Direction du tourisme pour les dix prochaines années sont prometteuses (fig.3)
Figure 3 : projections des arrivées touristiques jusqu’à 2033 (source document préparatoire PCE)
À travers, l’augmentation substantielle des arrivées touristiques (plus de 200 000 à l’horizon 2030), les recettes liées au secteur tourisme devraient significativement augmenter et avoir des impacts sur le Produit Intérieur Brut (PIB) et la création d’emploi et in fine contribuer à la lutte contre la pauvreté. D’ici là, le pays s’est engagé à œuvrer pour faire en sorte que de plus en plus de compagnies aériennes internationales desservent les Comores. Ces arrivées devront être en adéquation avec l’augmentation de la capacité d’hébergement opérationnelle qui était estimée à seulement 763 chambres et 1526 lits pour l’année 2018. Les Comores pourront ainsi accéder au groupe de pays touristique de la région.
En effet, au niveau régional et international, le tourisme occupe une place importante dans l’économie de nombreux pays. En Afrique, le Maroc, l’Egypte, l’île Maurice, la Tunisie, l’Afrique du Sud, le Seychelles, le Kenya et la Tanzanie figurent parmi les pays qui attirent le plus de touristes. Par exemple, en 2018, avant la pandémie de la COVID 19, les recettes touristiques de la Tanzanie ont atteint 2,4 milliards de dollars américains. Le nombre de visiteurs était évalué à 1,5 million sur l’année. En 2021, les Seychelles ont ainsi généré environ 502,24 millions d’euros dans le seul secteur du tourisme. Cela correspond à 25,36 % du produit intérieur brut et à environ 6 % de toutes les recettes touristiques internationales en Afrique de l’Est. Le tourisme constitue la première ressource en devises de ces pays récepteurs, soutient la création d’emplois et stimule d’autres secteurs importants pour le développement notamment la conservation et la valorisation des ressources naturelles.
Ainsi, le nouveau positionnement des Comores à travers le PCE, constitue une réelle avancée pour dépasser ces contraintes et faire accéder les Comores à un nouveau statut. Le tourisme comorien pourrait alors aussi bénéficier de l’essor des autres îles et pays limitrophes dans le cadre d’un tour de l’océan indien et se connecter avec les offres proposées pour le bassin de l’Océan Indien. Les spécificités comoriennes devront être exploitées pour le développement d’un tourisme de niche. Les Comores se singularisent par à la fois ses sites naturels remarquables (Parc national de Mohéli, les Monts Karthala N’tingui), les vestiges des anciens sultanats historiques représentées par les médinas, les sites archéologiques de Sima, Ntsaouéni, Male, Moili mdjini…), les sites sacrés et un socle de traditions populaires.
Dans cette perspective également, l’alternative que représente l’écotourisme va permettre de développer des activités écotouristiques classiques basées sur la mise en place de circuits de randonnées et d’exploration des points d’attraits des zone terrestres, côtières, et marines par des infrastructures légères. Une partie des sites écotouristiques bénéficie déjà d’une action spécifique de la part des partenaires au développement (construction de bungalows, aménagements littoraux…).
Des actions de sensibilisation et d’éducation de la population riveraines des sites sont conduites par des associations et des ONGs locales concernant l’importance de préserver l’environnement marin et terrestre ainsi que la valorisation des sites. Grâce à cette implication des communautés locales, une offre d’activités écotouristique est disponible et contribue à valoriser les différents habitats et espèces qui y vivent : l’observation de la faune et de la flore marine et côtière (baleines à bosse, dauphins, oiseaux marins, tortues, concombres de mer…), l’organisation de randonnées pédestres à travers des sentiers littoraux et des sentiers littoral-montagne aménagés et balisés, le développement des activités de mer avec des ballades en pirogues, des visites de mangroves, etc.
Ilots de Nioumachoi (source A.Ouledi)
L’écotourisme permet ainsi de développer des activités génératrices de revenus pour les communautés riveraines des sites potentiellement touristiques, les pêcheurs, les agriculteurs et tous ceux qui vivent des produits marins et côtiers, en étroite collaboration avec les autorités locale qui gèrent ces aires.
Le défi à relever est le manque de ressources financières pour soutenir la durabilité environnementale. La mise en place et la gestion des aires protégées dans l’ensemble du pays est un facteur potentiel de développement de l’écotourisme en tant que source durable de revenus économiques, nécessaires à la gestion des aires protégées et à l’amélioration des conditions de vie des populations locales. La promotion de l’écotourisme devra servir à réduire les pratiques actuelles qui affectent l’écosystème marin et terrestre par la participation active de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé, les communautés locales et les pouvoirs publics.
L’ambition du PCE est de promouvoir la création d’un hub touristique inter-île autour des iles de l’Union des Comores. Chaque île devra doter d’une offre touristique caractéristique de sa spécificité. Pour l’île de Ngazidja, il est envisage dans sa partie nord d’aménager un centre balnéaire comprenant 3 hôtels, un centre de loisirs nautiques, un terrain de golf, un circuit de randonnée sur le Karthala ; A Mwali, une zone écotouristique est prevue autour du Parc national de Mohéli, des aires protégées, avec 2 hôtels ; A Anjouan, une zone touristique est prevue avec des circuits aménagés autour de la des médinas valorisant le patrimoine historique et culturel notamment de Mutsamudu et de Domoni. Cette diversification de l’offre est conçue pour être accompagnée d’un développement de produits touristitiques allant des produits de l’artisanat aux produits de terriroir.
5.2. Le tourisme culturel aux Comores
D’après la définition adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU Tourisme à sa vingt-deuxième session (2017), le tourisme culturel est « un type d’activité touristique dans lequel la motivation essentielle du visiteur est d’apprendre à connaître, de découvrir et de consommer les attractions/ produits culturels d’une destination touristique, matériels et immatériels, et d’en faire l’expérience. Ces attractions/produits se rapportent à un ensemble de caractères distinctifs d’une société – d’ordre matériel, intellectuel, spirituel et émotionnel – recouvrant les arts et l’architecture, le patrimoine historique et culturel, le patrimoine culinaire, la littérature, la musique, les industries créatives et les cultures vivantes avec leurs styles de vie, leurs systèmes de valeurs, leurs croyances et leurs traditions »[4].
