Palais UJUMBE de Mutsamudu construit fin XVe début XVIe siècle
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 10 décembre 2019 à 9h32mn
Mosquée chirazienne de Domoni XIVe-XVe siècle (5ème mosquée construite sur le même site)
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 15 Août 2019
Palais Kapviridjowe à Ikoni (Façade principale) probablement construit au XIIè-XIIIè siècle
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 11 juillet 2019
ANNEE 2024 – 2025
INTRODUCTION
Le bien proposé pour inscription sur la liste du Patrimoine Mondial se situe dans l’archipel des Comores, dans l’Océan Indien, à l’entrée du canal De Mozambique, au Nord-Est de Madagascar. L’Union des Comores est composée de trois îles : Grande Comore (Ngazidja), Mohéli (Moili) et Anjouan (Ndzouani).
Les données archéologiques font remonter au VIIIème siècle le peuplement des Comores par l’homme, à partir de la côte orientale d’Afrique. A l’apogée de notre histoire, période de l’âge d’or de la civilisation islamique comorienne depuis le XIIe siècle (installation définitive de l’Islam sunnite, de rite chaféite), Les arrivées massives des groupes islamisés, métissés de la côte africaine, venus vraisemblablement de Kilwa, de Hadramaout et de Yémen, accompagnés de leurs esclaves, s’allièrent aux autochtones par des mariages, fondent des clans de sultanats et dominèrent les chefferies traditionnelles. Ils favorisèrent l’établissement et l’expansion de la religion musulmane. Les alliances politiques et matrimoniales des chefs locaux avec des Arabo-musulmans et chiraziens entraînèrent un changement de l’organisation politique et la création des sultanats qui respectèrent néanmoins à l’organisation sociale matrilinéaire (Mdjawashe) existante. Les sultans qui régnaient aux Comores dans les Cités-états, transformés en Médinas à partir de XVe siècle, font construire de nombreux palais avec des portes monumentales, des mosquées, des fortifications et des tombes pyramidales ou en « Ailes ».
Aux XVIIe siècle, les villes ont déjà pris la physionomie des « médinas » actuelles. Le tissu urbain est caractérisé par la forte densité des habitations séparées par des ruelles étroites, parfois à peine large d’un mètre. Elles sont, par endroit, aménagées en passage couvert. (Damir B.A.). En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ».
Ces édifices sont en faible nombre du fait de la précarité des constructions. Il reste quelques puissantes bâtisses datant de cette période telles que :
1.1. Les édifices sultaniques :
*Palais
*Villas princières
1.2. Les édifices religieux :
*Mosquées
*Mausolées
1.3. Les fortifications :
*Citadelles
*Remparts
1.4 les espaces publics :
Une liste indicative a été déposée à l’UNESCO en 2007 par le Secrétaire Général de la Commission Nationale de l’UNESCO aux Comores portant la mention ci-dessus, pour une inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO :
Sultanats Historiques des Comores
Comores
Date de soumission : 31/01/2007
Critères : (ii)(iv)(v)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Commission Nationale des Comores
État, province ou région :
Ngazidja, Ndzouani
Réf. : 5109
I. CADRAGE ET LIMITE DE L’ETUDE
Ce travail de terrain assuré par les experts nationaux porte sur deux îles (Grande Comore et Anjouan). Il y a des biens ou des sites faisant parti de la liste indicative de 2007 et d’autres villes historiques qui n’ont pas été prises en compte qu’il faudrait étudier
1ère Partie : villes historiques et/ou médinas non retenues
Carte de la Grande Comore Carte de Mohéli
Source : gifex.com Source : Alamy
VILLES HISTORIQUES NON RETENUES
GRANDE COMORE ANJOUAN
Villes Etudiées En instance Villes Etudiées En instance
Ntsaweni (Mbude) Oui Ouani Oui
Mitsamiouli Oui Moya Oui
Bangwa Kuni Oui Bambao Oui
Fumbuni (Mbadjini) Oui Shaweni Oui
Male (Mbadjini) Oui Sima Oui
Mbeni (Hamahame) Oui Mpomoni Oui
Buuni (Mbwanku) Oui Patsy Oui
Ivoini (Mbwanku) Oui
Kwambani (Washuli) Oui
Shezani (Mbwanku) Oui
Bandramadji (Domba) Oui
Villes Etudiées En instance
Fomboni (Moheli) Oui
Mwali-Mdjini (site archéologique) Oui
Comment ?
Par une :
-Brève présentation des données historiques connues concernant les centres urbains (date de fondation, période de développement, importance historique sultans/chefs locaux et leurs relations avec l’autorités centrales lorsque celle-ci a existé).
-Une présentation succincte de ces éléments bâtis principaux (palais, mosquées, zawiya, muraille, forteresse, cimetière monumental etc. avec des indications de datation et une présentation de leur état de conservation).
2ème partie : Liste indicative de 2007
Nous allons voir du côté de la liste indicative pour améliorer les données des travaux déjà réalisés avec l’experte internationale Mme Hamida RHOUMA, en géo localisant les biens architecturaux et les portes anciennes et faire une cartographie de ces éléments.
Sur les cinq (5) villes non retenues de la Grande Comore à étudier, nous avons réalisé un inventaire de tous les éléments constituants les Biens et les attributs et une documentation importante identifiée, nommée et photographiée. Nous les avons classés par catégorie :
Architectures Ntsaweni Mitsamiouli Bangwa Kuni Fumbuni Male Kombani ya Washili
Palais 2 2 1 4 1 1
Mosquées 3 2 1 10 1 1
Places publiques 2 1 2 3 1
Tombeaux / Mausolées 7 1 4 1 1
Zawiya 1 1 1 2 0
Cimetière 2 1 1 2 1 1
Remparts 1 1 1 3 0 1
Fortification 0 0 0 0 0 0
Il faudrait signaler l’absence des plans cadastres et cartographies au Domaine (service de l’État) au niveau de trois iles. Certaines personnes qui détiennent des archives prisées sont très réticentes à nous confier leurs archives à cause des erreurs monumentales causées par des agents du CNDRS qui n’ont pas restituer les documents empruntés.
C’est à travers nos recherches bibliographiques que nous avons pu trouver quelques données exploitables. Nous avons remarqué également l’absence d’information sur les datations et les successions des sultans, des problèmes fonciers sur les délimitations des biens, et le non-respect de la Loi pour la protection du patrimoine en Union des Comores et de la Convention de 1972 ; ce qui transforma le paysage urbain historique.
Le temps est court et nous rencontrons des difficultés sur le terrain. Le financement FSPI RR ne prend pas en compte d’autres volets importants permettant de mener à bien les recherches. Il est nécessaire de faire un état de connaissance des biens et attributs, et approfondir les recherches. Les résultats obtenus actuellement sont donc partiels. Il faudrait renforcer le travail d’identification des sources, des recherches documentaires et prévoir des ressources financières pour scanner ou/et photocopier les documents privés sur place. Pour y parvenir, il faudrait demander à l’UNESCO la mise en application de la Feuille de route des Fons Omanais et les Fonds d’Assistance Internationale prévue pour ce genre d’activités.
II.METHODOLOGIE
OBJECTIF DE L’ETUDE
Conformément au TDR, une étude de terrain a été planifié pour renforcer le dossier d’inscription des Sultanats Historiques des Comores au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les experts internationaux de RC Héritage suggèrent que l’équipe fasse une « analyse/inventaire des autres médinas et villages historiques de l’archipel des Comores pour confirmer/expliquer le choix des six médinas »
« Cette analyse devra inclure point 1 :
-Un plan de localisation des centres urbains historiques (notamment sur la Grande Comore) ;
-Une brève présentation des données historiques connues concernant ces centres urbains (date de fondation, période de développement, importance historique, sultans/chefs locaux et leurs relations avec l’autorité centrale, lorsque celle-ci a existé) ;
-Une présentation succincte de ses éléments bâtis principaux (palais, mosquées, zawiyas, murailles, forteresse, cimetière monumental, etc.) avec des indications de datation, et une présentation de leur état de conservation actuel.
En ce qui concerne le point 2 :
On nous demande de :
- Reprendre, renforcer (notamment par des contributions iconographiques et des compléments historiques sur les monuments et les sites religieux principaux des 6 médinas) ;
-Et formaliser les données historiques déjà recueillies pour les 6 sites candidats en les actualisant à la suite des rapports UNESCO et ICOMOS et de la dernière mission de février 2024. RC Héritage va par la suite intégrer cette étude historique revu des 6 médinas avec le document de cadrage qui sera réalisé par le professeur Stéphane Pradines pour la finalisation du chapitre 2b du dossier de candidature.
METHODOLOGIE
Pour pouvoir réaliser les activités citées, la mission de terrain est nécessaire non seulement pour l’analyse des autres centres urbains et villages historiques mais aussi pour les 6 médinas retenues et déjà étudiées. A notre avis, suite à l’engouement de la communauté locale, des dignitaires religieux, de la société civile et les associations, d’autre éléments intéressants peuvent ressurgir pour améliorer les textes ; car « On n’aide pas ce qu’on ignore ».
En ce qui concerne les autres centres urbains et les villages historiques, nous proposons :
Les anciens centres urbains non retenus :
Pour la Grande Comore :
-Fumbuni (Ancienne capitale du sultanat de Mbadjini)
-Ntsaweni (Ancienne capitale du sultanat de Mbude)
-Mitsamiouli (Ancienne chef-lieu de « regroupement d’anciennes provinces ou sultanat »)
Pour Anjouan :
-Ouani (ville historique -Créée par les Bejani et le Komboni)
-Moya (T.O Ville fondée par certains rescapés de Sima au XVe siècle et des familles venant de Domoni)
Pour Mohéli :
-Fomboni (capitale de l’île)
-Mwali-Mdjini (site archéologique de XVè siècle situé à Djoiezi) Les villes historiques non retenues :
Grande Comores :
-Bangwa Kuni (Cité réputé par ses deux mosquées datant de XIVe / Shiunda)
-Male (T.0. Ville fondée par des djinns, réputée par la mosquée de Mbuzini du XVIIIe « H. Wright)
Anjouan :
-Bambao la Mtsanga (créé en 1863 par Abdallah III là où il a implanté son palais « Darini » et son usine de sucrerie)
Mohéli
-Fomboni (crée du VIIe au IXe siècles)
Les centres urbains non retenu :
• La Grande Comore
Le CNDRS disposent des personnes ressources notamment à :
*Fumbuni, il s’agit de :
-Ahmed Soudjai enseignant à l’Université des Comores (personne ressource incontournable),
-Fundi Ali Hassan : enseignant primaire à la retraite et doyen des animateurs au CLAC de Fumbuni
*Ntsaweni, il s’agit de Nadjma Ali Adamou et Rahamatou (agent du CNDRS). Nous pourrons aussi solliciter la collaboration du Dr Ibrahim Moustakim, archéologue (personne ressource, qui vit en France) et qui avait mené une fouille avec le doyen de l’UDC Ali Mohamed Gou à l’intérieur de la mosquée de vendredi de cette ville ainsi que d’autres personnes ressources :
-Fundi Aladine : professeur d’Histoire-Géo au lycée
-Damir Ben Idrisse : maîtrisard en droit des affaires (gardien du patrimoine)
-Abdoulanziz Ali Mbaé : historien –(gardien du patrimoine)
-Saïd Ali Hachim : (traditionniste/ histoire orale)
-Kamal Saïd Mdjasiri : professeur d’Arabe (traditionniste/ histoire orale)
*Mitsamiouli, Voir :
-Le Préfet :
-Le Mairie : Aboubacar Ahmed et son Secrétaire Général : Ali Mfoungoulié
-Ibrahima Mohamed dit Poète, Département Linguistique au CNDRS
-Kassime Mohamed : Ancien MOLINACO et spécialiste de l’histoire de Mitsamiouli
• Anjouan :
*Moya, c’est :
-Aniwechi, enseignant à la retraite (traditionniste)
*Ouani, personnes ressources :
-Mohamed Ousseni, enseignant au lycée de Ouani (personne ressource)
-Mr Oumar Bamou, cultivateur (traditionniste) mon informateur,
-Mr Attoumane Sidi (Chatarajou), ancien chef de canton de Ouani (traditionniste)
-Mr Ahmed Ben Omar dit Ranga
• Mohéli :
*Fomboni, personnes ressources :
-Hadad Djabir (Directeur régional du CNDRS)
Les villes historiques non retenues :
Grande Comores :
*Bangwa Kuni Voir :
-La Mairie : Saïd Ali Madi (régisseur) personne ressource
-Abkaria Azir (Responsable des archives au CNDRS) personne ressource
*Male Voir :
-la Mairie :
-Simba : professeur d’histoire au lycée Mahadi
Anjouan :
*Bambao la Mtsanga, c’est :
-Ahmed Ali : Historien et chercheur associé à la Direction Régionale du CNDRS (personne ressource),
Mohéli :
*Fomboni, C’est :
-Hadad Djabir : Directeur Régional du CNDRS, historien (Personne ressource)
-Mohamed Rachid (Directeur Régional de la Culture et enseignant d’histoire)
Ces personnes ressources vont aussi avoir l’appui de la notabilité et des associations en collaboration avec les Mairies respectives pour assurer la sécurité des intervenants sur le terrain.
Afin de mieux aborder les recommandations des experts de RC Héritages, des actions suivantes doivent être aborder :
- Visiter les autres centres historiques de la Grande Comore et d’Anjouan,
- Identifier et rencontrer les autorités locales et les représentants des communautés locales pour recueillir des informations concernant l’histoire et l’évolution de ces centres.
- Réaliser un rapide inventaire photographique de ces sites en identifiant les éléments urbains et architecturaux les plus importants
- Évaluer l’état de conservation de ces sites au niveau visuel (ruine, ruine avancée, édifice encore debout mais vide, édifice mal entretenu, édifice habité…)
- Étude typologique des espaces sociaux et/ou éléments patrimoniaux (places et espaces urbaines/Bangwe, Mpangahari etc.), palais et maisons, mosquées et tombeaux, Citadelles et remparts du temps des sultans à aujourd’hui dans les six médinas (et de façon simplifiée dans les autres villes historiques visitées)
-Contacter les grandes familles propriétaires des sites, ou individus pour fournir une documentation iconographique ancienne (photos, plans etc.) : Exemple des documents remis :
Nom et Prénom de propriétaire Titre de documents Date de remise Date de réalisation
Fundi Ali Hassane Plan du rempart de la Ville de Fumbuni Le 26 avril 2024 2008
Bourhane Abderemane Palais Ujumbe de Mutsamudu Anjouan Le 30 avril 2024 Le 10 décembre 2019
Saïd Ali Hachime Ancienne route vers Mitsamiouli Le 17 avril 2024 Sans date
Plan d’emplacement de l’ancien palais de Ntsaweni Le 17 avril 20024 Sans date
Photo du portique de la place publique à Ntsaweni
Le 17 avril 2024 Sans date
III..TRANSCRIPTION DU COMORIEN
Pour la transcription en comorien, nous avons adopté celle proposée et pratiquée par Mohamed Ahmed-Chamanga. Nous reproduisons ici les signes suivis de leur transcription phonétique et d’un mot exemple.
- Les voyelles :
Il y a cinq voyelles en comorien (shindzuwani) :
i [ i ] : miri “arbres”
u [ u ] : uku “nuit”
e [ e ] : mele “paddy”
o [ o ] : moro “feu”
a [ a ] : adab “politesse, littérature”
Remarque :
Les voyelles peuvent être nasalisées sous l’influence de la consonne pharyngale arabe : ( ). Ce sont surtout des mots d’origine arabe.
Elles sont notées à l’aide d’un accent circonflexe.
î [ i ] : îdi “fête”
û [ u ] : ûdi “encens”
ê [ e ] : -êshi “vivre”
â [ a ] : âda “coutume” - Les consonnes :
On distingue des consonnes simples et des consonnes complexes.
Consonnes simples :
- écrites avec une seule lettre :
b [ b ] : mahaba “amour”
[ b ] : bangani “place publique”
d [ d ] : dalili “preuve”
[ d ] : dago “maison”
f [ f ] : farasi “cheval”
g [ g ] : gari “véhicule”
h [ h ] : hunu “ici”
j [ j ] : jua “soleil”
k [ k ] : karamu “festin”
l [ l ] : lulu “perle”
m [ m ] : mali “fortune”
n [ n ] : nadara “voeu”
p [ p ] : pare “route”
r [ r ] : raha “joie”
s [ s ] : salama “paix”
t [ t ] : tarehi “histoire”
v [ v ] : vahanu “endroit”
w [ w ] : wilaya “gouvernorat”
y [ j ] : yakini “certitude”
z [ z ] : zama “époque” - écrites avec deux lettres :
Il s’agit d’articulations consonantiques simples, mais qui, conventionnellement sont notées à l’aide d’un digraphe ou d’un trigraphe.
dh [ & ] : dhahabu “or”
dj [ j ] : djahazi “boutre”
dr [ d ] : drono “pièce de tissu”
dz [ dz ] : dzina “nom”
gh [ g ] : -ghufirilia “pardonner”
kh [ x ] : sheikh “cheikh”
ny [ h ] : nyombe “vache, boeuf”
sh [ ∫ ] : sharifu “noble”
th [ 0 ] : thamani “prix, valeur”
tr [ t ] : trindri “bananier”
ts [ ts ] : tsitsi “tétine”
tsh [ t∫ ] : tsha “thé”
Consonnes complexes :
Consonnes dont le mode d’articulation, ou le lieu d’articulation, change en cours d’articulation. Elles sont notées à l’aide de digraphes ou de trigraphes.
a) les mi-nasales ou pré-nasalisées :
Ce sont des articulations qui sont nasales au début de leur réalisation pour devenir orales à la fin. Elles peuvent être occlusives ou affriquées.
Elles sont notées par le signe de la nasale (n, ou m devant b et p) suivi du signe de la consonne orale correspondante.
mb : mbuzi “cabri, chèvre”
mp : mpua “nez”
nd : ndovu “éléphant”
ndj : ndjema “bon”
ndr : ndrimu “citron”
ndz : ndzia “chemin”
ng : ngama “fossé”
nk : nkasi “pagaie”
ntr : ntra “raie”
nts : ntsoma “poing”
ntsh : ntshari “achards”
b) les vélarisées :
Ce sont des consonnes dont l’articulation se termine par un segment vélaire très semblable à la semi-voyelle [w]. Elles sont notées par des digraphes ou trigraphes constitués de la consonne non vélaire correspondante suivie de w.
bw : bwana “monsieur”
dhw : dhwamana “responsabilité”
kw : kwaheri “au revoir”
mw : mwana “enfant”
sw : swala “prière”
tw : twarika “confrérie”
IV.TYPOLOGIE DES ELEMENTS PATRIMONIAUX
Le bien proposé sur la liste du Patrimoine Mondial se situe dans l’archipel des Comores, dans l’Océan Indien, à l’entrée du canal de Mozambique, au Nord-Est de Madagascar. L’Union des Comores est composée de quatre îles : Grande Comore (Ngazidja), Mohéli (Moili), Anjouan (Ndzouani) et Mayotte (sous l’administration française).
Les données archéologiques font remonter au VII-VIIIème siècle le peuplement des Comores par l’homme, à partir de la côte orientale d’Afrique. Sauf que les artefacts trouvés lors des fouilles dans les grottes de Male (Pangatsaya) et de Bazimini (Gomeni Bazi) reflète autre chose. Nous avons trouvé des pierres taillées et selon le professeur Chami, nous évoluons vers l’époque néolithique (3.000 ans avant J.C).
Les fouilles ont révélé la présence dans la couche culturelle terrestre de pierres taillées, de dents, de cornes de zébus, d’os de cabris et de volailles, d’arrêtes de poissons, de colliers à base de corail et des dents humaines. « Autant d’artefacts qui attestent la présence d’activités humaines et qui remonte entre 500 et 3.000 ans avant J.C. », affirme le professeur Chami.
Source: Tiré de l’ouvrage de Felix A. Chami, Zanzibar and the Swahili coast From c 30,000 Years Ago, E & D Vision publishing, Dar es Salaam, 2009, p.126 (fig.9 :7 in the Male cave)
A l’apogée de notre histoire, période de l’âge d’or de la civilisation islamique comorienne depuis le XIIe siècle (installation définitive de l’Islam sunnite, de rite chaféite), Les arrivées massives des groupes islamisés, métissés de la côte africaine, venus vraisemblablement de Kilwa, de Hadramaout et de Yémen, accompagnés de leurs esclaves, s’allièrent aux autochtones par des mariages, fondent des clans de sultanats et dominèrent les chefferies traditionnelles. Ils favorisèrent l’établissement et l’expansion de la religion musulmane. Les alliances politiques et matrimoniales des chefs locaux avec des Arabo-musulmans et chiraziens entraînèrent un changement de l’organisation politique et la création des sultanats qui respectèrent néanmoins à l’organisation sociale matrilinéaire (Mdjawashe) existante. Les « wafalume » qui régnaient aux Comores dans les Cités-états ou Chefféries, furent transformés en Médinas à partir de XVe siècle par les sultans. Ces derniers font construire de nombreux palais avec des portes monumentales, des mosquées, des fortifications et des tombes pyramidales ou en « Ailes ».
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle. Le tissu urbain est caractérisé par la forte densité des habitations séparées par des ruelles étroites, parfois à peine large d’un mètre. Elles sont, par endroit, aménagées en passage couvert. (Damir B.A.). En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ».
- Les sultanats historiques
L’histoire des Comores a ainsi généré un riche héritage fait de monuments, d’édifices et de sépultures, à découvrir dans les différentes régions du pays. Les sultanats historiques ont particulièrement produit un patrimoine divers et varié comprenant à la fois des monuments historiques, des palais sultaniques, des maisons princières, des édifices religieux, des fortifications, des sépultures et des places publiques. Ces divers héritages témoignent des relations très fortes avec la côte d’Afrique Orientale, le monde arabo-persique, mais aussi l’Europe (Portugais, Français, Anglais, Néerlandais, Américains etc).
Ces édifices sont en faible nombre du fait de la précarité des constructions. Il reste quelques puissantes bâtisses datant de cette période telles que :
2.1. Les édifices sultaniques
*Palais
*Villas princières ou maisons princières
• Le palais Kavhiridjowe d’Ikoni
• Le palais Dhwahira (Dhoihira) à Moroni
• Le palais Singani de Mutsamudu
• Le palais des sultans/Ujumbe de Mutsamudu
• Le Palais Ujumbe de Domoni
• Le palais Pangani-Darini de Domoni
• Le palais ou résidence royale Toiyfa de Domoni
2.2. Les édifices religieux
*Mosquées
*Mausolées
Les Comores sont riches en mosquées de toute taille. Les plus anciennes et les plus remarquables sont :
• La mosquée Ntibe Mlanao Iconi
• La mosquée Boina Iconi
• La mosquée Bomani Itsandra
• La mosquée Chirazienne de Domoni.
• La mosquée Ali wa Ibwanga Itsandra
• Le Mausolée de Binti Ankili Mutsamudu
• La mosquée de vendredi de Mutsamudu, édifice majestueux avec un bel minaret cylindrique
• La vieille mosquée de vendredi de Moroni datant de 1426 et agrandie à plusieurs reprises,
• Les Zawiya
2.3. Les fortifications
*Citadelles
*Remparts
La fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle correspond à l’époque des razzias malgaches sur les côtes comoriennes. A intervalles réguliers, les pirates malgaches font des descentes sur les côtes de l’archipel. C’est au cours de cette période que les grandes villes de l’archipel érigent des murs défensifs (Fomboni, Mutsamudu, Domoni, Moroni, Itsandra) tout autour de la ville sauf Iconi à ne citer que ceux-là). Ces fortifications sont de deux types :
Fortifications militaires destinées à protéger la population des invasions malgaches surtout:
La citadelle de Mutsamudu a été construit par le sultan Abdallah 1er de 1782 à 1790 à la suite de sa visite effectuée à Bombay pour chercher le soutien des Anglais contre les incursions malgaches.
La Citadelle d’Itsandra Mdjini « Gerezani » construit au XVIIème par le sultan Fumnau Wakori, Ntibe de Ngazidja, de ligne Inya Fwambaya
Les Remparts ou « Ngome » (Mutsamudu, Domoni, Itsandra, Iconi et Moroni)
1.4 les espaces publics et urbains
• Bangwe Founi Aziri (Iconi)
• Kalaweni (Vieux port + boutres) (Moroni)
• Bangwe Ndruani (Iconi/Ndruani)
• Bangwe Haroumamdji/Butsini (Itsandra)
• Bangwe Mawecha/Paya Lamdji Zirwani/Bangwe Bomani (ensemble) (Itsandra)
• Bangwe Iringudjani (Moroni)
• Binti Ankili/Vouvouni mwa dari (ensemble) / Gerezani / Mpangahari (Mutsamudu)
• Shataraju, Shilindro (Domoni)
A. Les espaces publics et urbains
Les espaces urbaines aux Comores varient d’une île à l’autre. La topologie et la toponymie sont aussi très variable. A la Grande Comore, on les appelle « Bangwe », à Anjouan c’est « Bangani ». Les plus remarquables espaces urbaines se trouvent à la Grande Comore. Cette espace urbaine est limitée par deux énormes portiques, des deux côtés (à l’entrer et la sortie).
Les deux Bangwe à Ikoni
Issu d’ancien « parc à bœufs » du temps de Mafe et des Mabedja, l’espace urbain est réservée seulement aux hommes « une survivance de cette ancienne fonctionnalité ». Elle est divisée en plusieurs piécettes de forme rectangulaire, entouré des bancs construits avec des matériaux traditionnels, avec de mortier de chaux et des pierres de corail, où les la haute notabilité, très hiérarchisé, prend les décisions (politiques ou sociales).
Un Bangwe à Itsandra (vue extérieur et vue intérieure)
Comme disaient les deux expertes , enseignantes je cite : « Les portes monumentales qui les encadrent sont le marquage colonial de l’espace coutumier encouragé au détriment du pouvoir des sultans, alors sur le déclin ».
• Les portiques dans les villes des sultanats :
« Les portiques dans les villes de Mutsamudu et Domoni à Anjouan se distinguent de ceux de Moroni, Itsandra, Ikoni, et Ntsudjini à Ngazidja par plusieurs aspects liés à l’architecture, la culture locale, et l’histoire régionale. Voici les principales différences :
- Style Architectural :
• Mutsamudu et Domoni (Anjouan) : Les portiques de ces villes reflètent un style architectural influencé par les échanges historiques avec les cultures swahilies et omanaises. Ils sont souvent ornés de motifs complexes et d’influences arabes, avec des arcs et des décorations en bois sculpté, caractéristiques de l’art islamique.
• Moroni, Itsandra, Ikoni, et Ntsudjini (Ngazidja) : Les portiques ici sont plus sobres et utilitaires, avec une architecture plus simple et influencée par les traditions comoriennes locales. Ils ont tendance à être moins ornés, se concentrant davantage sur la fonctionnalité que sur l’esthétique décorative. - Matériaux Utilisés :
• Mutsamudu et Domoni (Anjouan) : Les portiques peuvent inclure des matériaux tels que le bois finement travaillé, la pierre de corail, et d’autres matériaux locaux combinés avec des techniques de construction inspirées de l’architecture arabe.
• Moroni, Itsandra, Ikoni, et Ntsudjini (Ngazidja) : Les portiques utilisent souvent des matériaux plus simples comme le béton, la pierre locale, et parfois du bois, mais avec moins de détails sculptés. - Fonctionnalité et Usage :
• Mutsamudu et Domoni (Anjouan) : Les portiques servent souvent d’entrée monumentale à des structures importantes telles que des mosquées, des palais ou des places publiques, reflétant le statut social ou l’importance culturelle de l’endroit.
• Moroni, Itsandra, Ikoni, et Ntsudjini (Ngazidja) : Les portiques, bien qu’ils puissent également servir d’entrée à des structures importantes, sont souvent plus modestes et utilisés pour des bâtiments publics ou communautaires, sans la même emphase sur le statut symbolique. - Héritage Culturel et Historique :
• Mutsamudu et Domoni (Anjouan) : Ces villes ont un héritage historique plus étroitement lié aux échanges commerciaux avec les Arabes et les Perses, ce qui se reflète dans le raffinement des portiques, qui portent des influences plus marquées de ces cultures.
• Moroni, Itsandra, Ikoni, et Ntsudjini (Ngazidja) : Bien qu’également influencés par les échanges extérieurs, ces portiques sont plus représentatifs d’une culture locale fortement ancrée dans les traditions comoriennes, avec moins d’influences étrangères visibles.
Ces différences montrent comment les influences culturelles, les matériaux disponibles, et les traditions locales ont façonné l’architecture des portiques dans ces différentes régions des Comores »
B. Palais et Maisons princières
Façade principale palais Ujumbe et mur intérieur tapissé des niches à Ujumbe (Mutsamudu)
Ayant visité Zanzibar le samedi 19 et dimanche 20 mai 2024, je pense que les palais et maisons princières aux Comores, construites en pierre volcanique, enduit de mortier de chaux de corail, en ajoutant du miel d’abeilles ou de la canne à sucre et dont l’architecture monumentale, massive quelque fois à deux niveaux se ressemblent. L’unique décoration extérieur murale est les fresques et les petites fenêtres en moucharabieh, flanquée d’une énorme porte sculptée au rez de chaussée en passant par les escaliers monumentaux pour aboutir au niveau un ont des façades hautes et massives qui ont une apparence typologique avec ceux de Zanzibar (Tanzanie), mais aussi de Lamu (Kenya).
L’intérieur de certaines maisons et palais présente des plafonds en caisson richement décorés avec des calligraphies arabes, des carrés magico-religieux et tout un pan de mur entier, recouvert des niches en stuc.
La haute noblesse aristocratique avait construit, au milieu du quartier, leurs maisons en dure à terrasse et à étage au style arabo-chirazien, avec ses lourdes portes à panneaux sculptées madjivi en orme de quatre cygnes représentant un maillon d’une chaîne et un ovaire de fleur au milieu, symbole de la fécondité et de la fertilité; les murs massifs truffés à l’intérieur par des niches sculptées ziloho à base de corail sous plusieurs styles montrant la fierté des familles aisées propriétaire des esclaves et des terres). Les différents motifs de ces niches reflètent les différentes influences des batisseurs (Il y a des niches qu’on trouve dans les temples indoux en honneur de shiva et vishnou, d’autres portent une croix chrétiennens montrant l’influence européennen etc. au palais de Ujumbe à Mutsamudu. On les utilise pour ranger des objets.
Les Les niches « Ziloho » au palais des sultans Ujumbe à Mutsamudu
Source : Bourhane Abderemane – photos prise le 11 octobre 2021
Les fenêtres, souvent petites quelquefois en moucharabieh et à double volet :
– D’une part elles permettaient ainsi de conserver la fraîcheur de la maison en période de chaleur tropicale;
– d’autre part, c’est un lieu d’observation où les femmes pouvaient regarder les manifestations, les danses folkloriques etc…, sans être vues.
Les poutres soutenant le plafond en solives en bois rangés à intervalles réguliers, supportent les petites dalles en corail, damées et fixées par une épaisse couche de chaux, sont souvent colorés et ornés des inscriptions magico-réligieuses tel que des versets de Coran protectrice de la demeure et de ceux qui y habitent. Exemple : Rabbana f’tah bainana wa baina qawmina bilhak wa anta khairul’ fatihina. »Seigneur tranche entre nous et notre peuple, tu es le meilleur des arbitres ».
Les pièces composant les bâtis varient selon le statut de l’occupant, soit en forme de carré ou rectangulaire et dont la partie centrale est en forme d’un grand lanterneau de ventilation couvert pour se protéger de la pluie et faire passer la lumière du jour pour éclaircir les pièces et permettre la circulation de l’air.
D’autres éléments architecturaux, notamment les bibliothèques murales, les rangements des objets de valeur, les niches incrustées dans l’épaisseur des murs, montrent le degré d’une société intellectuelle dans la culture swahilie (langue utilisée aux Comores durant le sultanat).
Ces bâtis sont dotés toujours d’une salle de toilette et de bain séparé tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage, signe d’un modernisme inimaginable.
Les besoins des matériaux de construction sont énormes. Les différentes espèces des palétuviers jonchant sont utilisés pour préparer la chaux avec des coraux tirés de la mer, la fabrication des poutres et des solives, sculptées et décorées des divers motifs géométriques, de calligraphies arabes sur les linteaux sont peints en rouge et noir. La préparation de la peinture est réservée aux femmes qui connaissent les plantes utilisées pour la coloration et toute la menuiserie.
Les couleurs jouent un rôle important. La couleur rouge représente le pouvoir, l’aristocratie, mais aussi la couleur blanche. Quand à la couleur noire représente la sorcelerie. A titre d’exemple, les « Hirizi » : Rajaonarimanana, en parlant de « hirizi » qu’il fait partie de la médecine Antemoro. Les Comoriens en utilisent aussi pour se protéger contre la sorcellerie : « […] Il ne faut pas oublier que l’usage du talisman, soratsy ou hirizy, est seulement un des pôles de la médecine Antemoro, les autres étant l’usage de la prière Doa ou tibo, des sacrifices et d’offrandes dits sadaka, qui sont accompagnés de faly (interdit) et des plantes médicinales… ». Rajaonarimanana N. (1985 : 126).
« Hassane a introduit à Anjouan les diverts objets qui ont servi comme arme du sultanat : le pavillon rouge avec lisière blanche, le croissant, la main et l’étoile blanche au milieu, le planquin ; le chiri-cha-ezi, servant de trône, le ntsia, une grande dent creuse d’éléphant, la main et le grand parasol rouge aux parments verts, tous objets emblématiques du sultan (M.H.). On retrouve ce passage page 13 du M.S.A.Z. de 1927. « C’est Hassan également qui amena le mimbar, chair du prédicateur sur lequel se tient ce dernier, le vendredi et le jour de fête à la grande mosquée pour exhorter les croyants. […] Aussi tous ces objets sont restés en souvenir de celui qui les a introduits à Anjouan » (M.H.) (Note 67 :19 Anjouan dans l’Histoire, 2000, INALCO N°29)
A Zanzibar, les cadres des certaines portes cloutées et sculptées portent les mêmes motifs, soit une chaine de reproduction, soit des clous de girofles (montrant la commercialisation de ce produit) etc. que celles des Comores. Ils utilisaient le bois de mangroves pour les fabriquer.
La plaque montrant les portes sculptées et cloutées en cuivre à Zanzibar (Stone Town Heritage Walks).
Source : photos prises par Dr Bourhane Abderemane le 19 mai 2024 en mission de recherche en Tanzanie
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 : Porte cloutée palais Singani Mutsamudu
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 25 septembre 2022
Photo 2 : Porte cloutée mura wa CASM vers le marché à Moroni (Bazar ya Bwani)
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 13 février 2022
Photo 3 : 1287 ph 05 Moroni, porte maison avec clous de cuivre de Mombasa [Entrée maison Prince Saïd Ibrahim]
Source : Photo prise par Sophie Blanchy le 23 novembre 2021
L’étude typologique des bâtis montre qu’il s’agit « d’espace organique » dont l’agrandissement se fait à fur et à mesure des besoins. Les juxtapositions de certaines structures de bâti sont faites en sorte que la sécurité des occupants soit assurée. Ce qui montre la complexité des plans rappelant un labyrinthe. Ces palais et maisons princières sont construits au XIIIe siècle et d’autres au XIV-XVe siècle…
C. Mosquée, Zawiya et tombeaux
Les Mosquée
Les mosquées sont les monuments qui jouent le rôle déterminent dans l’organisation sociale et urbaine sont parmi les plus conservées jusqu’alors. Il est rare de voir une mosquée détruite sauf cas de force majeur. D’autres ont été rayées de la carte notamment la mosquée de Shababi à Mutsamudu, un patrimoine national imprimée sur un billet de banque, de même que la mosquée dite « Mkiri wa Nguzi (la mosquée des lézards) devenue Mkiri wa Ngizi (mosquée du miel) », construite au XIIe siècle était aussi démolie et le rez de chaussée a été aménagé en petite compartiment pour les louer aux commerçants. A Domoni, le reste de la mosquée d’Oman a subi le même sort. Plusieurs récits des traditionnistes montrent qu’il y a des petites mosquées construites par des inconnues au bords de la mer ou sur les côtes et indique qu’elles sont considérées comme étant un édifice fondateur des villes ou villages ; une première architecture en dur dont beaucoup ont connu d’importante transformation. A tire d’exemple, à Anjouan, il y a la mosquée du bord de la mer à Ouani « Mkiri wa Bwani, devenue Mkiri wa Mpwani » dont le soubassement est en corail. A la Grande Comore, Celle de Male appelée « Mosquée Mbuzini » construite selon la tradition par des djinns. Elle fut datée par H. Wright au XVIIIe siècle et celle de Bwanga Kuni « Mosquée Shiunda » se construisit toute seule selon les traditionnistes est devenue la mosquée du miracle. La mosquée sur le site portuaire de Ntsoha à Ouani, Anjouan au bord de la mer, dont le soubassement est en pierre, a une petite salle de prière moins de 10m de large avec quatre piliers. A côté, il y a un puits d’eau saumâtre pour l’ablution. Avec la montée de la mer, le site est en voie de disparition.