La convergence du tourisme et de la culture et l’intérêt de plus en plus grand que les touristes portent aux expériences culturelles ouvrent ainsi des perspectives prometteuses pour le développement du tourisme au niveau mondial et de manière spécifique pour les Comores. Les Comores recèlent, en effet, de nombreuses richesses culturelles remarquables dont certains biens présentent un intérêt exceptionnel qui nécessite une préservation en tant qu’élément du patrimoine national, régional voire mondial. Ce patrimoine culturel représente un atout touristique important. Du brassage de la population comorienne, est née une grande homogénéité et une diversité culturelle et patrimoniale remarquable. La culture et les traditions sont nombreuses et rythment la vie quotidienne de la société.
La culture traditionnelle est faite de contes, de poésies et de proverbes. Il existe de nombreux sites archéologiques et religieux d’intérêt touristique. Cependant, ce patrimoine culturel a rarement été considéré comme moyen de développement économique et social. Cette situation a engendré un désintérêt pour la conservation des biens culturels dans de nombreuses localités et même dans les cités sultanesques. La population confrontée aux crises diverses se débarrassent facilement de leurs biens culturels et détruisent les anciens sites et monuments pour construire de nouvelles habitations. La majorité des sites historiques, des monuments et sites culturels sont peu connus du grand public et sont en état de dégradation, à cause de l’absence de protection, d’entretien, et de mise en valeur. Ainsi, la perte des biens culturels entraîne la disparition progressive de la mémoire collective et de nombreuses opportunités pour la valorisation de patrimoine matériel et immatériel du pays. Le tourisme culturel est un puissant facteur pour créer des cadres nationaux, régionaux et locaux permettant à la fois de préserver et de rentabiliser le patrimoine culturel. Le riche capital culturel comorien doit être protégée et mise en exergue parmi les atouts touristiques majeurs du pays. Les informations dans ce domaine existent grâce à des nombreux travaux effectués mais aussi au recensement et à la cartographie réalisées.
Le tourisme culturel devrait contribuer à initier et à développer des actions de protection et de promotion du patrimoine culturel local, ainsi que des activités génératrices de revenus. Elle permettra à la population rurale et urbaine, notamment à leurs préfectures et mairies de mobiliser leurs ressources culturelles de façon durable et efficace pour répondre aux besoins de développement social, culturel, et économique de l’archipel.
Le PCE a pris en compte la valorisation touristique du patrimoine culturel qui devra permettre au pays de profiter de la richesse de ses cultures et de ses traditions. Autrefois dominés par de sultanats minuscules et rivaux, les Comores ont su, en effet, garder une unité dans son histoire mais aussi dans ses traditions. Les différentes îles disposent de nombreux sites archéologiques, des édifices liés aux anciens sultanats et à la colonisation, des édifices religieux, des fortifications et des sépultures témoins d’un passé illustre et mémorable. Le patrimoine culturel et traditionnel séculaires est fait de contes, de poésies et de proverbes, d’un savoir-faire dans l’artisanat (travail du bois sculpté, bijouterie traditionnelle, ébénisterie et sculpture, vannerie et broderie). Une richesse culturelle qui s’étend aussi à d’autres manifestations telles que les cérémonies des grands mariages, les chants, les danses, la cuisine comorienne, la médecine traditionnelle, les jeux et les activités villageoises.
Les chants et les danses : de nombreuses danses folkloriques existent dans le pays. Ils vont du Chigoma, Twarab, Djaliko, Sambé, Tari la Ndziya, Tari la Meza, Wadaha, Lélémama, utolowa ukumbi, Mdiridji, Suri, Ngoma Nyombe, Murenge. Des danses initiatiques sont aussi pratiquées. Il s’agit notamment de Ngoma ya madjini, Rumbu. Des cérémonies religieuses à caractère populaire font partie des élément culturels du pays (Madjilis et Maoulid). De nombreux jeux didactiques existent tel que le kiba, ankipwa et des jeux d’adresse (geli, shamtra, folitri, mraha).
Les traditions populaires sont symbolisées par la pratique du Grand Mariage « Anda » (Grande Comore), « Shoungou » (Mohéli) ou « Haroussi » (Anjouan et Mayotte). Elles rythment la vie de la société comorienne. A Ngazidja, l’accomplissement du grand mariage a induit une hiérarchisation de la société avec une division marquée entre ceux qui n’ont pas réalisé le mariage coutumier et ceux qui ont réuni la fortune nécessaire à la réalisation de cette coutume. Cette organisation traditionnelle joue un rôle non négligeable dans la cohésion sociale de l’archipel.
Les places publiques, ou Bangwé, sont une aire polyvalente de réunions publiques, de cérémonies et de danses. Généralement rectangulaires, elle sont entourées de murs à mi-hauteur et de bancs et disposent de deux entrées. Quelques place publiques traditionnelles sont visibles à Moroni, Itsandra, Ntsoudjini et Iconi.
Les costumes et parures traditionnels sont divers et variés. Généralement, l’habillement traditionnel est, particulièrement à Ngazidja, intimement lié au rang social que confère le Grand Mariage. Les habits des hommes ayant fait le grand mariage sont divers et variés. Ils vont du djoho au dragla, djuba, kandzu et mharuma. Chez les femmes, les habits sont principalement le bwibwiyi, mawuwa ou saharé, et soubaya. L’ensemble de médina ciblée regorge de talents en terme de production de costumes traditionnels et de parures. Itsandra et Iconi sont les spécialistes de la confection des habits de grand mariage. Tandis que Mutsamudu et Domoni sont le siège du port de saluva et des chiromani les plus prisés.
L’artisanat : Les produits artisanaux sont le bois sculpté, la poterie, la vannerie, les poupées anjouanaises, les kofia, la broderie, le shiromani, la bijouterie traditionnelle. La médina de Domoni de Domoni est la plus emblématique pour le bois sculpté et les produits artisanaux. Quant à la broderie, elle est principalement localisée dans la médina d’Itsandra, d’Iconi et de Ntsoudjini.
La gastronomie : Les spécialités comoriennes sont à base de nombreux plats préparés avec du riz, de bananes, de féculents marinés au coco : : bananes au coco, riz au coco, sauce coco, ambrevades au coco, madaba… Les mets et plats les plus connus sont également le pilaou à la viande ou au poisson, ntsambou, mhogo wadouha… Les gâteaux traditionnels (goudou goudou, mkatré sinia, zalbiyi, ikatré, mkatré wafutra, zikonko ntrédé, roho, shihondro…). Les médinas d’Itsandra et Ntsoudjini sont connus pour offrir une gastronomie diverse et varié notamment un accès à des plats traditionnels.
La pharmacopée traditionnelle : Elle est très riche et utilisée notamment en milieu rurale. Elle comprend une gamme de plantes médicinales utilisées en décoction ou macérée pour guérir des pathologies anodines. On trouve dans certains villages des guérisseurs utilisant ces plantes.
Cosmétique : La tresse des cheveux des femmes est une pratique courante. Elle fait partie avec les masques de beauté en bois de santal et la poudre de corail de l’arsenal pour entretenir la beauté féminine. Les femmes avec les masques de beauté sont principalement visibles dans les médinas de Mutsamudu et de Domoni.
6 Enjeux, défis du développement du tourisme culturel dans la perspective de l’inscription des sultanats historiques des Comores au Patrimoine Mondial de l’UNESCO
6.1. Bref rappel historique
En 2007, le Secrétaire Général de la Commission Nationale de l’UNESCO aux Comores avait transmis à l’UNESCO une liste indicative portant 27 biens inventoriés sous l’intitulé « Sultanats Historiques des Comores. Il s’agit de 5 sites « sériels » répartis sur cinq médinas ou villes :
- La ville d’Iconi
- La ville de Moroni
- La ville d’Itsandra
- La ville de Mutsamudu
- La ville de Domoni
Le projet est national, placé sous l’autorité de l’Union des Comores reparti dans cinq sultanats des deux îles de Ngazidja et Ndzouani. En 2022, la mission de conseil conjointe UNESCO/ICOMOS, sur invitation de l’État partie des Comores pour la préparation du dossier d’inscription sur la liste du patrimoine mondial, a ajouté dans la liste indicative la ville de Ntsoudjini sur l’île de la Grande Comore, à la demande de l’équipe nationale.
Les six villes sélectionnées, certes de tailles sensiblement différentes, sont des anciennes capitales sultanesques. Les sultanats sont des entités issues de la forte influence de la civilisation arabo-musulmane que les Comores ont connu entre le VIIème au XVème. Les vagues migratoires successives des Arabo-Shiraziens ont favorisé l’installation des migrants arabo-persique et l’expansion des sultanats. De cette influence arabo-musulmane est issu un patrimoine matériel et immatériel riche et varié. Le patrimoine culturel immobilier, en particulier, est constitué notamment de sites archéologiques, pour les plus connus, de palais royaux, d’édifices religieux, de fortifications et de places publiques.
Parmi les joyaux patrimoniaux issues des sultanats, se trouvent les médinas de Domoni, Mutsamudu, Iconi, Itsandra, Ntsoudjini et Moroni. Scindé en plusieurs sous-quartiers, chacune de ces médinas est un univers d’ombres et de lumières qui renvoie aux premiers temps de l’Islam aux Comores. Uniques dans la région du sud-ouest de l’océan Indien, les médinas représentent une importante richesse patrimoniale mais également un grand intérêt touristique. Dans les dédales de leurs ruelles, leurs façades serrées en continu se cache une vie colorée. L’architecture est faite de maisons concentrées, tassées et parfois séparées par des passages étroits. L’enchevêtrement des rues, des escaliers, des bifurcations et croisement donne à ces médinas une originalité. Chaque maison s’orne de son balcon et de sa porte ancienne en bois sculptés de motifs géométriques. Un art séculaire venu de l’île de Zanzibar. Les Médinas possèdent de nombreux monuments et sites d’intérêt historique et culturel.
Le patrimoine immobilier de ces médinas peut différer d’une médina à l’autre par leur conception architecturale mais présente le même ensemble architectural intérieur et extérieur dans leur espace bâtis, de portes sculptées, de mosquées, de palais, de murailles de défense, de mausolées et d’espaces publiques. Elles ont été, aux mêmes époques de l’histoire des sultanats, reliés par des liens sociaux et familiaux ou séparés par des petites guerres internes de pouvoir.
6.1. Les sites seriels selectionnes
6.1.1. LA MEDINA DE MUTSAMUDU (ELEMENT 1)
Mutsamudu, cité maritime du XIVème siècle, est une ville très condensée, avec des ruelles très étroites et parfois couvertes. La Médina comprend un ensemble de bâtiments d’habitation et de commerce, des palais princiers, des lieux de culte et des tombeaux de personnages politiques ou religieux. Cet ensemble est structuré par des ensembles de ruelles très étroites, généralement parallèles au rivage, reliées par des escaliers perpendiculaires. Les édifices ont subi diverses modifications, depuis leurs établissements à partir de XIVème siècle. Les palais dont celui de Ujumbe, réunissent toutes les caractéristiques architecturales traditionnelles.
Les murailles qui protégeaient la ville contre les incursions n’existent qu’en quelques endroits. La vieille ville de Mutsamudu possède une citadelle construire de 1782 à 1789 sur la colline de Sinejou qui domine la ville. Cette forteresse est entourée d’une muraille crénelée et percée de meurtrière flanquée d’un donjon de deux tours carrées qui selon Gevrey (1867) était surmonté d’un mât de pavillon. A proximité du Fort, dominant la ville s’élève une petite chapelle catholique de style hispanique. Une série d’escaliers de 280 marches relient la citadelle au palais.