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 et 2 : Mosquée Shiunda à Bwanga Kuni (Grande Comore)
Source : Photos prise par Dr Bourhane Abderemane le 23 avril 2024
Photo 2 : Mosquée de Ziara au Ntsoha (Ouani-Anjouan) site derrière l’aéroport de Ouani
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane en 2013
Les deux anciennes mosquées d’Anjouan (Sima et Domoni) construite au XIe siècle et XIIe siècle, puis agrandies au XVe siècle ont leur mihrab richement décoré.
L’archéologue Liszkowski H. pense que la ressemblance entre la mosquée de Sima, la mosquée Chirazienne de Domoni (Anjouan), celle de Ntsaweni (Grande Comore) et de Ntsingoni (Mayotte) laisse supposer que ce sont les architectes qui se déplaçaient et qui rappelle les mosquées de Hadramaout et d’Oman. […] n’oublions pas, en effet, le lien de parenté qui unissait les princes des deux îles, au moment de la fondation de Tsingoni » Ibid.: 264
Mosquée Ziara Sima à Sima Mosquée chirazienne Domoni Mosquée chirazi de Tsingoni
Plan mosquée de Tsingoni Plan mosquée chirazi Domoni Mosquée Djumbe Fumu Ntsaweni
La pénétration progressive de l’Islam avait emporté diverses idéologies non sunnites de rite chaféite. On constate actuellement diverses confréries implantées à travers tout l’archipel. Au stade actuel, un autre courant radical « les Djawula » combattent énergiquement ces confréries, rejettent en grande partie les pratiques religieuses ancestrales considérées par l’orthodoxie islamique ou wahhabite comme « Bidiân » (une invocation qui peut être blâmable). Ce sont des rites différents chaféites.
Les Zawiya
Les arrivées successives des migrants aux Comores dès le VIIIe siècle avaient apporté dans leurs bagages respectifs leur religion : animiste et l’Islam.
Damir affirme que la doctrine soufie est arrivée aux Comores à partir de la Somalie. Au niveau des îles, Les zawia se sont multipliés tant du côté du Shâdhili que du Rifâi.
Le zawia est scindé en deux parties : une partie réservée pour faire la prière et une partie où les cheikhs sont enterrés. On y organise les dhikiri : « Le soufisme est apparu aux Comores à la fin du XVIIIe siècle, apporté par des émigrés Somalis. Les premiers Zawia ont été construites à la fin du XIXe siècle. La Zawia a repris à peu près la structure du bangwe comorien. Elle comprend un vaste espace au sol cimenté, entouré d’un mur construit à mi-hauteur. On y accède comme à la mosquée, en enlevant ses chaussures. Les adeptes s’y réunissent pour le dhikri (invocation de Dieu) … »
« Les adeptes de certaines confréries soufies y apportent des tambours et des flûtes pour accompagner leurs chants religieux.
La musique, associée à la poésie, est considérée par les shekh des confréries comme un moyen d’élévation spirituelle. On y chante de longs poèmes composés par les maîtres à la gloire de Dieu, du prophète et des Saints de la confrérie » (Damir Ben Ali 2004 : 15).
Nous savons que le Zawiya ou zawia porte deux structures : la mosquée où les adeptes font leurs prières obligatoires (cinq fois par jours) et la partie ou les cheikhs sont enterrés. Tandis que les grands maîtres voient leurs tombeaux transformés en un ou plusieurs mausolées qui deviennent alors des lieux de pèlerinage. Parmi ces grands maitres qui étaient les premiers à introduire et à propager la confrérie dans leurs régions où au sein de leur propre ville et village, une fois décédé, ils sont enterrés dans le zawia (mosquée-zawia). Ainsi leurs plus fidèles disciples construisent des mausolées pour eux. Dans beaucoup de villages comoriens, à travers l’archipel tout entier existent des zawiyas : soit Shadhuli, soit Rifai, soit kadri.
Des liens spirituels existent entre les foyers des confréries dans le monde arabe et les confréries locales à travers des siècles et ceci dans tous les pays musulmans ; dressant leur généalogie spirituelle d’un maître à un autre en les faisant remonter jusqu’à Ali (Saïd Nali), le gendre du prophète base du Chiisme :
Damir Ben Ali nous rappelle les différentes structures d’une zawiya où on enterrait les grands maîtres en leur construisant des mausolées. Ces endroits sont devenus des lieux de pèlerinage pour les adeptes : « Le deuxième élément de la zawia est la mosquée, où les adeptes font leurs prières quotidiennes obligatoires. Cette mosquée est très souvent contiguë à un ou plusieurs mausolées de grands maîtres.
La structure d’une confrérie est constituée par la filiation spirituelle. Tous les membres, à travers les siècles et dans tous les pays musulmans, font remonter leur généalogie spirituelle d’un maître à un autre, selon une chaine ininterrompue jusqu’au premier chainon qui serai un imam issu de la famille sainte d’Ali, le gendre du Prophète Muhammad.
Ces maîtres, particulièrement ceux qui ont été les premiers à introduire et à Développer la confrérie dans leur village ou leur région, sont enterrés sur le terrain même de la mosquée-zawia. Leurs disciples construisent des mausolées qui deviennent alors des lieux de pèlerinage. Dans beaucoup de villages comoriens, il existe une zawia shadhuli et une zawia qadiri » (ibid. :16)
A part les deux grands courants idéologiques de l’Islam , le Sunnite et le Chiite (Chiisme), plusieurs confréries se sont implantées dans l’archipel à des dates différentes. Le plus ancien d’entre eux ce fut le qadiri ou Kadri, introduit peut-être vers la fin du XVIIIe siècle. Une autre confrérie, la plus importante actuellement embrassée par plusieurs adeptes à travers l’archipel fut le shadhuli ou Shadhuli El Yashurutwi (de la branche de yashurutwi), introduit-elle aussi au niveau de l’archipel vers le milieu du XIXe siècle. Vient le tour d’une autre confrérie très populaire implantée au début de XXe siècle, le Rifaî par Cheikh Ahmad Fundi.
Damir Ben Ali nous donne plus de précision sur les confréries en commençant par la plus ancienne le qadiri et ses adeptes, de même que la confrérie Shadhuliya : « La plus ancienne confrérie de l’archipel est le qadiri. Elle y a été introduite à la fin du XVIIIe siècle. Elle s’est développée un siècle plus tard à un grand maître de Brava, en Somalie, Shekh Uwais bin Muhammad (1847-1904), qui a recruté des disciples parmi les Comoriens de Zanzibar. A cette époque, le Banadir était sous le contrôle de Zanzibar (jusqu’en 1892), ainsi que la côte de Mombassa à Kilwa.
L’un des disciples comoriens du Shekh Uwais, Muhammad Bakar, de Domoni, dans l’île de Ndzuani, a été un grand propagateur de la qadiri dans son pays. Puis, vers les années 1930, Shekh Swadri, d’Itsandra-mdjini, disciple de Saïd Omar Qullatain, le Khalif de Shekh Uwais à Zanzibar, a donné un élan nouveau à la qadiri. Shekh Swadri est enterré dans le zawia qadiri de Magudju, à Moroni.
La confrérie shadhuli de la branche yashurutwi est la confrérie la plus importante, dans l’ensemble des quatre îles de l’archipel. Elle a été introduite au milieu du XIXe siècle par Shekh Abdallah Darwesh, d’Itsandra-Mdjini, qui a séjourné à St Jean d’Acre, siège de la confrérie, jusqu’à son transfert à Beyrouth, après la guerre israélo-arabe (1948).
Mais le grand promoteur de la confrérie shadhuli a été Saïd Muhammad Al Maâruf, mort en 1904, dont le mausolée dans le zawia de Traleni, à Moroni, est un haut lieu de pèlerinage.
La confrérie rifaî, de style plus populaire, est très importante dans l’île de Ndzuani. Elle y a été introduite au début du XXe siècle par Shekh Ahmad bin Muhammad bin Khamis (Ahmad Fundi), qui est enterré dans la zawia rifaî de Mutsamudu.
« Cependant, la musique aux Comores n’a pas seulement cette fonction d’orientation vers l’élévation spirituelle qu’exaltent les différentes confréries. Elle est aussi, quotidiennement, un art de la vie. Et elle joue un rôle de premier plan dans l’insertion de l’individu au sein de sa communauté, sociale ou religieuse. Elle accompagne les principales étapes de sa vie personnelle et familiale.
C’est la musique, associée à la poésie et à la danse, qui donne aux évènements leur solennité… » (Damir Ben Ali 2004 : 16-17)
Dans un article intitulé « un libraire bibliophile mahorais méconnu : Abdourrahman Aboudou. Contribution à un aperçu de la vie culturelle de Mayotte et des Comores aux premières années de la colonisation », publié par Alain Clockers, Youssouf Bachir et Chamsdine Bin Ali Kordjee et al, relataient la vie d’un bibliophile mahorais à travers ses œuvres méconnus du public, de l’Islam et des Twarika (confréries). Les auteurs ont montré aussi les richesses que détenaient les érudits comoriens dont la majeure partie était formé à Zanzibar en langue swahili. Beaucoup de ces hommes instruits étaient originaire de la Grande Comore. Alors cette île avait connu une réelle dynamique érudite , fin du XIXe siècle et début du XXe siècle. Cette effervescence culturelle fut véhiculée et animée par des confréries religieuses au niveau de l’archipel. Ces érudits comoriens utilisaient comme langue véhiculaire mais aussi comme langue de prestige le swahili.
D’après les auteurs: « Les Africanistes savent la richesse de certaines sources documentaires disséminées dans les bibliothèques du continent noir. Aujourd’hui un érudit ne pourrait ignorer le rôle joué par l’Islam et ses medersas dans l’Afrique des côtes orientales et aux Comores. Des centres urbains y ont servi de véritables vecteurs pour les savants dont les connaissances suscitaient le respect de leurs compatriotes (Comoriens et Mahorais notamment) ». (Clockers A. & al 2009 : 73-74-75)
L’Islam et la lecture du livre Saint accompagnèrent toujours en Afrique les voyageurs et les commerçants musulmans venus d’Arabie, de Mer Rouge, du Golfe Persique et des côtes indiennes (de l’Hindoustan au Kerala en passant par le Gudjerat). Il est rare de trouver des textes anciens régionaux avec un autre support que l’écriture arabe, quelle que soit la langue utilisée .
« […] les colonisés voulaient aussi faire reconnaître l’ancienneté de leur présence dans les quatre îles et expliquer ainsi la pérennité de leur culture. Ils devaient faire connaître et faire reconnaître leur passé. Pour cela il leur fallait mettre par écrit ce que la tradition leur avait transmis. La mise par écrit des Chroniques comoriennes depuis la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1930 ne trouve pas ailleurs ses origines …Les nouveaux venus devaient savoir que les insulaires étaient là avant eux et depuis longtemps. Pour se faire reconnaître comme peuple à Histoire (à une époque où la plupart des Européens déniaient aux Africains le droit même d’en avoir une ). Mahorais et Comoriens durent le faire dans leur propre langue ou dans une langue reconnue prestigieuse comme le kiswahili ou l’arabe ». (Ibid.)
• Zawiya Shadhuliyya à Ouani
Les deux Photos montrent le Zawiya Shadhili où est enterré Cheikh Soilihi à Ouani et son gardien en boubou blanc (Monsieur Moutroifi Mohamed).
Source : Bourhane Abderemane –photos prises le 29/4/2013
• Zawiya Shadhuliyya à Mutsamudu
Les deux photos montrent le Zawiya Shadhili de Mutsamudu : la porte d’entrée et l’intérieur du mausolée
Source : Bourhane Abderemane – photos prises le 29/4/2013
• Zawiya Shadhuliyya à Moroni
Photo 1 Photo 2
Photo 1: Said Mohamed ben Cheikh Ahmed dit El-Ma’aruf (mort en 1904)
Source: Abdallah Daoud ex agent du CNDRS Moroni actuellement en France (1998)
Photo 2 : Zawiya Shadhuliyya à Moroni où est enterré en 1904 Cheikh El- Ma’aruf
Source: Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 17 avril 2024
Photo 3 Photo 4 Photo 5
Photo 3: L’espace entre la sale de prière et la grille, là où les adeptes font leur Dhikri
Photo 4 et 5: D’autres cheicks érudis sont aussi enterrés à Zawiyani
Source: Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 17 avril 2024
Al Maaruf est considéré par certains comme étant le descendant d’Hadhrami né d’une famille matrilinéaire à Moroni aux Comores, enfant du pays, propagateur de Twarika Shadhuliyya en Afrique de l’Est et à Madagascar. Des auteurs le qualifient d’être un petit fils d’un anjouanais devenu Khalifa de cheikh Uways : « […] les formulations de certains chercheurs, telles que celle d’Anne Bang pour présenter Saïd bin Shaykh Al Maaruf qu’elle décrit comme : « The Comorian-born Hadhrami Sayyid who was the main propagator of the Shâdhiliyya târiqa in East- Africa – from the Kenyan Coast all the way to Mozambique and Madagascar » (2011 : 104) , alors qu’il est perçu aux Comores avant tout comme un enfant du pays, un natif de Moroni, issu d’une maison matrilinéaire bien identifiée de cette ville.
De son côté, Bradford G. Martin, citant al-Farsy , présente Said ben Shaykh comme « le petit-fils d’un Anjouannais » devenu « Khalifa de Shaykh Uways »: « According to al Farsy, Tarehe, 35, the most widespread tariqa in Zanzibar before 1850 was the Shadhiliya; in the second half of the nineteenth century it was revived there and in the Comoro Islands by Muhammad b. Ahmad b. Abi Bakr al-Hanzwani of Moroni (1850-1904). This man was also a khalifa of Shaykh Uways (cf. Jawhar, 27) » (1969:474, n. 17) (Sophie Blanchy 2015:8)
• Zawia Rifâʻiyya (XIIe s.)
Les deux photos montrent le Zawiya Rifâʻiyya de Mutsamudu
Source : Bourhane Abderemane – photos prises le 29/4/2013
Roland Barraux, en parlant de l’Islam, pense que l’ancrage définitif de l’islam aux Comores remonte à la fin du XVe et du début de XVIe siècle. Toutefois, il semblerait que parmi les causes de l’immigration furent lié aux conflits religieux. Ce qui entraine les départs massifs des réfugiés vers les côtes africaines et les Comores : « Toutes les chroniques s’accordent à admettre que l’apport qui ancra définitivement l’Islam aux Comores date de la fin du XVème et du début du XVI ème siècle. Faut-il comme l’historien anjouanais lier cette vague aux conflits religieux de la Perse lorsque ‘’les princes sunnites qui se refusaient à confesser l’opinion des chiites qui dominait dans ce pays, furent chassés avec les leurs’’ ? L’Islam Comorien, sunnite et de rite chaféite, devait prendre son caractère définitif avec l’implantation de groupes déjà organisés, soutenus par une puissance militaire et une capacité à représenter les connaissances et la foi de l’Islam » (Barraux R. 2009 : 28)
Les mosquées sont les monuments parmi les plus conservées jusqu’alors.et qui jouent le rôle déterminant dans l’organisation sociale et urbaine. D’autres ont été rayé de la carte notamment la mosquée Shababi (patrimoine national imprimé sur un billet de banque de 500 FC) de même que la première petite mosquée construite au XI-XII à Mutsamudu « mosquée des lézards » (Mkiri wa Nguzi devenue Mkiri wa Ngizi) « mosquée du miel » a été aussi démolie et on était surpris de voir que cette petite mosquée est construite au-dessus d’une autre mosquée qui avait gardé son mihrab. Le rez de chaussée a été aménagé par petite locale pour les louer au gens ou au commerçant.
Plusieurs récits des traditionnistes montrent qu’il y a des petites mosquées construites par des inconnus au bord de la mer notamment la mosquée du bord de la mer à Ouani « Msihri wa Mbwani » devenue « Mkiri wa Mpwani », construite à partir des coraux. Il y a aussi la mosquée de Mbuzini (construite selon la tradition par des Djinns à Male, Grande Comore.
Les mosquées sont considérées comme étant « le miroir de l’islam » est un édifice fondateur de villes ou villages, premier architecture en dure dont beaucoup ont connu d’importante transformation. Elles jouaient plusieurs rôles qui permettraient à la population d’en prendre connaissance ; un centre culturel et intellectuel pour les musulmans où les cheikhs transmettent les connaissances et leur savoir-faire aux fidèles. Damir Ben Ali en parle dans son ouvrage (2004) : « La mosquée est un lieu de prières, de méditations, d’enseignement du Coran, de la théologie et de l’histoire de la période glorieuse des conquêtes musulmanes. Elle est aussi un lieu de grands débats publics et de chants à la gloire de Dieu, du Prophète et de ses compagnons, des grands saints de l’islam… » (Damir Ben Ali 2004 : 13)
La mosquée du Untsoha (un Ziyara) a une petite salle de prière rectangulaire dont la largeur ne dépasse pas 10 mètres, menacée par la montée de la mer.
Les deux plus anciennes mosquées d’Anjouan (Sima et Domoni) construite au XIe-XII, puis agrandie au XIVe-XVe siècle dont leurs mihrabs sont richement décorés. Liszkowski pense que la ressemblance entre la mosquée de Ziyara Sima, la mosquée chirazienne de Domoni, celle de Ntsaweni et Ntsingoni laisse supposer que ce sont les mêmes architectes qui se déplaçaient et qui rappelle les mosquées de Hadramaout et d’Oman.
Photo 1 Photo 2
Photo 1: Mihrab of the mosque of Kizimkazi 1107 AD. Courtesy the authore
Source: Stéphane Pradines et Farouk Topau, Muslim Cultures of Indian Ocean, Diversity and Pluralism, Past and Present, 2003, Edition EDINBURGH, Figure 11.3, P.227
Photo 2: The shirazi mosque of Kilwa Kisiwani built between 1131 and 1170. Courtesy the authore
Source: Stéphane Pradines et Farouk Topau, Muslim Cultures of Indian Ocean, Diversity and Pluralism, Past and Present, 2003, Edition EDINBURGH, Figure 11.5, 356 p.
Garlake, à son tour, montre que certaines mosquées en Afrique de l’Est présentent aussi des mihrabs à voûte « flûtée ». Plusieurs questions ont été posées notamment : y avait-il une école pour un style donné en architecture ? Si non comment s’était propagé les connaissances architecturales à travers l’Océan Indien ? Autant des questions qui restent en suspense. D’après Liszkowski : […] Si l’on étend notre étude de l’architecture religieuse à la côte africaine, les travaux de Garlake nous permettent de constater que les mosquées de Zanzibar, de Mafia, de Jamia et Kua présentent aussi des mihrabs à voûte « flûtée » ; les mêmes hypothèses peuvent être formulées au sujet des artisans : l’Océan Indien a-t-il connu des modes architecturales ? Des écoles avec des styles ? Comment se sont propagées les connaissances artistiques ? Autant de questions qui méritent recherche, d’autant plus que certains styles semblent avoir perduré : le mihrab de Sima (XIIe), est semblable à celui de Domoni (XIVe) semblable aussi à celui de Tsingoni (XVIe) ou de Kizimkazi, Zanzibar (plus tardif). (Ibid. : 266)
Plan des diverses mosquées à Mayotte
Plan de la mosquée de Tsingoni
Source : Tiré de l’ouvrage de Liszkowski H.D., « Mayotte et les Comores sur la route des Indes au XVe et XVIIIe siècle, Mamoudzou, éd. Baobab, p. 265, fig. 50.
A travers nos recherches, les différents témoignages abordés par les chercheurs au niveau des mosquées tant aux Comores qu’à la côte est africaine montrent d’abord comment certains édifices étaient-elles orientées ? Et d’autre part, la nouvelle idéologie qui avait dominé la population urbaine n’a pas été embrassée par toutes les couches de la population. Elle restait l’apanage de certaines élites minoritaires qui ont pu imposer leur dictat après avoir pris le pouvoir à l’époque de Fani. La migration interne vers les zones enclavées de haut est due à la résistance des anciennes populations locales. Cette résistance nous a permis aujourd’hui de constater que ceux qui avaient embrassées la civilisation dembenienne n’étaient pas islamisés. Ils avaient conservé leur culture animiste. Les arrivées successives dans l’archipel des Comores ont transformé cette société primitive.
Liszkowski pense que : « Le nombre modeste de mosquées, leur simplicité et leur pauvreté relative, s’expliquent peut-être aussi par une résistance des populations locales à cette idéologie nouvelle mais dominatrice, car réservée à une minorité, nouvellement arrivée, et qui poursuit le schéma commencé sur la côte est-africaine : l’Islam et la culture qu’il véhicule sont l’apanage d’une élites qui a su prendre le pouvoir, dès l’époque des Fani, mais n’a pas su l’étendre au niveau de toutes les couches de la population….(Ibid. : 268).
L’architecture de la mosquée et sa décoration s’inscrivent dans le grand mouvement artistique qui toucha la côte est-africaine et l’archipel des Comores, vers les XIVe – XVe siècles…. (Ibid. : 290).
Plan de la mosquée Zira’ at de Sima
Source : Henry Wright 1984 – CNDRS Anjouan 2000-Tiré de la Revue Etudes Océan Indien, n° 29 Anjouan dans l’histoire, INALCO, page 151 Fig. 2 et 155 Fig. 3
La Photo montre le mihrab de la mosquée de Ziara-Sima avec ses colonnes torsadées, taillées à partir des coraux
Source : Bourhane Abderemane – photo prise le 28 janvier 2008
Afin d’étudier à fond les deux principales mosquées anciennes à Anjouan (Mkiri wa Ziyara-Sima et Mkiri wa Shirazi Domoni), Henry Wright et son équipe d’archéologues avaient effectué quelques fouilles dans la période 1980-1984. Dans leurs études sur les deux mosquées, celle du Sima est dénommée Zira’at tandis que celle de Domoni porte le nom de la Mokiri wa Shirazi, la mosquée de Shirazi. Ces deux mosquées ont une structure architecturale identique. La mosquée est orientée à 27°1 ouest du vrai nord en parlant de la qibla.
Hebert J. C . nous livre des précieux enseignements sur cette édifice: « Les restes actuelles au Zira’at de Sima sont les ruines d’une mosquée construites à la fin du XIVe ou XVe siècle, la troisième structure identique sur ce site […]. Le grand axe ou qibla est orienté à 27,1 degrés ouest du vrai nord. La longueur extérieure [du bâtiment] est d’environ 11,2 m. Les mesures externes en largeur sont d’environ 7,3 m. La paroi Est présente deux portes, la plus au Nord sans décoration, avec une arche ogivale, et celle du Sud ruinée. La paroi Sud n’a qu’une seule porte avec une entrée décorée, aussi avec une arche ogivale sur le côté Ouest. Il y avait une seule porte sur le côté Ouest, mais celle-ci a été murée. Une large niche rectangulaire ou vidaka, réservée aujourd’hui aux lampes et exemplaires du Coran, etc., était placée dans cette anfractuosité. Il y avait de semblables petites niches dans la construction primitive au centre et à l’est du mur du Sud ; il a pu y en avoir d’autres dans le coin Sud-est sérieusement endommagé du bâtiment. Cette mosquée tardive avait deux rangés axiales de colonne, chacune avec trois colonnes octogonales à base carrées de 1,02 m […]. Le mihrab de corail taillé de la mosquée de Sima est aujourd’hui très endommagé, mais il peut être décrit d’après les fragments subsistants. Il avait une arche arrondie, mais l’archivolte, les travées, et le linteau ne sont plus en place. Tout ce qui survit des éléments de corail taillé de la face ouest est la portion basse des fûts de colonnes ; tout ce qui survit de la face Est est la base des fûts de colonne avec de torsades verticales, chacune ayant une moulure plaine sur l’autre côté. Le bloc principal a été mutilé. La niche est relativement profonde ayant 1, 24 m de largeur sur 1,97 de profondeur. La base du décor n’a pas été dégagée. Comme les jambages de colonnes la voûte ( ?) a des moulures, chacune avec une moulure pleine de l’autre côté. Au-dessus du chapiteau plein il y a un double trait creusé contenant des carrés creux, chacun une plaque coupée au carré au-dessus, la niche est pauvrement conservée, mais le semi-dôme conserve des marques sur son ciment, suggérant qu’il y avait un plâtre cannelé ». (Hébert J.C. 2000 :145-149-155)
James E. Knudstad a fait une description du site de Ziarani-Sima notamment l’ancienne mosquée qui selon lui est identique à celle de Domoni. L’auteur signale que puisque les deux mihrabs (celui de Sima et de Domoni) sont identiques, ce serait l’œuvre d’un même architecte. Ce qui prouve que des artisans d’un même atelier se déplacent d’une île à l’autre ou d’une région à l’autre : « les ruines connues sous le nom de Ziara’at de Sima sont celles d’une mosquée construite à la fin du XIVe ou XVe siècle, la 3ème structure de ce type sur ce site (fig. 11). Le long axe de l’immeuble III est orienté à 27 degrés à l’ouest du vrai Nord. La longueur extérieure mesure environ 11,2 m. La largeur externe a environ 7,3 m. La façade orientale est dotée de 2 portes, celle située à l’extrême Nord non décorée, avec une arche ogivale et celle du Sud délabrée. La façade méridionale a un seul seuil doté d’une arche ogivale avec une décoration de rainure. Il y avait une seule porte sur la façade occidentale, mais celle-ci était bloquée. Une grande niche rectangulaire ou « Kidaka », le genre utilisé de nos jours pour les lampes, les corpus du Coran etc fut placée dans cet immeuble. Il y avait des petites niches analogues dans la structure originale au centre du mur oriental et sur la façade orientale du mur méridional…
L’histoire architecturale des premières mosquées de Sima et de Domoni est remarquablement identique. Les deux mosquées furent reconstruites et agrandies au XIIIe siècle. Leurs « mirahbs » sont tellement identiques qu’ils pourraient être l’œuvre du même artisan ou au moins du même groupe d’atelier. L’étroite corrélation des histoires de la construction de ces immeubles sacrés laisse entendre que les congrégations se rivalisaient. Les mosquées de Sima fut détruite, peut être au XVIe siècle. Celle de Domoni fut reconstruite dotée d’une rangée d’arcade au centre composé de colonne de maçonnerie et sert toujours ». (Knudstad E. J. 1992 : Azania 27).
A l’est de l’île d’Anjouan, la ville de Domoni, face à l’Océan Indien, possède une mosquée ancienne flaquée de deux Mihrabs : « Mkiri wa Shirazi » la mosquée shirazienne dont la première construction remonte au XIe siècle, est située au nord du port méridional au bord de la falaise. La faible dimension des mosquées (Sima, Domoni, Mutsamudu, Ouani etc.) aux environs de 11 m sur 7 m ainsi que leurs petits nombres montre que cette religion du livre, l’Islam m’a pas été embrassé par la masse populaire mais la foi et la pratique d’un petit nombre de comorien disait Ali Mohamed Gou (1996 :31).
J. Knudstad a fait une petite description sur ces mosquées et montre aussi le raffinement et l’élégance de l’art comorienne à travers ces mosquées anciennes notamment Domoni et Sima en ces termes : « De petites mosquées d’une facture élégante sont élevées sur les îles. Les plus remarquables étant celles de Domoni et Sima, où il s’agissait déjà de reconstruction . Elles avaient deux rangées de colonnes octogonales, des portes avec des voûtes en ogive, des niches (shibaka ) pour les lampes ou les livres (Coran). Un des éléments les plus remarquables de ces petites mosquées, fut le mihrab qui était fait d’un assemblage de plaques de corail sculpté, d’un grand raffinement. Seul le mihrab du Mkiri wa Shirazi de Domoni est resté intact ; il possède une voûte arrondie [en ogive] ». (J. Knudstad in H. Wright 1992, p. 117.)
Plan de la mosquée Chirazienne de Domoni (M’Kiri Wa Shirazi – Fig.3)
Source : Henry Wright 1984 – CNDRS Anjouan 2000-Tiré de la Revue Etudes Océan Indien, n° 29 Anjouan dans l’histoire, INALCO, page 151 Fig. 2 et 155 Fig. 3
Photo de Mihrab de la mosquée shirazienne de Domoni
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photo prise le 03 juillet 2016
L’ancien mosquée de Shirazi (Wright 1992 : carte 3) situé en bordure de la mer à Domoni, présente des analogies avec celle de Vieux Sima. Wright a fait une description détaillée de cette mosquée, orientée à 15°6 ouest du vrai nord: « La mosquée de Shiraz de Domoni est une mosquée très réparée construite aussi vraisemblablement à la fin du XIVe ou du XVe siècles, la quatrième construction en maçonnerie sur ce site […]. L’axe en long ou qibla est orienté à 15°6 ouest du vrai nord, et mesurait environ 11,8 m avant que la mer n’ait réduit la mosquée d’un tiers au sud. La configuration originale des portes est inconnue. Aucune niche n’est visible. Cette mosquée tardive avait une charpente axiale centrale de quatre colonnes octogonales, reposant chacune sur une base carrée de 0,87 m. Des additions tardives à cette mosquée sont un unique mimbar en bois, un escalier externe pour monter à la terrasse, et un puits de jour curieux mais très efficace.
Le mihrab de la mosquée de Shiraz bien préservé, taillé dans le corail, est un des plus remarquables témoignages de l’islam primitif aux Comores. Il est semblable à celui du Sima, mais intact, obscurci seulement par plusieurs couches de peinture [au chaux]. C’est une arche arrondie, mais son sommet ressemble à une arche pointée, et à quatre perforations à son sommet approchant [d’une feuille] de trèfle. L’architrave et le linteau sont creusés en renforcement et ont des panneaux rectangulaires séparés par de courts segments de torsades, chaque panneau contenant une plaque de corail où est dessiné en creux un motif de remplissage. Les [… ?] sont en renforcement et divisés à une portion pleine en relief et une portion arrière décorée de segments de torsades verticales et horizontales. Au-dessus d’un bord plat, chaque bloc de montant à deux torsades verticales avec une moulure plate de chaque côté. Au-dessus il y a deux chapiteaux plats séparés par une double […] en renforcement avec des carrés creux, chacun contenant une plaque de corail taillée similaire à celles encore en place au mihrab de Sima. […] Le semi-dôme de la niche est flûté» (Ibid.)
« L’architecture religieuse et civile est aux Comores, une architecture du pouvoir » (Relevé urbain p.6)
Mosque and Mihrab of Songo Mnara. Courtesy the authore
Source : Stéphane Pradines et Farouk Topau, Muslim Cultures of Indian Ocean, Diversity and Pluralism, Past and Present, 2003, Edition EDINBURGH, Figure 11.5, 356 p.
Mihrab de la mosquée de Ziara-Untsoha : « coordonnées géographiques au : 12°07’48’’ Sud et 44°25’25’’ Est » (Ali Mohamed Gou 1996 : 40)
En parlant de l’art religieux à Mayotte, Liszkowski s’aperçoit qu’il y a une similitude entre le Mihrab de Tsingoni avec celui de Mkiri wa Shirazi concernant leur voûte de style « fluté » ainsi que celle de Sima. Liszkowski partage la même réflexion que Knudstad E. J. à propos des artisans. Ce style de construction nous invite à envisager la possibilité d’une coopération entre-eux ou un déplacement inter-île de ces artisans :
« C’est généralement le Mihrab, avec sa voûte sculptée et sa façade ornée, qui concentre, dans une mosquée, les principaux éléments décoratifs ; le mihrab de Pôlé est constitué d’une façade simple sans décoration apparente , avec une voûte en ogive, dont l’intérieur de la niche a été façonné de cannelures striées qui descendent du sommet vers le bas en forme d’éventail ; cette décoration classique se trouve à Tsingoni, à Anjouan (Sima, Domoni) et sur la côte africaine, notamment à Mafia et Kua : c’est la caractéristique du style flûté (ou en arêtes de poisson).
A Tsingoni,…. ; le mihrab ressemble à s’y méprendre à celui de Mkiri wa Shirazi à Domoni, fouillé par Wright : leurs voûtes de style « flûté » semblent identique ; la façade est richement décorée de bandeaux de corail en relief et le sommet de la voûte présente une ornementation trilobée qui n’a rien à envier à celle de Kizimkazi ; cette similitude qui concernerait aussi la mosquée de Sima, nous invite à envisager la possibilité d’une coopération entre les artisans des deux îles voisines ou un déplacement des mêmes constructeurs d’une île à l’autre ; n’oublions pas, en effet, le lien de parenté qui unissait les princes des deux îles, au moment de la fondation de Tsingoni… » (Liszkowski H. D. 2000 : 264).
En étudiant en détail la mosquée de Tsingoni qui se cantonne seulement à sa description et celle des sépultures, Liszkowski l’avait comparée avec d’autres mosquées de Mayotte surtout au niveau des mihrabs qu’il qualifie d’exceptionnels par leurs dimensions, leur décoration et leur architecture en ses termes : « La façade du mihrab de Tsingoni est décorée de lignes, de plaques et de bandeaux géométriques de couleur blanche, rose ou noire….Il faut cependant remarquer que cette façade ressemble très fortement à celle du mihrab de Mkiri wa Shirazi, étudiée par Wright à Domoni. Cette ressemblance n’est pas sans rappeler la « parenté » entre les deux îles, parenté qui conduisit aux rivalités…La différence essentielle réside cependant dans le travail fin et délicat des moulures de l’édifice d’Anjouan.
L’entrée de la niche est constituée par une ouverture dont le sommet est une voûte ogivale en relief, se terminant par une pointe accentuée…Sous la pointe de l’arc, la décoration frontale est formée de trois lobes, identiques à ceux de Domoni et proche de ceux du mihrab de Kizimkazi » (Ibid. : 288-289)
Les mosquées et évolutions dans leur orientation
La mosquée « Mkiri wa Shiraz » à Domoni (Anjouan) et celle de Djumbe Fumu à Ntsaweni (Grande Comore), toutes les deux encore utilisées pour la prière, constituent les exemples les plus caractéristiques du style architectural de cette époque.
Des études récentes ont montré que l’édifice actuel de Domoni est le cinquième construit sur les mêmes fondations. La partie sud de l’ancien bâtiment vient d’être dégagée et on peut constater qu’il y avait quatre colonnes dans l’axe central ; cette première construction, la plus grande, date de la fin du XIème siècle. La deuxième est construite à la fin du XIIème siècle ou au début du XIIIème siècle.
Le mihrab qui possède une décoration torsadée est réalisé au cours de la quatrième reconstruction probablement au XIVème.
Un mur est construit en août 1984 pour assurer la protection de la face située sur la falaise dont une partie a été détruite par la mer. Les fondations du XIème siècle demeurent visibles. Cette mosquée a été constamment protégée par la communauté des fidèles. Elle a subi toutefois, une dégradation due aux intempéries.
La charnière entre le Xe et le XIe siècle est une période de mutation économique dans l’océan Indien, de nombreux centres urbains sont créés en Afrique à ce moment, et l’architecture en pierre se développe touchant d’abord les édifices publics comme les mosquées (Ducatez 2003, 147 ; Rougeulle 2004, 233-234 ). (Pradines S. 2009 : 9 )
Pradines, citant plusieurs auteurs, montre l’évolution des superficies des mosquées en Afrique de l’Est et leurs orientations qui ne sont pas les mêmes. S’agit –il d’une divergence religieuse (sunnite/chiite) ou d’une méconnaissance géographique des bâtisseurs ? Il affirme que les premières mosquées shirazienne bâtie en pierre sont orienté semble-t-il, vers la Nord-nord-Ouest au lieu d’être tournée directement vers le sanctuaire de l’Islam, plein nord : la Mecque : « Selon les traditions orales de nombreuses cités swahilies, les premières mosquées en pierre sont directement associées aux Shirazis. Ces mosquées possèdent une orientation nord-nord-ouest au lieu d’être tournées plein nord vers la Mecque. Par ailleurs, toutes les mosquées « shirâzies » (XIe – XIIe siècle), semblent avoir les mêmes proportions, ainsi la mosquée de Shanga forme un rectangle de 11,22 sur 7,21 mètres (Horton 1996, 191) ; à Gadi la première mosquée fait environ 10 sur 7 mètres environ (Pradine 2001, 27) ; la mosquée de Kilwa Kisiwani fait 11,81 sur 7,81 mètres (Chittick 1974, 61) ; et la mosquée de Sanjé ya Kati mesure 10,21 sur 9,46 mètres (Pradine 2006, 64-70). Horton (1996), 229) pensait que l’orientation nord-nord-ouest de la mosquée primitive de Shanga était due à un manque de connaissances géographiques de la part des bâtisseurs, mais son hypothèse n’était basée que sur l’exemple de Shanga. Nous avons maintenant recensé deux autres cas similaires : les grandes mosquées de Gedi et de Manda, toutes les deux orientées comme Shanga. En fait, les bâtisseurs étaient certainement d’une origine ethnique et d’une confession différente, puisque l’on passe de chiites venus des rivages du golfe Persique à des sunnites essentiellement des Hadhramis. Ce changement se produit au XIIIe siècle, lorsque Yâkut décrit de nombreuses communautés musulmanes installées sur les rivages africains.