Vue de la médina de Mutsamudu (source Bourhane A.)
Les sites potentiels à visiter :
- Le Palais des sultans : Ujumbe
- Le Palais Singani avec sa porte cloutée, ancien palais du sultan Salim II (1840-1855), père du sultan Abdallah III, Mawana (1855-1891).
- La Mosquée de vendredi avec sa façade principale, son bangwe, le mihrab et le Mimbar
- Zawiya Shadhuliya et ses tombes
- Zawiya Rifâ’iyya avec sa coupole intérieur et ses tombes
- La grande porte de Mvuriyapaju
- Les multiples ruelles bordées des boutiques
- L’espace urbain couvert (Vuvuni mwa Dari), « Gerezani » ou « Shataraju », place publique située à côté de la mosquée
- Le tombeau du sultan Alaoui 1er qui a régné de 1803 à 1822 après avoir renversé son beau-père le sultan Abdallah 1er (1772-1803).
- Le lac du mariage « Dziya la Harusi » à Mutsamudu
- La Citadelle avec ses 280 marches, construite sur un monticule « Sineju » dominant la cité, par le Sultan Abdallah 1er de 1782 à 1790 et dotée des canons Britanniques et Français
6.1.2. LA MEDINA DE domoni (ELEMENT 2)
Domoni est l’un des villes ancestrales du XIIème siècle. Elle possède encore des vieilles demeures princières d’une extraordinaire beauté. Un palais construit vers le XIIIème siècle est assez bien conservé. D’autres palais, dont trois du XVIème siècle, ont gardé leurs magnifiques panneaux à niches et leurs plafonds polychromes. Les murailles de défense subsistent encore un peu partout autour de la ville et recoupent la presqu’île qui protège le port.
Vue de la médina de Domoni (source Bourhane A.)
Les sites potentiels à visiter :
- Tour de guet « Bunarthi » à l’entrée de Domoni
- Palais Pangani Darini,
- Passage couvert palais Pangani Darini
- Bwe Msindjano,
- Mosquée Mritsini,
- Mosquée chirazienne,
- Le tombeau du sultan Hassane ben Mohamed Insa qui est aussi l’instaurateur d’une dynastie shirazi dans cette île d’Anjouan, celle des Al Madoua à Domoni
- Palais Ujumbe de Domoni
- Ziyara Papani : lieu où les adeptes adorait les anguilles sacrées Bwe la Drungu
6.1.3. LA MEDINA d’itsandra (ELEMENT 3)
Itsandra Mdjini est l’une des cités maritimes du XIVème siècle. Berceau de la civilisation swahilie, elle fut longtemps la capitale de Ngazidja et était dotée du premier port maritime. Cette ville regorge aujourd’hui de plusieurs attraits historiques et touristiques : une forteresse construite au XVIIème, reliée à la ville par une allée munie d’escaliers et bordée de part et d’autre d’une muraille de 130 mètres de long. Quelques morceaux des remparts qui entouraient la ville fortifiée, parsemés de trous d’observation, restent toujours visibles. On y trouve le Chingo nyamba, maison à toiture sous forme de carapace de tortue, du XIIIème ; la maison du Saint, Al Habib Omar Bin Sumet et plusieurs mosquées qui s’étalent du XIVème au XIXème siècle. La ville possède également plusieurs places publiques, du XVIIème et du XVIIIème siècle, entourées de portes monumentales et de bancs en maçonneries.
Place publique (Bangwe) à Itsandra (source Ouledi A.)
Les sites potentiels à visiter :
- Le Gerezani : une forteresse construite au XVIIème, reliée à la ville par une allée munie d’escaliers et bordée de part et d’autre d’une muraille de 130 mètres de long.
- Les reliquats des remparts qui entouraient la ville fortifiée, parsemés de trous d’observation, restent toujours visibles.
- Le Chingo nyamba, maison à toiture sous forme de carapace de tortue, du XIIIème ;
- la demeure du Saint, Al Habib Omar Bin Sumet et plusieurs mosquées qui s’étalent du XIVème au XIXème siècle.
- Plusieurs places publiques, entourées de portes monumentales et de bancs en maçonneries.
6.1.4. LA MEDINA DE d’iconi (ELEMENT 4)
Un des villes ancestrales du XIIème siècle, Iconi fut pendant longtemps la capitale de l’île. Les ruines du palais des sultans de Bambao se dressent encore à cinq mètres de la mer. Sur le sommet de la colline se dressent encore les murs d’enceinte où se réfugiaient les habitants en cas de guerre. La ville regorge de ruines d’anciens palais et de places publiques bordées de portes monumentales très décorées.
Vestige du Palais Kapviridjewu de Iconi (source Ouledi A.))
Les sites potentiels à visiter :
- Des ruines d’anciens palais
- Les places publiques bordées de portes monumentales très décorées dont les plus connues sont MKOROBOINI ou DJOUMBA LAMRENOU
- Le palais KAVIRIDJEWE.
- Le lac naturel autour de laquelle se trouvent trois mosquées avec leurs cimetières et des mausolées de chefs religieux.
- La djabal (colline surplombant la ville) riche en histoire et les vaillantes femmes venaient se jeter pour éviter d’être soumises à l’esclavage.
6.1.5. LA MEDINA DE Moroni (ELEMENT 5)
- Moroni, crée au XIVème siècle, est resté la capitale des temps modernes. La ville a perdu certains de ses monuments, transformés pour l’administration ou complètement rasés pour faire place à des nouvelles constructions pendant la période coloniale et suite à l’Indépendance. Néanmoins, on trouve encore d’anciens palais, toujours habités par des descendants des familles royales, qui ont pu garder un certain cachet de l’époque des sultans. Dans le noyau central, la médina, les vieilles maisons de deux, trois ou quatre niveaux, sont collées les unes aux autres, ne laissant que des petites ruelles d’à peine un mètre, parfois couvertes, entre elles. Plusieurs demeures gardent encore leurs belles portes sculptées en bois et les dalles de plaques de lave reliées au mortier de chaux, posées sur des poutrelles en bois décorées. Les vieilles mosquées, souvent de petite taille, se comptent par dizaines, dans la médina. La mosquée du vendredi, dont le mihrab porte la date de 880H/14/26, a subi de nombreuses modifications et des additions par adjonctions de salles accolées dans le sens de la largeur. La partie ancienne est reconnaissable par les poutres peintes de son plafond et par les colonnes polygonales. L’ensemble constitué par la mosquée de vendredi et le port aux boutres constitue un exemple très caractéristique de la vie insulaire des Comores.
Vue de la médina de Moroni (source Ouledi A.).)
Les sites potentiels à visiter sont :
- La vielle mosquée de vendredi qui fut construite en 830 de l’Hégire (1427 de l’ère chrétienne) comme en témoigne la plaque de fondation incluse dans le mur intérieur à droite du mihrab (niche dans le mur orienté vers la Mecque) et dont une partie est recopié en lettre dorées sur le mimbar.
- La mosquée de Mwinyi Mku du nom du petits fils du sultan Abdallah et qui héberge son tombeau,
- le Zawiya shadhuliya avec le tombeau du Grand Cheikh Said Mohamed El Maarouf,
- la mosquée Salimata Hamissi avec son minaret pittoresque
- la mosquée de Hassan
- la mosquée de Duweda,
- le Palais de Shashagnogo,
- le Palais Dhwahira datant de la fin du XIXème,
- L’ancienne résidence de France (actuelle Poste et Télécom) avec ses immenses murs garde sa superbe et accueille tout visiteur de la ville
- Le Ngome ou restes des fortifications de la ville
- La place publique d’Iroungoudjani
- Les bâtiments de la place de France (l’actuel siège de la BIC, l’ancien gouvernorat, l’actuel siège de la BDC…),
- Le phare du Kobeya
- Les Bounarithi de Djoumdji et du stade Baumer,
- Le port des boutres,
- Le petit marché…
6.1.6. LA MEDINA DE ntsoudjini (ELEMENT 6)
Ntsoudjini est une cité ancestrale, très remarquable par ses remparts, encore intacts, fortifiant la vieille ville sœur du sultanat d’Itsandra Mdjini. La ville gardant encore les traces des sept royautés anciennes de Grande Comore. Située plus en altitude et assez éloignée de la mer, les sites et monuments historiques sont dans état de conservation relativement meilleur que les autres médinas de l’île. Ce sont en particulier le rempart et ses portes et tours de guet qui sont les mieux conservés. Alors que l’ensemble bâti ne conserve que quelques rares vestiges de ses bâtiments historiques, l’enceinte fortifiée de la ville est presque complète et les 7 portes de Ntsoudjini constituent le seul exemple de portes urbaines encore en bon état non seulement sur la Grande Comore mais sur l’ensemble des villes qui composent la série candidate. Chaque porte a un nom (Porte de la Paix, Porte des Guerriers…) et en face des portes, côté mer, subsistent des chemins descendant vers la côte qui traversent des zones agricoles anciennes. Cet aménagement des abords du centre historique constitue la spécificité de Ntsoudjini par rapport aux autres médinas et peut contribuer à comprendre la structure du paysage historique hors de la ville fortifiée. Un autre élément d’intérêt de ce site est lié à sa position à l’intérieur des terres et non pas sur la côte, qui permettrait de donner un aperçu plus complet des implantations urbaines sur l’Archipel lors de la période des Sultanats. En plus des murs, il reste un petit cimetière avec le tombeau du sultan local et une stèle. Sur la porte principale, côté intérieur, est préservée une inscription coranique avec des symboles gravés qui est censée accroitre la vaillance des guerriers et en favoriser le retour à la ville, un élément qui marque le lien profond entre le patrimoine matériel et immatériel dans le contexte comorien.
Grand mosquée du vendredi de Ntsoudjini (source Ntsoudjini Ngomé)
Les sites potentiels à visiter sont :
- Les remparts entourant la vieille ville
- Les portes et les tours de guet. Alors que l’ensemble bâti ne conserve que quelques rares vestiges de ses bâtiments historiques,
- Les sépultures dans les anciens cimetières avec le tombeau du sultan local et une stèle.
- Les mosquées
- Les palais princiers.
6.2. Développement du tourisme culturel des Sultanats historiques à travers la promotion des médinas
6.2.1. Des opportunités pour la découverte sites historiques et culturels
Doté de ce large éventail de sites patrimoniaux, les Comores peuvent développer des activités touristiques culturelles centrées autour des édifices et monuments historiques concentrés dans ces médinas.
Les Comores, Lamu, Zanzibar et Pemba sont probablement les seules îles de l’Océan Indien à connaître une telle concentration de patrimoines bâtis au fil des siècles, par les migrants arabo-musulmans. Une connaissance précise, ainsi que des actions de conservation et de valorisation des différents sites, devraient contribuer à développer une offre touristique locale à l’immédiat, et internationale à terme. En effet, le secteur du tourisme culturel de “niche” est aussi intéressant, par exemple avec des bateaux qui pourraient amener des groupes des îles de la côte africaine aux Comores notamment par le biais de bateaux de luxe par groupes d’une vingtaine de personnes. Ils permettraient aussi de pallier à l’insuffisance de l’offre hôtelière. La future inscription au patrimoine mondial devra contribuer à de capter un public de touriste plus vaste allant des pays anglophones, lusophones, hispaniques voire asiatique.
Des cartes itinéraires et des topoguides peuvent être élaborés pour permettre la promotion et le développement de randonnées et des visites de découvertes, supporté par l’organisation de programmes d’animation évènementielle tels des danses folkloriques, des expositions itinérantes, des séances de conteurs, la promotion et la vente d’objets artisanaux locaux (vannerie, poterie, tabletterie, petite confection et broderie), d’habits traditionnels (manteaux des grands mariages ou « djoho », bonnets brodés ou « kofia », de châles et autres paréo…), et la valorisation du travail du bois sculpté et la bijouterie traditionnelle.