Ce changement doit être vu dans une perspective globale sur le monde islamique : en effet, à la fin du XIIe siècle, le Yémen est conquis par les Ayyûbides qui généralisent le sunnisme dans la région. Au cours du XIIIe siècle le prince Rassûlides vont continuer de diffuser cette doctrine au Yémen et au-delà des Mers. La généralisation du sunnisme sur la côte orientale serait donc imputée aux contacts avec les commerçants de l’Hadramaout. Kilwa en serait la parfaite illustration, car ses habitants se sont convertis au sunnisme au XIIIe siècle avec l’avènement de la dynastie Mahdali, de confession shaféite, et d’après Ibn al-Mugawir, une école professait cette doctrine à Kilwa (Wilkinson 1981) ). A partir du XIVe siècle, toutes les groupes chiites semblent avoir été absorbés par les sunnites shaféites sur toute la côte ». (Ibid. : 18-19)
Suite page 236: « […] in wood, which have left negative traces in the ground. Wooden columns were also used in Kilwa and in the mosque of Gedi . The roof of the mosque of Shanga was apparently supported by columns in wood. The comorian mosques of Sima and Domoni also had columns in wood in there first phases of the eleventh and twelfth centuries and enframed the niche of the mihrab
The ancient Swahili mosques had a north-northwest orientation in stead of being turned directily north towards Mecca. Mark Horton thought that the north-northwest orientation of the primitif mosque of Shanga was due to a lock of geographical knowledge on the part of the builders But his hipothesis was only based on the example of Shanga, while we now have more information and have inspected a similar case: the great mosque of Gedi Judging from their different orientation
The Swahili mosques of twelfth century may have been shi’ite the builders of the first Swahili mosques were certainly of a different ethnic origin and confession. They may have been a echange of confession and a passage to sunnism connected with a reconstruction of certain places of worshi between the thirtennth and the early fourteenth century (Ibid. p. 236)
Les édifices religieux, par leurs dimensions, leur composition et leur décoration, nous informent sur les possibilités et les modes architecturales de l’époque. A Mayotte, tous les édifices sont rectangulaires avec la longueur dans le sens nord-sud…Cette constance n’est pourtant pas toujours la règle dans le sud-ouest de l’Océan Indien : P. Garlake dans sa gigantesque étude comparative de plusieurs dizaines de mosquées de la côte est-africaine, nous présente des édifices plus larges que longs (Kua 4, Shengejuu, Tundwa) et d’autres plutôt carrés, comme ceux de Jamia 3, Mafui ou Kizimkito…R. Challe, lors de son passage à Miringoni (Mohéli), en 1690, notait que : « la mosquée est vaste et doit avoir un plan rectangulaire, semblable à une grange ». C’est le cas de celles de Domwéli ou de Mirandole qui se présentent comme de grands et simple rectangle….Souvent à Mayotte comme en Afrique, c’est la topographie et la direction des lieux saints qui dictent le plan de l’édifice (toutes les mosquées sont orientées à 11° à l’est du Nord magnétique)…Selon Wright , les premières mosquées d’Anjouan furent construites au XIe-XIIe siècle (Sima, Domoni), puis il y eut une vague de reconstruction ( ?) et d’agrandissement au XIIIe siècle, et enfin, au XVè-XVIè siècle, on construisit des édifices plus petits et plus élaborés ». (Liszkowski H. D. 2000 : 259 )
L’art funéraire / Les tombes
Deux tombes, celle de Mtswa Mwindza et de Mohammed Ben Issa ou Othman se trouvent dans cette mausolée où on a inscrit ceci : « Mtswa Mwindza (565-572) Seau de l’islam aux Comores – le 1er pèlerin de l’histoire »
Les sépultures chiraziennes en maçonnerie sont reconnaissables par leur style de construction ; On les trouve à Domoni et à Mutsamudu, très bien conservées, mais aussi à la Grande Comore (Ipvwani, Washili, Bwanga Kuni…) ainsi qu’à Mayotte (à Tsingoni – tombes très majestueuses avec leur toit en dôme recouvert de corail et les façades très bien décoré des coupes persanes, très bien conservées)
Photo 1 Photo 2
Photo 1 et 2 : Tombeaux Chiraziens à Mutsamudu (à côté de la mosquée de vendredi). Au premier plan, le tombeau du sultan Allaoui Ier (1803 – 1822), gendre du sultan Abdallah 1er, épouse sa fille Mwana Wetru ben sultan Aboubacar. Il avait pris le pouvoir en destituant le sultan Abdallah 1er (1792 – 1803), mort en 1804 en forme pyramidale à aile
A l’arrière-plan, le mausolée de Sayyid Aqil et de sa fille, la savante-lettrée Al-Sayyida Karîma ʻÂisha (Hachim B.S.M 2015 : 60), le constructeur du minaret de la mosquée de vendredi de Mutsamudu avec sa dote (Mahari).
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Tombeau à pilier ou minaret du sultan Msafumu à Ntsudini. Le pilonne au milieu de la tombe indique que le sultan est mort durant l’exercice de ses fonctions. A côté une deuxième tombe, celui de Kori Wakazu.
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 13 avril 2024
Photo 2 : Tombeau chirazien à stèle dont la pointe est en « V » renversé. On voit nettement les 3 bols de céramiques enlevées
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 17 avril 2024
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : : Un tombeau chirazien en ail simple et un autre en ail surmontés d’une pyramide, à Domoni (à côté de Mpangahari)
Source : Bourhane Abderemane – photos prises en 2006
Photo 2 : Témoin du passé, la tombe du sultan Abdallah III [Mawana] à Bambao dans l’île d’Anjouan à côté de son palais
Source : Archives de la Direction Régionale du CNDRS à Anjouan
Selon Gevrey A. « Les Comoriens enterrent leurs morts et leur font des mausolées plus ou moins riches suivant l’importance du défunt. Autrefois, les tombeaux que construisaient les Arabes étaient beaucoup plus élégants que ceux qu’ils élèvent aujourd’hui. On voit encore à Mayotte et à Mohéli, les tombeaux des premiers sultans chiraziens ; ils sont tous bâtis dans le même genre et ne diffèrent que par l’ornementation. Celui d’Haïssa, à Mayotte, n’est un cube creux en ciment avec socle, corniche et couronnement, éclairé à l’intérieur par des ouvertures en formes de trèfles. Ils étaient orné d’application de porcelaine, à fleur bleues, dont il reste des fragments.
Sur le morne de Fongouzou, à Mayotte, on voit quelques sépultures rectangulaires en pierres taillées, plantées dans le sol ; l’intérieur du tombeau est éclairé par des échancrures, en forme de V, et couvert par une grande pierre tallée en dos d’âne ». (Gevrey A. 1997 : 58-59).
Photo 1 (vue de dos) Photo 2 (vue de face)
Photos 1 et 2 : Tombeaux de Tsingoni (Bruno Marie, archipel). « Devant la mosquée [du sultan Aissa à Tsingoni], des tombes chiraziennes, petites maisons au toit pyramidal garni de coraux, commémorent les fondateurs de la cité » (Mahmoud Ibrahime 2010 : 66). On voit les traces où des céramiques ont été incrustées.
Source : Tiré de l’ouvrage de Jacques Chérel et François Eglin, Histoire Géographie 2de : Repères pour Mayotte, Ed. Baobab, 2004, p. 10
« Mausolées shirazi de Tsingoni, ces tombes royales sont similaires aux sépultures à dôme de l’archipel de Lamu »
Source : Histoire de Mayotte – Wikipédia du 22/08/2012 (18 :48), p. 7 (1 à 19). Lien de recherche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Mayotte
Cette technique d’enterrement s’observe à la Grande Comore où il y a un animal, type chat sauvage appelé « Mtuli » (une espèce de mangouste) qui dévore les cadavres en les déterrant. A l’intérieur de la fosse, on ajoute aussi des copeaux pour empêcher l’infiltration de cet animal à travers les espaces entre les pierres volcaniques : « Pour les Arabes de basse classe, on se contente de planter verticalement, autour de la fosse, un cordon de pierres plates disposées en ellipse avec une espèce de béton rouge, et on place au-dessus un coquillage (tridacne vulg, bénitier), ou un fragment de sa joie. Ces précautions, sans utilité à Mayotte où il n’y a ni hyènes ni chacals, ont été probablement inspirées, dans l’origine, par la crainte de voir les corps déterrés par les animaux carnassiers » (Ibid.)
Salime « Buba » précise qu’à Mayotte, il y a plusieurs sortes des tombes qui sont toujours délimitées, et qu’il qualifie de type A, B et C. Les plus simples (type A) sont entourées des pierres à peine enterrées suivant l’emplacement où repose la dépouille mortelle. Pour permettre de repérer les tombes de type A en cas de dégradation du terrain, on plante une grosse pierre levée au centre appelée « pierre ombilicale » : « […], la tombe elle-même s’est souvent limitée et se limite encore dans de nombreux cas à la délimitation, par un semis de pierres à peine enterrées, de l’emplacement où repose la seule dépouille mortelle… la volonté de faire durer la sépulture que correspond la pratique – non générale et probablement inspirée des anciennes pierres « levées » – d’implanter dans la sépulture de type A, une pierre dressée en position à peu près centrale (que nous appellerons pierre ombilicale) et, plus rarement, une autre pierre à l’emplacement de la tête » (Mouhoutar Salime « Buba » 2002 : 290)
Cette photo montre d’autres types de tombeau appelé (type A par Buba 2002 : 290) ou encadrement simple délimités pars des pierres de lave et recouverts par des débris de coquillages de toute sorte.
Pour décorer les tombeaux, on utilisait des bols de céramique ou de porcelaine en les incrustant dans le mortier de chaux. En majeure partie, on utilisait surtout des céramiques chinoises telles que le bleu et blanc du XVIe siècle, véritable indicateur pour la datation des tombeaux construits. Ces bols auraient eu une fonction esthétique mais aussi rituelle. Cette technique de décoration s’observe à Domoni (Anjouan) dans les cimetières des Shiraziens de même qu’à Mutsamudu les tombes en face de la mosquée de vendredi
Cette période de XVIe siècle, les poteries chinoises portent plusieurs variétés de données, où on distingue des oiseaux, des gibiers d’eau, des cerfs et paysage, le ciel avec rochers, pagodes et arbres etc…
D. Citadelle et rempart
Au fil des siècles, ces affrontements avaient pris d’autres formes notamment :
Entre famille
Le cas de Mohamed (Mshindra) et son demi-frère Shivampe à Sima
Entre dynastie d’une même ville :
Le cas de Mutsamudu et de Domoni en parlant des Al Madoua, Al Masela et Aboubacar ben Salim qui s’entretuent pour accaparer le pouvoir.
Entre villes et villages :
Domoni et Mutsamudu en 1792 Monye Fani Ben Abdallah Ben Mohamed, Gouverneur de Mutsamudu et le sultan à Achmed ou Mawana Madi soldé par la victoire du Gouverneur qui s’autoproclame Sultan Abdallah 1er. Il transfère la capitale à Mutsamudu.
Itsandra et Mbude avec le sultan d’Itsandra Fumnao qui le premier à utiliser le fusil
Razzias Malgaches :
Pour lutter contre la Razzia Malgache et diminuer les pertes en hommes, chaque ville de l’archipel avait renforcé son système défensif pour protéger de plus en plus la population.
La ville de Ntsoha, capitale du sultan Abdallah 1er a été détruit de fond en comble par les Malgaches en 1792. Les populations ont été massacrées, certaines amenées en esclavage.
La ville de Ntsudjini a été prise par les assaillants Malgaches et entièrement brûlée en 1806. Les populations avaient subi le même sort.
Zones dévastées par la Razzia Malgache
Source : voir René Battistini et Pierre Vérin, Géographie des Comores, Nathan, 1984, p
Les incursions malgaches dont la durée de la razzia est mal connue (1790-1830), certains parlent de dix ans, d’autres cinq ans, avaient poussé le pouvoir sultanique à consacrer une partie de surplus de leur économie à construire des remparts et forteresses pour se protéger. Un agent commercial installé à Tamatave, Sylvain Roux, avançait la date du début des pillages en septembre 1793-1794
Quelles étaient les origines ?
Les origines étaient multiples disait Vérin
-La richesse constaté par les Zana Malata, enrôlés en qualité des mercenaires par les Anjouanais lors des affrontements entre les villes ou régions et qui désiraient renouer avec la tradition ancestrale de piraterie.
-Recherches d’esclaves pour les négriers européens des Mascareignes, stockés à l’Île Sainte-Marie baron pour être revendu auprès à ces négriers pour alimenter les besoins des colons en les faisant travailler dans leur champ des cannes à sucre.
– Publicité néfaste d’un aventurier polonais, le baron Beniovski, débarqué dans la Grande île en 1784, pour coloniser la baie d’Antongil
Afin de protéger la population, mais aussi sa propre vie et celle de sa famille, les sultans (Sultans batailleurs) érigent des rempart ou « Ngome / Wuhura wa Muji » tout autour des villes. Selon son degré de puissance , il arrive aussi à ériger une Citadelle, fortification qui surplombe tout le cité, doté quelque fois des canons. C’est le cas du sultan Abdallah 1er à Anjouan Mutsamudu qui a construit la Citadelle sur la colline de « Sineju » de 1782 à 1790, une forteresse militaire à fonction défensive, dotée de plusieurs canons, surplombant la ville, fournis par des Anglais timbrés de la couronne Britannique et marqués par le chiffre du Roi Georges, et ceux livrés par les Français portant l’emblème de la royauté la fleur de lys (lis) (au XIIe siècle) sous la dynastie Capétienne. Tous ces canons sont pointés vers la mer prêt à intervenir surtout durant la Razzia Malgache de 1790 à 1803.
Symbole de la puissance militaire sultanesque de l’île d’Anjouan, cet ouvrage massif et impressionnant, dominant plaines et mangroves était fortifiées par des hauts murs de maçonnerie crénelés et percés de meurtrières flanquées au milieu d’un donjon de deux tours carrés surmontés d’un mât de pavillon, relié à la Médina par 280 marches. A l’intérieur, vivait la famille royale ainsi que leurs esclaves domestiques.
En 1808, sous le règne du Sultan Alaoui 1er (1803-1822), 200 femmes s’étaient enfermées dans l’arsenal du Sultan. Réduite à la famine et se voyant en passe de tomber aux mains des guerriers malgaches qui encerclaient l’édifice, elles préférèrent le suicide collectif et firent sauter la poudrière.
En ce qui concerne Itsandra Mdjini, le Gereza qui surplombe la ville est construit par le sultan Ntibe Fumnao à la fin du XVIIIe siècle. Ce dernier est mort en 1804. Selon les informations reçues par les traditionnistes de bouche à l’oreille lors de la dernière visite des experts de l’UNESCO en février 2024, Il parait que lors de la guerre entre Itsandra et Mbude, le sultan lui-même se servi d’un fusil (le mousquet) « Bunduki » et les guerriers introduisaient le canon dans les meurtriers creusés sur la muraille pour tirer et tuer l’ennemi sans être vus.
A Zanzibar, les Portugais avait construit aussi leur Citadelle doté des canons aussi pour protéger le port de Mombasa, puis agrandi par les Omanais, une forteresse immense.
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Les trois photos montrent l’intérieur de la Citadelle avec la salle de prise d’arme et les canons pointés vers la mer
Source : Photo 1 et 2 prises le 12 juillet 2016 et photo 3 prise le 26 juin 2011 par Bourhane Abderemane
Selon Jean-Louis Guébourg :
« La conséquence de cette période de crise se traduisit immédiatement dans le paysage urbain.
Ce fut l’érection des fortifications ou ngome , encore en place de nos jours, dans certaines villes. Ces ouvrages furent construits entre 1798 et 1902, après la première incursion malgache, selon Abdul Latwif, sous la direction du sultan Msafumu , d’après la technique shirazi, bien
Photo 4 Photo 5
Photo 4 : Vue de la façade extérieure de la Citadelle avant la restauration avec ses meurtriers où sont fixés les canons
Photo 5 : Vue à partir de la Citadelle, la ville de Mutsamudu et les 280 marches protégées par deux murailles parallèles
Sources : Photo 4 prise par Bourhane Abderemane le 12 septembre 2019 et photo 5 : CNDRS (711.42-P7-11 (00_12_1986) 1
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Photo 4 Photo 5 Photo 6
Photo 1 : L’entrée de la Citadelle « Gereza d’Itsandra Mdjini » restauré et l’allée est pavée protégée par deux remparts
Photo 2 : Prise en haut de la Citadelle montrant les escaliers pour y accéder, restaurés
Photo 3 : Salle de réunion (chambre basse) avec portes à arcature pointue envahie par des herbes (doit être restaurée)
Photo 4 : l’extérieur du tour de guet (Bunarithi) envahi par des plantes parasites qu’il faudrait extraire en urgence
Photo 5 : L’intérieur du tour de guet, défriché montrant. La photo montre la dégradation avancée de cette structure
Photo 6 : La salle haute (la chambre haute) où le sultan se réfugiait en cas de guerre (en état de délabrement total)
Source : Photos 1-2-5 prises le 04/12/2023, photo 3 : le 27/7/2019, Photo 4 et 6 : le 10/7/2019 par Bourhane Abderemane
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 : Fort ou Citadelle de Zanzibar, vue de l’intérieur de la partie sud extérieur avec la porte d’entrée
Photo 2 : Vue de la partie Est de la Citadelle avec une autre entrée que le jeune prête à y prendre pour y entrer.
Photo 3 : Plaque montrant le fort « Ngome Kongwe » construit par les Portugais et réaménagé par les Omanais
Rodée, de la chaux obtenue à partir de coraux cimentant les blocs de lave. Les administrateurs français, Passot, Gevrey, signalaient « ces murailles et ces tours carrés » ; Vienne citait six villes fortifiées : Moroni, Mitsamihuli, Fumbuni, Ntsudjini, Itsandra-Mdjini, Ntsaweni, auxquelles il convient d’ajouter la défense du cratère de Nguni, refuge des pêcheurs ikoniens » (Ibid. p. 33)
Remparts
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Rempart d’Itsandra Mdjini longeant la route national (l’intérieur doit être restauré)
Photo 2 : Rempart longeant la côte (côté plage) à restaurer et renforcer surtout à la base
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Rempart front de mer de la ville de Ntsaweni avec le tour de guet carré « Bunarithi » et une porte d’entrée et de sorti. Géolocalisation : 11°27’50’’ S et 43°16’35’’
Photo 2 : Tour de guet, une partie de rempart a été détruite pour faire passer la route pour arriver au bord de la mer près de la place des pêcheurs « Hiko », lieu de rangement de leurs utiles. Géolocalisation : 11°28’8’ S et 43°16’35 E
Photo 1 Photo 2
Tour de guet « Bunarthi », partie Est de la muraille longeant « Momoni » Domoni
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p.108
Photo 2 : Rempart et tour de guet avec porte de sortie Domoni
Source : photo prise par Muhammad Juma le 09 juin 2011
Parmi toutes ces villes murées, seul le rempart de la ville de Ntsudjini qui possède sept (07) différentes portes dont chacune a un rôle bien spécifique. La plus importante est la porte de la paix « Goba la salama » où passaient les guerriers. Au bas de cette porte, il y un « Wafaku » une écriture magico-religieuse censée protéger les guerriers.
Photo 1 Photo 2 Photo 3
La porte de la paix « Goba la Salama » Ntsudjini et le texte magico-religieux gravé sur le seuil de la porte pour protéger les guerriers qui allaient à la guerre.
Source : Photo 1 et 3 Dr Bourhane Abderemane le 09/02/2020 – Photo 2 : recueil de relevé du patrimoine architectural et urbain /ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p.108
Face aux menaces intérieures et extérieures, les sultans des villes côtières comoriennes surtout on construit un ou deux ou trois remparts (murailles massives entourant les sites) flanquées des donjons « Bunarithi » et deux ou sept passages, portes d’entrée et de sortie. Les ouvrages militaires qui subsistent actuellement ont été construit à partir de XVIIIe siècle souvent avec l’aide des Anglais comme la Citadelle de Mutsamudu, mais aussi par des Européens et Américains qui font leur relâche, et venaient se ravitailler su l’île. Ces ouvrages massifs nécessitaient beaucoup de mains d’œuvre important en occurrence des esclaves venant de Mozambique ou de Zanzibar, mais aussi de Madagascar, témoins de la puissance du sultan ou du Gouverneur.
La razzia malgache (1730-1803) a poussé les sultans à protéger d’avantage leurs sujets en construisant ces remparts ou ces ouvrages militaires notamment la Citadelle d’Itsandra « Gerezani » et celle de Mutsamudu avec ses canons. Ces différentes architectures nécessitent une restauration en urgence, vue leur dégradation avancée.
Lors de notre visite à Zanzibar, le 19 et le 20 mai 2024, les Portugais avaient construit un énorme fort avec quatre tours de guet haut de 7 à 10 mètres avec des canons alignés au bord de la mer qui ressemble à ceux de la Citadelle d’Anjouan. Certains ont été fabriqués en 1802. Ce monument historique n’a que deux portes et fait partie des biens incontestable de la « ville de pierre » Stown Town. L’entrée est gratuite. Mais l’intérieur est vide. Seulement, il y a plusieurs boutiques artisanales qui vendaient des articles de souvenirs à des prix exorbitants. Après la défaite des Portugais, le fort a été repris par les Omanais en 1699 : « Ilijengwa na warrabu wa Omani Baanda ya kuwaondroa wareno mwaka 1699…A Portuguese chapel and stone résidence nearby besi eged during civil disturbances 1753 et 1784 later used as barracks and a prison and repair shops for the bububu railway »
« Ces fortifications, bien qu’incluant un fumbu (source d’eau saumâtre) et quelques jardins, allaient en quelque sorte « mithridatiser » la ville grand-comorienne. Les surfaces encloses variaient entre cinq hectares et demi (Fumbuni) et onze hectares et demi (Ntsudjini). Pourtant les chiffres de populations rapportés par Vérin et Wright n’étaient pas proportionnels aux surfaces, ce qui impliquait des villes très emmurées comme Fumbuni, Ntsaweni , presque sans jardin, et des fortifications plus amples comme Itsandra, permettant une longue résistance à un siège » (J.L. Guébourg 1994 : 33)
Il semblerait que les remparts et les forteresses avaient joué leur rôle défensif, malgré quelques lacunes signalées notamment la prise de Ntsoudjini en 1882, saccagée et brûlée. Durant les cinq invasions, la résistance a été signalée et ce n’est qu’à la troisième attaque que la cité d’Ikoni avait été mise à sac. La mémoire collective se souvenait des bravoures des femmes qui se jetaient du haut de falaise de Nguni pour échapper à l’esclavagisme et celui du pêcheur Kari Mbangue qui défendait vaille que vaille sa demeure et que les assaillants avaient voulu le capturer vivant, en criant « saboravelo ». Malgré ce courage et cette détermination, il a été tué. Jean Louis Guébourg parlait dans sa note 52 p. 33, je cite : « La vision de ces razzias malgaches a laissé dans les mémoires comoriennes des traces profondes. Les allusions aux actes de cruauté foisonnent parmi les vieux conteurs comoriens. Ceux-ci se souviennent que les Mahorais allumaient un grand feu qui se propageait d’île en île pour permettre les regroupements. L’épithète « madécasse » (malgache) est à cette date devenue injurieuse désignant souvent des Anjouanais en raison de leurs liens privilégiés avec la Grande île » (Ibid. 1994 :33)
Anjouan n’échappe pas à cette terreur des Malgaches. Vieux Sima fut occupé continuellement jusqu’au XVIIIème siècle. Au moment des Razzias Malgaches (de 1790 à 1830) où des pirates malgaches (Sakalava et Betsimisaraka), à bord de leurs grandes pirogues (Lakandafitra) (de 8 à 10 m de long sur 2 à 2m50 de large et pouvant porter de 40 à 50 guerriers), viennent aux Comores piller, massacrer et amener femmes et enfants en esclavages à Madagascar et ceci tous les cinq ans. A chaque expédition, les assaillants regroupent 400 à 500 pirogues qui portent 15.000 à 18.000 hommes : lieu de rendez-vous général de toutes les pirogues avant de partir à l’attaque des îles, c’est l’île de Nosy-Be.
Carte 2
Carte 2 prise dans l’article de HEBERT J.C. 2000, Le bassin sacré du vieux Sima à Anjouan, dit « Nyungu ya chuma », Marmite en fer, In Anjouan dans l’Histoire, Etudes Océan Indien, N°29, P. 125
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Le palais à Untsoha, vue extérieure
Photo 2 : Ruine de la mosquée à Untsoha (ménacée par la montée des eaux. Nécessite une digue de protection)
Source : CNDRS 725.94 P3-6 vue extérieure de Ntsoha et FI 6.725.94 P3-08 Ruine de Ntsoha à Ouani
Untsoha qui est une ville portuaire n’échappera pas aux diverses invasions étrangères qui avaient ruiné sons existence en tant que capitale du sultan Abdallah 1er:
« […] Plusieurs villes comoriennes ont diminué ou même cessent fortement leurs activités commerciales. Détruites à plusieurs reprises, elles furent presque réduites à l’état de ruines. Sur le plan humain…des familles entières furent enlevées par les envahisseurs. Des malheureux captifs jugés inutiles furent exécutés souvent sous les yeux même de leurs parents. Les grandes fortifications des Comores et de la côte orientale d’Afrique datent de cette époque ». (Monteiro et Verin 1970: 897 cité par J. A. Rakotoarisoa (1991: 33).
Les deux photos montrent le site de Ziara Untsoha, ancienne capitale du sultan Abdallah 1er, rayée de la carte par les assaillants malgaches en 1792. Certains habitants ont été amenés à Ste Marie et vendu comme esclaves et d’autres ont été massacrés.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 05 octobre 2016
Il s’agit des invasions malgaches connues sous le nom des Razzia Malgaches. C’est durant ces attaques que la cité d’Untsoha, ancienne capitale d’Abdallah 1er (Mwenye Fani Ben Mohamed Al-Masela), fut détruite de fond en comble en 1792/93. Plusieurs témoignages relatent ces évènements qui restent figés dans la mémoire des gens. La population de cette localité fut massacrée et certaines furent emmenées en esclavage à Madagascar, embarquées dans leurs flottilles, composées de grandes pirogues, attachées entre-elles. Elles se ressemblaient à un « catamaran ». Les récoltes décimées, les bœufs abattus, les cases incendiées par les mercenaires de Boina Combo Aboubacar, refoulés de Mutsamudu.
Le Marin Frappaz qui visitait Anjouan 26 ans plus tard devait recueillir les souvenirs encore vivants de cette tragédie qui constitue probablement l’une des pages les plus tristes de l’histoire d’Anjouan:
« […] Dans l’Est de la baie au bord de la rivière, on voit les restes de l’ancienne capitale que les barbares ont brûlée et saccagée il y a 26 ans. Je suis allé la visiter. Je n’ai remarqué que des ruines informes et noircies par le feu et la rouille du temps. La nature toujours aimable s’efforce de déborder à la vue. Cette triste image de la destruction en couvrant les débris d’une verdure toujours fraîche et renaissante…Quelques pauvres pêcheurs habitent seul avec les oiseaux de proie, les décombres de cette malheureuse ville ». (Martin J. 1983 : 93).
Jean Martin nous donne plus de précision sur le lieu visité par Frappaz : « Ce site décrit par Frappaz est celui de vieux Ouani situé à environ 1 km 500 au Nord-Nord-Est de l’actuelle localité de ce nom à l’embouchure du marigot Sanissane (rivière de Tsantsani, Mrombwe) à proximité de l’extrémité Nord de la piste de l’aéroport ». (Ibid. :414)
Frappaz rapporte ainsi la parole du Sultan Abdallah 1er de Mutsamudu : « Jadis l’île d’Anjouan connaissait le bonheur, elle était florissante. Ses villes étaient bien peuplées, son agriculture parfaitement soignée par des nombreux laboureurs, son commerce s’étendait dans l’Inde, dans l’Arabie et dans l’Afrique, en un mot je régnais autrefois sur une île riche et fortunée… Mais depuis plus de 30 ans, les cruels Madécasses infestent annuellement nos côtes et ces corsaires impitoyables portent partout la destruction… ravageaient nos campagnes, brûlaient nos villes, assassinaient nos femmes et nos enfants……Mon ancienne capitale n’a pas même échappé à la fureur, il y a 26 ans qu’ils l’ont livrée aux flammes, et que, sans respect pour les cendres des morts, ils ont détruit le tombeau de mes pères… ». (Ibid. : 412-414)
Frappaz n’est pas le seul à visiter ce site. Avant lui, le commandant de navire anglais « The Princesse Royal » qui, en visite dans l’île avait lui aussi visiter le lieu et mesurer l’impact de la destruction de la ville face aux quelques personnes restantes : « Avant Frappaz, un capitaine anglais Reed qui commandait « The Princesse Royal » était arrivé à Anjouan à la mi- mars 1796 et y fit escale jusqu’au 17 mai 1796. Il avait visité la ville détruite.
Venu à Wani, il avait vu dans une maison pillée de fond en comble des squelettes, des femmes et des enfants. Il fit si ému par la crainte, manifestée par les autochtones, d’une autre attaque semblable qui leur donna quelques armes provenant de réserves de son navire et offrit de rendre à son bord une délégation d’Anjouanais pour la conduire à l’Ambassade à Bombay…. (D’après le rapport qu’il remit au Gouverneur de Bombay à son arrivé dans l’Inde, datée du 21 juin 1796, y annexée la lettre du roi (le supplice du roi) et de notables d’Anjouan à sir John Shore (Président du Conseil d’Administration de la Compagnie des Indes ». (Ibid)
J. A. Rakotoarisoa précise que ces attaques malgaches n’avaient pris fin que lorsque le roi Radama 1er exerçait son pouvoir dans toute l’île : « Ces incursions ne prirent fin que lorsque Radama Ier (roi malgache) put exercer un certain contrôle sur le Nord de Madagascar, ce qui lui permit de faire appliquer la convention passée avec Farquhar le 23 octobre 1817, stipulant une aide au Sultan Abdallah d’Anjouan et une interdiction à toute personne quelconque de prendre part à la traite…Cette convention ne peut être appliquée et effectivement mise en œuvre qu’en 1823. Les souvenirs de ces incursions sont restés très vif aux Comores… » (Rakotoarisoa J.-A. 1991: .33).
En 1808, sous le règne du Sultan Alaoui 1er (1803-1822), Gendre d’Abdallah Ier, 200 femmes s’étaient enfermées dans l’arsenal du Sultan. Réduite à la famine et se voyant en passe de tomber aux mains des guerriers malgaches qui encerclaient l’édifice, de peur d’être amenées en esclavage, elles préférèrent le suicide collectif et firent sauter la poudrière.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Ntsaweni, Mbude bunarithi de Fidjidjuu
Photo 2 : Ntsaweni, Mbude remparts en front de mer et bunarithi
Source : CNDRS P4 JUL 87 T PH 25 (Photo 1) et P4 JUL 87 T PH 28 (Photo 2)
A Mohéli, lors de notre tourné archéologique de Réseau des archéologues Africains dirigé par le professeur Felix Chami, du 23 au 29 janvier 2008, nous avons visité une grotte à Domoni, au bord de la mer. Nous étions surpris de voir joncher par terre des squelettes des femmes, des enfants et des hommes. Nous avons déduit qu’il s’agit d’un massacre collectif et nous avons mis l’hypothèse en se posant la question suivante : Ne s’agit-il pas d’un massacre perpétré durant la période de la razzia malgache ?
Selon Guébourg « […] Il semble que ces fortifications aient joué un rôle dissuasif entre 1802 et 1814 ; après cette date, les Malgaches portèrent leurs efforts sur la côte mozambicaine. Il y eu cinq invasions et après la troisième qui vit la ruine d’Ikoni, les habitants se réfugièrent dans cinq places fortes. Ces murailles fonctionnèrent lors des luttes intestines ; Ntsudjini fut prise en 1882 et brûlée après trois mois de siège par Saïd Ali qui réussit à dresser une échelle sur le flanc ouest. En revanche, Itsandra et le Gereza furent imprenable, ce qui ajoute, dit-on, à la vanité de ses ressortissants.
Les remparts définissaient plus strictement et physiquement l’espace urbain face à l’espace rural. Lors des menaces extérieures, la ville abritait l’agriculteur et son bétail. La protection qu’elle offrait, justifiait son emprise et les prélèvements imposés ». (Ibid. : 38)
V.CONTEXTE HISTORIQUE
Rappel des périodes, vecteurs des différentes migrations
Des catastrophes ou évènements différents ont fait que des migrations ont eu lieu à travers l’Océan Indien, créant des cités-états indépendants les uns aux autres. Ces échelles portuaires étaient des points d’échanges d’un commerce maritime entre eux dont les Comores font parties intégrantes. La plupart de ces sites portuaires de la période médiévale se sont localisés au niveau des îles de la côte africaine où se sont développées les principaux cités-états de l’époque préislamique notamment : les îles Bajun, Manda, Lamu, Pate, Pemba, Zanzibar, Kilwa, Mafia et Mozambique.
• La Période Swahili archaïque ou époque pré-islamique ou période Bedja VIIIe – XIe siècle.
Les chercheurs utilisaient plusieurs mots pour exprimer cette période : soit période Bedja (Beja), soit phase Dembeni, soit période swahili archaïque ou époque pré-islamique.
Claude Chanudet précise qu’« Au VIIIe -IXe siècle, l’intégration des Comores et de Madagascar à cette époque de cette vie de relation (Mro-Dewa (Mohéli), M’Bashilé (Grande Comore), Vieux Sima (Anjouan), Dembeni (Mayotte), Irodo (Madagascar) dans la sphère Swahili est due à la prospérité de ces points d’échanges à une époque d’expansion économique… » (Chanudet C. 1990 :24)
Nous vous rappelons que « […] les marins de la civilisation swahili primitive ont joué un rôle essentiel dans les migrations africaines à Madagascar et aux Comores et il doit exister entre eux et les Proto-malgaches d’origine austronésienne une relation pertinente où les Comores ont certainement contribué pour une part importante » (Ainouddine Sidi 1998: 21).
Parlant de cette intégration dans cette sphère swahilie , la civilisation portée par les vents et les courants marins a contribué, dès le IIe siècle de notre ère, à une migration Austronésienne en Afrique orientale. Elle a été signalée par plusieurs auteurs (Domenichini et Domenichini-Ramiaramanana 2002a). Leur influence dans l’océan Indien est à l’origine de l’introduction aux Comores des plantes venant du Sud-est asiatique telles que le cocotier, les bananiers, taro etc…ainsi que la pirogue à balancier et la râpe à coco que Chanudet appela « complexe néolithique Sud-est asiatique » (Chanudet 2011 : 416). Cet apport culturel va modifier probablement le régime alimentaire de cette population et de la région ainsi que la démographie.
Comme témoignage de cette civilisation « […] C’est l’existence dans la culture comorienne d’objets provenant du sud-est asiatique: la pirogue à balancier et la râpe à coco, ainsi que des plantes tels que le cocotier, la canne à sucre, la cannelle (mdarasine)… Antérieur au XI è siècle ces mouvements migratoires se poursuivent selon Ottino jusqu’au XIV è siècle. Leur religion animiste comporte le culte des arbres et des esprits de la vue… Ici aux Comores, des restes de religions pré-islamiques s’observent notamment l’importance sociale de mwalimu, l’existence des séances de possession Rumbu et la survivance des esprits Djinns… » (Chanudet C. 1981:6).
Il subsiste des cultes d’origine africaine telle que les danses traditionnelles, les danses de possession chtonienne, le culte de Kokolampo (nains, lutins), le culte de Kalanoro(Wanaisa) (filles lumineuses) et les cultes des anguilles (Mhunga) « Moina mroni » (les ancêtres) d’origine austronésienne. On les exécute dans les lieux sacrés « ziara » tels que la grotte de Hamampundru où les habitants du village de Mro-Maji pratiquent ces genres des cultes et le rituel de « Mdandra » (danse des esprits).
Cette relation Océan Indien côte orientale se vérifie :
• Dans les vocabulaires comoriens, malgache et Bantou : Exemple pour la râpe à coco (mbuth chez les Bajuns), (mbuzi en Comorien), (ambuzi en malgache).
• Certains aspects de la civilisation comorienne la rattachent nettement à l’Afrique continentale. Ce sont :
o Des toponymes tels à Mayotte l’ancien village de Machambara (l’actuel M’zamboro ou M’zambourou qui est aussi le nom d’une peuplade considérable de la côte mozambicaine.
o L’existence de société de classe d’âge (Hirimu en Grande Comore, Chungu à Mohéli et Anjouan.
o Le Manyawuli : propriété collective d’un groupe de femmes gérées par le frère de la sœur aînée ou son mari.
o Le rôle de l’oncle maternel, la résidence matrilocale et la transmission matrilinéaire des biens.
o Les dialectes comoriens seraient des dialectes périphériques. Ils présentent de nombreux traits communs avec les dialectes bantous tels que le Bajun des confins de la Somalie au sud de Madagascar ou encore le Vumba parlé plus au sud à la hauteur du Kenya et de la Tanzanie; le Pomoka de la côte Kenyane (région de l’embouchure du fleuve Tana).
Les Anciens Comoriens sans écriture de la période Swahili archaïque (VIIè-XIè siècle) véhiculent cette culture pré-islamique basée sur des rites « supposés » païens. A Anjouan, dans les régions habitées par les autochtones « Wamatsaha », au niveau des côtes que dans les hauts de l’île, se développent plusieurs cultes. Il s’agit des cultes des ancêtres, les rituels de possessions, la sorcellerie et la géomancie. Ils sont considérés comme étant des pratiques antéislamiques. Les chroniqueurs appellent cette période-là : la période Beja. C’est vers le XIIème siècle que cette période Beja prit fin pour laisser la place à une strate culturelle pré-chirazienne : l’époque de Fani.
Claude Chanudet pense « […] qu’il s’agissait de population de pêcheurs (de nombreux débris de coquillages, de poissons l’attestent) vivant dans des cases rectangulaires de pisé comportant parfois un soubassement de corail, cultivant le riz (influence indonésienne?) Et une variété de millet (travaux de Wright 1981 Mayotte) ». (Chanudet C. CEROI 1990 doc 11: 39)
Après la période pré-islamique, la société comorienne a évolué à la suite de diverses migrations des Arabo-musulmans. Elle commençait à embrasser la nouvelle organisation sociale introduite. Elle devenait des Mafani (sing. Fani). Cette période Fani porte aussi un autre nom : la période villageoise.
Les Mabedja ou Beja au XIIIe siècle à la Grande Comore
Au-delà de XIIIe siècle, les structures sociales ont profondément évolué. Un évènement à caractère révolutionnaire a eu lieu. Les Beja prennent le pouvoir. Pour garantir la sécurité et la stabilité permanente au niveau de la ville, des nouvelles institutions ont vu le jour : la sécurité publique, les fonctionnements des activités économiques , sociale et culturelle.
Formant une classe intermédiaire de 25 à 35 ans, les Beja sont des chefs politiques et militaires et occupaient le rôle traditionnel de « Mfawume ». Pour diriger, le Beja est élu par ses paires selon des critères bien définis, fondés sur : la qualité morale, la générosité et surtout avoir des capacités intellectuelles de médiation, capable de résoudre des problèmes en lape de temps.
Les chefs Beja qui incarnent la nouvelle entité politique, garant de la stabilité, sont assistés d’un Conseil de Mabeja dont les membres sont les représentants des différents villages existant sur son territoire.
La tradition a voulu à ce que la première session de cette assemblée se déroule à Kwambani sur la place du Shangani, sous la présidence du Beja de Washili, Trambwe wa Badi. La première résolution adoptée fut la proclamation non seulement de « Inya (ou Hinya ) za Ntsi (sing. Inya sha Ntsi) (les lignages territoriaux) mais aussi la mise en place de « Uswayezi » (terrain de pâturage et de culture appartenant à toutes les collectivités villageoises de la chefferie. La tradition orale a appelé cette période celle de « Wafaume arbayini » (les quarante rois). Dans cette résolution, on a fixé aussi la délimitation des territoires des Beja à la tête des chefferies. Leurs pouvoirs sont reconnus par tous les groupes sociaux habitants leur territoire.
L’organisation sociale actuelle est un reflet de l’ancienne société basé sur la hiérarchisation de ladite société (la haute noblesse) et l’exclusion de certains groupes sur la prise des décisions. Ce qui engendre une situation économique précaire.
La période Bedja à Anjouan
Entre le VIIe et le XIIe siècle les Austronésiens qui contribuaient au peuplement de Madagascar sont passés par les Comores, formant ainsi les souches Proto-Malgaches descendant des Wamatsaha. Ces autochtones ne sont autres que des populations de la période allant du VIIIe – IXe siècle. Ces anciens comoriens, sans écriture, étaient des fétichistes gouvernés par des chefs désignés sous le nom de Beja. Ils se faisaient la guerre entre eux et vivaient de chasses et des cueillettes. A Anjouan, ils habitaient dans des grottes ou des maisons en pisé. C’est vers le XIIe siècle que cette période Beja prit fin pour laisser la place à une strate culturelle pré-chirazienne : l’époque de Fani et des Arabes XIIè-XIIIè siècle.
Saïd Ahmed Zaki nous signale, à propos de cette période, la vie sociale d’antan (lieu d’habitat, les ustensiles utilisés ainsi que les différentes périodes historiques) : « […] A Anjouan, comme dans les autres îles des Comores, la population était fétichiste ou sans aucune foi religieuse. Elle était gouvernée par des chefs désignés sous le nom de béja. Hommes et femmes se vêtaient de morceaux de peaux ou certaines feuilles et écorces d’arbres qu’ils attachaient avec une corde en face juste pour masquer les parties sexuelles ; et ils vivaient de pêche. Sauvage et belliqueuse, cette population, divisée en plusieurs groupes passaient le temps en se faisant la guerre. C’était le droit du plus fort qui formait son code… Une grande partie vivait dans des grottes ou cavernes , d’autres dans des cases en paille . Leurs meubles et ustensiles étaient
composés de chivumbi , de mtsevé , de calebasse , ntsazi , de pira et de kuju … » (Saïd Ahmed Zaki 2000 : 16)
U. Faurec précise que certaines anciennes localités (anciennes chefferies) ont pu garder leur nom jusqu’à lors et que la période Beja (Bedja) n’a pas laissé de traces. La domination de Mafani dure trois siècles et plusieurs Fani avaient pris le pouvoir dans leurs localités respectives en mentionnant même le nombre de Mafani. Or le chroniqueur Saïd Ahmed Zaki avait détaillé la vie de ces Mabeja en énumérant même les meubles qu’ils utilisaient ainsi que leurs ustensiles de cuisine sans pour autant désigner leurs marmites (en argile ou en chloritoschiste) :
« La période des Béja disparut sans laisser de traces vers le XIIe siècle ; lors d’une nouvelle immigration arabe dont les chefs prirent le titre de fani. La domination de fani aurait duré trois siècles pendant lesquels une quarantaine de chefs de cette dynastie se seraient succédé dans les petites principautés qu’ils avaient créées dans l’île et dont certaines portaient déjà le nom de localités qui existent encore de nos jours : Sima, Domoni, Niumakele par exemple » (Faurec U. 1941 : 33-34).
Mohamed Abderemane (né vers 1936 à Ouani) inspecteur de domaine, confirme le témoignage de U. Faurec
« Chez les plus anciennes populations d’Anjouan, il y avait deux clans : d’une part le clan de Fani et d’autre part le clan de Beja. Les îles furent reconnues par des marchands d’esclaves. Les menaces permanentes des marchands d’esclaves ont poussé les populations à fuir les côtes pour s’installer dans la forêt. C’est ainsi que les premiers occupants de l’île quittèrent alors les côtes où ils vivaient auparavant et se réfugièrent dans la forêt; certains allèrent dans la région de Sima, d’autres dans la région centrale: les gens de Koni, de Jimilime, de Bwe la Magi et de Mlimani » (Mohamed Abderemane).
Cette migration intérieure a donné naissance à des villages indépendants gouvernés par un chef. A titre d’exemple, Le village de Bwe-la-Magi, situé au Sud-Est aux environs de cinq kilomètres du Vieux Ouani, fut gouverné par des chefs appelés les Beja dont l’un d’eux portait le nom de Baco ba Beja ou Beja Ga (le chef suprême) ou Beja Lahi. La population qui habitait Bwe-la-maji s’appelait les Bejani.
Le feu Ousseni Houmadi (père Tarmidhi), lors d’une discussion en juillet 1974 au moment d’aller manger le Karamu ya Masingo (festin offert pendant le mariage après avoir dansé le Rasia ou Razaha par classe d’âge « Hirimu »), nous a dit que le BEJA était le premier habitant de Ouani. Il venait de la Somalie. Nous avons pu l’interviewer de nouveau une semaine après, un mercredi. Dans la cassette audio, il avait parlé aussi d’un incendie qui avait ravagé le quartier de Kilingeni car les responsables n’avaient pas organisé le Nkoma. Or trois ans étaient déjà passés…Ses propos avaient été confirmés par le feu M’dallah Toumani (chefu murenge) quand ce dernier m’avait dictée l’arbre généalogique de sa famille (famille Bejani) en Décembre 1986.
Abdouroihmane Ben Abdallah Hazi, l’un de nos meilleurs traditionalistes (connu sous le nom de Baha Pala ou Shinkabwe) précise que :
« Ces gens (Beja et Kombo) venaient de Gomeni Bazi. En descendant, ils se séparaient en deux. Les uns étaient partis vivre dans la campagne et les autres qui s’étaient installés ici-bas avaient des problèmes. Tous leurs enfants perdaient la vie. On leur avait dit qu’ils habitaient dans un domaine appartenant à des esprits (Djinni) » (Abdouroihmane Ben Abdallah Hazi, annexe II).
Essayons d’examiner la composition des noms patronymiques relatés par les sources orales : Beja Ga, Beja Hali, Beja Lahi, Bako Ba Beja, Ba Msa Djimwa.
Si on parle de Beja Ga, ici le « Ga » n’est-il pas le diminutif du nom Galla? La migration ne sait-elle pas fait dans le temps de l’espace Beja vers le Sud dans la zone Galla et arrivée en Somalie ? Certains traditionalistes nous parlent des premiers habitant de l’île qu’ils venaient de Somalie, côté Zandji où le brassage entre bantou et austronésiens avait eu lieu.
En ce qui concerne le Beja Hali, si on transforme le I en Y, ça donnera Haly et en malgache dialectale Tandroy nous donne le sens de fossé; Ne sont-ils pas les Beja venant de la zone du rift en Ethiopie?
En transposant ce mot, nous avons entre autre Hali / Lahi, Lahy; c’est un mot qui à plusieurs sens:
1. pour les traditionalistes, Hali ou Hale (c’est le plus ancien)
2. Haly : trou, fossé / courageux, viril, énergique.
3. Lahy : du sexe mal, Lelay, comme omby lahy (taureau), Raelahy (énorme). Donc ici il s’agit peut-être de la force, de la puissance (un chef puissant avec son peuple).
A » Bwe -la- maji », les Beja se sont spécialisés en « Matsunga » (élevages) des chèvres, des bœufs. Ils pratiquaient aussi le matriarcat et le système de classe d’âge Hirimu. C’est la période de Mdjawashe avant l’arrivée des arabes. Après le IXe siècle, c’est l’autre clan, c’est-à-dire les clans de Mdjawume (patrilinéaire) apparaissaient et que l’enfant appartenait à la famille du père. Les dignités, l’héritage et les fonctions se transmettaient par les enfants mâles (Damir Ben Ali).
En anjouanais le mot « Hali » désigne : l’état, condition, situation, état de ce qui est fort : Uhali. On peut aussi dire Kali (ardent), jua kali (un soleil ardent) (voir Mohamed Ahmed Chamanga 1992: 96). Nous pensons qu’il s’agit d’un chef sévère, fort, le plus ancien.
Pour Bako Ba Beja: il y a le Ba qui peut avoir deux sens:
1. Tsishindri liba la muntru uwo (je ne peux pas affronter la colère de cette personne).
2. Terme de respect adressé par un cadet à son aîné, au papa (Ba Halima) Selon Sophie Blanchy « …L’homme marié (muntru alola) qui a épousé une femme accède lui aussi rapidement au statut de père Baba…. et se fait appeler par le teknonyme Ba suivi du nom du premier enfant » ex : (Ba Beja, Bako Ba Beja) ». (Blanchy S. 1993: 43)
Interprétation :
A travers nos observations, le peuple Beja venait de la côte africaine, de la mer rouge à l’Océan Indien; donc Bantou avec apport Austronésien (malgache), l’animal ombe, omby/nyombe et une grosse pierre (Bwe la Maji). S’agit-il de Kiandja, la pierre fondatrice? Tous les mots issus des différentes explications montrent la puissance de ce peuple, de leur Chefferie. Il y a aussi le tombeau du chef sur un espace appelé « Mahaburiju Bwe-la -Maji », le cimetière : là où il y a les tombeaux. Malheureusement, lors de notre visite sur le site, nous n’avons pas pu identifier le tombeau du chef. Nous suggérons qu’une fouille archéologique puisse être programmée sur ce site important.
Les Beja ne mangent pas souvent de la viande, sauf en cas d’accidents arrivés aux bœufs (mâles ou femelles) ou au moment des fêtes ou de célébrations des rites tel que le Nkoma; au niveau de phase islamique, les fêtes religieuses (Miradji-» Assomption). Pour eux le bœuf est la première source de richesse me disaient deux de mes informateurs (Massoundi Bamu et Sidi Mari) lors de notre visite à Mlimani. C’est la seule et vraie occupation des hommes. C’est une occupation noble. Les Bejaniennes (les femmes) pratiquent l’agriculture vivrière, mais la seule valeur estimée pour la famille est le troupeau de bœufs.
Selon Massoundi Bamu (notre informzteur) toujours :
« Msa Beja ahijo nosa zinyombe zahe kapvasi muntru ako subutu aviri shiromadji (nom d’une rivière qui sépare le Ziyara de Binti Rasi avec le site de Untsoha) zinyombe zatso muwa. Atahupara leçon matsunga de ipvao muntru mali »
Ce qui veut dire que « Lorsque Msa Beja amenait ses troupeaux à l’abreuvoir à shiromadji, personne n’oserait s’aventurer dans le parage sous peine d’être piétiné par les bœufs. Même aujourd’hui, seul l’élevage des bœufs ou cabris ou moutons peut te rendre riche (vente du lait, la peau, la viande) ».
Le même phénomène s’observe chez les Jimiliméens. Ils avaient un vaste terrain pour leur pâturage dans une région appelée Bandra Mtsanga. D’après le feu père Ali Salim (ancien militaire française, natif de Jimilime), les Jimiliméens utilisent les pouvoirs des esprits (Djinns) pour élever leurs bêtes. Et après une ou deux années selon le cas on offrait une bête mâle aux esprits. Mais à la fin du XIXe siècle, au moment de l’expropriation des terrains par les premiers colons. Cette vaste région a été « acheté » par Mac-Luckie, 355 hectares 60, terrain rural situé au Nord-Est de Jimilime (Bandra-Mtsanga, Habandra, Hantsandji). Ce qui a provoqué la chute de la production du cheptel Jimiliméens et entraînait leur appauvrissement.
Il arrive que quelqu’un n’a pas de bête, alors on lui cède une vache (Hu Hangisa) sous condition : La première naissance c’est pour le propriétaire, la deuxième pour l’éleveur. Avant de prendre l’animal, les témoins estiment son poids au cas où il y a problème. (Ce sujet sera traité après…). Ce système d’emprunt avec intérêt s’observe aussi dans le royaume de Burundi sous la dénomination de « Bogabire » (cours de professeur Ville à INALCO 2004-2005) entre l’éleveur Hutu et l’agriculteur Tutsi.
Luigi Elli nous rappelle qu’à Madagascar en territoire Bara, seul les cheptels déterminent la richesse même s’il pratique aussi l’agriculture : » Quiconque visite le territoire Bara est frappé par le nombre des bœufs qu’il voit…..Les Bara ne mangent de viande qu’en cas d’accident arrivé à des bœufs et aux fêtes religieuses ……Les Bara pratiquent l’agriculture……Mais la seule valeur estimable est celle du troupeau. L’élevage est la seule occupation noble et, en tant que telle, réservées aux hommes…Le bœuf est la première source de richesse pour tous les Bara sans distinction…. La véritable richesse est le troupeau et la seule occupation qui rend riche est de le garder et de l’accroître sans se soucier de la valeur qu’il représente en lait, en cuir, en viande » (Elli L. 1993 : 31-32)
Même le vocabulaire utilisé reflète cette richesse : « […] Que le bœuf soit une richesse est si vrai que cela a marqué aussi le vocabulaire. « Richesse » se dit en Bara Harea ; ce terme né de la racine Hary, qui en malgache officiel signifie « acquisition, fruit du travail, du commerce, gain » (Ibid.)
Ce vocabulaire Bara ‘’Hary’’ désignant la richesse se dit aussi en langue anjouanaise « Hari » : ce qu’on gagne en travaillant durement, jusqu’à ce que la sueur coule d’où l’expression en anjouanais « hari ya trundra » (la sueur coule gouttes à gouttes).
Ce contexte pastoral prouve encore une fois que Anjouan comme le reste des îles avaient joué un rôle important dans la migration proto-malgache. La vie sociale de Bara et de Tandroy, tous issus du Sud reflétaient la vie quotidienne des Bejaniens. Est-ce le fait d’un hasard ? Ou une réalité qu’il faudra vérifier par l’archéologie.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 et 2: Le site de Bwe la Maji, « Mahaburiju » (le cimetière), un lieu sacré « Ziara ». Un arbre, dressé au milieu du cimetière, n’est-il pas le repère de l’endroit où on a enterré le chef suprême (Baco Ba Beja ou Beja Ga) ? Site occupé probablement du VIIe – au XIe siècle, premier peuplement de Ouani au nord-est vers la montagne avant de venir s’installer à Kilingeni, le long de la rivière.
Source : Bourhane Abderemane – photos prises en 2000
Pour les Bwelamajiens (bejaniens ou bejaniennes), c’est le chef Bako Ba Beja, Beja Ga, Beja Hali qui après des années de sédentarisation en pleine forêt, avait transféré son peuple à Ouani actuel où coule la rivière (l’eau) et qui aboutit au pacte du « Nkoma, rite païen (animiste). Il s’agit donc probablement de la période pré-islamique (phase archaïque swahili VIIè-XIè s et que Chanudet C. et Rakotoarisoa J. A. indiquent que cette phase « correspond à la genèse de la société swahilie. Toute fois l’éventualité d’un peuplement plus ancien n’est cependant pas à exclure; un site à Mayotte, découvert par C. Allibert, pourrait dater du Vè ou VIe s » (Chanudet C. et Rakotoarisoa J.-A. 2000: 29). A noter aussi que les dernières découvertes mises en évidence lors des fouilles dans deux grottes (Bazi Nguni à Anjouan) et (Pangatsaya à Malé Grande Comore) par le Réseau des Archéologues Africains, dirigé par le professeur Felix Chami, laissent présager une occupation à l’ère de pierre.
Or d’après la tradition orale , les habitants de Bwe-la-maji, de l’époque Beja (des Bejanis) VIIè-XIè auraient conservé leur identité et auraient résisté à la domination des Fani.
Du XIIe et XIIIe siècle, chacune des quatre îles étaient divisées en chefferies, souvent en conflit les uns avec les autres. Les Beja, chef politiques et militaires sont assistés d’un Conseil de Mabeja représentent les différents villages situés sur son territoire. L’ensemble des actes de cette assemblée constitue le » Milanantsi ». C’est une loi fondamentale orale applicable sur le territoire d’une île à tout comorien quel que soit son île d’origine.
En effet, la tradition rapporte que, c’est le chef Baco Ba Beja qui aurait décidé le transfert du village de Bwe-la-maji à Kilingeni (quartier actuel de Ouani considéré comme le quartier de gens de brousse « Wamatsaha » après la disparition de la ville de Baswara (Sada-Baswara) ancienne ville de Ouani (nom d’une localité irakienne) dont les vestiges ont été localisés lors de la destruction de l’ancienne mosquée de vendredi en 2007.
Ce site de Bwe-la-maji aurait donc conservé son organisation sociale primitive. Les seuls témoignages de l’existence de ces Bejanis sont des tombeaux et le nom d’un quartier de Ouani : Mpangahari Bwelamaji, actuelle place publique où il y avait avant un point d’eau.
Si l’on veut avoir plus de précision sur l’origine de ces Beja (Mabeja), on rencontre beaucoup de difficultés par ce que peu de documents subsistent et la tradition orale n’a pas conservée beaucoup de souvenirs de cette période. Néanmoins, on peut la situer directement avant la période Chirazienne, donc avant le IXème siècle ou fin du XIVème siècle et la faire commencer au Vème siècle ou VIIIe IXe s.
Jan Vansina, dans son ouvrage « Oral tradition as history 1985 », a très bien montré à quel point il est très difficile pour la tradition orale de restituer des faits au-delà de 300 ans. Pour cela, on doit s’appuyer sur l’archéologie pour tout ce qui est au-delà de cette durée.
- Ottino P. voit dans la période dite Beja ou (Mabeja) une première période pré-islamique où régnait la population Beja.
- D’autre ne voit dans le terme Beja que la notion de chefferie Beja = Fani = chefferie.
Le mot Beja semble désigner un ensemble de population faisant en quelque sorte transition entre les Abyssins, les noirs et les Arabes proche de ces derniers par l’aspect physique et le teint, ces populations s’islamisent rapidement. La pénétration Arabe est d’autant plus facile qu’elle s’accomplit pacifiquement par les mariages que le système résolut matriarcal des Beja favorise.
Il n’est pas exclu que ce terme ait pu être appliqué avec la même acception vague aux Comores: Population fortement arabisée.
Il faut encore noter que les textes contenant le mot Beja sont de la période de VIIIe/IXe, moitié du XIe siècle » .
L’hypothèse d’une migration Beja aux Comores avant le VIIIe siècle, dans la période préislamique ne peut t’être exclue. C’est ce que la tradition orale appelle Beja Hali (les plus anciens)
Ces populations Beja étaient païennes : il subsiste à Ouani un jeu qui témoigne encore de la présence des Beja : le Nkoma.
C’est vers le XIIe siècle que cette période Beja prit fin pour laisser la place à une strate culturelle pré-chirazienne : l’époque de Fani et des Arabes XIIe-XIVe siècle.
Lors de la visite du lieutenant de vaisseau Frappaz à Anjouan, ce dernier rapporte ce que l’imam lui avait raconté. Frappaz : « apprit de l’imam du sultan Abdallah que les premiers musulmans venus de l’extérieur trouvent l’île habitée par des sauvages semblables aux madécasses. Ils fuyaient à leur aspect, n’avaient ni armes ni vêtements et se nourrissaient de fruits, de cochons marrons et de cabris qu’ils tuèrent à coup de bâton… ». (Vérin P.1994 : 61)
Les islamisés dépeint les autochtones, païens, avant l’islam comme des sauvages, fétichistes, utilisant des morceaux de peaux (comme les peuples préhistoriques) vivant dans les grottes ou dans des maisons en pailles. Liszkowski, en citant Robineau C. (Note n° 618, p. 24) précise que « Cette description montre à l’évidence le peu de sympathie et de respect, que les chroniqueurs contemporains, avaient pour les populations pré-islamiques » (Liszkowski H. 2000 : 247)
A l’époque des « Beja », en parlant de la transmission de pouvoir, Moutaillier A souligne que « Nous nous trouvons en présence d’un modèle de dévolution du pouvoir cognatique, alors que l’Islam privilégie le modèle agnatique ».
A la période préislamique, on peut affirmer que l’archipel ait connu un modèle d’organisation qui ressemble fort aux chefferies africaines de type bantou de filiation matrilinéaire qui vont s’opposer à la filiation patrilinéaire déjà en place. Sur ce point, Damir Ben Ali (1984 : 28) cité par Liszkowski pense qu’: « en Grande Comore et dans l’archipel, les deux types de pouvoir, tous deux d’origine bantoue, ont coexistés suite à des migrations africaines différentes » (Liszkowski, note 619 : 247)
En parlant de Fani et de Beja, Moutaillier A. affirme qu’il s’agit d’une réalité à propos de la chefferie. Le terne Beja a un rapport avec le territoire et celui de Fani concerne le titre, et qu’on peut inverser l’ordre d’apparition de ces chefs.
« Les termes de Fani et Beja traduisent une même réalité, celle de la chefferie ; le terme de Beja est relatif au territoire, celui de Fani concerne le titre. D’autre part, comme le souligne C. Allibert, selon les sources et les auteurs, l’ordre d’apparition de ces chefs peut être inversé » (Liszkowski, note 620 : 247)
• La Période villageoise ou époque islamique (celle de Fani) XII-XIVème siècle
Plusieurs titres ont été avancés pour déterminer les différentes périodes de l’histoire des Comores : soit période Fani ou Arabo-chirazien, ou encore période Hanyundru ou alors l’établissement définitive de l’Islam.
Les premiers chefs Beja, à Anjouan sont considérés comme « païens par les chroniqueurs et ils finissent par laisser la place au Fani qui deviennent musulman et s’allient eux aussi aux chiraziens » (Verin P. 1994 : 63-64).
Ces Fani portent un double nom (islamique et malgache) attesté par Claude Allibert. Dans son analyse sur la synthèse de populations Proto-malgache, Arabo-Persane et Africaine qu’avant la strate chirazo-swahili, il y a eu une couche Fani. Cette dernière, pour une partie au moins, présente des caractères proto-malgaches de type austronésien. Il semble bien dit Allibert : « qu’elle eut pour caractéristique majeure d’appartenir en partie à un islam austronésien teinté d’animisme doublé de pratiques sacrificielles. Le monde Africain bantou se greffa sur cet ensemble (Beja-Fani) ». (Allibert C. 2000 : 70)
Quarante chefs Fani (Fani Gouaro, Fani Zorossa (une femme), Fani Agnitsez…Fani Agidawe, Fani Ali etc..) ont porté ce titre à Sima (Fani Ali ou Fani Hali) première capitale de l’île, Domoni, Nyumakele, Mutsamudu, Ouani etc. Le plus connu fut le Fani Othman dit Kalichi Tupu qui avait édifié à Domoni le palais en pierre vers 1274 ap. J.-C. (ou 1284 selon Faurec U.) . Sa fille, Djumbe Mariam Binti Othman régnait en 1300 ap. J.-C. à Nyumakele. Durant son règne, elle transféra la capitale de Domoni à Shaweni. Durant cette période, la capitale de l’île se déplaçait suivant l’influence et la puissance de Fani.
La domination de Fani (ou Fan) avait duré trois siècles : « Ngouaro (Gouaro) est le fils de Mariam…Il est aussi le père de Makongu… Mariam eut encore une fille nommée M’dzoroso (Zorossa) qui devient la mère de Fani Adjitsé (Agnitsez) / déformation de Issa). Tous ces princes ont régné successivement » (Allibert C. 2000 :17).
Les arrivées massives des groupes islamisés, métissés de la côte africaine, accompagnés de leurs esclaves, favorisèrent l’établissement et l’expansion de la religion musulmane. Dès le XIIe siècle et vers le XVIe siècle, les alliances politiques et matrimoniales (selon Sophie Blanchy CNDRS- Moroni) des chefs locaux avec des Arabo-shiraziens entraînèrent un changement de l’organisation politique et la création des sultanats qui respectèrent néanmoins l’organisation sociale matrilinéaire (Mdjawashe) existante.
Sophie Blanchy avance l’idée, sur la matrilinéarité en question que : « […] La répartition sur le globe des sociétés identifiées comme matrilinéaires par le World Ethnographic Sample (Murdock 1957) faisait apparaître des concentrations comme la « ceinture matrilinéaire » en Afrique sub-saharienne (Aberle 1961 : 655) ; on sait néanmoins que de telles sociétés existent également dans les deux Amériques, en Asie et en Océanie (Mathieu 2007) ». (Blanchy S. 2010 :14)
« […] L’acquisition de bétail par des sociétés bantoues matrilinéaires a favorisé l’adoption d’une filiation patrilinéaire ou mixte. Aux Comores, l’écologie et l’économie montrent la coexistence de l’horticulture, de la pêche, et autrefois de la cueillette, avec l’élevage de bovins. Celui-ci, introduit vers le XVe siècle, semble cependant avoir joué un rôle déterminant dans la constitution des hiérarchies, mais sans provoquer l’abandon de la règle de filiation matrilinéaire » (Ibid. 2010 :15)
Le Fe ou Fey à la Grande Comore
A l’époque médiévale, période Dembeni, autour du Xe siècle deux sociétés à composantes patrilinéaires et matrilinéaires cohabitaient. Mais la seule autorité revient au clan. L’ordre social diffère d’une île à l’autre notamment à la Grande Comore où on parle de Mafe ou le Fe/Fey, puis de Beja or à Anjouan c’est l’inverse. C’est-à-dire on parle d’abord de Beja/Bedja, puis des Fani ou Mafani.
Aux XIIe et XIIIe siècles, chacune de quatre île de l’archipel est divisé en plusieurs chefferies souvent en conflits ou guerres les uns avec les autres. Ceux qui avaient le pouvoir incontestés ajoute à leur nom propre le mot Fe, sous forme de préfix (exemple : Fe Pirusa, Fe Simay). Les plus anciens clans (Fe du clan) étaient reconnus Mfaume sans pouvoir bien défini. Seulement, il a un rôle symbolique à jouer : Il était chargé d’inviter, plutôt de convoquer et présider l’Assemblée des Fe appelé « MAFEREMBWE ». Cette Assemblée a pour objectif l’élaboration d’une loi fondamentale orale applicable sur le territoire à tous les comoriens partout où ils se trouvent au niveau des iles sans tenir compte de son île d’origine.
Le MAFEREMBWE réunit :
-les doyens de chaque lignée (remis à l’honneur) au niveau de chaque île pour arbitrer les différents entre les communautés.
-Les Beja qui sont à la tête des différentes chefferies pour débattre des problèmes d’intérêt commun.
L’ensemble des actes de cet auguste assemblé constitue ce qu’on appelle « le Mila Nantsi ».
Cette assemblée avait instauré un système de hiérarchisation de clan selon des critères d’ancienneté dans les villages.
Cette structure sociale médiévale est mieux conservée à Mohéli où elle a gradée les appellations « Mdjawume et Mdjawashe ».
Moussa Saïd Ahmed parle de la complexité de la société Grande Comorienne qui est très hiérarchisée. L’homme acquière son statut progressivement à travers le « mila na ntsi » en passant par le grade inférieur (mshondje) première étape pour arriver au grade supérieur (mfomamdji) au sein d’un « Hirimu » (classe d’âge): « La société de la Grande-Comores est hiérarchisée et complexe. Les hommes y acquièrent progressivement un statut en fonction des mérites obtenus par les prestations et les fêtes collectives. Ces grades successifs qui sont des sortes de classes d’âges (hirimu) fonctionnent d’un territoire donné (village mdji ou quartier mdrao). Le grade inférieur est dit mshondje et celui du sommet de la hiérarchie mfoma mdji (roi de la cité). Les wafoma mdji et ceux du grade immédiatement en dessous, les wandru wadjima (litt. « Hommes premiers », ceux qui ont fait le grand mariage), occupent la place d’honneur sur le bangwe, place de réunion de la communauté ». (Chouzour 1983 : 45-46) cité par (Moussa S. A. 2000 : 98)
Les deux photos montrent un Bangwe (place publique) à Itsandra où la hiérarchie est respectée strictement
De par son organisation socio-spatiale, la ville comorienne se rend compte de l’évolution historique de la hiérarchisation de la société. Au stade actuel, Ngazidja offre le meilleur exemple de cette structure que l’île a pu conserver.
Le système de classe d’âge est le noyau central qui permet à la société masculine de se hisser dans la société à travers le temps jusqu’à atteindre le haut de l’échelle.
Ces hommes voyagent ensemble à travers le temps au sein de leur « Hirimu » (classe d’âge), à l’intérieur d’une ville ou village, d’un quartier ou d’une mosquée. D’abord enfant, ils deviennent adolescents, jeunes hommes et hommes mûrs, détenteur du pouvoir politique et enfin, au bout de l’échelle, les aînés de la communauté.
Sophie Blanchy évoque l’organisation sociale aux Comores qui reflète celle de l’Afrique de l’Est au niveau du système d’âge et la matrilinéarité en ces termes : « On observe entre l’Afrique de l’Est et les Comores une continuité de forme d’organisation sociale, telles que les systèmes d’âge et la matrilinéarité, qui s’explique par une histoire ancienne mal connue . Dans chacune des îles, des processus internes ont produit des différences notables, inscrites dans un ensemble commun. Des systèmes d’âge ont existé dans les quatre îles et son toujours actifs à Mohéli et à Ngazidja ». (Blanchy S. 2011 : 211)
De même que Le Guennec-Coppens, « la première, a souligné en 1994 l’influence du continent sur le système d’âge comorien… » (Le Guennec-Coppens 2011 : 212)
Cette société est hiérarchisée à deux niveaux distincts :
Au bas de l’échelle, il y a les enfants du village « les WANAMDJI » repartis en trois niveaux :
Les WASSONDJE (sing. Msonje) : Ce sont ces jeunes hommes qui sont les ouvriers de la ville ou du village, chargés des différentes tâches telles que la préparation des lieux cérémoniaux et/ou le balayage de la place public.
Ensuite on passe au WAZUGUHA ou WAZUNGUHA (sing. Mzuguha): de leur côté, ils sont chargés des tâches moins monotones que les WASSONDJE. Malgré qu’ils aient quelques responsabilités et des rôles à jouer, cette classe est subordonnée à la classe suivante.
Les WAFOMANAMDJI (sing. Mfomanamdji), appelé aussi ‘’ les rois des enfants de la ville’’. Ils sont les dirigeants des WASSONDJE.
Au deuxième niveau de l’échelle, vient la classe intermédiaire. Pour passer d’une classe à une autre, ou d’un clan à un autre se faisait par la préparation d’un repas cérémonial.
Les MAGUZI (sing. Guzi) : Cette classe couvre plusieurs entités notamment ceux qui sont prêts à se marier (célébrer le Grand Mariage) ou qui ont dépassé l’âge de mariage et qui indique un retard. Les préparatifs pour le Grand Mariage peuvent durer plusieurs années.
On arrive en haut de l’échelle, les WANDRUWADZIMA composé encore de trois niveaux :
Les WANAZIKOFIA (sing. Wanaikofia) : Ceux ou celui qui a fait le « Anda Nku », c’est-à-dire le mariage coutumier ‘’le Grand Mariage’’. Considérés dans la société comme étant des grands notables, leur statut les permet non seulement de prendre des décisions mais aussi de représenter le reste de la communauté là où il fallait. Ainsi, ils bénéficient aussi à d’autres privilèges tels que le droit à participer à toutes les cérémonies traditionnelles, de s’asseoir dans les places d’honneur des assemblées et de pouvoir prendre la parole en public.
Les WABALADJUMBE : considérés appartenir à la ligné du palais ou ligne royale. Ils doivent avoir commencé les préparatifs de l’Anda de leur fille ainée. Ils restent beaucoup à faire (mariage des nièces, festins offert à la classe d’âge etc.).
Les WAFOMAMDJI (dernière échelle) : Ce sont ‘’les rois du village’’ ou de la ville. Ils deviennent le « Mfukare Wahandra ». Ils ont accompli plusieurs cérémonies traditionnelles notamment avoir marié sa fille y compris le pèlerinage à la Mecque, le mariage de leur nièce et les festins offerts au membre de sa classe d’âge « Hirimu ».
Sophie Blanchy met en ligne les Comores avec certains états africains d’où partaient diverses migrations vers les Comores que ce soit Lamu, Yémen ou Oman. Elle précise que : […] Les travaux réunis par Holder et Peatrick (2004) sur le statut politique de la ville à travers le temps mettent en regard, quant à eux, les cités comoriennes avec Lamu, cité-état swahilie, mais aussi avec Shihr au Yémen du sud d’où partir de nombreux migrants installés aux Comores, et permettent d’autre comparaison (Blanchy 2004, Vernet 2004, Camelin 2004) ». (Blanchy S. 2011 : 212)
Le Guennec-Coppens, lors de ses cours à l’INALCO, le 07 mars 2005 et le 14 avril 2005, sur « la filiation matrilinéaire aux Comores » avait établi un tableau montrant la similitude entre ces trois îles : Zanzibar, Lamu et les Comores.
Tableau 5 : Filiation matrilinéaire aux Comores : similitude entre Zanzibar, Lamu
Patriliné. Patriliné. Patriliné. Cognatique Cognatique Matriliné.
Mombassa Lamu Arabe
Lamu Zanzibar Mafia Grande Comore Arabe
Anjouan
Mji/taifa Kabila
Okoo (kabila) Ukoo/
Kushoto
Kulia Kabila Ukoo Kikao Inya Kabila
Mlango
Mbari =
Lignage Mlango Aulad Tumbo Tumbo
Mba Nasaba
Jamaa Trumbo Mlango Mlango
Patrilinéaire = Kao Daho
Ndugu Ujamaa
Jamaa
Différents systèmes de filiation chez les Swahilis
Mji (groupe coutumier) : chaque quartier d’un village peut abriter plusieurs Miji divisé en 2 associations de classe d’âge. Wanamji : 2, 3 ou 4 classes d’âge
A la Grande Comore, cette culture est différente de l’Islam
Anjouan : choix patrilinéaire
Ngazidja : lignage de la mère
La grande unité sociale est ‘’inya’’ ou hinya (racine : nya = mère)
Un inya = clan : une personne peut parler pour l’inya de son père mais totalement de ligné de la mère. On parle de parent.
Il y a aussi le ‘’mba’’ désigne le ventre maternel (sens figuré et sens propre). Mimba, c’est la grossesse et aussi nyumba (maison).