6.2.2. Des opportunites et des debouches pour l’artisanat comorien
Une action ciblée doit être entreprise pour renforcer le développement de l’artisanat qui dispose d’une importante potentialité et qui pourrait faire l’objet d’une promotion de la part de l’Etat et des différents acteurs du secteur tourisme. Le développement de tourisme culturel devra profiter à ce secteur qui bénéficiera de débouchés solvables et des opportunités de promotion tant nationale qu’internationale. Plus généralement, l’artisanat devra être intégré dans les projets hôteliers, renforçant la couleur comorienne du tourisme. Il s’agit ici tout particulièrement de l’artisanat de services d’art et de transformateurs de produits agricoles intégrés dans les offres touristiques. Des espaces d’exposition pourront être mises en place et les stands dans les différentes manifestations offriront des produits de l’artisanat comorien. Cependant, des efforts spécifiques seront menés d’améliorer la qualité des produits en particulier dans les finitions.
6.2.3. Des opportunites pour rehabiliter et sauvegarder le patrimoine architectural ancien
Les anciens palais et résidence princières seront restaurée et intégrer dans des circuits de découverte. Certains de ces palais pourraient continuer à être utilisés par les descendants des familles des sultans, ou devenir des maisons d’hôte de luxe, ou encore retrouver une fonction publique sociale pour les communautés.
Les agences de voyage et l’Office National du Tourisme seront fortement impliqués. Il en est de même pour la population locale par la mise en place de certains évènements tels le festival de mariage ou la valorisation des danses et chansons comoriennes. Des levées de fonds pourront aider au soutien et à l’encadrement de telles initiatives. Une mise en valeur de ce patrimoine culturel de l’archipel est une action majeure de développement du pays, parce qu’elle pourrait fédérer la population autour de son histoire, de son environnement, de ses traditions et de sa culture. Elle pourrait permettre une appropriation nationale de ces trésors cachés pour en faire un moteur du développement.
6.2.4. Des opportunites pour developper le tourisme culturel memoriel en direction de la diaspora
Nombre de Comoriens de la diaspora n’ont qu’une connaissance partielle de leur histoire et de leur patrimoine. Un guide culturel serait à élaborer pour rendre compte des aspects les plus remarquables du patrimoine culturel des différentes régions du pays et des villes des sultanats historiques en particulier. Il viserait essentiellement à mettre en évidence les éléments du patrimoine culturel national et à mieux sensibiliser la diaspora surtout les jeunes de la richesse culturelle du pays.
6.2.4. Des opportunites pour developper le tourisme culturel EN DIRECTION DES TOURISTES DU MONDE
L’évolution du tourisme aux Comores a connu différentes phases. Les premières politiques touristiques des années 80 ont marqué été marqué par la construction du complexe hotelier du Galawa. La demande touristique a connu une hausse fulgurante et s’est confirmée par un attrait maqué pour le tourisme balnéaire. Avec la perspective de l’(inscription des sultanats historiques, la mise en place d’une nouvelle politique touristique basée sur l’option d’un tourisme culturel doit engendrer une croissance accentuée de l’activité touristique et doit être accompagnée d’une prise en compte des besoins en hébergement, en restauration et en guidage. Une offre touristique ciblée doit être conçue et développée pour chaque médina et pour la diversité et la complémentarité des medinas et de leur patrimoine tangible et intangible associée à des plans marketing spécifiques au tourisme culturel
7. Analyse Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces (FFOM) ou (SWOT)
L’analyse des capacités du pays à développer un tourisme culturel d’envergure met en exergue la complexité des besoins en mesures de protection et de mise en valeur des éléments constitutifs de ce patrimoine culturel divers et varié. L’ampleur de ces besoins auxquels le pays a à répondre est immense, or les moyens disponibles sont limités. L’analyse FFOM a révélé à la fois des forces, des faiblesses, des opportunités mais aussi des menaces qui pèsent sur à la fois le volet matériel et immatériel de ce patrimoine.
7.1.Forces
- Les Comores constituent un véritable trait d’union entre l’Afrique, le monde arabo-musulman, l’Europe et l’Asie avec un fort potential culturel historique et séculaire representant ainsi un véritable creuset de cultures et de civilisations
- Une presence d’attouts touristiques avec ses medinas et ses traditions populaires
- L’existence de nombreuses associations et initiatives oeuvrant pour la promotion de la culture et encourageant les différentes communautés à préserver leur patrimoine matériel et immatériel,
- Une hospitalité légendaire et une propension à accueillir les visiteurs et les touristes
- Une volonté politique de developer le tourisme en general et le tourisme culturel en particulier.
- Faiblesses
- La faible valorisation du potentiel touristique culturel face à la prédominance des autres formes de tourisme;.
- L’inadéquation et le coût élevé des dessertes aériennes et des moyens de transport pour visiter et découvrir les Comores;
- Le manque d’efficacité des politiques de développement et l’insuffisance des stratégies touristiques et culturelles en termes de recherche culturelle, de protection et valorisation du patrimoine, de soutien à la créativité, etc.
- La degradation lente de certains sites culturels et naturels et l’insuffisante protection de sites architecturaux et historiques majeurs
- La faible implication et participation des communautés à la préservation et la valorisation du patrimoine notamment culturel;
- l’absence de mécanisme de suivi – évaluation des performances des activités touristiques du pays
- Absence de programme de formation initiale et continue devant permettre la professionalisation des acteurs culturels et le développement de la production, de la promotion, de la diffusion et de la commercialisation des produits et biens culturels notamment dans le domaine de l’artisanat
- la difficulté des acteurs culturels à obtenir des crédits pour developer des projets pour promouvoir des activités de promotion et de valorisation dans les medinas
- Opportunités
- Volonté politique affirmée de faire du tourisme un levier du développement du pays
- Une engagement fort des autorités nationales et des acteurs culturels d’accopagner les actions en faveur de l’inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO
- Un intérêt grandissant des partenaires techniques et financiers à accompagner le pays notamment dans le domaine de la promotion du tourisme
- Menaces
- La détérioration des sites et l’abandon des habitations dans les coeurs historiques des medinas
- les problèmes fonciers et de propriété des sites et éléments architecturaux et l’affaiblissement ainsi de la sécurité juridique des potentiels investissements.