Il y a aussi un autre segment. C’est le « daho » (pluri. Malaho). C’est la famille maternelle restreinte. C’est la mère qui organise le mariage de sa fille et c’est la sœur mariée qui organise le mariage de son frère ainé.
Termes désignant les filiations : Kabila (lignage par le père), on peut dire Kabila mbaba hangu (du côté du père), Kabila mama hangu (du côté de la mère).
Le Nasaba (lignée paternelle : seul le Sharif peut se réclamer de ‘’Nasaba’’. Wudjama : relation affectueuse (parenté affectueux).
Cette photo montre une cérémonie de « Ndrola nku » de Grand Mariage ou les « Wandru-wadzima » (les hommes accomplis) portent leur tenu traditionnel (le Djoho brodé de fils imprégné d’or et leur bonnet troué (Kofiya ou kofia ya maforo).
Source : tiré de l’ouvrage de Mahmoud Ibrahime, Manuel d’histoire 6e – 5e, Programme 2009, Moroni, Komedit, 2010, p. 73.
Le système de classe d’âge s’observe dans certains pays d’Afrique, notamment à Mozambique avec les Makuwa qui sont des sociétés matrilinéaires.
La classe d’âge regroupe approximativement le même âge. Et chaque classe d’âge s’appelle « Hirimu », mais aussi « Beya » (pluri. Mabeya). C’est un vocabulaire utilisé aussi à Anjouan (« Hirimu » ou « Beya ») mais qui n’a pas la même connotation culturelle
Au niveau du recrutement, les parents se concertent pour faire entrer leurs enfants. Une demande officielle au niveau de Wafomanamdji. Les parents doivent organiser le « Shiliyo », repas donné à l’ensemble des membres de « Hirimu ». Quand tous les rituels sont faits, l’enfant est intégré d’office.
Comment peut-on changer de classe d’âge à la Grande Comore ?
Autrefois, la montée se faisait collectivement (décision commune). A titre exceptionnel, un individu s’il a beaucoup d’argent. Actuellement, c’est individuel. Chacun fait son « Shiliyo » pour gravir les échelons.
Tableau 6 : Plan de l’échelle de la structure sociale
Initié par Françoise Le Guennec-Coppens (1994) [Lire de bas en haut]
MJI
WANDRUWAZIMA
‘’LES HOMMES ACCOMPLIS’’ WANDRU WAZEE
‘’LES ANCIENS’’
WAFOMAMJI
‘’LES ROIS DE LA CITE’’
WABALAJUMBE
‘’LES PERES DU PALAIS’’
WANAIKOFIA HANDA
‘’LES PETITS BONNETS DE 1ère CLASSE’’
WANAIKOFIA
‘’LES PETITS BONNETS’’
WANAMJI
‘’LES ENFANTS DU VILLAGE’’ WAGUZI
?
WAFOMANAMJI
‘’LES ENFANTS ROIS DE LA CITE’’
WAZUGUWA
?
WASHONJE
?
En parlant de WAZUGUHA : si une classe d’âge passe dans l’échelon supérieur, alors il la répercussion dans les autres classes d’âge. Cette catégorie est le plus brimé. Il faut l’améliorer le plus vite possible. Mais l’un des obstacles est représenté par les WAFOMANAMDJI qui poussent en MAGUZI vers la voie de garage.
Les WAFOMANAMDJI : est les plus servis, les plus gagnants. Ils doivent convaincre les WANDRUWADZIMA. S’ils sont prêts, alors il faut qu’il fasse une demande officielle au WANDRUWADZIMA. Ces manifestations se déroulent dans le Bangwe avec tous les ingrédients.
Les MAGUZI : on les appelle aussi Wana Tsingo c’est-à-dire les ‘’enfants du cou’’. Ceux qui n’arrivent pas à s’en sortir. On les qualifie aussi de Wandru Tsawo ou les Wana Zidakani (l’enfant de la niche, réservée au Grand Mariage). S’ils sont très âgés, on les appelle [Levilé] préjudiciable à la famille, donc la famille peut aussi sauver la face. Ils participent au « Mahawa », à la construction de la maison du fiancé.
Les WANDRUWAZIMA : Leur fonction de rénovateur des sites leur revient de plein pied dans leur œuvre.
L’individu n’est rien au sein de la classe d’âge, car ce n’est pas l’individu qui est sanctionné mais c’est tout le « Hirimu » (toute la classe d’âge). La relation de respect dans les rapports de la classe d’âge est basée sur les ainés/cadets.
Les WAFOMAMJI : Légifère tout
Le passage de WANAMJI au WANDRUWAZIMA constitue plus une classe statutaire. Pour y accéder, il faudrait sacrifier des bœufs (Mbe) : mbe za harusi (anda/ Grand mariage), mbe za karamu (prestation pour la classe d’âge), mbe za zinaya ou zimaya (rite de la circoncision) (bœuf du mariage du fils).
Les morceaux de bœuf sont hiérarchisés. Les WAFOMAMJI s’accaparent une grande quantité.
Mahmoud Ibrahime indique que la société grande comorienne est issue de la société swahilie, une société très hiérarchisé, axée sur le Grand Mariage et les classes d’âge. Dominés par les agriculteurs-éleveurs (Wandru wa ntsi), propriétaires terriens d’où viennent les lignages princiers. Les restants (pêcheurs et serviteurs) sont exclus du cercle car les premiers « walozi » ne possèdent rien, ni terres, ni troupeaux et le second, les serviteurs « warumwa » sans lignage, habitaient dans les plantations royales « itrea ».
Tableau 1 Tableau 2
Tableau 1 : les hirimu ou classe d’âge à Ngazidja
Tableau 7 : Comores : une société d’ordre
Source : Tiré de l’ouvrage de Mahmoud Ibrahime, Manuel d’histoire 6e – 5e, Programme 2009, Moroni, KomEdit, 2010, p. 72, n° 3 et 4.
Mahmoud avance l’idée que la société Swahili est une société d’ordre et que chaque individu connait sa place et ses limites. Cette espace swahilie était un lieu de rencontre des diverses populations venant d’horizon (Arabo-Persans, Bantou…) différent et dont leur statut diffère, soutenues par une hiérarchisation encore en vigueur. A la Grande Comores, la société est morcelée (Agriculteurs-éleveurs, pêcheurs et esclaves), ce qui a accentué le système de hiérarchisation qui permet à certains de gravir les échelons grâce à leur fortune. Nous rapportons son témoignage : « […] Les divisions les plus marquantes sont entre les descendants d’Arabo-persans et les Bantu. Mais, à cette différence, s’ajoute aussi le fait que dans « l’arc swahili », les Arabes ont pratiqué l’esclavage et l’aristocratie locale y a eu recours également.
Certaines sociétés swahilies, comme celle de Ngazidja, ont poussé plus loin la hiérarchisation. A Ndazidja, une autre catégorie sociale a été introduite, celle des pêcheurs. Mais, à l’intérieur des catégories existent d’autres différentiations par le système d’âge (hirimu) qui permet à certains de parvenir par leurs mérites ou leur fortune au sommet de la société » (Mahmoud Ibrahim 2010 : 73).
Après cette période dirigée par les Fey (Mafani), nous abordons une autre ère dominée par des chefs politiques et militaires, garant de la stabilité. Ce fut la période Beja.
A Mohéli
La tradition veut que les deux lieutenants (Ya Mkanga et Ya Mkobe) de Mdjonga, l’éleveur, de la tribu Wanyika, originaire de Shambara situé entre Mombasa et Malindi, arrivée à la Grande Comore au XIe siècle, accompagné par d’autres contingents aient ensuite gagné Mohéli à bord de leurs bateaux cousus, peut-être le mtepe et leurs grandes pirogues monoxyles, le « mirondowo ». Ils auraient fondé d’autres villages Mdjawume (patrilinéaire) mais aussi Mdjawashe notamment Hanyamwada, Kombani, Djwayezi et Nyombeni, comme les sept villages Mdjawashe (matrilinéaire) fondés à Ngazidja entre Malé et Hantsindji. Walker I. nous renseigne sur ces lieutenants de Mdjonga : « C’est Ya Mkobe qui s’est forcé de tracer leur chemin pour relier le village portuaire. Sowo La Mkobe signifie la voie publique en Shikomor ancien. [en d’autre terme] Ya Mkobe est le premier Fe (doyen d’un clan et magistrat d’une chefferie), à avoir aménagé et entretenu des chemins pour relier les villages de la côte Est de Ngazidja entre Malé et Hantsindji » (Walker I. Ya Mkobe 2000 : 6)
Sophie Blanchy confirme dans ces écrits l’arrivée à Mohéli des compagnons de Mdjonga et qui ont fondé les villages matrilinéaires « Mdjawashé » les plus anciens et s’opposent à celui de « Mdjawume » fondé par des gens qui ont une structure parentale patrilinéaire. Blanchy avance ses réflexions et montre que les noms de certains lignages fondateurs des villes portent la mention hinya qui est un témoin incontesté du principe matrilinéaire (hinya Pirusa) et d’autres noms sont préfixés de wa (wa Mbadjini, wa Ma, wa Ba). Ce préfixe sert d’habitude à lier le nom de la personne à celui de son père :
« Une partie des compagnons de Mdjonga aurait gagné Mohéli et fondé les villages de structure matrilinéaire dits mdjawashe, qui sont les plus anciens de l’île : Kwambani, Nyombeni, Djwaezi, Hanyamwada (Chanudet 1988 : 506). Ce terme de mdjawashe (litt. « cité-des-femmes ») s’oppose à Mohéli à celui de Mdjawume (litt. « cité-des-hommes ») désignant des villages fondés plus tard par des gens « venus d’Orient », qui auraient eu une structure parentale patrilinéaire (Damir Ben Ali 1984 : 29). La trace linguistique d’une telle dualité d’organisation se trouve à la Grande Comore où les noms de certains lignages fondateurs des villages sont précédés du terme hinya, qui témoigne du principe matrilinéaire (hinya Mdombozi), alors que d’autres sont précédés du préfixe wa (wa Djambani), qui sert habituellement à désigner les gens d’après un toponyme ou à lier le nom de la personne à celui de son père (ibid.) » (Sophie Blanchy 2011 : 215)
La même structure sociale de la Grande Comore s’observe aussi à Mohéli et Chanudet en parlant de « l’hypothèse du conservatisme mohélien », évoque la bivalence du système lignagère Grand comorien dans cette petite île : « Jadis, dans la structure lignagère grand-comorienne des groupes hiérarchisés, la dignité des chefs de clan (fe) appartenait au doyen :
Le père ancêtre dans les groupes patrilinéaires,
L’oncle maternel les groupes matrilinéaires.
Il existait une structure régionale interclanique : l’assemblée de fe, le maferembwe, dont le doyen, le mfawume était en principe l’ainé du clan fondateur. C’est cette institution, à laquelle Salim Djabir (1983, 1984) a donné le nom de « palabres sous le roi sagoutier » (mfawume mtsambu) qui aurait existé à Mohéli. L’assemblée y aurait en effet déterminé ses décisions selon le mouvement des palmes d’un cycas (faux sagoutier) vénéré faisant fonction d’augure ». (Chanudet C. et al, 2000 : 164-165)
A tire d’exemple :
*L’arbre sacré (un badamier) à Binti Rasi (Ouani) au bord de la mer où se déroule le Nkoma (Danse des esprits) à côté du site de Untsoha où tous les esprits se rassemblent et le chef donne le feu vert pour démarer le rite de protection selon le temps et l’orientation du vent.
*Le manguier sacré à Mro-Maji (village à côté de Bambao) où se déroule la danse des esprits après avoir quitté la grotte de Hamampundru dans la montagne.
*L’arbre sacré à trou à l’entrée du lac Dzialandze où les visiteurs (hommes et femmes) viennent déposer des offrandes et sollicite la faveur des esprits avant de descendre au lac.
Le « Hirimu » (classe d’âge) à Ngazidja a une influence au niveau de la classe d’âge mohélienne, le « Shungu » que chaque individu doit l’organiser et le réaliser. Chanudet compare la société de grades du shungu mohélien à la « civilisation du village » observé chez les Dogons, les Bambaras. Organisé en habitat groupé, la règle de cette société est le travail collectif et que l’intérêt du village prime sur l’intérêt individuel et on observe aussi une politique relationnel égalitaire et fraternelle au sein de la classe d’âge. Chanudet avance l’idée que : « L’organisation en classe d’âges, que la société en grades du shungu prolonge sans doute, correspond initialement à la « civilisation du village », unité à la fois lignagère et territoriale, bien décrite en Afrique de l’Ouest chez les Dogons, les Bambaras…[et] la société Bwa du Burkina :
Ces sociétés s’organisent en habitat groupé. Elles combinent modèle hiérarchique fondé sur la séniorité des lignages et relations fraternelles égalitaires au sein des classes d’âge….
La règle est le travail collectif de la terre, … : l’intérêt général représenté au premier niveau par la « maison », au second niveau par le village prime toujours l’intérêt … » (Ibid.)
Chanudet et al, se posent la question si effectivement Mohéli soit restée au stade des maferembwe de Ngazidja : « Selon un tel schéma (peut-être mythique), Mohéli en serait resté au stade des assemblées consensuelles. Mais si cette hypothèse d’un plus grand conservatisme mohélien pourrait expliquer une islamisation plus lente, on ne comprend pas pourquoi à partir d’un système culturel commun à tout l’archipel, il se serait produit une différenciation affectant plus spécifiquement Mohéli. Il n’est d’ailleurs pas exact d’affirmer que Mohéli en soit restée au stade des maferembwe de Ngazidja et qui correspond peut-être à une reconstitution idéologique moderne ». (Ibid.)
On a remarqué que le shungu mohélien et le Hirimu Grand comorien ne fonctionne plus selon les critères d’égalité d’antan. Au contraire, il s’agit maintenant d’une compétition entre groupe qui engendre des dépenses ostentatoires, et qui inéluctablement va mettre hors-jeu certaine classe de population et permettre certaine classe de notables à confisquer le droit à la parole et s’accaparer des pouvoirs politiques. Ainsi à ce stade, l’institution des classes d’âge qui était égalitaire à l’origine est devenue une société de grades. Damir Ben Ali (1983 : 12) avance l’idée qu’il s’agit d’une stratégie des islamisés qui consistent à pouvoir conserver les anciennes formes sociales (exemple : rite agraire païen) en modifiant leur sens. Ce qui leur permettrait d’attirer la population vers une islamisation plus en profondeur :
« […] Le shungu mohélien ou les hirimu grands comoriens ne fonctionnent déjà plus selon le schéma égalitaire… Au contraire, ils favorisent maintenant la compétition entre groupe, la dépense ostentatoire et aboutissent inéluctablement à sélectionner une classe de notables qui confisquant le droit à la parole et le pouvoir de décision, s’attribuèrent le pouvoir politique. Il constituait d’ailleurs « la hiérarchie des dignitaires qui gouvernaient jadis la cité-état » (P. Vérin et R. Battistini 1985 p. 91) telle qu’elle s’est développée à l’époque classique. L’institution des classes d’âge, égalitaire à l’origine, a donc été gauchie pour devenir une société de grades. Damir Ben Ali (1983 p. 12) y voit une stratégie des islamisés influencés par les modèles swahilis et orientaux, en vue de parvenir à une islamisation de la population plus en profondeur. Cette stratégie consiste à conserver les anciennes formes sociales tout en modifiant leur sens à la manière du christianisme qui construisit ses églises sur d’anciens temples païens ou réinvestit d’anciennes fêtes agraires païennes ». (Ibid. 166-167).
L’influence de la culture grande comorienne s’observe à Mohéli et qu’on trouve une chronologie différente des autres îles (Anjouan et Mayotte). Après le stade intermédiaire de la chefferie territoriale dirigé par les Beja, on arrive au stade de sultanat de type comorien qui avait pris forme dans tout l’archipel. Mohéli, suite au témoignage de Challes R., daté de 1690, tiré d’un journal d’un voyage aux Indes orientales, décrivait un culte préislamique d’une communauté de fidèles adorant un bucrane, sacralisant une vache et vénérant les rats. S’agit-il d’un culte d’origine indienne ? On peut se référer aujourd’hui sur ce qui se passe dans la grotte de Bazimini Anjouan (Bazi-Nguni ou Ngomeni-Bazi), une grotte sous-lavique où les adeptes apportent des offrandes (œuf, riz cuit, lait caillé, sucre etc…) destinés aux ancêtres, mais que les rats restent les premiers invités à se restaurer. S’agit-il d’une offrande aux rats ? Seulement on peut admettre que les esprits djinns peuvent prendre aussi la forme des animaux comme les rats. Donc les offrandes destinées aux rats à Mohéli vont dans le même sens. On connait aussi le poids et l’importance de mwalimu dans tout l’archipel. Il intervient dans toutes les cérémonies rituelles (fête agraire, Mgala etc.).
Chanudet en parle : « La persistance de cultes préislamiques n’est pas spécifique à Mohéli. Certes Challes y a décrit en 1690 une communauté de fidèles adorant un bucrane, sacralisant une vache et vénérant les rats – un culte peut être d’origine indienne mais on sait qu’il existe encore aujourd’hui à Bazimini (Anjouan) une grotte sous-lavique où la population apporterait des offrandes aux rats (Il est sans doute plus probable que les offrandes sont destinées en fait aux ancêtres plutôt qu’aux rats, simples bénéficiaires indirects). On connait aussi l’importance des mwalimu qui interviennent dans les rituels des cérémonies agraires de tout l’archipel. Cette islamisation incomplète…témoigne…d’un islam insulaire plus tolérant et plus souple dans son processus de conversion. » (Ibid.).
La période Fani ou Mafani
La tradition orale et les chroniques des historiens mentionnent qu’après la période beja animiste, VIIIe-XIe siècle, on arrive progressivement à la période Fani ou Mafani XIIe- XIVe siècle suivi de l’installation définitive de l’Islam. Gevrey retrace la chronologie des différentes installations à Ndzuani.
Selon lui : « l’île d’Anjouan , appelée par ses premiers habitant Anjouan, Andzouan, par William Jhones, Hinzouani, par les portugais Johanna, par les Anglais Juanny et par les Hollandais Angovan, Angon, Anjuanii, Ansüannii, a été peuplée de la même manière et de la même époque que Mohéli ; d’abord par des noirs d’Afrique, ensuite par des Arabes et des Malgaches. A l’arrivée de Mohamed-ben-Haissa à la grande Comore, vers 1506, un de ses fils, Hassani-ben-Mohamed, s’établit à Anjouan avec une partie des chiraziens. L’île n’avait pas de sultan, elle était divisée entre sept ou huit chefs et formaient autant de quartiers indépendant. L’établissement des Chiraziens se fit sans lutte avec les premiers habitants. Peu de temps après son arrivée Hassani épousa Djumbe-Adia, fille de Fané-Ali-ben-Fané-Fehra, chef de M’Samoudou et le plus puissant de l’île. Grâce à ce mariage, Hassani parvint à établir son autorité sur les autres chefs ; il constitua l’unité du gouvernement et se fit proclamer sultan. Il fut le premier sultan d’Anjouan… » (Gevrey A. 1997 : 108)
Liszkowski estime que cette nouvelle période, celle de Fani, débute vers le XIIIe siècle suivi d’une installation progressive de l’Islam, vue comme une nouvelle doctrine introduite dans l’archipel et qui sera définitivement installée au XVe siècle.
« Selon certaines traditions orales l’arrivée de l’islam aux Comores remonterait à l’époque des successions du Prophète ; le professeur Vérin raconte que pendant sa visite du mausolée d’Othman (Mohamed ben Othman qui introduisit la religion musulmane aux Comores) les habitants de Ngazidja lui apprirent qu’Othman était le fils du troisième calife ayant régné au VIIe siècle » (Vérin P. 1994 : 62, cité par Liszkowski note 621, p. 247)
Nous précisons ici que cette visite du professeur Vérin P. a eu lieu à Ntsaweni vers le nord de la Grande Comore. Dans cette localité, la tradition orale rapportait que Mtsamwindja, chef coutumier de Mbude aurait effectué un voyage en Arabie Saoudite. A son retour de la terre sainte et pour témoigner que ce dernier était bel et bien allé à la Mecque pour rencontrer le Prophète, mais que ce dernier était déjà mort, il s’est fait accompagner par Othman. D’ailleurs une fouille archéologique a été réalisée à l’intérieur de la mosquée de vendredi qui se trouve à côté du mausolée par l’archéologue comorien Ali Mohamed Gou qui encadrait un étudiant de ladite ville Moustakim Ibrahim en décembre 2010.
Quarante chefs Fani (Fani Gouaro, Fani Zorossa (une femme), Fani Agnitsez…Fani Agidawe, Fani Ali etc..) ont porté ce titre à Sima (Fani Ali ou Fani Hali) première capitale de l’île, Domoni, Nyumakele, Mutsamudu, Ouani etc… ; Le plus connu fut le Fani Othman dit Kalichi Tupu qui avait édifié à Domoni le palais en pierre vers 1274 AP. J. C. (ou 1284 selon Faurec U.)
La domination de Fani (ou Fan) avait duré trois siècles : « Ngouaro (Gouaro) est le fils de Mariam…Il est aussi le père de Makongu… Mariam eut encore une fille nommée M’dzoroso (Zorossa) qui devient la mère de Fani Adjitsé (Agnitsez) / déformation de Issa). Tous ces princes ont régné successivement » (C. Allibert 2000 :17).
Roland Barraux nous donne plus de précision concernant les Fani à Anjouan en énumérant leurs noms respectifs :
- « Djumbe Mariam Binti Athman…régnait en l’an 1300 et sa capitale était à Shaweni – Nyumakele au sud de l’île.
- Son fils Ngwaro lui succéda en 1335, il régnait à Domoni. Il eut une fille, la Djumbe (princesse) Makungu ; celle-ci épousa son cousin Aissa, fils de Ndzaraso qui régnait à Sima. De ce mariage naquit la Djumbe Addia dont l’union avec le chef chirazien Hassan qui arrivera vers 1397-98 sera à l’origine d’une descendance appelée à jouer un rôle important.
La Djumbe Mariam eut aussi une fille Djoroso ; celle-ci engendra un garçon, le Fani Adjitse, qui eut à son tour un fils, le Fani Ali et cette branche régna dans le sud à Shaweni » (Barraux R. 2009 : 26)
Pierre Vérin, quant à lui, montre que les beja, païens, ont cédé la place aux Fani qui sont devenus des musulmans, alliés des Shiraziens. L’influence des immigrants Hadhramaout ont fini par dominer les autochtones : « […] A Anjouan, les premiers chefs bedja sont considérés comme païens par les chroniqueurs et ils finissent par laisser la place au fani qui deviennent musulmans et s’allient eux aussi aux chiraziens. Ils font basculer définitivement la situation au profit des musulmans arabes d’hadhramout … ». (Vérin P. 1994 : 63-64)
Toutefois, pour échapper à l’emprise des migrants, les bantous autochtones avaient préféré de se retirer vers les régions d’en haut : « …A Ndzouani, l’importance des immigrants arabes de hadhramout fut si forte que…les bantous ont été symboliquement rejetés dans l’intérieur des montagnes… » (Ibid.).
Liszkowski confirme les données avancées par Barraux. Mais il a introduit d’autres éléments montrant que l’alternance Djumbe/Fani a été bien respectée et que le pouvoir se transmet toujours par la femme. En outre il a reproduit une liste de la descendance des anciens maîtres Fani de l’île d’Anjouan avec des datations bien précises que nous reproduisons ici :
« -Le premier Fani serait Athman, celui qui édifia vers 1274, la première maison en dur de Domoni.
-Lui succède Djoumbe Mariam qui règne à Chaouéni en 1300.
-Fani Kouarou règne à Domoni en 1335 et épouse Djoumbe Ndzarasso.
-Leurs enfants Djoumbe Macoungou et Fani Adjite règnent à Sima, à l’arrivée des chiraziens.
-Djoumbe Addia, née vers 1380, leur succède.
Ce document nous montre que l’alternance princesse/Fani est constamment respectée et que le pouvoir se transmet toujours par la femme ; on remarque aussi que l’arrivée des chiraziens est mentionnée vers 1350, entre 1335 et 1380 » (Liszkowski 2000 : 249)
L’analyse de Claude Allibert au niveau des noms de Fani décèle une déformation des noms malgaches et c’est Anjouan qui a laissé des empreintes de l’apport Proto-malgache austronésien de l’époque ancienne.
« […] c’est Anjouan qui nous a laissé dans ses chroniques les traces indiscutables de l’apport proto-malgache austronésien pour l’époque ancienne. La généalogie des Fani et son articulation avec l’époque classique des Shirazo-arabo-swahili est à cet égard édifiante [des noms malgaches Kalichi Tompo, islamisé en Othman, Mze Rasoa, Fani Adjitse (Issa), des noms bantou (Ngwaro, Makungu) , le tout déjà au moins en partie islamisé comme le prouve la mosquée de Sima] ». (Allibert 2000 : 61)
Cette figure 1 ci-dessus nous révèle une partie de l’arbre généalogique des Mafani d’Anjouan à partir de Fani Othman dit Kalishi Tupu (1274 de l’ère chrétienne), celui qu’on attribue la construction de la première maison en pierre à Domoni et dont sa fille Djumbe Mariano dirigeait le cité-état de Shaweni en 1300 de l’ère chrétienne. Toutefois, on ignore l’épouse de Kalishi Tupu qui a donné naissance à Djumbe Mariamo. Cette dernière a été mariée à un Arabe dont son nom reste inconnu. De même, on ne connait pas le mari de Dzorosso (Mdze Rasoa) ni l’épouse du Fani de Sima (Fani Ngwaro) qui a donné naissance à Makungu, ni l’époux de celle-ci qui a donné naissance à Djumbe Adia qui est l’épouse de Hassan de shirazi. Son arrivée est datée de 1399 (ou 1400).
En examinant le document présenté par (Liszkowski 2000 : 249), des contradictions ont été relevées : -Fani Kouarou règne à Domoni en 1335 et épouse Djoumbe Ndzarasso. Or le mari de Djoumbe Ndzarasso (Dzorosso /Mdze Rasoa) reste inconnu et que Fani Kouarou (Fani Ngwaro) ne règne pas à Domoni, mais à Sima. Sauf s’il cumule ces deux principautés de même que Fani Adjite.
Le document présenté par (Barraux R. 2009 : 26) mentionne « Ngwaro lui succéda [succéda sa mère Mariam Binti Athman] en 1335, il régnait à Domoni ». Sur ce, Liszkowski et Barraux R. sont sur la même longueur d’onde. Concernant Fani Adjite (Aissa), Barraux ajoute « Djumbe (princesse) Makungu ; celle-ci épousa son cousin Aissa, fils de Ndzaraso qui régnait à Sima De ce mariage naquit la Djumbe Addia dont l’union avec le chef chirazien Hassan qui arrivera vers 1397-98 sera à l’origine d’une descendance appelée à jouer un rôle important. ». Fani Adjite/Aissa, avait-il deux épouses ? Mazena Fani et Makungu ? Comme indique aussi Liszkowski.
Il y a aussi une divergence au niveau des dates d’arriver des shiraziens ou du chef chirazien. Liszkowski avance la date suivante « on remarque aussi que l’arrivée des chiraziens est mentionnée vers 1350, entre 1335 et 1380 ». Barraux R. porte la date de 1397-98 « le chef chirazien Hassan qui arrivera vers 1397-98 ». Au niveau de la généalogie, on a mentionné la date de l’arrivée d’Hassan en 1399.
Figure 1 : La généalogie des Mafani d’Anjouan
Source : Tiré sur la partie « Analyse » de la chronique de Saïd Ahmed Zaki, in Anjouan dans l’histoire, Paris, INALCO, Etude Océan Indien, n° 29, p. 48
La réflexion de Claude Allibert a été embrassée par Claude Chanudet. Ce dernier précise qu’il s’agit d’une influence austronésienne vérifiable au niveau des noms propres. Car « […] les Wamatsa, qualifié à tort de Bushiman serait en fait des Bushi (nom anjouanais des malgaches ), de même qu’un certains nombres de Fani (chef anjouanais ayant succédé au Beja) qui portent des noms dérivés du malgache, tel Kalichi-Tupu (en malgache : Tompo), sa petite fille Mzorosso (Mze Rassoa) et l’enfant de cette dernière, Fani Adjite (prononciation malgache du Issa ou Haïssa) » (Allibert C. 2000 : 17, note 51, 57 et 58 cité par Chanudet C. 2011 : 419)
Les arrivées massives des groupes islamisés, métissés de la côte africaine, accompagnés de leurs esclaves, favorisèrent l’établissement et l’expansion de la religion musulmane. Dès le XIIe siècle et vers le XVIe siècle, les alliances politiques et matrimoniales (selon Sophie Blanchy CNDRS- Moroni) des chefs locaux avec des Arabo-shiraziens entrainèrent un changement de l’organisation politique et la création des sultanats qui respectèrent néanmoins l’organisation sociale matrilinéaire (Mdjawashe) existante.
Au XVIIIe siècle, à Anjouan et à la Grande Comore, des Arabes se déclarant descendant de Prophète, c’est-à-dire des Sharif originaire de Hadramaout ou de Yémen, s’allièrent aussi aux familles nobles permettant l’établissement de prestigieux patrilignage (Mdjawume).
La culture comorienne s’est forgée au cours des siècles dues à ces mouvements d’hommes accompagnés de leurs croyances. Le peuplement des Comores est en majorité d’origine africaine. Ces bantous qui, partis du « Cameroun vers -200, en contact avec les sociétés soudaniennes et nigériennes » (Chanudet C. 1990:20), « n’étant arrivés sur la côte est africaine qu’au IIe et IIIe siècle après J.C. » (Sophie Blanchy 1990:17). A Anjouan, nous assistons au bouleversement de la société ancienne à un système de classe qui allait nourrir les clivages et les conflits.
• L’époque classique ou période moderne XV-XIXème siècle. Certains parlent de l’époque Ntsingoni XIVe au XVIIIème.
L’Islam sunnite, de rite chaféite, se met en place, ce qui impose la patrilinéarité à la matrilinéarité. L’île d’Anjouan est devenue alors une monarchie musulmane classique avec un roi qui prit le titre du Sultan. De nouvelles modes de vie vont être imposées aux anjouanais et l’une des nouveautés que connurent les Comores avec l’arrivée des Arabo-Chiraziens est l’introduction d’une civilisation commerçante et citadine qui se caractérise par le commerce de l’or et des esclaves à Anjouan ainsi que la construction en dur.
Du XIIe au XVIIe siècle : immigrations successives des Shiraziens aux Comores ; conséquences : création des sultanats dans l’archipel.
Aux Comores, cette période voit la création des sultanats de la Grande Comore en dix sultans : Domba, Mbadjini, Itsandra, Washili, Mbude, Mitsamiouli, Hamahame, Mbwanku, Bambao ; d’Anjouan : Domoni jusqu’en 1792 puis Mutsamudu de 1792 à 1909 et de Mayotte.
Selon Gevrey A. 1870 « Vers l’an 360 de l’Hégire (aux environs de 972 de l’ère chrétienne) lors des établissements de Bouïdes à Chiraz, une migration considérable de chiraziens fonda l’état de Kilwa prit bientôt de grands développements et étendit sa domination sur Patte, Zanzibar, Sofala, îles Comores et une partie de Madagascar ». Anjouan était la vassale de Kilwa.
D’après Ainouddine Sidi (1998 :25-26) : « … Ce besoin de terre condamne le contact entre Arabo-chirazien et ancien anjouanais à un affrontement qui se soldat par le refoulement des Wakoni dans les régions de montagne : Koni Ngani, Koni Jojo, Uzini et Utsa (les deux derniers se seraient peuplés un peu plus tard par ces mêmes Wakoni). Par cette victoire, les Arabes et les Chiraziens se rendirent maître des meilleures terres et imposaient la persuasion ou par la force, peut-être les deux, le droit foncier musulman . Ces terres constituent…la propriété féodale réalisée selon le droit de conquête Arabe. Les terres de sultan et de sa famille comptaient parmi les plus fertiles et les plus étendues ». Le temps fort de cet affrontement fut marqué par la bataille de Mlima wa Haki ; une bataille qui permit aux Arabes de vaincre Mufalume Agidawe .
A Anjouan, selon Guy Fontaine (1998 :13-14) « En appropriant les terres, les shiraziens se mirent à construire des villages importants sur des collines dominant plaines et mangroves. Ces villages à fonctions défensives étaient fortifiés par des hauts murs de maçonnerie, à l’intérieur vivaient les nobles et leurs esclaves domestiques. Les classes inférieures habitaient les hameaux périphériques ».
Saïd Ahmed Zaki mentionne dans sa chronique d’Anjouan qu’un prince de Chiraz (Perse), Hassan, débarqua à Sima (première capitale de l’île) en 1401 ap. JC. Il s’attira vite la faveur et l’estime des indigènes de telle sorte que le Fani Ali lui donna en mariage sa fille Djumbe Adia (qu’il a eu de sa femme Mazena Fani) en mariage. Fani Ali abdiqua en faveur de son gendre et Hassan de Chiraz est devenu le premier sultan d’Anjouan. Il transporta le trône à Domoni après avoir construit la mosquée de Sima et le palais. Il instaura la civilisation coranique, l’Ustaârab, et unifia l’île d’Anjouan. L’islam sunnite de rite chaféite se met en place, ce qui impose la patrilinéarité à la matrilinéarité.
« Hassan a introduit à Anjouan les divers objets qui ont servi comme armes du sultanat :
Le pavillon rouge avec lisière blanche, le croissant, la main et l’étoile blanche au milieu ; le palanquin ; le chiri-cha-ezi, servant de trône, le ntsia : une grande dent creuse d’éléphant ; la main et la grande parasol rouge aux parments vert ; tous les objets emblématiques du sultanat » . En plus de tous ces symboles de la royauté, Saïd Ahmed Zaki (1927 :13) ajoute que c’est « Hassan également qui amena le mimbar, chair du prédicateur sur lequel se tient ce dernier, le vendredi et les jours de fête à la grande mosquée pour exhorter les croyants ».
• Période coloniale
A. Protectorat à la Grande Comore 1886
Une rencontre fortuite avait eu lieu par hasard à Kalaweni (port au boutre) le 05 septembre 1884 où le sultan Ntibe Saïd Ali de la Grande Comore avait rencontré pour la première fois le naturaliste français Léon Humblot qui vient d’arriver à la Grande île (Ngazidja). Contesté par ses paires, au pouvoir vacillant et fragile, le sultan Saïd Ali pensait avoir l’homme idéal qui pourra le protéger et protéger son royaume. Des liens d’amitié se nouèrent autour de ces deux personnes. Chacun rêvait le « pouvoir ». Les deux antagonistes avaient en 1886 le même âge.
Etant en conflit ouvert permanant avec ces deux rivaux, son cousin Abdallah Ben Saïd Hamza de Bambao et le prince Hachim de Mbadjini en 1885, Le sultan Saïd Ali, pour protéger son titre de Ntibe, envisageait à signer un traité avec une grande puissance pour se protéger. Ce fut le début du Protectorat à la Grande Comore.
Profitant de cette situation, le naturaliste français malin qu’il est, jouait son va-tout, en imposant préalablement au sultan Saïd Ali un traité commercial qui allait non seulement lui dépouiller ses biens sans contrepartie, mais aussi toute l’étendue de l’ile. Humblot « Mshambulu » peut, sans impôt ni location toute les richesses naturelles de la Grande Comore en échange de l’appui français. Composé de onze articles, la convention commerciale de Humblot avait été signé à bord d’un navire de guerre français, le Boursaint, qui était en rade à Moroni.
Carte montrant l’occupation du sol par les entreprises coloniales établie par l’inspecteur Norés en 1907 [au niveau des quatre îles de l’archipel]
Source : Tiré de l’ouvrage de J. Martin, Comores : quatre îles entre pirates et planteurs, 1983, T. II, p. 171
Saïd Ali, ignorant les pièges tendus par « Mshambulu » à travers cette convention pensait avoir eu gain de cause. Le protectorat fut obtenu par le traité du 6 juin 1886 et approuvé par un décret de Jules Grevy le 24 juin 1886. Et le premier janvier 1886, le premier résident français Gerville-Réache fut arrivé à Moroni. Ce qui a permis au sultan Ntibe Saïd Ali de rehausser sa dignité.