- Le manque de moyens humains, matériels et financiers conséquents pour developer des projets culturels, de protection et de promotion des sites culturels.
8. Elements d’une stratégie d’appui au developpement du PLAN DE GESTION DU tourisme culturel des Sultanats historiques à travers la promotion des médinas
- Contexte et justification d’une stratégie d’appui
Les Comores possèdent un potentiel culturel, historique et touristique inestimable. L’archipel constitue un véritable creuset de cultures et de civilisations depuis plus d’un millénaire dans l’espace swahili. Ce potentiel est attesté par la présence des médinas des sultanats historiques. Avec les possibilités offertes par l’inscription de ces sultanats historiques au patrimoine mondial, le pays pourrait tirer profit pour développer le tourisme culturel et entrainer un regain d’activité économique dû au développement de produits et de prestations touristiques de qualité. En lien avec la promotion des médinas. Un plan de gestion de tourisme durable 2022 – 2026 a été élaboré et validé. Il a pour objectif de (i) renforcer/assurer la gestion des ‘’Sultanats Historiques des Comores’’ et sa crédibilité dans la liste du patrimoine mondial, (ii) Améliorer la conservation, la gestion efficace et la promotion du patrimoine des sultanats des Comores, (iii) Développer les capacités de conservation, de gestion et de promotion touristiques des Sultanats Historiques des Comores, (iv) Promouvoir l’éducation au patrimoine, la communication et la sensibilisation au tourisme durable, (v) Renforcer l’engagement de la communauté et des parties prenantes pour une gestion efficace des Sultanats Historiques des Comores et (vi) élaborer des stratégies de mobilisation des ressources financières. Des avancées dans la mise en œuvre de ce plan ont certes été constatés mais les résultats sont encore en deçà des objectifs fixés. Il est donc opportun de développer une stratégie d’appui au développement dudit plan de gestion notamment dans son volet tourisme culturel des sultanats historiques a travers la promotion des medinas.
- Finalité et objectifs de la stratégie d’appui a tourisme culturel
- Finalité
La finalité de cette stratégie d’appui au développement du tourisme culturel est de sauvegarder, conserver et valoriser le riche patrimoine culturel et naturel très fragiles de l’archipel et de ses de permettre à l’Union des Comores de se positionner sur ce créneau nouveau qui doit reposer sur des produits compétitifs qu’on ne trouve pas sur d’autres destinations ces médinas concurrentes.
- Objectif général :
La présente stratégie a pour but de contribuer au développement du tourisme culturel des sultanats historiques a travers la promotion du patrimoine tangible et intangible des médinas.
- Objectifs spécifiques :
- Œuvrer de concert avec tous les acteurs pour une meilleure articulation entre le tourisme, la culture et le développement national ;
- Développer des interventions valorisant les médinas en tant qu’un segment du tourisme et comme facteur de développement.
- Améliorer la qualité des produits culturels offerts dans l’optique de rehausser l’état de l’offre touristique et l’attractivité des médinas
- Renforcer la gouvernance et l’amélioration de la gestion des sites identifiés et à inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO
- Consolider les partenariats pour mobiliser des ressources en faveur des différentes interventions et projets et assurer leur pérennisation.
- Les axes stratégiques
Des mesures sont à prendre pour remédier aux insuffisances constatées afin que la promotion du patrimoine des sultanats historiques et leurs medinas puisse se developer et soutenir la destination Comores pour qu’elle soit plus attractive en lien avec la nouvelle done de l’inscription de leur au patrimoine Mondial de l’UNESCO. Les strategies majeures à promouvoir peuvent s’articuler autour des axes prioritaires ci-après :
- Axe 1 : Protection et mise en valeur des biens et sites remarquables, notamment par l’amélioration de la conservation, la gestion efficace et la promotion du patrimoine des sultanats des Comores
- Actions prioritaires
- Mise en place pour chaque médina d’un conseil consultatif pour la préservation et la mise en valeur du patrimoine culturel de la médina regroupant les responsables de la municipalité, des représentants de l’Etat, les associations de développement de la cité concernée, du secteur privé;
- Développer une pédagogie active de protection du patrimoine menacé.
- Promouvoir l’organisation de manifestations culturelles (festivals, fêtes populaires, foires artisanales).
- Préserver et redynamiser les traditions populaires et culturelles menacées de disparition et présentant un attrait touristique
- Améliorer l’état du patrimoine architectural notamment à travers la réhabilitation de bâtiments, monuments et quartiers anciens en utilisant des techniques appropriées et validées par les specialists du domaine; notamment l’utilisation des matériaux de construction adaptée.
- Créer et faire fonctionner des espaces d’exposition et de vente de souvenirs de qualité susceptibles de générer des ressources au profit des artisans, artistes et corporations.
- Concevoir et élaborer des guides et des carte culturelle où chaque medina serait identifié par une manifestation culturelle importante où les habitants seraient au centre du dispositif et les premières bénéficiaires des retombées économiques (ex Médina festival à Mutsamudu)
- Axe 2 : Formation et professionnalisation des acteurs du patrimoine culturel et des gestionnaires de sites en particulier ;
- Actions prioritaires
- Concevoir et réaliser avec l’Université des Comores et le CNDRS des modules et des cycles de formation spécifiques aux acteurs et gestionnaires du patrimoine culturel des médinas, mettant l’accent sur toute la chaîne des actions concernées par le tourisme (conception, vente, marketing, accueil, guide, gastronomie…) ainsi que sur la qualité et la professionnalisation des services.
- Organiser des formation spécifiques pour les acteurs du secteur de l’artisanat doivent pouvoir bénéficier de formations en matière de valorisation et de création de labels (qualité de l’artisanat) , de promotion des créations et de conquête des marchés tant au plan national, régional, qu’international,
- Organiser des formations à l’accueil des touristes et des visiteurs chez l’habitant et augmenter ainsi les capacités d’accueil ;
- Axe 3 : conception et mise en place de strategies promotionnelles adaptées et efficacies du tourisme culturel et des produits culturels dérivés du tourisme culturel des sultanats historiques.
- Actions prioritaires
- Développer des circuits de découvertes des medinas à travers sur la base de thématiques et référents historiques partagés (liens entre les sultants, conflits et paix entre les sultanats,…)
- Développer des outils de communication performants pour une large diffusion de la destination (brochures, documentaires, guides) et prendre part à des salons, des educ-tours…)
- Axe 4 : Conception et mise en oeuvre d’un cadre legal et reglèmentaire sur la protection de l’environnent urbain des medinas et sur l’accès aux sites, notamment les sites fragiles.
- Actions prioritaires
- Vulgariser les cadres légaux et reglèmentaires existent pour la protection et la mise en Valeur du patrimoine tangible et intangible
- Elaborer des cadres juridiques accompagnés de règlements et structures pour la gestion du patrimoine tangible et ingangible des medinas
- Contribuer à mise en place d’une réglementation sur la protection des sites majeurs, l’accès aux sites, notamment les sites fragiles
- Mettre en place un mécanisme de coordination entre les structures étatiques, les structures municipals, le secteur privé et la société civile impliqués dans le développement du tourisme culturel.
- Axe 5 : Développement d’une stratégie de communication specifique pour Impliquer les habitants des médinas, notamment les artistes et les associations de femmes dans la sauvegarde de leur environnement et de leur patrimoine
- Actions prioritaires
- Développer des campagnes de sensibilization et de mobilisation sociale aux enjeux, aux finalités et au processus de gestion des medinas des sultanats historiques.
- Encourager les jumelages et activer la coopération décentralisée basée sur de réels partenariats avec notamment les îles de Lamu, Zanzibar et Pemba;
- Apppuyer les initiatives et les formes d’accueil qui contribuent directement au développement des habitants des médians, avec la mise en place d’un tourisme sur la base de petites unités peu coûteuses et intégrées de restauration, d’hébergement et de découverte de leur vie quotidienne
- Conduire une action spécifique pour l’implication des femmes non seulement par souci d’équité mais parce que dans la culture comorienne elles ont, en tant que gardiennes des us et coutumes et sont reconnues pour être de bonnes gestionnaires dans les projets de développement local
- Axe 6 : Mettre en place des mécanismes permanents de mobilisation des ressources pour accompagner le plan de gestion
- Actions pririoritaires
- Organiser des activités de plaidoyer auprès du gouvernement, du secteur privé et de la diaspora pour investir dans la promotion du tourisme culturel
- Organiser des activités de plaidoyer auprès de la population sous forme de débats télévisés, de conférences, de spots publicitaires pour obtenir leur adhesion mais également pour accompagner les projets et initiatives de promotion et de valorisation des medinas;;
- Mettre en place un programme d’accompagnement, d’autonomisation et de développement d’emplois décents au profit des communautés
Conclusion
Le diagnostic ainsi établi montrent que le secteur du tourisme de manière global fait face à un certain nombre d’obstacles et de difficultés, et ce malgré les efforts méritoires des acteurs plus particulièrment ceux du secteur privé et de la société civile. Ces obstacles sont essentiellement liés notamment à l’enclavement et le coût élevé des dessertes aériennes et des moyens de transport, la faible valorisation du potentiel touristique culturel face à la prédominance du tourisme balnéaire, la degradation de certains sites naturels, l’insuffisante protection de sites architecturaux et culturels, la faible participation des communautés à la préservation du patrimoine.
Afin de proposer des produits originaux, spécifiques et adaptés au nouveau marché, des efforts restent à fournir dans les domaines suivants :
- Les monuments et les sites doivent être identifiés, préservés et promus
- L’artisanat doit être soutenu en tant qu’important secteur et bénéficier d’un appui important notamment en matière de formation, de professionnalisation, la qualité, la transmission des savoir-faire traditionnel et la mise en vente des productions
- Élaboration d’un répertoire des différentes formes artistiques présentes dans les principales cités : art funéraire, chants soufi, sculptures, l’art architectural, art culinaire, art funéraire, art vestimentaire,
- Un calendrier des évènements culturels (grand-mariages, fêtes traditionnelles, expositions, etc.) doit être élaboré chaque année et diffusé largement pour permettre aux touristes de prévoir leurs visites ;
- L’organisation de visites de découverte de la vie quotidienne dans les médinas tout en préservant la quiétude des quartiers et en développant des formes d’accueil chez l’habitant qui impliquent le touriste dans la vie des communautés.
8. Bibliographie
- Bourhane Abdérémane, 2023. Sites à visiter à Domoni, rapport de mission
- Bourhane Abdérémane, 2023. Sites à visiter à Mutsamudu, rapport de mission
- Collectif du Patrimoine, 2008. Le Bulletin n°4, septembre 2008
- ICOMOS, 2022. sultanats historiques des comores, rapport de mission octobre 2022
- UNESCO, 2004. Programme « tourisme, culture et développement en afrique de l’ouest » – pour un tourisme culturel au service du développement durable –
- Union des Comores, 2022. Plan stratégique de gestion du tourisme durable pour les Sultanats Historiques des Comores 2022 – 2026, Développement du Tourisme Culturel
- Union des Comores, 2021. Cartographie des ressources culturelles et touristiques des Comores – 2021
- Union des Comores, 2023. Annuaire statistique du tourisme 21-22-23, Direction Nationale du Tourisme et de l’hôtellerie
- Union des Comores, 2013. Note de Politique sur le Tourisme de l’Union des Comores, Direction du Tourisme
- Union des Comores, 2019. Plan Comores Emergent
[1] Union des Comores, 2005. Document cadre de stratégie touristique, conférences Bailleurs de Fonds, Maurice.
[2] Union des Comores, 2023. Annuaire statistique du tourisme 21-22-23, Direction Nationale du Tourisme et de l’Hôtellerie
[3] idem
[4] https://www.unwto.org/fr/tourisme-et-culture