« Les sept articles du Protectorat permettait aux Français d’occuper militairement les sites nécessaires, le droit de circuler, de faire du commerce selon les coutumes, mais Saïd Ali s’engageait à ne révoquer aucun sultan » (Ibid. :44-45)
Les adversaires de Saïd Ali n’avaient pas croisé les bras. La preuve en est, une coalition avait été mis en place, « la coalition de Zilimadju », dirigé par le sultan contre le sultan Saïd Ali avait échoué. Pour contrebalancer la mainmise des Français, Hachim avait tenter de placer son royaume sous la protection de l’Allemagne, lors des entretiens avec Schmidt. Sa doléance n’a pas pu aboutir. Selon Guébourg « […] Les essaie d’alliance du sultan Hachim du Mbadjini avec l’Allemagne en témoignèrent, ainsi que les diverses tentatives de se placer sous protectorat allemand lors des de ses entrevues avec le représentant de la Société allemande de l’Afrique orientale, K. W. Schmidt, qui ne purent aboutir. Grâce à l’aide française, Saïd Ali put enfin de débarrasser du puissant sultan du Mbadjini ». (Ibid. : 45)
Le Sultan Ntibe Saïd Ali ben sultan Said Omar (1883-1893) Léon Humblot « Mshambulu », le sultan Blanc
Source : Aboubacar Said Mze responsable des Archives iconographiques du CNDRS 2014
L’ascension de « Mshambulu » est fulgurant :
-Renforcé par le Protectorat, il est nommé Résident à la Grande Comore
-Création de sa société en mai 1887 (Société de la Grande Comore) dont le siège était fixé à Paris, 60 rue Bondy
-Extension de sa société en annexant des nouvelles terres
« […] Mais entre 1889 et 1890, l’annexion de nouvelles terres par le nouveau résident allait multiplier les difficultés des deux « associés ». Assuré du concours du cadi de Bambao , Léon Humblot s’emparait, dès 1890, de trois cents hectares de terres situées dans la plaine de Salimani, entre Séléa et Misutdje. Or cette plaine côtière appartenait à Said Bakar, oncle du Ntibe et à la princesse Moina Mkou, sa mère…
La population comorienne mécontente répondit à ces confiscations… Les rebelles, groupés autour des princes Hamza et Abdallah Boina, attaquèrent la Société, bloquèrent Humblot à Nyiumbadju, investirent Moroni provoquant la fuite de Said Ali . Le ministère français réagit en envoyant, en août 1891, un détachement de cinquante fantassins conduits par le capitaine Dubois. L’effet psychologique causé par la présence de soldats pourvus d’armes, l’incendie des villages de Mkazi et Vuvuni, permirent la restauration de Said Ali et surtout l’établissement, le 06.01.1892, d’un traité qui :
« Elargissait les pouvoirs du résident et réduisait le sultan à un rôle de façade » (Ibid. : 47)
-Sultan Blanc : profitant de cette nouvelle donne, « Mshambulu » instaura son pouvoir absolu qui n’est plus un Protectorat mais une colonisation pure et simple. Il fut le maitre de l’île. Il déporta le sultan Ntibe Said Ali à Diégo Suarez le 19 septembre 1893 (Madagascar).
« […] les attentats perpétrés par un ancien chef de guerre de ce dernier, Tamou ben Ali, eurent pour conséquence l’exil du Ntibe vers Diego Suarez le 19.9.1893. Ainsi, de septembre 1893 à l’arrivée du résident Decazes en juin 1896, Léon Humblot fut « le maitre de l’île » pour reprendre la formule de Jean Martin : ce pouvoir, quasi absolu, se traduisit aisément dans les faits et, le régime mis en place ressemblait plus à une colonisation par compagnie à charte qu’à un protectorat ». (Ibid. : 47)
La chute et la fin du système Humblot :
-Suppression du Tribunal mixte de cadis, remplacé par un juge métropolitain qui sera nommé par Mayotte
-Suppression de l’esclavage
-Délimitation de tous ses terrains
-La réhabilitation du sultan Ntibe Said Ali
« Said Ali exilé à la Réunion depuis 1897, recevait une pension de capitaine de 416 Francs par moi… Said Ali sut s’appuyer sur un jeune avocat de talent, Paul Olagnier. Ce dernier obtint, dès 1906, la fin de l’assignation à résidence pour le sultan… devant le Tribunal Civil de la Seine, Humblot « traité comme un escroc » fut confondu par l’avocat Olagnier qui invita au procès les anciens résidents de l’île. Said Ali perçut une provision de 20.000 F et de solides indemnités jusqu’à sa mort à Tamatave ». (Ibid.53)
-La condamnation sans appel de sa politique par la chambre
– La suppression purement et simplement de la Convention de 1897 « avait eu raison du « Grand Sultan Blanc… Il mourut subitement à Nyiumbadju d’une embolie le 20.3.1914» (Ibid. : 54).
B. Protectorat à Anjouan
Sultan Mawana ABDALLAH III (1855 – 1891) Prince Salim Ben sultan Abdallah III
Source : Bourhane Abderemane – Photo prise au musée du CNDRS le 20 octobre 2010
Prince Salim Ben sultan Abdallah III (Mawana), héritier légitime du trône d’Anjouan ; interné avec son oncle le sultan Said Othman en nouvelle Calédonie pendant 5 ans, suite au soulèvement des esclaves dirigés par leur chef Lopa en 1891.
Source : Tiré de l’ouvrage de Jean Martin « Comores : quatre îles entre pirates et planteurs », Paris, l’Harmattan, T.2, 1983, p. 194 (l’Illustration, 21 novembre 1891, vol. 2, p. 404)
Abdallah III régna de 1855 à 1891. Aristocrate esclavagiste, ce puissant Sultan fut le pionnier de l’Economie Capitaliste en favorisant la création et le développement de l’industrie sucrière à Ndzuani. En 1863, il avait construit son Palais « Darini » à Bambao la Mtsanga et son Usine de Sucrerie à Marahani. Le 23 Avril 1886, il signa le premier traité Léonin (du Protectorat). Il mourut à Bambao le 31 Janvier 1891 (02 février pour certains).
Selon le journal universel, l’Illustration, page 179, je cite : « l’archipel des Comores se compose, outre l’île Mayotte, colonie française depuis 1843, des îles d’Anjouan, Mohéli et Grande Comore, qui ont réclamé notre protection en 1886 »
A partir de 1840, les sultans d’Anjouan subissaient, les pressions de grand mouvement d’impérialisme colonial qui allait aboutir à la prise de contrôle par la force des pays du sud par les puissances européennes après la conférence de Berlin où les impérialistes dominant avaient partagé le monde, à déployer diverses tractations en vue d’établir par la force des traités avec le royaume d’Anjouan et les nations intéressées en envoyant leurs bateaux de guerre.
Selon Jean Martin (T.I p.168-169) je cite : « Le 19 septembre 1843, le sultan Salim II ne parvint à refuser un traité de Protectorat que lui que lui proposait la France qu’en échange d’une déclaration de renonciation définitive à tous ses droits sur Mayotte »… Deux navires de guerre français se sont positionnés sur la rade de Mutsamudu, menaçant de bombarder la capitale.
Après la mort de son père le sultan Salim II en 1855, Abdallah III le succéda sans problème. Ce dernier et le commandant de Mayotte, l’homme de couleur Anne-Philothée Gerville Reache, chef de la colonie, signaient une convention le mercredi 21 avril 1886 connu sous le nom du « traité Franco-Anjouanais » saluée par les canons du navire français « croiseur Chacal » et de la Citadelle de Mutsamudu ainsi que par ceux d’une corvette américaine, « le Lancaster », qui se trouvait dans la rade et celui du 19 octobre 1887 permettant l’installation d’un résident français à Anjouan et d’un tribunal mixte destiné à régler les différends entre les anjouanais et les étrangers.
Le sultan Abdallah III s’opposait catégoriquement à l’installation du résident français dans l’île. Pour imposer leur dictat, en décembre 1886, le capitaine de vaisseau Dorlodot des Essarts et Gerville Reache menaçaient « Mawana » de l’évincer au pouvoir et en mars 1887, la capitale Mutsamudu était assiégée par quatre navires de guerre français. Les fusiliers marins des navires Hussard et Vaudreuil avaient investi la Citadelle pour neutraliser les gardes du Sultan.
Ce dernier était contraint de signer le 26 mars 1887 avec Dorlodot des Essarts une convention additionnelle au traité du 21 avril 1885 imposant ainsi l’installation d’un résident Français qui avait la main mise dans les affaires du sultanat.
C’est dans cette optique que le 1er résident Français Théodore Troupel arriva à Anjouan en 1887. Rappelé un an plus tard, il fut remplacé par le Dr Louis Ormière. (Roland Barraux).
Rendu à un rôle d’apparat et ne pouvant plus défendre les intérêts de ses sujets face aux exactions du résidant Français, le sultan Saïd Mohamed Sidi signait une lettre d’abdication auprès du Gouverneur général Victor Augagneur, le 30 mars 1909.
C. L’archipel des Comores : colonie Française
Le 09 avril 1908, les quatre îles sont alors rattachées par décret gouvernemental à la colonie de Madagascar et dépendances. Et la loi du 25 juillet 1912 érige les îles d’Anjouan, de Mohéli et de la grande Comore en colonie française (rattaché à Madagascar dirigé par Victor Augagneur, nommé de 1905 à 1910) d’où l’expression « Madagascar et Dépendance ».
Selon J. L. Guébourg : « […] La loi d’annexion de 1912 a unifié le régime administratif des quatre iles, un sentiment national comorien peut-il alors naître ? Par ailleurs, le rattachement à Madagascar n’est-il pas déjà porteur d’un désintérêt, voire d’un oubli, de la part de la métropole ?………
En annexant les quatre iles, Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte, le 25.07.1912 à Madagascar et, en érigeant l’Archipel en Province périphérique de la Grande île, la France a mis, certes, fin à un Protectorat tumultueux, mais a suscité deux réactions psychologiques profondes aux répercussions insondables. D’une part, les Comores, dépendance exiguë et lointaine de Tananarive, vont tomber dans l’oubli le plus total et d’autre part, la Grande Comore perd jusqu’à son nom puisque la dénomination officielle de cette « poussière d’empire » est « Mayotte et Dépendance ». (Ibid. :55)
Rappel des principaux traits de la société comorienne
Chacune des îles comoriennes a su garder jalousement des traits culturels propres à leur communauté. Pour bien comprendre cette thématique (l’organisation sociale à Anjouan), on ne peut pas la traiter, sans parler des différentes organisations sociales des autres îles comoriennes.
L’organisation sociale de chacune des îles est étroitement liée à leur histoire. Les mœurs et coutumes diffèrent d’une île à l’autre. Toutefois, on enregistre certains points communs entre les îles.
Les Mœurs et Coutumes
Ngazidja (Grande Comore) qui est une société fondée par des immigrés, a reçu plusieurs vagues de migration, à travers des siècles et qui ont apporté chacune des spécificités culturelles. Il est possible, qu’on puisse, à partir des données historiques, anthropologiques, linguistiques et archéologiques, recueillies, étaler les apports de chaque culture.
Les traditions orales
La tradition orale nous apprend comment un bateau appartenant aux infidèles, avaient débarqué des esclaves à la Grande Comores, dans la région de Mbude. On leur avait donné des graines et ils les avaient semées. La tradition nous indique aussi comment ces gens se sont mariés entre-eux et non avec la population locale. Ils se sont dispersés ensuite dans l’île mais on ignore toujours leur région d’origine en Afrique. Ils seraient des esclaves amenés aux Comores par des austronésiens depuis le Mozambique et la Tanzanie comme témoignent leur langue et leurs différentes scarifications. Vers le IVe siècle de notre ère, les austronésiens se sont retiré pour s’installer définitivement à Madagascar. Tandis qu’à la Grande Comore, les bantus devenus majoritaires sont restés pour en devenir des groupes dominants. Ces bantous avaient imposé leurs systèmes de parentés.
Les systèmes de parenté
Les systèmes de parenté dans l’archipel des Comores diffèrent d’une île à une autre. En Grande Comore où la société avait opté la matrilinéarité, elle a adopté leur propre manière de différencier les lignages. Damir Ben Ali parlait du système matrilinéaire cohabitant avec le système patrilinéaire.
Patrilinéaire/matrilinéaire
A la Grande Comore, la société est matrilinéaire. On distingue ceux dont la société est Mdjawashe (matrilinéaire) au niveau de leur nom préfixé de « inya » (exemple : inya Fumbaya). Mais ceux de Mdjawume (patrilinéaire), leur nom est préfixé de « wa » (exemple : wa shondje) : « qu’il s’agissait d’une société patrilinéaire, exprimée dans une opposition entre deux systèmes nominatifs des clans : Mdjawume, patrilinéaire, dont les noms sont préfixés par wa-, et mdjawashe, matrilinéaire, dont les noms sont souvent préfixés par inya » (Walker 2004 : 3).
Moussa Said Ahmed », précise que : « […] restent encore de nos jours, les véritables noyaux de la société comorienne. Ils sont à la fois source de pouvoir et de dignité » (Moussa Said Ahmed 2012 : 23).
En parlant de hinya dans la tradition comorienne, comme vecteur social, Moussa Said donne non seulement la signification du terme en citant Sophie Blanchy, mais aussi, il montre que ce terme renforce l’originalité bantoue au sein de cette structure sociale.
Nous citons ses propos: « Le terme hinya, dérive du bantu yina qui signifie mère . Cela renforce en partie les origines bantoues de cette structure sociale. C’est sous ce terme que l’on désigne aux Comores, les familles descendantes du même ancêtre par les femmes. Les hinya ont été à l’origine même de la fondation des cités et ont su asseoir dans les mœurs une tradition hiérarchique à la fois dans la pratique du pouvoir et dans la carrière des honneurs » (Ibid.).
La tradition orale ainsi que les différents chroniqueurs de la fin du XIXe siècle évoque l’histoire d’une femme stérile, ne pouvant pas avoir d’enfants, doit consulter un mwalimu, un géomancien ou astrologue pour déterminer son sort. La majeure partie des cas, ce détenteur de pouvoir lui conseilla presque toujours de quitter son terroir, de marcher longuement, de ne pas regarder en arrière et de ne s’arrêter que lorsqu’elle entendra une voix l’interpeler ou encore le chant d’un coq. C’est là où elle doit s’installer et attendre qu’un homme vienne à sa rencontre et il l’épousera et mettra au monde des enfants. Dans cette perspective, Moussa Said nous donne des exemples : « Le cas de Wabedja, princesse d’Itsandra qui fut à l’origine du lignage royal Fwambaya, de la femme-djinn dite originaire de Bangwakuni (Mitsamihuli) elle aussi ancêtre prestigieux du lignage Bounabamba de Male (Mbadjini), haut lieu de l’astrologie en Grande Comore, reprenant cette croyance ». (Ibid. : 24)
Moussa Said attribue les fondations des villes, dans les Hadith ou Hadisi qu’il avait recueilli, à des femmes seules, tantôt à des femmes et des hommes dont leur départ est dû au fait qu’ils n’arrivent pas à avoir des progénitures dans leur village natal et ils doivent consulter alors un mwalimu, astrologue qui leur conseille de quitter leur contrée en amenant un coq et de ne s’arrêter que lorsqu’il chantera. Dans ce cas-là, ils (ou bien elle) s’installeront en attendant que le présage se réalise. C’est-à-dire obtenir un enfant, ndzaa.
L’exemple cité par l’auteur, cas de la ville de Hantsindzi (région de Mbwanku) est le plus significatif : « …Il y avait une femme de Fumbuni, qui cherchait vainement à avoir un enfant. Un mwalimu lui conseilla de partir de Fumbuni avec un coq rouge (nkudume lande) et de se diriger vers le Nord en longeant la côte. Là où le coq chantera, elle s’arrêtera et s’y installera, etc. »
Elle partit donc et arriva au lieu-dit Porodjuu près de la montagne de Kongoni. Fe Mahaya se rendait de Mde à la mer lorsqu’il l’aperçut. Il la salua et l’invita chez lui. Il l’épousa et eut d’elle beaucoup d’enfants dont il fit ses héritiers » (Moussa Said Ahmed 2000 : 117).
B.A. Damir, G. Boulinier, P. Ottino (1985) cité par Moussa Said, rapportent également sur ce même thème, l’histoire de Wabedja, originaire d’Itsandra et fille de Fe Fwambaya. Là encore c’est l’histoire d’une femme, qui, ne pouvant avoir d’enfants, « consulte un mwalimu, qui lui ordonne de s’en aller vers l’Est, de s’arrêter là où le coq chantera, d’y construire une habitation, le premier qui entrera dans la maison, épouse-le, tu auras des enfants ». (Ibid. :117-118)
Jean-Louis Guébourg montre qu’à chaque création d’une nouvelle demeure par des femmes et des hommes, ou en cas des accords avec le groupe, leur départ est toujours sous la direction d’un sorcier (mwalimu) en associant un coq. Le géomancien détermine la direction à suivre et la caravane s’arrête quand le coq chante, une fois ou trois fois : « L’essaimage intérieur ou côtier lors du départ d’un couple, d’un hinya, d’un groupe d’hommes et des femmes ou désaccord avec le groupe en place ou seulement par simple pression démographique, se fit toujours sous la direction de mwalimu. Celui-ci marchait avec un coq rouge dans une direction donnée par le baol, « tablette de géomancie » et s’arrêtait au premier ou troisième chant de l’animal.
Dans un monde végétal et minéral dominant, le choix du site était donc essentiellement en accord avec le milieu. Le coq associé au soleil, était assimilé en héros civilisateur. A Madagascar, le coq aurait apporté le riz sur la terre grâce à la complicité de l’épouse de Zanahary, « Dieu du jour et du soleil » (Jean-Louis Guébourg 1995 : 64 – 66 )
En conséquence, c’est la mère qui est le véritable détenteur du pouvoir, car elle est porteuse non seulement de la lignée mais aussi, taxée de femme-voyageuse, elle créait aussi les villes. Quant aux hommes, ils jouent un rôle secondaire, car même s’il devient sultan c’est par la filiation matrilinéaire :
« La mère est doublement à l’origine de la lignée puisque non seulement elle l’incarne, mais aussi elle crée les villes et les villages. Les hommes, qui ont d’abord le second rôle, règneront par la suite sur les sultanats soit au nom de leur mère soit au nom de leur sœur. Dans le cas de Wabedja, tous ses enfants devinrent sultans du Hamahame et d’Itsandra » (Ibid.)
On parle d’un autre élément caractéristique du thème de la mère-voyageuse en quête d’enfants et celui du chant de coq. Mis à part son aspect poétique, il exprime naturellement une valeur culturelle. Dans deux récits sur trois, le coq joue ce rôle important. Le mwalimu y fait toujours allusion :
« On a relevé à ce propos que dans les mentalités persanes, le chant du coq, d’après Henri Masse (1938), connait diverses interprétations. Il est tantôt considéré comme un mauvais présage, tantôt comme un signe de bon augure. Ainsi l’homme qui entend un coq chanter un lundi « recevra une bonne nouvelle ou concevra l’espoir d’être père ». (Ibid.)
Comparaison avec l’Asie du sud-est, l’Afrique de l’Est et la Perse :
Claude Allibert (1984) rappelle, pour sa part, qu’aux Célèbes « le coq associé au soleil est assimilé au héros civilisateur… ». Le chant de coq véhiculerait donc un message, en l’occurrence divin, et ce thème présent aux Comores est peut-être d’origine persane.
C. Allibert (1977) confirme cette bivalence entre la cop et la mythologie perse, montrant l’influence de la culture persane aux Comores en ces termes : « […] l’influence persane au niveau de la mythologie fut énorme aussi bien à la côte africaine qu’à la côte malgache.
Existerait-il des relations entre le coq, élément mythologique perse et le coq, signal de fécondité de la femme sans descendance que nous trouvons constamment dans la tradition orale comorienne ? Une chose est certaine : l’influence persane subsiste dans les manuels d’astrologie en usage aux Comores et dans les croyances populaires relatives à la création du monde ».
L’image du coq dans les mentalités comoriennes, relaté à travers les chroniques rédigées par nos historiens du XIXe siècle, en dehors des aspects superstitieux, est un marqueur de fécondité. Il suffit de voir ce qui se passe tout autour de nous, que ce sont les coqs qui chassent les poules pour les féconder afin qu’elle donne des œufs utilisés parmi les offrandes dans divers rituelles ; un marquer potentiel. Quelquefois, le coq est associé avec un autre animal comme par exemple le mouton (gondji/ gonzi ou bar bar) . C’est ce qu’on trouve dans le mythe d’installation à Anjouan. Les chroniques et les traditions orales parlent des Shiraziens qui, accompagnés par deux animaux, qui marchent devant le cortège ; le mouton, muni des talismans (hirizi) est considéré comme leur guide et un coq son compagnon. Ces deux animaux détermineront là où il faut construire le village : « là où le coq chante tu construiras un village et là où le mouton se couche, tu construiras une mosquée ».
A titre d’exemple, les différentes phases d’installation des villages par les nouveaux venus à Anjouan : « Les shiraziens quittent les lieux sous la conduite d’un divin qui porte un coq et conduit devant lui un mouton… Après Jamwandze, Shaweni, Bandramaji, ce fut le tour de Gombeni (à l’ouest de la ville de Domoni), Oumoini (à l’ouest à quelques km de Ngandzale), Hasharifu (à l’entrée nord de la ville de Domoni), Jomani (au nord-est de la ville de Domoni). Même technique : seul le mouton se couche… Une fois arrivée à la vallée de Domoni, le miracle se produit, le mouton se couche et le coq chanta. Ils avaient tué le mouton et commençaient les travaux : construction des palais et des mosquées… »
Cette pratique, n’est pas une spécificité des Comores, car Claude Allibert signale qu’aux Célèbes, le coq joue le rôle du héros civilisateur. Tandis que Masse (1938) avait noté que les chants de coq portent deux connotations dans la mythologie perse : bon signe ou mauvaise augure. A mon avis, le chant émis par le coq véhicule un message soit aux esprits soit divin. Et l’influence perse se trouve non seulement dans ce thématique et mais aussi à travers les manuels d’astrologie utilisés aux Comores par les mwalimu, géomancien/astrologue, décrit de long en large par Jean Claude Hébert dans son article publié en 1961, intitulé « Analyse structurale des géomancies comoriennes, malgache et africaine ».
Moussa Said nous laisse entendre que dans la société comorienne, le coq a un rôle à jouer : la fécondité. Toutefois, dans d’autres pays, le phénomène de « coq » s’observe aussi: « Au-delà des aspects superstitieux, le coq représenterait donc dans les mentalités comoriennes un signal fort de fécondité. Ces croyances ne sont pas spécifiques aux Comores. Claude Allibert (1984) a relevé qu’aux Célèbes « le coq associé au soleil est assimilé au héro civilisateur ». Pour sa part, Henri Masse (1938) a noté que dans les mentalités persanes, le chant du coq est tantôt considéré comme un signe de mauvais présage tantôt comme un signe de bon augure » (Moussa Said 2012 : 24)
Moussa Said précise qu’une fois installé, la femme va se marier et elle restera la gestionnaire des foyers ancestraux, quant aux hommes, ils détiennent le pouvoir d’attribuer leur nom aux différents lignages : « Une fois installées dans le nouveau site, les femmes voient arriver des hommes avec lesquelles elles vont tisser des alliances par des mariages. Les femmes restent propriétaires des foyers ancestraux et les hommes donnent leur nom aux lignages fondateurs ou nouvellement arrivés dans la cité : Bounabamba Moilimou, Hatouibou Ibrahim, Pirousa alias Fwambaya sont devenus respectivement les ancêtres éponymes des lignages Bounabamba à Male, Mahatouibou à Moroni, Pirousa et Fwambaya dans les régions du Bambao, du Hambu, du Mitsamihuli, de l’Itsandra, du Hamahame, du Washili et du Dimani. Dans ce même ordre d’idées, les hommes vont, en se référant toujours à leurs lignages, gérer les espaces publics et quant aux femmes, les foyers ancestraux. Sophie Blanchy (2010) faisant allusion à ces frontières sociales traditionnelles, parle de cités des hommes et des maisons de femmes » (Ibid.).
Sophie Blanchy , en parlant de la matrilinéarité en question, montre que la société matrilinéaire n’est pas une spécificité comorienne, on en trouve également en Amérique, en Asie et en Océanie : « Les premiers travaux importants sur la matrilinéarité datent des années 1950. Dans un ouvrage collectif qui fit date, Schneider (1961) s’efforçait d’établir une définition de la matrilinéarité en dégageant les traits qui distinguent les groupes matrilinéaires des patrilinéaires, avec cette difficulté que le pouvoir est toujours exercé par des hommes. La répartition sur le globe des sociétés identifiées comme matrilinéaires par le World Ethnographic Sample (Murdock 1957) faisait apparaitre des concentrations comme la « ceinture matrilinéaire » en Afrique subsaharienne (Aberle 1961 : 655) ; on sait néanmoins que de telles sociétés existent également dans les deux Amériques, en Asie et en Océanie (Mathieu 2007)… Holden et Mace (2003) ont mesuré, dans les cultures de langue bantoue, la corrélation entre changement des règles de filiation et élevage de bétail, et il conclue que l’acquisition de bétail par des sociétés bantoues matrilinéaires a favorisé l’adoption d’une filiation patrilinéaire ou mixte. Aux Comores, l’écologie et l’économie montrent la coexistence de l’horticulture, de la pêche, et autrefois de la cueillette, avec l’élevage de bovins. Celui-ci, introduit vers le XVe siècle, semble cependant avoir joué un rôle déterminant dans la constitution des hiérarchies, mais sans provoquer l’abandon de la règle de filiation matrilinéaire » (Blanchy S. 2010 : 14-15).
Blanchy ajoute dans ses raisonnements que « Le principe de filiation matrilinéaire (transmission des biens et des statuts par les femmes), en vigueur dans plusieurs sociétés bantoues, est au fondement de l’organisation sociale à Ngazidja » (Ibid.)
Walker, quant à lui, confirme que la société Grand comorienne est effectivement matrilinéaire car tout repose sur la femme stérile, créatrice des villes et en quête de progéniture. La société patrilinéaire (Mdjawume) avait adopté ce système, sachant qu’il est facile de trouver une nouvelle épouse au départ de l’autre : « […] l’évidence indique que la première société de Ngazidja était effectivement matrilinéaire, car la tradition orale parle de l’établissement des villages par des femmes stériles (et souvent filles uniques) qui ne retrouveront la fertilité qu’en se déplaçant afin de fonder un nouveau village. Un tel dilemme ne serait guère un souci pour une société patrilinéaire, qui trouverait tout simplement d’autres femmes » (Walker 2004 : 3).
Cependant, Guy Fontaine montre la force des premiers arrivants, de culture matrilocale, d’avoir pu, malgré l’arrivée massive des autres migrants, imposer leurs lois et leur culture : « A partir du IX è s, la présence musulmane forte active dans l’Océan Indien, est à mettre en relation avec l’activité commerciale et la conquête arabes pendant les règnes de premiers califes. Mayotte et les autres Comores voient aussi arriver des migrants sud-arabiques, des persans, des populations proto-malgaches d’origine malayo-polynésienne à caractère matrilinéaire et précédant des populations arabo-perso-bantoues venues de la côte nord-est de l’Afrique. Cet univers matrilinéaire et matrilocal est important, car il imposera au monde shirazi qui va lui succéder ses lois et ses données culturelles. (Fontaine G. 1998 : 13-14-15)
D’après Walker I., ceux qui sont venus (esclaves ou non), avaient mis en place leur système ancestral d’origine : la matrilinéarité, un statut dont leur fondement fut le mji (la ville). Le système de l’héritage familiale « le Manyahuli » et l’importance du bétail datent de cette époque charnière: « […] Les premiers habitants de l’île donc, bien qu’esclaves, étaient tirés des cultures suffisamment similaires pour leur permettre de construire une société proche de celle de leurs origines. Matrilinéaire, uxorilocale , cette société basée sur le mdji, (une communauté lignagère politiquement autonome) a été très bien décrit par Damir Ben Ali (1989 : 18) . Certains traits culturels que l’on retrouve encore aujourd’hui, tels que l’importance du bétail ou l’institution de Manyahuli, datent de cette époque formatrice de la culture de Ngazidja. Au fil de temps, les lignées se divisaient, mais les villages gardaient une cohésion sociale à travers le mdji, qui regroupait socialement autant que physiquement tous les membres du village. Les habitants ont également vu un changement dans leur statut : surtout, ils n’étaient plus esclaves (s’ils l’ont vraiment été), et ils sont devenus responsables politiquement : le chef du lignée, le fe, s’est vu appelé à faire partie des maferembwe , dirigé par un mfaume (roi), bien que l’exercice de pouvoir n’était ni formalisé ni centralisé… » (Walker I. Ya Mkobe 2000 : 22)
Sophie Blanchy indique que la culture Grand Comorienne s’imbrique avec la pratique de l’islam. La complexité de ce système sociale rime avec le droit islamique sur certains points dont le mariage « […] à Ngazidja, la matrilinéarité s’entremêle avec un système d’âge masculin et l’ensemble s’harmonise avec la pratique de l’islam. Chaque localité est organisée en cité politique : un système d’âge et de génération masculin produit une assemblée dirigeante . Chaque cité est un ensemble de matrilignage composés de maisons, qui sont à la fois des groupes domestiques, parentaux et patrimoniaux (il s’agit ici de « matrimoines »). La règle matrilinéaire de transmission des statuts et des biens et la résidence matri-uxorilocale (chez la mère, chez l’épouse) produisent un régime harmonique assez rare aujourd’hui dans le monde . Le droit islamique complète le droit coutumier dans certains domaines comme le mariage.
L’assemblée masculine est constituée des Hommes accomplis. Est dit accompli, ou Père, celui qui est marié en Grand mariage avec une femme de la même cité ; auparavant, l’homme fait partie des Fils de la cité. Les femmes mariées en Grand mariage succèdent à leur mère à la tête de leur maison matrilinéaire, et acquièrent le statut de mères de àda quand elles marient leur fille. Le Grand mariage consiste en une distribution de biens qui prend place dans un cycle d’échanges entre les lignages et les groupements de la cité, sortes de paiements appelés àda qui donnent accès aux statuts et au titres.
Tout le monde n’a pas les mêmes atouts pour devenir une personne accomplie à Ngazidja. Chacun est placé par sa naissance au sein de diverses hiérarchies. Par sa mère, on appartient à une des trois divisions sociales. Entre lesquelles les Grands mariages sont impossibles. Chaque matrilignage a un rang dans sa cité, selon sa précédence et sa réputation acquise dans les distributions de àda. Chaque maison se perpétue par le Grand mariage des ainés, fille et garçon. Les ainés représentent leur maison et tous leurs cadets. Les cadets travaillent pour eux et vivent dans leur ombre, ou bien partent tenter leur chance ailleurs, surtout les hommes. La relation frère-sœur, centrale, assure le lien entre des univers apparemment distincts : assemblée politique et maisons, réseaux masculins et féminins, public et privé » (Blanchy S. 2012 : 9-10)
Les traditions orales nous apprennent également que les premiers migrants sont peut-être originaire de la tribu « wanyinka / Nyinka » (en swahili veut dire : gens de la savane) ou Mrima. Mais l’identité de cette tribu n’est pas sûre et la tradition est imprécise quant à leurs origines. Toutefois, elle avance le nom d’un certain Mdjonga, chef du pays shambara, débarqua à la Grande Comore. Etant malade, Mdjonga avait besoin de sang humain pour guérir, disait le mwalimu (l’astrologue). Il sollicita l’aide de sa femme qui prit la fuite en amenant ses enfants pour ne pas être sacrifiés. Alors Mdjonga ou Mdjongwe fait appel à sa sœur qui n’hésita pas à répondre positivement à la doléance de son frère. Le sorcier doit choisir entre elle ou les enfants. Le malade fait venir le sorcier qui prit l’enfant et selon le rituel, lui fit une coupure au visage trois fois de suite et recueillit le sang. Etant guéri, de sa maladie, Mdjongwe jurait que tous ses biens appartenaient à sa sœur et ses enfants.
Etant patrilinéaire, Mdjongwe était obligé de contacter sa sœur suivant les mœurs du pays en adoptant la matrilinéarité. Cette blessure au visage montrait que l’enfant avait été coupé trois fois. Cette technique montre qu’il s’agit d’une scarification rituelle couramment réalisée dans la société de Mdjongwe qui l’a ramenée à Ngazidja . Il s’agit d’une initiation rituelle qui marquait l’entrée d’un enfant dans une classe d’âge « Hirimu ».
Sophie Blanchy mentionne d’autre nom de Jongwe, mais cette fois ci en Afrique, sur un îlot appelé Mtumbatru, situé au nord de Zanzibar. Un manuscrit daté de 600H/1204 relate la péripétie d’un sultan qui a créé la ville de Makutani et Chongo qui est venu s’installer à son tour au sud de l’îlot. Le manuscrit parle aussi de la résistance des pêcheurs Watumbatu qui sont aussi de structure matrilinéaire, même s’il n’y a pas des documents qui en parle beaucoup, mais le terme qu’ils utilisent « Tumbo » (ventre), signalé aussi par Le Guennec-Coppens (voir son tableau comparatif des filiations) pour désigner un groupe de parenté cognatique constitue vraisemblablement un indice assez conséquente. Ce mot « Tumbo » existe aussi à Anjouan « Trimbo » qui montre aussi le ventre sans exception. Il y a aussi les termes désignant une ville (Tumbatu) et une population (Watumbatu), que mon informateur Abdouroihmane Ben Abdallah Hazi en parle dans ses récits concernant la population d’Anjouan: « Il y avait aussi Ba Lahi Mtrumba et les Ba Hali Mtrumba. C’était des Chiraziens venant de Chiraz qui avaient transité dans une ville d’Afrique appelée Mtrumbatru. En arrivant à Domoni, ils étaient descendus ici à Baswara avec les Sharif pour s’installer ici » (Annexe E, T. II).
Blanchy parle d’un village Tumbatu que le traditionniste Abdouroihmane Ben Abdallah Hazi en parle dans ses récits concernant la population d’Anjouan : « Un nommé Jongwe apparait également dans les traditions plus anciennes de Tumbatu, îlot situé au nord de Zanzibar (Gray 1962). Un manuscrit daté de 600H/1204 rapporte qu’au moment où un sultan s’installait au nord de l’îlot et créait la ville de Makutani, un Africain nommé Chongo arrivait dans le sud et s’établissait à Chongwe ou Jongwe. Le sultan tenta en vain de l’éliminer. Puis des Arabes attaquant par le nord, le sultan s’enfuit vers Kilwa tandis que la population du sud résistait : ce sont les Watumbatu actuels, des pêcheurs…On a peu d’information sur la présence de principes matrilinéaires chez les anciens Watumbatu, mais l’emploi du mot tumbo (ventre) pour le groupe de parenté cognatique, ou pour la parenté utérine entre deux hommes (Prins 1961 : 81), constitue un indice convaincant (Holden &Mace 2003) » (Sophie Blanchy 2011 : 215-216).
La chronologie sur les différentes phases de peuplement des Comores avancées par les chercheurs, ne suit pas les mêmes périodes (Beja et Fani) au niveau des îles. A la Grande Comore, par exemple, on débute par le Fe ou Fey (Fani).
LES VESTIMENTAIRES
Les manuscrits anciens et les traditions orales nous ont fourni certaines informations sur l’habillement traditionnel et le vêtement. Selon ces données, le vêtement serait inconnu aux Comores avant l’introduction de l’islam, soit entre le VIIe et le IXe siècle.
Les anciens anjouanais, comme avait dit Said Ahmed Zaki (1927), savaient fabriquer des vêtements d’écorces battues : « […] A Anjouan…la population était fétichiste ou sans aucune foi religieuse…Hommes et femmes se vêtaient de morceaux de peaux ou certaines feuilles et écorces d’arbres qu’ils attachaient avec une corde en face juste pour masquer les parties sexuelles » C. Allibert (2000 : 16).
Une tradition de tissage a pourtant existé selon les mêmes sources. Il s’agit d’habits grossièrement confectionnés à partir de fibres végétale (mauni, ndaya) et du bananier. Selon Beaujard (2011 : 375) : « le bananier Musa textilis Née, originaire des Philippines, était par ailleurs présent sur les hautes terres de Madagascar…Ce bananier, dont le fruit, « bourré de graines » est immangeable, avait été cultivé en Imerina pour la production d’une fibre appréciée. Selon Mayeur, qui écrit en 1785 (1913 : part. 1, 160), « dans l’Imerina, du temps d’Andriamasina-valona, au commencement du XVIIIe siècle, un lamba [tissu] de fil de bananier était un présent que le roi faisait dans des grandes occasions et dont les nobles seuls pouvaient le vêtir ».
Plusieurs témoignages révèlent que ce sont les Austronésiens qui sont porteurs des différentes plantes inconnues vers l’océan Indien : « Il est à noter qu’un bananier sauvage du type Musa acuminata dont les fruits portent des graines a été trouvé sur l’île est-Africain de Pemba. Il a dû être apporté dans cette île par des Austronésiens, à une époque non déterminée. Un bananier à graines a également été signalé sur la côte nord-est de Madagascar, à l’embouchure de la rivière Lokoho. » Beaujard Ph. 2011 : 374)
Aux Comores et en particulier à Anjouan, ce type de bananier existait. A Nyumakele, on faisait de pagne avec des fils de bananier issus des filaments de la tige sèche « maloga ». Actuellement la population les utilise pour clôturer leur cour. Selon Etienne De Flacourt (1995 : 196), cette technique de tissage à fils de bananier existe aussi à Madagascar : « […] Aux Eringdranou, ils font des pagnes de fils de bananier qui sont les filaments de la tige. Ces pagnes sont assez beaux et semble être de la soie ». A Anjouan ce sont uniquement les wafalume (les Fani ou Mafani au XIIIe) qui portaient ces tissus à fils de bananier et de coton. Pour filer, les artisans utilisaient des fusaïoles appelés par les esclaves « Makeke ».
Les Austronésiens avaient amené aussi dans leur périple des graines de coton aux Comores via côte indienne. Gujarat est devenu l’un des plus importants centres de production de cotonnades à travers son port commercial de Cambaya : « On y produit une très grande quantité de coton, de sorte que tous les ans on charge quarante ou cinquante navires de tissus de coton et de soie, qui sont exportés dans divers pays » M. Charpentier (2009 : 42-43).
Les Fusaïoles en poterie sont utilisés par les artisans pour tisser les vêtements en fibre de banane et après on utilisait le coton à la place es fibres de bananes pour les wafalume (le roi) (époque des Fani ou Mafani). Certains de ces fusaïoles sont fabriqués à partir des ossements
Les esclaves les portaient comme une parure autour de leur cou et au poignet, mélangés avec des différentes perles
La couleur royale des chefferies était le rouge, influence asiatique ou trait de royauté asiatique. Les wafalume s’abritent sous un parasol rouge « bindera ». De même que le roi mérina s’abrite sous un parasol rouge, symbole solaire. Le rouge est lié à la royauté.
A l’arrivée de Hassan (1399-1400) à Sima en provenance de Kilwa, il a amené avec lui le symbole de la royauté (sultanat) : le pavillon rouge avec lisière blanche, la main et l’étoile blanche au milieu, le palanquin, Shiri sha mfalume, servant de trône, le Ntsia, une grande dent creuse d’éléphant (placée sous les pieds du sultan le jour de son intronisation) et le grand parasol rouge : tous objets emblématiques du sultanat. C’est encore lui qui avait amené le « Mimbar » chaire prédicateur où il se tint le jour de vendredi à la grande mosquée pour exhorter les fidèles ainsi que le jour de fête. . (Note 67 : p. 19)
John Pike (2000 : 207) « Ici, je décris les vêtements d’un homme et d’une femme dans leurs plus beaux atours. L’homme avec son turban : turia, son écharpe ou « surtout », sur les épaules, son poignard maintenu par sa large ceinture. La femme avec sa décoration de tête, des perles autour du cou, de la poitrine, des bras et ses bracelets aux poignets avec une étiquette ou chaka sur le bras gauche comme ils les portent à Johannah »
Croquis 1 : Photo 1
Croquis 1 : Témoignage de John Pike au passage du navire Interlope Rochester du 11 au 18 juin 1704 à Anjouan. La femme porte la voile sur son épaule, cheveux tressés en natte
Source : SAUVAGET A. 2000, Passage du navire « Interlope Rochester » à Anjouan [11 au 18 juin 1704] Description par John Pike, in Anjouan dans l’Histoire, Etudes Océan Indien, N°29, p. 207
Photo 1 : Sultanat d’Anjouan : un vieux ménage Makoua (esclaves ou descendant d’esclaves).La femme ne porte pas des cheveux. Les femmes esclaves avaient leur tête rasée. Elle portait un long boubou à manche longue et un pagne autour de la hanche, attaché avec une corde blanche
Source : www.comores-online.com
J.L. Guébourg (1994 : 25) stipule que : « […] Au plan spacial, il est interressant de constater que le cadre d’une division maximale, Ngazidja pouvait compter douze sultanats : Mitsamihuli, Mbwankuu, Hamahame, Washili, Dimani, Domba, Mbadjini, Hambu, Bambao, Itsandra, Hamanvu et Mbude qui correspondraient au douze cantons. Mais pour les plus petits, les moins riches, les guerres tribales siscitèrent de multiples regroupements. Ainsi Hamanvu, capitale Hahaya, passa bien souvent dans la mouvance de l’Itsandra, le Domba fut très vite annexé par le Mbadjini, le Mbwankuu grossit à tour de rôle le sultanat de Mitsamihuli ou le Hamahame ».
« […] Le nombre de sultanats qui se partageaient le territoire de Ngazidja varia depuis leur établissement au XVIè siècle. Il évolua entre douze unités territoriales et neuf unitéss (Lelieur de Ville sur Arce, 1819), puis sept (d’où l’expression : « je jure sur les sept sultanats » de la Grande Comore), voire cinq, existance reconnue en 1886 par le commandant Général Réache, lors du traité de Protectorat. Trois sultanats jouèrent un rôle politique moteur, Itsandra, Bambao et Mbadjini, reléguant les autres unités territoriales aux rôles de comparse inféodées, entrant successivement dans la mouvence des puissants. Remarquons que le sultanat de Mbadjini, pourtant l’espace le plus peuplé et le plus puissant de l’île, n’accéda jamais à la charge suprême de sultan Ntibe mais, en revanche, il ne reconnut jamais, la suzéraineté du Ntibe ». (J.L. Guébourg, 1994 :40)
VI. LES CENTRES HISTORIQUES DE L’ARCHIPEL DES COMORES
Une étude de terrain a été planifié pour renforcer le dossier d’inscription des Sultanats Historiques des Comores au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ainsi l’équipe doit faire une « analyse/inventaire des autres médinas et villages historiques de l’archipel des Comores pour confirmer/expliquer le choix des six médinas »
« Cette analyse devra inclure:
-Un plan de localisation des centres urbains historiques (notamment sur la Grande Comore) ;
-Une brève présentation des données historiques connues concernant ces centres urbains (date de fondation, période de développement, importance historique, sultans/chefs locaux et leurs relations avec l’autorité centrale, lorsque celle-ci a existé) ;
-Une présentation succincte de ses éléments bâtis principaux (palais, mosquées, zawiyas, murailles, forteresse, cimetière monumental, etc.) avec des indications de datation, et une présentation de leur état de conservation actuel.
LES AUTRES VILLES HISTORIQUES NON RETENUES
A. Grande Comore
Architectures Ntsaweni Mitsamiouli Bangwa Kuni Fumbuni Male
Palais 2 2 1 4 1
Mosquées 3 2 1 10 1
Places publiques 2 1 2 3 1
Tombeaux / Mausolées 7 1 4 1 1
Zawiya 1 1 1 2 0
Cimetière 2 1 1 2 1
Remparts 1 1 1 3 0
Fortification 0 0 0 0 0
Réseau routier de Ngazidja où les villes historiques non retenues sont mentionnées et localisées notamment Ntsaweni, Mitsamihuli, Bangwa Kuni, Male, Fumbuni
Source : tiré de l’ouvrage de J.L. Guébourg, 1995, Espace et pouvoir en Grande Comore, l’Harmattan, fig ; 116, p.407
Carte de découpage des futurs sultanats
Source : tiré de l’ouvrage de Damir Ben Ali et al, 1985, Traditions d’une lignée royale des Comores, Paris, l’Harmattan, p. 17
INTRODUCTION
Un réseau urbain ancien
« Ngazidja, depuis le Xe siècle, a accueilli une civilisation arabo-islamique fondée sur le commerce. Une transposition urbaine s’est accomplie pour quelque unités portuaire privilégiées de l’Archipel. Le paysage urbain de la Médina est né à cette époque, donc le fait urbain est ancien, nettement précolonial. Il se renforce par les murailles dressées à la hâte à la fin du XVIIIe siècle pour résister aux invasions malgaches qui limitent les villes dans l’espace. Gevrey, lors de sa première visite au sultan Ahmed à Moroni, en 1844, bien que la cité n’ait que deux mille âmes, la décrit déjà comme une véritable ville :
« On pénètre dans la ville par des portes carrées et étroites qui ne peuvent donner passage qu’à des piétons, »
L’habitant de Ngazidja sait bien faire la différence entre le village, territoire social, le mdji mtiti et la ville la ville qu’il dénomme, suivant son importance, mdji itreya (« bourg ») ou mdji wayezi (« centre sultanique) ou encore mdji nhuu, (« capitale régionale ») …..
Pour le comorien, la ville c’est son quartier, (son mdji) avec bangwe et mosquée. De ce fait, il y a hiérarchie des quartiers dans la ville. Ainsi Badjanani (cœur de la Médina) à Moroni n’est pas comparable à Zilimadju, un quartier périphérique….
Les échanges commerciaux à partir du XVIe siècle ont établi un premier réseau urbain et l’accroissement rapide de la population, depuis la colonisation, a étoffé l’ensemble des mdjini les plus importants ». (J.L. Guébourg 1995 : 479-480).
« L’héritage architectural des Comores est essentiellement lié au développement des sultanats, lesquels se sont succédé sur les îles de Ndzouani et de Ngazidja à partir du XIIIe siècle. La forme d’organisation urbaine, stratifiée en quartiers hiérarchisés et dépendant de domaines ruraux assurant leur subsistance relève du modèle issu des cités Etats d’origine arabe. A l’intérieur de la cité se trouvent de nombreux palais, demeures princières et habitations en pierre de basalte, dont les façades austères et dépouillés rappellent les grandes maisons de Lamu (Kenya) et de Zanzibar (Tanzanie) ». A l’arrivée des colons français et anglais, nous assistons à une transformation du paysage urbain et en apportant de nouvelles formes d’architecture fort bien intégré notamment le palais du sultan Abdallah III Mawana à Bambao.
SITE DE NTSAWENI
ACIENNE CAPITALE DU SULTANAT DE MBUDE
Source : OIP
Contacts :
Nom et prénom Téléphone E-mail
Fundi Aladine (enseignant d’histoire au lycée de Ntsaweni) 345 30 83
465 85 27
Damir Ben Idrisse (Master I en Droit) défenseur du patrimoine 394 57 59
457 16 06 Benidrisse94@gmail.com
Abdoulanziz Ali Mbae (Protecteur du patrimoine) 334 34 33
344 34 33 zizMbaeAbdoulanziz@gmail.com
Kamal Said Mdjassiri (traditionaliste) 44 ans (Master en Arabe) 334 38 97
430 38 97 Kamal4303897@gmail.com
Said Ali Hachim (Traditionniste) 60 ans 338 98 95
438 98 95
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : De gauche à droite (Damir Ben Idrisse, Abdoulanziz Ali Mbae et FuFundi Aladine/Prof d’histoire au lycée de Ntsaweni)
Photo 2 : Les traditionnalistes : Kamal Said Mdjassiri/ Master en Arabe (de dos en boubou blanc et bonnet local) et Said Ali Hachim (à gauche)
Localisation /Coordonné géographique 11° 27’ 57’’ S et 13° 15’ 46’’ E
Démographie 6.500 habitants (2010)
Histoire Ancienne capitale du sultanat de Mbude
[…] dans le sultanat du Mbude, Fumbavu impose Kaleheza (G8), prince Inya Fwambaya, alors que ce sultanat dépendait jusque-là de l’Inya Matwa Uziwa, mais peut être considéré comme tombé en déshérence pour les mêmes raisons que le Mbadjini
Nom et Prénom de propriétaire Titre de documents Date de remise Date de réalisation
Fundi Ali Hassane Plan du rempart de la Ville de Fumbuni Le 26 avril 2024 2008
Saïd Ali Hachime Ancienne route vers Mitsamiouli Le 17 avril 2024 Sans date
Plan d’emplacement de l’ancien palais de Ntsaweni Le 17 avril 20024 Sans date
Photo du portique de la place publique à Ntsaweni
Le 17 avril 2024 Sans date
Ville située sur la côte Nord-Ouest, très découpée et une partie sablonneuse, Ntsaweni peuplée en majeur partie par des bantous était l’ancienne capitale de Mbude. Créé aux environ de VIIe siècle selon les traditionnistes et vers le IXe siècle a eu lieu l’arrivée des Arabo-musulmans.
Mosquée
Bastion de l’islam aux Comores, Mtswa Mwindza, de son vrai nom Mhasi Fes Sima, fils du chef de Mbatsa (Bedja d’Itsandra) est l’un des rois qui avait régné sur la ville. Mtswa Mwindza avait entrepris au VIIe siècle, selon les traditionnistes un voyage à la Mecque. Pour les historiens, ce périple en Arabie a été réalisé au XVe siècle accompagné de Fe Bedja Mambwe. Il se rend à Médine où il se convertie à l’Islam. De retour à Ntsaweni, Il a été accompagné de Mohamed Ben Othman, fils de Othman Ben Affane, troisième Calife de l’Islam dont c’était le neuvième enfant. Dès son retour dans sa ville natale, Il enseigna les règles de la nouvelle religion à la population du pays.
Photo 1 Photo 2
L’art de pierre sculptée : le Mihrab en corail sculpté de la mosquée de Ntsaweni à la Grande Comore.
Source : photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 17 avril 2024
Source : Photo 2 -CNDRS Moroni par le responsable des archives iconographiques Ahmed Mze Bacar 2015
Coordonné : 11° 28’ 9’ S et 43° 16’ 21’’E
La mosquée de Djumbe Fumu dont la partie extérieure a été restauré et transformer en véranda, a un mihrab en corail sculpté du XVe siècle au motif cordés caractéristiques des XIIIe-XIVe siècle. Ce mihrab, qui a une ressemblance très frappante avec celui de la mosquée chirazienne de Domoni, présente en leur encadrement des moulures, un style très développé au XIVe, XVe siècle. Malheureusement, lors de notre visite, nous avons remarqué que le mihrab a été peint en rose soutenu. Les poutres et les solives soutenant la toiture terrasse sont en très bon état
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : véranda de la mosquée Djumbe Fumu, restauré. L’intérieur est en très bon état
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 17 avril 2024
Photo 4 : Une partie du mur en corail sculpté et en colonnes polygones torsadées appartiennent à la mosquée Djumbe Fumu décorée au XIVe siècle à Ntsaweni Grande Comore.
Source : Photo 4 -CNDRS Moroni par le responsable des archives iconographiques Ahmed Mze Bacar 2015
Structure, matériaux et techniques :
« […] homogénéité technique de cette structure nous a permis de passer outre le raisonnement stratigraphique pour se concentrer sur l’analyse formelle. Le mihrab s’élève sur un peu plus de 2,30 m, pour une niche s’ouvrant à 1,80 m. L’ouverture de la niche est couverte d’un arc en accolade construite en blocs de corail taillés, s’appuyant les uns sur les autres sur une rainure ouverte jusqu’à 2 m environ, sans clé d’arc. Ce mode constructif est commun sur toute la côte swahilie dans la construction d’arcs de mihrabs ou de portes (Pradines 2003). Cet arc déploie deux archivoltes décoratives laissées lisses, surmontées d’un chambranle décoré en bas-relief géométrique et lui-même délimité par deux cordes sculptées en relief. Deux registres sont clairement délimités sur l’élévation autour de l’abside du mihrab par deux logettes à livres rectangulaires, à environ 1 m de hauteur
Le registre supérieur, délimité par des motifs cordés en relief, se compose de plaquettes sculptées de quadrilobes en bas-relief d’environ 10 cm de côté ; il est surmonté par un cadre de corail délimitant un ocelle. Le registre inférieur est couvert de plaquettes quadrangulaires en bas-relief, d’environ 7 cm de côté, présentant des motifs d’entrelacs. La niche du mihrab, voûtée en cul-de-four, présente également un décor sculpté sur sa partie inférieure correspondant au registre inférieur de l’élévation. Le couvrement de la niche ne présente, lui, pas de décor mais il est recouvert d’un simple enduit. Les marques du coffrage en matière végétale utilisé pour sa construction apparaissent aux endroits où l’enduit est écaillé : les marques géométriques pourraient correspondre à une natte en matière végétale tressée, semblable au mtseve de cocotier encore en usage aujourd’hui ; il est possible qu’elles aient eu une valeur décorative. Ce mode constructif correspondrait à une construction de la voûte effectuée par l’extérieur, au nord de la qibla. Le mihrab est entièrement construit en corail blanc taillé et sculpté, sans utilisation d’autres matériaux que la chaux de corail employée pour l’enduit du couvrement de la niche. Aucun liant n’est observable entre les blocs de corail, très étroitement ajustés les uns aux autres ; toutefois, il est plus que probable que du mortier de chaux à base de sable marin et de corail ait été employé pour assurer la liaison des blocs entre eux.
Le mihrab possédait à l’origine un registre supplémentaire ; une photographie d’André Cormillot, datée de la première moitié du XXe siècle, montre qu’il présentait originellement un tympan ajouré de trois ouvertures surmontant deux arcs en plein cintre jumelés (Vérin 1994a). Cette disposition est semblable à celle de la Mkiri wa shirazi de Domoni, datée du XIVè-XVè siècle .
Mausolée :
Photo extérieur et intérieur du mausolée
Source : Dr Bourhane Abderemane –photo prise le 11 avril 2024
Le mausolée où les deux tombeaux y sont abrités, celui de Mtswa Mwindza et aussi celui de Mohamed Ben Othman (certains parlent de Mohamed Ben Issa), musulman sunnite venu de Kilwa à la fin de XIVe siècle, a été construit récemment. Le bâti est en parfaite état, mais nécessite un badigeon.
Palais :
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Palais et place Daradju
Photo 2 : la cave du palais avec ses solives en bois en très bon état et deux jarres.
Coordonné : 11° 28’ 10’’ S et 43° 16’ 2144 E
Le palais de Daradju a été construit par Mtswa Mwindza Fe SmaÏ, compagnon de Fe Bedja Mambi, chef de Bandramadji dans le Domba vraisemblablement fin XIIIe-début XIVe siècle selon la tradition orale. Ce palais de deux niveaux est bien conservé.
Rempart :
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 1 : Tour de guet « Bunarithi » Une partie de la muraille a été démolie pour faire passer une route qui relie la route nationale (vers Mitsamihuli et Moroni).
Coordonnée : 11° 28’ 8’’ S et 43° 16’ 35’’E
Photo 2 : Tour de guet carré front de mer face à la mer et Photo 3 : le même tour de guet front de mer vue de l’intérieur
Photo 4 : Portail au niveau du tour de guet front de mer permettant de passer de l’intérieur vers la mer.
Plan de Ntsaweni et de sa fortification
Source : tiré de l’ouvrage de Wright et Vérin, 1980, les anciennes fortifications de l’ile de Ngazidja (Grande Comore) ASEMI, X I, 1-4 p.4
Le rempart en front de mer reste intact avec ses tours de guet. Selon Vérin er Wright : « Les surfaces entourées par la muraille varient ». Ntsaweni a une superficie de 7,24 ha. Comme les autres fortifications, celle de Ntsaweni a aussi souffert. Une partie a été détruite pour faire passer une route reliant la route nationale et le Itrea des pêcheurs au bord de la mer.
« La zone urbaine est quadrillée par un système assez régulier des rues et est entourée d’une ceinture rectangulaire… » (Ibid. : 4-5)
Place publique : Bangwe
Ces deux photos montrent la place publique à l’entrée principale de la ville : Bangwe Daradju
Coordonnée géographique : 11° 28’ 10’ S et 43° 16’ 21’’ E
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 17 avril 2024
La première mosquée construite à côté de la place publique nécessite une restauration en urgence pour éviter une dégradation totale à cause des intempéries. La charpente portant les tôles ne tient plus et en cas de vent violant la toiture s’envolera.
Le portique est intact aucune fissure n’est signalée. Il suffit de le poncer et le badigeonner pour avoir son état d’antan. Malheureusement les anciens bancs en ciment qui étaient intact ont été tous carrelé.
Les tombeaux / Cimetière
Les deux photos montrent des tombeaux à stèles avec des céramiques incrustées. Il semble qu’il s’agit du céramique chinoise unique « bleu et blanc » et l’autre stèle en possède trois autres bols inconnus.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 17 avril 2024
Coordonné géographique : 11° 28’ 25’’ S et 43° 16’ 21’’ E
La vallée des tombeaux des sultans (à Mutsamudu), les cimetières chiraziens de Domoni, et ceux de la Grande Comore (Ntsudjini, Ntsaweni, Bwanga Kuni, Kwambani, etc.), mais aussi à Fomboni (Mohéli) et à Tsingoni (Mayotte) sont souvent désignés par les comoriens comme étant des tombeaux shiraziens en référence aux anciens sultans qui avaient régné dans l’archipel.
« […] les travaux réalisés en Afrique orientale et à Mayotte sur des édifices similaires ainsi que le mobilier céramique associé et le contexte historique fournissent des indices de datation, à utiliser toutefois « avec des pincettes » comme toute typologie. En ce qui concerne les monuments visités, une fourchette large entre le XVe et le début du XIXe siècle peut néanmoins être avancée. Différents modèles monumentaux ont été distingués à l’observation, dont certains montrent des parallèles avec d’autres régions, tandis que d’autres semblent spécifiques à la Grande Comore, ou tout du moins à l’archipel des Comores. Il est à noter que tout comme la plupart des villes de pierre (mji) de l’île, la plupart des cimetières anciens se situent à proximité immédiate du littoral » (Ibid. : 125)
Si on observe bien les orientations de ces tombeaux, ceux de Bwanga Kuni sont orientés vers l’Est et non vers le Nord, plein Nord. Or celui d’Ivoini à Mitsamihuli est bien orienté plein Nord ; de même que celui de Buuni (Hamahame).
« […] La construction des monuments funéraires ne semble étonnamment pas suivre d’orientation prédéfinie vers le nord et la Mecque comme on pourrait l’attendre de sépultures musulmanes. À Bangwa Kuuni, près de Mitsamihuli, les stèles du cimetière adjacent à la mosquée Chiwunda sont orientées vers l’est, tout comme celle de la tombe dite « de Raouda » à Mavingouni. Certaines, telle une tombe isolée du cimetière d’Ivoini (Mitsamihuli), sont en revanche orientées plein nord » (Ibid. : P.127)
Photo 1 Photo 2
Photo1 : CNDRS P5.JUL 87 101 Ph12 : Mosquée Shiunda et tombeaux avec la mer à côté, orientés vers l’Est.
Photo 2 : CNDRS 57 DEC 88 Ph7 : Buuni Hamahame, tombeau à stèle avec place pour l’incursion de deux bols (prise de vue :
Le 21 novembre 2021 à 18h25), orienté vers plein Nord.
En outre, il y a des stèles qui portent une bole ou céramique incrusté et d’autres en possèdent trois. Les formes varient aussi des tombes à stèles dont le sommet est plat et d’autres ressemble à une toiture en « V » renversé que C. Viaut et al (2020 :127) « Les formes les plus courantes sont les stèles au sommet en bâtière à deux pans, quasi-universellement représentées dans toute l’île, à l’exception de l’ancien cimetière d’Ivoini où l’on peut voir des stèles de forme rectangulaire, au sommet plat… ». Celui de Msafumu à Ntsudjini est un pilier cylindrique placé au milieu de la tombe sans bole. Les deux boles sont incrustés au bord de la murette.
Photo 3 Photo 4 Photo 5
Photo 3 : Le tombeau de Msafumu à Ntsudjini
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 13 mai 2024
Photo 4 : Tombeau à stèle et petit pilier devant de Mbae Trambwe à Kombani ya Washili
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photo prise le 14 juillet 2019
Photo 5 : Tombeau princière Kwambani Washili
Source : P1 JUL 87 101 ph 29 CNDRS département archives iconographiques
Le porcelaine bleu et blanc est créé en Chine, à la fin de l’époque Yuan, au milieu du XIVe siècle à Jiangxi à base d’argile blanche ou kaolin que les artisans chinois le cuitent en chauffant le four à plus de 1300°. Durant l’époque Ming (XIVe – XVIIe siècle), la commercialisation de ces bols ou assiettes avait atteint son point culminant vers les cités états commerciaux dans l’Océan Indien et les villes commerçants d’Europe. D’autres porcelaines chinois connaissent aussi le même essort. Il s’agit de Yue, découvert à Malindi, Mayotte (Dembeni), Anjouan (Ziara-Sima). « […] La pratique d’insérer des céramiques exotiques, chinoises surtout, dans les parements extérieurs des monuments funéraires est fréquente sur la côte swahili dès le XIIIe siècle : elle concerne les élites sociales marchandes des cités-états, qui donnent à voir leur richesse par leur possession d’objets rares et exotiques, provenant de pays-lointain, et leur capacité à s’insérer dans les réseaux marchands de l’océan indien. Bien que la porcelaine chinoise soit devenue plus courante dans le commerce de l’océan indien à partir du XVIe siècle, elle constitue encore un bien précieux seulement employé pour des occasions spéciales dans les cités swahilies du XVIIIe et du XIXe siècle, d’après les témoignages de voyageurs européens (Zhao 2013 ; 2015). Les seules tombes à stèles identifiées clairement par la mémoire orale sont ainsi les monuments funéraires du sultan Mbae Trambwe (v.1735- 1815), roi du Washili et poète, et de sa famille, au cimetière de Kwambani, ancienne capitale du royaume de Washili. Bien que l’identification des occupants des tombes se base uniquement sur les informateurs locaux, il semble que ces tombes soient pour le moins en lien avec les élites sociales de la cité, si ce n’est effectivement pas le cimetière des souverains et leur entourage » (Ibid. p. 128)
D’autres types de monuments funéraires s’observent à la Grande Comore (Kwambani à côté de la mosquée de Vendredi) et à Mohéli (à l’école primaire de Fomboni) qui sont en délabrement total ; composé d’une petite pyramide pointue à quatre facette et à base carrée à Kwambani, et à Bambao, celui du sultan Abdallah III (Mawana) à base rectangulaire, mais aussi en Afrique de l’Est. Selon C. Viaut et al (2020 : 132), je cite : « Un autre type de monument funéraire est représenté en Grande Comore sous forme de tombeaux couverts de petites pyramides à quatre pans, aux arêtes parfois chanfreinées, sur une base carrée ou rectangulaire. Deux tombeaux de ce type ont notamment pu être observés : l’un à Kwambani, aux alentours du cimetière royal et de la mosquée du vendredi, l’autre à l’ancien cimetière d’Ivoini parmi les tombes à stèle » (Ibid.)
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Tombeau ou mausolée pyramidal, Kwambani (Grande Comores) avec deux petits trous situés sur chaque coin montrant qu’il y avait deux bols
Source : Dr Bourhane Abderemane –Photo prise le 14 juillet 2019
Photo 2 : Tombeaux chiraziens à Mohéli (au sein de l’école primaire de Fomboni) complètement délabré
*Source photo 2: Pierre Vérin et Battistini, Géographie des Comores, Paris,1984, 1re édition, ACCT NATHAN, 144p.
Le tombe en dôme médiéval comme celui de Tsingoni et Domoni ne sont pas rependus aux Comores comme en Afrique orientale et à Madagascar. C. Viaut et al (2020 : 134) indique que « […] Les tombes à dôme (roofed tombs) médiévales et modernes de la côte kényane présentent également une parenté certaine avec les édifices pyramidaux des Comores. À Siyu comme à Ungwana, les dômes reposent sur une base quadrangulaire percée d’une petite porte. Tout comme aux Comores, ces édifices ne représentent qu’une minorité d’édifices funéraires, environ 10 % du corpus étudié par Thomas Wilson. Les tombes d’Ungwana sont datées entre 1250 et le début du XVe siècle (Wilson 1979). De manière plus générale, les tombes à dôme sont répandues dans le monde islamique d’Afrique orientale, notamment en Érythrée et Somalie sous forme de structures appelées qubba, ainsi que chez les Merina de Madagascar (Bloch 1971) …. il semblerait que les tombeaux pyramidaux de Domoni et Tsingoni soient bien réservés aux sultans du lieu. L’hypothèse de tombes réservées à des dignitaires est appuyée par certains témoignages tardifs, datés du XIXe siècle » (Ibid.)
Photo 1 Photo 2 :
Photos 1 : Tombeaux de Tsingoni (Bruno Marie, archipel). « Devant la mosquée [du sultan Aissa à Tsingoni], des tombes chiraziennes, petites maisons au toit pyramidal garni de coraux, commémorent les fondateurs de la cité » (Mahmoud Ibrahime 2010 : 66). On voit les traces où des céramiques ont été incrustées.
Source : Tiré de l’ouvrage de Jacques Chérel et François Eglin, Histoire Géographie 2de : Repères pour Mayotte, Ed. Baobab, 2004, p. 10
« Mausolées shirazi de Tsingoni, ces tombes royales sont similaires aux sépultures à dôme de l’archipel de Lamu »
Source : Histoire de Mayotte – Wikipédia du 22/08/2012 (18 :48), p. 7 (1 à 19). Lien de recherche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Mayotte
Photo 2 : Le tombeau du Premier sultan de l’île d’Anjouan, Hassane ben Mohamed Insa qui est aussi l’instaurateur d’une dynastie shirazi dans cette île d’Anjouan, celle des Al Madoua à Domoni, complètement dégradé ainsi que d’autres tombes au cimetière chirazien.
Source : photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 03 juillet 2016
Les photos anciennes de la ville de Ntsaweni: Etude comparative
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : un espace de jeu, à l’arrière-plan c’est le palais. A droite il y a un gros tas de chaux. A gauche, il y a le rempart. Une partie a été détruit. On voit les pierres qui s’entassent. Les enfants ont eu un terrain de jeu. La photo ne porte pas de date.
Source : image remis le 17 avril 2024 par Said Ali Hachim (notre informateur)
Photo 2 : C’est le même emplacement. Le rempart détruit a été restauré avec du ciment. On a dégagé une route qui passe devant la mosquée de Mtswa Mwindza et qui contourne la ville
Coordonnée géographique : 11° 28’ 25’’ S et 43° 16’ 26’’ E
Source : Bourhane Abderemane – photo prise le 17 avril 2024
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Route nationale qui va vers Mitsamihuli. A droite vous avez le marché avec son architecture ancienne, à gauche, il y a le ravin. Aucun poteau électrique, ni téléphonique n’a été planté. Après le marché, il n’y avait pas des maisons.
Source : Photos remises par Said Ali Hachim (notre informateur)
Photo 2 : C’est la même route aménagée. Le ravin avait été remblai et des bâtiments ont été érigé face au marché. Ce dernier avait été restauré et transformé avec étage. Seul le mur en pierre de la partie nord a été laissé et la route a été élargie pour faciliter la circulation des voitures et poids lourds.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 17 avril 2024
Coordonné géographique : 11° 28’ 25’’ S et 43° 16’ 25’’ E
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Photo originale de la Mosquée de Djumbe Fumu peint en blanc de chaux avec des ailes aux quatre coins de la mosquée
Source : Photo remise par Said Ali Hachim (notre informateur)
Photo 2 : Mosquée de Djumbe Fumu restaurer en rajoutant la véranda. Ce qui cache complètement le mihrab extérieur, nécessite des retouches et badigeon. Le bâti en pierre avec porte peint en blanc de chaux accoudé à la mosquée a été restauré et peint en jaune, percé des huit petits claustras pour faire passer la lumière et les courants d’air.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 17 avril 2024
Le plan de la partie centrale avant la destruction de certains biens
Source : Plan remis par Said Ali Hachim (notre informateur)
La photo montre cette partie centrale maintenant. Celui qui est là c’est notre informateur qui nous montre les emplacements de chaque bien en utilisant son portable. Les déblayages sont nécessaires pour nettoyer les sites jonchés des pierres, des ordures et les transformer en nouvelle construction ou en les transformant en jardin public qui permettront aux enfants de venir jouer.
Coordonnée géographique de la partie centrale : 11° 28’ 25’’ S et 43° 16’ 26’’ E
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photo prise le 17 avril 2024
SITE DE FUMBUNI
ANCIENNE CAPITALE DU SULTANAT DE MBADJINI
Source : OIP https://fr.wikipedia.org/wiki/foumbouni#histoire
Source : J.L. Guébourg 1995 :288 – 289
Contacts :
Nom et Prénom Téléphone E-Mail
Fundi Ali Hassan (Instituteur à la retraite (doyen des animateurs CLAC 332 11 82
Dr Rachad (Ex-président de l’Université des Comores 333 30 34
Massoudi Taoufik (Animateur CLAC) 367 91 91
401 24 75 Taroumaster412@gmail.com
Localisation/ coordonné géographique 11° 52’ 00’’ Sud et 43° 29’ 00’’ Est
Démographie 20.331 (estimation 2012)
Histoire Ancienne capitale du sultanat du Mbadjini
Les surfaces encloses pour Fumbuni sont de 5,5 ha et demi.
Nom et Prénom de propriétaire Titre de documents Date de remise Date de réalisation
Fundi Ali Hassane Plan du rempart de la Ville de Fumbuni Le 26 avril 2024 2008
Madagascar Fomboni (Grande Comore Le 26 avril 2024 Non connue
Ancien cité côtière, Fumbuni constitua l’un des pôles les plus puissant
Selon Fundi Ali Hassan, Fumbuni n’existait pas. Ce n’est qu’après avoir découvert un point d’eau saumâtre appelé « Mlemengu » que la ville a vu le jour vraisemblablement au IXe siècle.
D’après Abdel Ghafur « Le roi du Mbadjini Fe Fumu Bai Giga…était roi d’une ville nommée Panga Urale. Ses descendants avaient construit la ville de Fumbuni, devenue leur royaume et leur capitale. Lui succéda Koridazi Mabe (Karidazi Mawmbwe), Miyi Baba (Mwinyi Mbamba). C’est ce sultan qui a construit qui a construit le palais Badjinani… Baba Jumbu (Mbamba Jumbu), un autre roi qui a construit la mosquée de vendredi de Fumbuni.
C’est deux photos montrent l’endroit où la ville de Fumbuni a été créée là où il y a l’eau saumâtre « Mlemengu »
Source : Dr Bourhane Abderemane –photos prise le 26 avril 2024
Les palais
Ces deux photos montrent le premier palais Tsaweni (porte d’entrée et dans la cour). Palais du sultan Said Houssein.
Il y en a quatre palais qui sont en très mauvaise état, nécessitant une restauration en urgence
Coordonnée géographique : 11° 51’ 52’’ S et 43° 29’ 41’’ E
2ème palais : Hawamunga / ou Djanafeda (cordonnée géographique : 11° 51’ 52 S et 43° 29’ 41’’ E)
3ème palais : Ntsidrejou (coordonnée géographique ; 11° 51’ 53’ 44’’ S et 43° 29’ 39’’ E)
4ème palais : Badjanani (coordonnée géographique : 11° 51’ 56’’ S et 43° 29’ 42’’ E)
Source : Dr Bourhane Abderemane –photos prise le 26 avril 2024
Photo 1
Photo 1 : Goma la Salama…. à Fumbuni
Source : CNDRS Janvier 1981
Selon Moussa Said « Fu la salama, « Porte de la paix » (quartier Badjanani) qui faisait partie de l’ensemble architecturale de l’ancien palais : porte décorée de bosse de corail et portant une inscription islamique. L’intérieur de la voûte ogivale de cette porte est faite de corail avec deux plaques de part et d’autre élégamment sculptées.
Le fronton de la porte porte une inscription délimitée dans un grand carré gravé. Ce grand carré est bordé par la formule du sceau répétée le long des quatre cotés ; mais le graveur a fait débuter deux formules à partir du même coin supérieur gauche (deux étoiles à cinq branche côte à côte), ce qui rompt l’équilibre de l’ensemble.
Au centre, on retrouve la figure des deux carrés placés l’un sur l’autre en diagonale. Ici, on peut lire clairement la lettre mim (m) placée au centre (légèrement décentrée à gauche). Elle peut être la première lettre d’un des noms de Dieu ; nombreux sont ceux qui commencent par cette lettre.
Ces deux carrés centraux sont précisément bordés par la calligraphie de quatre invocations dont la traduction est la suivante :
-en haut, « O Allah »
-à gauche, « O Miséricordieux »
-en bas à l’envers, nous pensons pouvoir lire « O Généreux »
-à droite, , « O envoyé de Dieu »
Photo 2 Photo 3
Contigu à la place du palais, un bangwe présente l’originalité d’une construction, placé en son centre, rappelant la forme d’une fontaine : c’était en réalité un poteau où l’on liait les auteurs de délits. Un mwalimu (devin) de la ville avait averti la population que si ce poteau tremblait en cas d’éruption volcanique ou de tremblement de terre, il fallait évacuer la ville. Lors de l’éruption du Karthala de 1876 qui provoqua une coulée de lave descendant tout près du Fumbuni, le poteau n’ayant pas tremblé, les habitants restèrent chez eux malgré les ordres d’évacuation de l’administration, et furent effectivement indemnes ».
Situé sur la côte Sud-Est de l’ile de la Grande Comore, Fumbuni, comme disait Fundi Ali Hassane (notre informateur, « là où il y a l’eau saumâtre » appelée « Mlemengu » était l’ancienne capitale du sultanat de Mbadjini. Ancienne cité côtière, à une époque où il se distinguait des autres cités étant capital royal, Fumbuni est protégé par un rempart comme une place forte d’où le nom de « Fumbuni Ngome » dès le début du XIXe. L’éducation était obligatoire, organisée par la cité qui vise à former des soldats disciplinés, efficaces et attaché au bien commun.
A la fin du XVIIIe siècle, l’archipel des Comores furent attaqué plusieurs fois par des pirates malgaches à la recherche de l’or et des esclaves. Fumbuni a connu plusieurs vagues d’attaques durant les Razzias Malgaches notamment en 1798 à l’origine de la construction de ses remparts. Les faits les plus marquant aux yeux de la population fut l’attaque des Portugais qui avait détruit la moitié de la Citadelle et laissa des traces irréversibles dans son tissu urbain.
Le Rampart :
La construction des remparts commença dès le premier raid malgache en 1798 initié par le sultan Fumnau. On se mit aussitôt à l’ouvrage les villes qui commencèrent : Itsandra Mdjini, Moroni, Ikoni, Ntsudjini, Mitsamihuli Mdjini et Fumbuni. (Vienne ).
Le sultan du Mbadjini, Sudjauma Tramwe, ne possède pas d’arme à feu, ce qui explique que les tours de défense de Fumbuni soient plus rapprochées que dans d’autres fortifications : les défenseurs utilisaient des armes de jet de moindre portée.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Elément de murailles à Fumbuni (d’après Vérin et Wright) /cité par J.L. Guébourg 1994 : 36
Photo 2 : plan levé à la main sans échelle, par Fundi Ali Hassan (mon informateur). En réalité, il y avait trois remparts.
C’est le rempart Est avec une porte d’entrée pour suivre la petite ruelle à l’intérieur de la Médina
Coordonné géographique : 11° 51’ 48’’ S et 43° 29’ 38’’
C’est la muraille sud avec une porte d’entrée.
C’est la muraille sud avec une porte d’entrée
Les surfaces encloses pour Fumbuni est de 5,5 ha et demi
Coordonné géographique : 11° 51’ 57’’ S et 43°29’ 40’ E
Le rempart de Fumbuni est en parfaite état. Quelques pans étaient détruits pour faire passer une route. La partie qui entourait la réserve au Nord a été détruit pour faire passer une route longeant la corniche : Coordonné : 11° 51’ 51’’ S et 43° 29’ 38’’ E
IDENTIFICATION DU BIEN
a) Pays : Union des Comores
Carte 1 Carte 2
Carte 1 : Archipel des Comores (Union des Comores)
Source : Direction Régionale du CNDRS Anjouan 2011
Carte 2 : Plan VUE & glissement des jsles des comores et de la baye d’Anjouan avec une carte particulière du Canal de Mozambique et du passage de Forban au nord de Madacascar 1743
Ces trois jsles ont été vues du point E au centre de la roze du milieu
Source : gallica.bnf / Bibliothèque nationale de France (27 juillet 2024)
b) Gouvernorat ou région : Île d’Anjouan (Ndzouani)
Carte 1 : Carte 2
Carte 1 : Direction Générale du CNDRS – Mutsamudu 1983
Carte 2 : Carte de Cornwall (1715-1720) tiré de A. Molet-Sauvaget, 1996, « Travaux et Documents n°37 », Paris, INALCO-
CEROI, pp. 66-67.
Cordonnée géographique Anjouan 12° 12’ 54’’ latitude S et 44° 25’’ 54’’ Longitude E
Localisation Canal de Mozambique (Océan Indien)
Point culminant Mont Tringui 1595 mètres
Géologie Ile volcanique
Population (2017) 327.382 habitants
Densité 772,13 habitants au Kilomètre carré
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/anjouan
c) Nom du bien : SULTANATS HISTORIQUES DES COMORES
Le bien proposé sur la liste du Patrimoine Mondial se situe dans l’archipel des Comores, dans l’Océan Indien, à l’entrée du canal de Mozambique, au Nord-Est de Madagascar. L’Union des Comores est composée de quatre îles : Grande Comore (Ngazidja), Mohéli (Moili), Anjouan (Ndzouani) et Mayotte (sous l’administration française).
Les données archéologiques font remonter au VII-VIII ème siècle le peuplement des Comores par l’homme, à partir de la côte orientale d’Afrique. A l’apogée de notre histoire, période de l’âge d’or de la civilisation islamique comorienne depuis le XIIe siècle (installation définitive de l’Islam sunnite, de rite chaféite), Les arrivées massives des groupes islamisés, métissés de la côte africaine, venus vraisemblablement de Kilwa, de Hadramaout et de Yémen, accompagnés de leurs esclaves, s’allièrent aux autochtones par des mariages, fondent des clans de sultanats et dominèrent les chefferies traditionnelles. Ils favorisèrent l’établissement et l’expansion de la religion musulmane. Les alliances politiques et matrimoniales des chefs locaux avec des Arabo-musulmans et chiraziens entraînèrent un changement de l’organisation politique et la création des sultanats qui respectèrent néanmoins à l’organisation sociale matrilinéaire (Mdjawashe) existante. Les sultans qui régnaient aux Comores dans les Cités-états, transformés en Médinas à partir de XVe siècle, font construire de nombreux palais avec des portes monumentales, des mosquées, des fortifications et des tombes pyramidales ou en « Ailes ».
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle. Le tissu urbain est caractérisé par la forte densité des habitations séparées par des ruelles étroites, parfois à peine large d’un mètre. Elles sont, par endroit, aménagées en passage couvert. (Damir B.A.). En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ».
- Les sultanats historiques
L’histoire des Comores a ainsi généré un riche héritage fait de monuments, d’édifices et de sépultures, à découvrir dans les différentes régions du pays. Les sultanats historiques ont particulièrement produit un patrimoine divers et varié comprenant à la fois des monuments historiques, des palais sultaniques, des maisons princières, des édifices religieux, des fortifications, des sépultures et des places publiques. Ces divers héritages témoignent des relations très fortes avec la côte d’Afrique Orientale, le monde arabo-persique, mais aussi l’Europe (Portugais, Français, Anglais, Néerlandais, Américains etc).
Ces édifices sont en faible nombre du fait de la précarité des constructions. Il reste quelques puissantes bâtisses datant de cette période telles que :
1.1. Les édifices sultaniques (7 biens)
1.2. Les édifices religieux (8)
1.3. Les fortifications (2)
*Citadelles
*Remparts
La fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle correspond à l’époque des razzias malgaches sur les côtes comoriennes. A intervalles réguliers, les pirates malgaches font des descentes sur les côtes de l’archipel. C’est au cours de cette période que les grandes villes de l’archipel érigent des murs défensifs (Fomboni, Mutsamudu, Domoni, Moroni, Itsandra) tout autour de la ville sauf Iconi à ne citer que ceux-là). Ces fortifications sont de deux types :
Fortifications militaires destinées à protéger la population des invasions malgaches surtout:
La citadelle de Mutsamudu a été construit par le sultan Abdallah 1er de 1782 à 1790 à la suite de sa visite effectuée à Bombay pour chercher le soutien des Anglais contre les incursions malgaches.
La Citadelle d’Itsandra Mdjini « Gerezani » construit au XVIIème par le sultan Fumnau Wakori, Ntibe de Ngazidja, de ligne Inya Fwambaya
Les Remparts ou « Ngome » (Mutsamudu, Domoni, Itsandra, Iconi et Moroni)
1.4. les espaces publics (7)
Coordonné géographique :
N° d’identification Nom de l’élément Région(s) / District(s) Coordonnées du point central Surface de l’élément du bien proposé pour inscription (ha) Surface de la zone tampon (ha) Carte N°
001 Medina de Mutsamudu Anjouan UTM Zone -38
Easting : 434247
Northing:8654924 8.76 21.82 01
002 Medina de Domoni Anjouan UTM Zone -38
Easting : 449088
Northing: 8644543 18.2 28.5 02
003 Medina d’Itsandra Grande Comore UTM Zone -38
Easting : 310875
Northing: 8708741 10.06 22.84 03
004 Medina d’Iconi Grande Comore UTM Zone -38
Easting :
Northing: 12,06 24,22 04
005 Medina de Moroni Grande Comore UTM Zone -38
Easting : 309544
Northing: 8705596 11.65 39.95 05
Surface totale (en hectares) 60,73 ha 137,33 ha
DESCRIPTION DU BIEN
d) Pays : Union des Comores
e) Gouvernorat ou région : Île d’Anjouan (Ndzouani)
f) Nom du bien : La Médina de Mutsamudu (élément 1)
g) Coordonnée géographique à la seconde près : limite
• Au Nord par la baie sur l’océan Indien
• Au Sud par des escarpements rocheux
• A l’Est par les vestiges de l’enceinte fortifié
• A l’Ouest par la rivière (Mroni Damboué)
Carte d’Anjouan : tirée de l’ouvrage « Anjouan dans l’histore » Revues Océan Indien, INALCO, 2000, N°29, p. 125
Ces limites sont clairement définies par les typologies des tissus urbains en présence à Mutsamudu. La vieille ville se caractérise par une implantation homogène, dense et relativement anarchique de type « Médina », les autres par une implantation aérée et tramée du colonial. Un autre critère de différentiation est la nature des constructions également homogène et de type traditionnel.
h) Cartes et plans indiquant les limites du bien proposé pour inscription et celles de la Zone Tampon :
• Carte globale de l’océan Indien
•
•
• Plans schématiques de la Médina
•
i) Surface du bien proposé pour inscription et de la Zone Tampon :
• La surface d’intervention de la zone considérée est de 8,76 ha
Médina de Mutsamudu et la Zone Tampon
1.1 Le palais royal : Ujumbe
Carte 1 :
Catre 1 : Plan historique de peuplement des Comores et de la sous-région
Source : « La vieille ville de Mutsamudu (Ile d’Anjouan) /Proposition d’inscription de la vieille ville de MSAMOUDOU sur la liste du patrimoine mondial », CPC, Mai 2004, p.27
Plan 1 Plan 2
Plan 1 : Levé de Mutsamudu en 1887 (j’ai mis le plan au sens de la longueur). Il y a le palais de Singani (mal positionné). Il y avait 6 mosquée dont la Grande mosquée (mosquée de vendredi). On a mentionné « un harem » ? On n’a pas positionné « le palais des sultans (Ujumbe).
Source : tiré de l’ouvrage de J.L. Guébourg 1994 :
Photo 1: Vue de Mutsamudu au début de XIXe siècle. On voit nettement le minaret cylindrique et le palais Ujumbe
Source : Ville de Mutsamudu – Cliché 1888 -FRANON16-8FI-394-V041N036 : Rapport de mission de l’architecte Prévost février 2018
Photo 2 : Partie centrale de Mutsamudu (Vue de port au boutre) non daté.
Source : www.comores-online.com CNDRS Moroni le 21 décembre 2016
Plan 4 Plan 5
Plan 4 : Plan schématique de la ville de Mutsamudu
Plan 5 : Plan schématique de Mutsamudu. Les limites de la vieille ville (Médina) sont entourées par une liseré rouge
Source : « La vieille ville de Mutsamudu (Ile d’Anjouan) /Proposition d’inscription de la vieille ville de MSAMOUDOU sur la liste du patrimoine mondial », CPC, Mai 2004, p. 27-28
Plan 6
Plan 6 : Agrandissement de la vieille ville (Médina) : on distingue le réseau de petites ruelle avec des îlots relativement homogènes. La mosquée du vendredi et le palais sont au cœur de la zone.
Source : « La vieille ville de Mutsamudu (Ile d’Anjouan) /Proposition d’inscription de la vieille ville de MSAMOUDOU sur la liste du patrimoine mondial », CPC, Mai 2004, p.28
Plan 7
Plan 7 : Plan de la Médina de Mutsamudu avec la Citadelle
Source : Sultanats Historiques des Comores/ Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain ENSAPL/décembre 2014 dirigé par Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa ENSAPL p.86
Photo 1 : Façade Nord (restaurée en 2009) Photo 2 : Panneaux à Niches en stuc à l’étage
Photo 3 : Plafonds en caisson rez de chaussée Photos 4 : Porte monumentale d’entrée à l’étage
Source : Photos de Dr Bourhane Abderemane prises le 10/12/2019 et le 30/11/2019 (ph.4)
Plan 1 : Plan 2
Plan 1 : Ancien palais de Ujumbe/ Plan du rez-de-chaussée (Vue en plan de RDC du Palais UJUMBE – CPC et CHAM/date 25 septembre 2019/ Ingénieur Dhoifir SAID/Echelle1/100
Plan 2 : Ancien palais de Ujumbe /Plan de à l’étage (Vue en plan d’étage du palais UJUMBE – CPC et CHAM/date 25 septembre 2019/Ingénieur Dhoifir SAID/Echelle 1/100
Source : Plan et relevés de l’état sanitaire de l’Ujumbe
Les plans ont été réalisés par C.H.A.M avec l’intervention de M. Dhoifir SAID, ingénieur de formation (Membre du Collectif du Patrimoine des Comores)
« Les Comores stratégie d’intervention octobre 2019 » publié par Les Ateliers PREVOST
Plan 3
Plan 3 : Ancien palais de UJUMBE
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane (Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France p. 97
Sous le règne de Djumbe Halima Ière (épouse de Mwenye Alaoui prince de Patte du clan de Al-Masela) fit édifier un palais royal « Ujumbe » fin XVe début XVIe, lequel connut plusieurs embellissements et modifications, ce jusqu’au XIXe siècle sans pour autant transformer son originalité. Ujumbe a été construit en suivant le même plan que celui de Domoni.
Le palais, constitué d’un rez-de chaussée et d’un étage couvert d’une terrasse, est remarquable, en particulier par les surfaces internes des murs. Une porte monumentale en bois sculpté s’ouvre sur un corridor (le vestibule) qui donne accès à la série des pièces de l’étage dont certaines sont festonnées de magnifiques panneaux à niches sculptées en stuc ou en coraux tapissant des murs entiers sur toute leur hauteur, faisant office de bibliothèque. Les grosses poutres en bois ainsi que les solives soutenant les plafonds en caissons sont magnifiquement enluminés de calligraphies d’inspiration arabe et de motifs géométriques arabo-islamiques peint en rouge et noire. Les linteaux des portes et fenêtres, gravés des inscriptions magico-religieuses en noire sont très petites et ornées de moucharabieh (permettant à la reine de voir sans être vue lors des spectacles) aux motifs finement festonnés assortis aux poutres. Ce palais dont la superficie totale est de 850 mètres carrés sur deux niveaux servait dans sa partie supérieure à la réception des hauts dignitaires. Selon Gevrey en 1867, en plein règne du sultan Abdallah III (1855-1891), « la maison du sultan est percée au rez de chaussée de meurtrières et comprend une grande salle très haut aux murs blancs qui sert de salle de réception ». Ce vestige encore debout montre le raffinement de l’art et la sculpture perse à travers les siècles. C’était le flambeau de la politique comorienne et le symbole de la puissance sultanesque de l’Île.
Patrimoine longtemps négligé, faute de restauration et suite au pourrissement des solives en bois, le vestibule du palais s’est effondré en 2008. La mission de l’architecte Pierre BLONDIN en 2009 a mis à nu l’état archéologique du bâtiment. Les solutions techniques de réhabilitation préconisées par Blondin a été suivi avec quelques modifications pour renforcer la structure du bâtiment afin d’éviter un autre désastre. Grâce aux efforts inlassables du Collectif du Patrimoine des Comores, Ujumbe a été inscrit en 2009 sur la liste des monuments en périls du Word Monument Fund. Ce qui lui a permis d’avoir un financement pour sa restauration en réutilisant les mêmes matériaux et le même technique traditionnel. Les travaux, transformés en chantier école pour former des maçons au technique local de construction, ont été assurés par des experts tanzaniens.
Pour cette année (2019) le projet est financé en grandes parties par la Mairie de la Réunion, l’Etat Français, et d’autres bailleurs. L’Association CHAM de la Réunion assurent les travaux en formant les ouvriers comoriens aux différents techniques de restauration. Afin de défendre la Médina, le sultan de l’époque avait jugé utile de construire la Citadelle.
1.2 Palais Singani
Photo 1 Photo 2
Plan 1
Photo 1 : Palais Singani, la maison du sultan Salim II père du sultan Abdallah III (Mawana) avec une énorme porte à panneaux sculptée munie de 4 rangés de 8 éperons sur chaque battant
Photo 2 : L’intérieur de ce palais où on trouve des niches sculptées tapissant le mur.
Plan 1 : Plan du palais du sultan Salim II/ Singani
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France p. 99
L’originalité de ces constructions tient d’une part à leur architecture (aspect extérieur, dépouillé, décorations intérieurs arabisantes typiques) ainsi qu’à leurs techniques constructives spécifiques (maçonnerie de blocs de lave hourdée avec un mortier de chaux à base de corail mélangé avec du miel d’abeilles…). Tous ces éléments témoignent d’un développement artistique ayant subi de nombreuses influences étrangères, mais, au final, typiquement insulaire.
Il est important de souligner par ailleurs que la médina et ses monuments forment un tout homogène et que même si une partie du patrimoine original s’est dégradée ou a été modifiée, l’ensemble présente une qualité urbanistique et architecturale indissociable. Les cheminements dans les rues étroites donnant sur les édifices remarquables, les points de vue offert depuis la Citadelle permettent de confirmer cette affirmation.
1.3 La Citadelle :
Photo 1 : La Citadelle (vue de face) Photo 2 : Salle de prise d’armes et les canons
Photo 1 : La Citadelle de Mutsamudu montrant les différentes meurtrières avec les différents canons Britanniques et Français. Construite par le Gouverneur Mogne Fani Abdallah Ben Mohamed El-Masela de 1782 à 1790 pour protéger la Cité des envahisseurs.
Source : Photo prise le jeudi 12 septembre 2020 par Dr Bourhane Abderemane
Photo 2: Salle de prise d’arme restaurée et pavée en 1987 avec ses multitudes de canons
Source : Bourhane Abderemane – photo prise le 14 janvier 2014 à 16h 01
La médina de Mutsamudu, cité maritime, possède une Citadelle. Un édifice militaire à fonction défensive, à l’image des forts portugais, construite de 1782 à 1790 sur la colline de « Sinejou » qui domine la ville par le sultan Abdallah Ier, de son vrais nom Mogne Fani Abdallah Ben Mohamed Al-Masela pour protéger la cité contre les envahisseurs (Razzia Malgache 1790-1803, guerres viscérales et fratricides entre les familles et les villes anjouanaises depuis le XIII ème siècle etc…).
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : Citadelle au XIXe siècle Photo 4 : Citadelle fin XVIIIè siècle
Source : Photo 3 prise au CNDRS Photo 4 : Source : remise par Flobert Bertrand 2003 SCB
Cette forteresse massive, imposante et impressionnante, unique dans le monde, est fortifiée par des hauts murs de maçonnerie entourée d’une muraille crénelée et percée de meurtrière où sont dotés des canons timbrés de la couronne britannique et marqués aux chiffres du roi George (pour les Anglais) et de fleurs de Lyse ou lissés) pour les Français emblème de la royauté au XIIe siècle, flanquée au milieu d’un donjon de deux tours carrées qui selon Gevrey (1867), était surmonté d’un mât de pavillon. Selon la tradition orale, un énorme tridacne bivalve (Kombe) rempli de l’huile de coco et une grosse mèche, allumé la nuit, la flamme guidait les navires en guise de phare. Le Donjon s’est écroulé lors du cyclone du 22 décembre 1950. Une grande salle non couverte où sont celés les canons, servait d’une salle de prise d’arme. Par une double muraille, une série d’escaliers de 280 marches relient la Citadelle à la cité entourée d’un rempart dit « Hura wa Muji ». A l’intérieur, vivait la famille royale ainsi que leurs esclaves domestiques.
En 1987, cette édifice avait bénéficié d’un financement de l’Etat pour renforcer son soubassement intérieur tout autour avec du matériel traditionnel. Les travaux ont été assuré par une entreprise de bâtiment locale appelée SOCOBATRA.
Symbole de la puissance militaire des sultans d’Anjouan, donnant une bonne visibilité sur l’horizon de la mer, servait de tour de guet pour repérer les bateaux des pirates malgaches qui venaient piller les grandes villes de l’archipel.
1.4 Les mosquées :
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : L’intérieur de la mosquée de vendredi avec le Minbar (chair de prédication)
Photo 2 : La façade principale de la mosquée de vendredi renauvée
Source : Photo 1 : prise par Dr Bourhane Abderemane le 12 octobre 2006
Photo 2 : prise par Dr Bourhane Abderemane le 13/10/2019
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : Vue sur le palais Ujumbe et la mosquée de vendredi (Mkiri wa Djimwa) et son minaret majestueux cylindrique peint en blanc de chaux.
Plan 1
Plan 1 : montre le tissu urbain composé du palais, de la mosquée de vendredi, du cimetière et de la place publique
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 100
Photo 4 : La grande mosquée et la Citadelle en 1952. Le minaret était ceinturé d’une maçonnerie en forme d’un tombeau en aile.
Source : Photo de Coudert (Pierre, Léonard, Alphonse) (1900-1970). Tirage argentique 12×17 collé sur carton. Agence économique de la France d’outre-mer/territoire des Comores – Cote :FR CAOM 30Fi97/33.
Les Sultanats Historiques des Comores regorgent des plusieurs lieux de culte, des lieux publics et des sépultures. Chaque lieu public a sa spécificité.
Mutsamudu était (à la fin du XVIIe siècle) un centre régional de culture islamique grâce à
l’épanouissement d’une élite lettrée qui s’enrichissait rapidement par le commerce maritime et les escales européennes. Témoignage rare de cette vie culturelle, on trouve dans les archives françaises un des trente fascicules (djuzu) d’un Coran manuscrit qui fut prélevé en 1700 par des voyageurs français, dans des conditions inconnues, dans la mosquée du vendredi de Mutsamudu.
Les mosquées construites depuis le XVIIe siècle notamment celle de vendredi avec son minaret cylindrique ou mosquée centrale construite par la fille de Saïd Aqîl fin de XVIIe siècle, financée avec son « Mahr » (la prestation matrimoniale reçue de l’époux) et les lieux saints (les deux grands Zawiya shadhuliyya et Rifayya) de même que les lieux publics « Bangwe » (Bangani, Gerezani et Mpangahari) et les tombes « pyramidales » ou en « ailes), ont joué un rôle important dans la propagation de l’Islam à Anjouan et dans l’archipel tout entier et témoignent de l’âge d’or de ce cité devenu au fil des siècles la capitale intellectuelle et spirituelle (du XVIIe au XIXe siècle) dominé par trois dynasties (les Al-Maduwa, les Al-Masela et les Aboubacar Ben Salim) qui se partagent les pouvoirs sultanesques.
Plusieurs témoignages des navigateurs de passage à Anjouan, parlent de la mosquée et son minaret :
« Melet (1671 : 30-31) dit : Nous voulûmes voir la principale mosquée de ce lieu-là. Les rues par où nous passâmes en y allant sont fort étroites de sorte qu’à peine peut-on y marcher deux de front. Au-devant de la mosquée est un cimetière et à main gauche de la porte il y a un puits avec un timbre plein d’eau dans lequel les Arabes mahométans se lavent les pieds, les mains, le visage, le dessus de la tête, la bouche et les parties (sexuelles) avec beaucoup de soin avant que d’invoquer leur faux prophète. Cette mosquée est bâtie de pierres et de chaux, comme les autres maisons, n’ayant rien de recherché ni de curieux. Le temple n’a pas plus de vingt-deux pieds de long. Là où se met leur marabout, c’est ainsi qu’appelaient les Turcs leurs prêtres et eux Serif, c’est là le lieu sacré de leur mosquée où ils implorent l’assistance de Mahomet. Au-devant de cette voûte, il y a une natte et un beau tapis de Turquie qui marque pourtant de l’ancienneté. A la gauche de cet endroit est une chaire où pour mieux l’expliquer un escalier qui a huit degrés de haut où se met leur Serif lors de leur prêche. Le haut de la mosquée est de bois coupé par carreaux et peint de blanc et de rouge obscure. De chaque côté, il y a une galerie qui se communique par deux portes à la mosquée. Le haut du plancher est peint de la même sorte. Nous trouvâmes à côté de la porte leur alcoran écrite en lettres arabesques et à côté de la voûte une coquille de mer où il y avait un peu d’huile et dans une fenêtre une corne de bœuf qui faisait tous leurs meubles. Et j’avais oublié de dire qu’il y a en entrant dans la mosquée une galerie au bout de laquelle est un tour du haut de laquelle un homme les appelle pour s’assembler aux dévotions, car, comme il est ordonné par la loi de Mahomet de ne se servir point de cloche, ils l’observent religieusement. Cette tour est fort étroite, ce qui a fait paraître plus haute qu’elle n’est pas, n’ayant que vingt-sept degrés de haut et chaque degré n’pas plus de deux pieds de large et le plus haut n’a qu’un pied et demi de diamètre, de sorte que d’un côté à l’autre, par le dehors, elle n’a que sept à huit pieds de large. Au dixième et vingtième degré ou marches est un petit balcon qui sort en dehors de la tour. Quand on est au haut, on y voit quatre portes qui se font face les unes [aux] autres. De chacune il déborde quatre soliveaux qui sont des restes d’une galerie rompue qui était dans l’enceinte de cette tour. C’est là que l’on appelle le peuple [à] venir à la mosquée lorsque le marabout y fait les cérémonies. Et comme je sortais, j’ai rencontré à la porte un de ces mahométans qui se lavait les extrémités devant moi et qui entra ensuite faire ses prières à Mahomet » (Note 47 : 198, Anjouan dans l’histoire, INALCO, N°29)
Description par John Pike (11 au 18 juin 1704/Passage du navire interlope « Rochester » à Anjouan) : « … Il y a aussi au nord et au sud de la ville de Shusan (Mutsamudu), deux mosquées pour le culte religieux. Les entrées sont au sud et l’une d’elles a une tour ronde de 60 pieds de haut, au sommet de laquelle se tient, dans une petite galerie, un prêtre qui appelle en criant les gens à la prière 5 fois par jour en prononçant ces mots en langue arabe : « Aux nom du Dieu très haut et de Mahomet son esclave, que tous les hommes justes se préparent par la prière à apparaître devant Dieu très saint ». Cette phrase qui m’a été dite par un de leur prêtre constitue les paroles exactes qu’il a prononcées une fois où je les ai entendues. Il appelle toujours pour la même chose, mais change [chaque fois] de tournure. … » (Histoire de Johanna, Journal du navire interlope Rochester, Commandant, capitaine Francis Stane, 360 tonneaux, 28 canons et 64 hommes, par John Pike 1704)
Une autre description de John Pike : « … Après avoir jeté l’ancre à environs 3 heures de l’après-midi, j’ai fait un signal avec notre enseigne de poupe…. Nous avons mis nos barques à la mer et avons débarqué à la ville à l’endroit prévu pour cela : une espèce de petite rivière près de la ville dans laquelle se jette un petit ruisseau d’eau douce venant des montagnes. A notre arrivée nous avons été extrêmement bien reçus par les gens. Ils nous ont immédiatement conduit à la maison du gouverneur où nous sommes restés quelques temps. … La plupart parlent suffisamment bien anglais pour être compris. …. Là, on nous a donné à chacun à boire une jeune noix de coco ouverte, ce qui nous a paru très agréable après 4 mois de voyage en mer.
… Cela terminé, nous avons pris congé de lui (gouverneur), préférant marcher dans la ville et le pays plutôt que rester assis dans une maison. …. Dans cette ville il y a deux mosquées ou églises. La plus importante peut être aperçue du mouillage par une tour ronde qui fait environs 60 pieds de haut à partir du sol, avec des marches de pierres pour y monter. A environ 12 [pieds ?] du sommet il y a deux portails cintrés au sommet ouvrant sur une galerie de bois où se tiens un homme dont la fonction est de crier plusieurs phrases pour faire connaître à la ville le moment de la prière. Il accomplit cette 5 fois par jour, c’est-à-dire au point du jour, au lever du soleil, à midi, dans l’après-midi et au coucher du soleil. Il n’y a aucune contrainte exercée pour obliger [les gens] à aller au culte. Ils sont libres d’y aller ou non. Ils sont en général très religieux. Leur façon de pratiquer le culte est le suivant : avant de rentrer [dans la mosquée], ils se lavent le visage, les oreilles, les mains, les pieds, et quelquefois la partie sexuelle. Pour cela, il y a à l’entrée 2 citernes de pierre d’environ 8 pieds de long et 4 de large contenant de l’eau. Ils n’empêchent personne d’aller dans leur mosquée, mais il faut que ce soit avec des chaussures à eux. J’ai eu envie d’aller assister à leur cérémonie. Elle se fait en marmottant plusieurs mots, en égrenant leur chapelet puis en s’agenouillant et en embrassant le sol ou, plus exactement, la natte qui est étendue très proprement sur le sol. Leurs prières ne durent pas plus de ¾ d’heure environ. Ils sont stricts adeptes de Mahomet et ne croit rie du Christ, si ce n’est que c’était un homme de bien. ….
Les femmes ne vont jamais à la prière en public. … » (Ibid. : 179-180)
Jules Repiquet dans « le Sultanat d’Anjouan »: Iles Comores, 1901″ décrit la ville : Il signale que « la grande mosquée, domine de son minaret noir à la lanterne, terrasses et toits de chaume »
Plan 7
Plan 7 : La Citadelle de Mutsamudu, Edifice de la fin du 18ème siècle
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 96
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6
Photo 1 : La muraille extérieure de la Citadelle et une vue intérieure de la salle de prise d’arme
Photo 2 : Les escaliers qui partent de la Citadelle jusqu’au niveau du marché
Photo 3 et 4 ; La salle de prise d’arme avec les canons
Photo 5 : la façade principale de la Citadelle avec les 280 marches la réliant à la cité
Photo 6 : Mutsamudu au XVIIIe siècle avec la Citadelle dominant la cité. Ce dessin pris dans la revue l’illustration montre la ville de Mutsamudu avec ses maisons en dur, la Citadelle surplombant la cité et le palais des sultans : Ujumbe, le minaret et le rempart.
Source : Photo 1,2,4 – prises par Dr Bourhane Abderemane le 17 juillet 2011 et la photo 3 : le 26 juin 2011
Source : Photo 5 – CNDRS :725.96-P8-16 vue de loin, la Citadelle et l’église en blanc à Mutsamudu 1
Source : Photo 6 : Document offert par Monsieur Flaubert BERTRAND, ancien Directeur Général de la Société Coloniale de Bambao ; devenue Société Comore Bambao, en septembre 2004 à Paris
Afin de protéger la population, mais aussi sa propre vie et celle de sa famille, les sultans (Sultans batailleurs) érigent des rempart ou « Ngome / Wuhura wa Muji » tout autour de la ville. Selon son degré de puissance , il arrive aussi à ériger une Citadelle, fortification qui surplombe tout le cité, doté quelque fois des canons. C’est le cas du sultan Abdallah 1er à Anjouan Mutsamudu qui a construit la Citadelle sur la colline de « Sineju » de 1782 à 1790, une forteresse militaire à fonction défensive, dotée de plusieurs canons, surplombant la ville, fournis par des Anglais timbrés de la couronne Britannique et marqués par le chiffre du Roi Georges, et ceux livrés par les Français portant l’emblème de la royauté la fleur de lys (lis) (au XIIe siècle) sous la dynastie Capétien.. Tous ces canons sont pointés vers la mer prêt à intervenir surtout durant la Razzia Malgache de 1790 à 1803.
Symbole de la puissance militaire sultanesque de l’île d’Anjouan, cet ouvrage massif et impressionnant, dominant plaines et mangroves était fortifiées par des hauts murs de maçonnerie crénelés et percés de meurtrières flanqués au milieu d’un donjon de deux tours carrés surmontés d’un mât de pavillon, relié à la Médina par 280 marches. A l’intérieur, vivait la famille royale ainsi que leurs esclaves domestiques.
En 1808, sous le règne du Sultan Alaoui 1er (1803-1822), 200 femmes s’étaient enfermées dans l’arsenal du Sultan. Réduite à la famine et se voyant en passe de tomber aux mains des guerriers malgaches qui encerclaient l’édifice, elles préférèrent le suicide collectif et firent sauter la poudrière.
Salle de prise d’arme
Vaste cour pavée à l’air libre qui donne la vue sur la mer, entourée d’une muraille percée de meurtrière et crénelée où sont celés les canons.
Ces canons ont été livrés par les Anglais, timbrés de la Couronne Britannique et marqués aux chiffres du Roi Georges ; mais aussi par les Français portant l’emblème de la royauté : les fleurs de lis (XII ème siècle) sous la dynastie Capétien.
Donjon
Un Donjon de deux tours carrés se dressait au milieu du fort surmonté d’un mât de pavillon. Selon la tradition orale, un énorme tridacne bivalve (Kombe) rempli de l’huile de coco avec une grosse mèche était fixé en haut du Donjon. Allumé la nuit, la flamme guidait les navires en guise de phare. Le Donjon s’est écroulé lors du cyclone du 22 décembre 1950.
BUNARTHI (BOUNARTI) / TOUR DE GUET
La présence des trous sur ce mur du côté levant, montrait la présence des solives en bois dur sur cette hauteur et la petite fenêtre au-dessus, témoigne qu’il s’agissait probablement d’un tour de Guet « BUNARTHI ».
A l’époque, ce fut un poste d’observatoire aux soldats du sultan. Ils surveillaient et contrôlaient les troupes adverses lorsqu’ils voulaient pénétrer dans l’enceinte par voie terrestre et donner l’information à leurs collègues de bien se préparer afin de pouvoir lutter contre leurs ennemis en se plaçant au niveau des trous appelés « Meurtrière » pour tuer sans être vu.
METHODE DE CONSTRUCTION « MONDE SWAHILI ET COMORES »
La construction de la Citadelle, comme les autres bâtisses dans le monde Swahili dont les Comores font partie depuis le VIIe siècle (Civilisation Dembenienne ou Swahili Archaïque VIIè-XIè siècle) était réalisée à partir de pierre ou pierre de corail, de la chaux (obtenu en brûlant les coraux) et du sable (fin et moyen) dilué et mélangé avec du miel d’abeilles (comme liant) formant ainsi le mortier, en utilisant les mains d’œuvres serviles. Le miel était stocké dans des grosses jarres (locales ou importées).
Les terrasses ont été construite en utilisant des dalles de corail (coraux taillés en forme de dalle) appelé « Bishiyo » ou en dalle de lave soutenus par des solives « Hadja » et une grosse poutre « M’Himili » en bois de mangrove ou bois dur de la forêt.
Pour embellir les pièces, les architectes décoraient en rouge (couleur dominante) les solives et les poutres en calligraphies arabes et selon la richesse du sultan, des plafonds à caisson ornés des motifs géométriques rouge et noir ou des inscriptions magico-réligieuses « Wafaku ».
Des magnifiques Niches en stuc ou en corail sculpté « Ziloho ou Idaka » et/ou des céramiques importées incrustées tapissent des pans de mur entier…
Des énormes portes ouvragées, sculptées avec des défenses pour certaines et des petites fenêtres en moucharabieh qui permettent de regarder sans être vu et laissant passer la lumière du jour, ornaient les entrées et les fenêtres.
MEURTRIERES
Des trous percés le long de la muraille à des intervalles réguliers qui permettent aux soldats du sultan d’introduire leurs armes et tuer l’ennemi sans être repérés. .
ZONE DE FOUILLES
Les fouilles archéologiques vont commencer sur la partie basse où les travailleurs en creusant des sillons avaient découvert des artefacts. Selon la tradition orale et les témoignages de certaines personnes laissent croire aux chercheurs une possibilité des caves ou chambres souterraines pour loger les esclaves, des éventuelles prisons, des escaliers souterrains passant sous la maison de « Baba zen » et débouchant au bord de la mer. Ce passage permettrait au sultan de s’enfouir en cas d’invasion de la Citadelle.
Les travaux futurs nous donneront de plus amples informations.
BELVEDERE
Un Belvédère a été aménagé pour permettre aux visiteurs du site d’admirer le panorama de la vieille ville de Moussamoudou « Mutsamudu » (Moussa le Noir) …La Médina. Pour atteindre là-haut, des escaliers en fer ont été élevés.
SALLES DE RECEPTION ET HAREM
Deux salles couvertes qui viennent d’être aménagées laissent penser qu’il s’agit des salles de réception des visiteurs du Sultan. La salle d’attente était aménagée à côté de la grande porte d’entrée. La partie supérieure montre une pièce isolée (présence des trous de solive, des traces de couverture en terrasse et des petites ouvertures) faisant vraisemblablement office de harem.
LES MARCHES
Afin de permettre aux différents locataires du site de visiter la médina ou d’aller à Ujumbe (Ujumbe), deux cent quatre-vingt (280) marches reliaient la Citadelle à la ville. (Visitée en 1880 par le juge impérial Gevrey A. [publication]: Essai sur les Comores, Pondichéry, 1870).
NOUVELLE CONSTRUCTION
Ces deux bâtiments qui viennent d’être construits au niveau de la salle de prise d’armes vont servir de Boutique artisanale pour nos visiteurs et de salle d’exposition d’objets anciens trouvés après les fouilles archéologiques.
QUELQUES CHRONOLOGIES DES EVENEMENTS
D’HISTOIRE DE LA CITADELLE
Mogne FANI ABDALLAH BEN MOHAMED EL MASELA
Gouverneur jusqu’en 1792
Prise de pouvoir après la défaite du sultan Ahmed 1er (Mawana Madi) de Domoni en 1792 après l’assassinat de son fils le prince Salim à Mutsamudu.
Construction de la Citadelle : de 1782 à 1790
Occupation de la Citadelle par :
*ABDALLAH 1er de 1790 à 1803 – décédé en 1804
*ALAOUI 1er de 1803 à 1822 (gendre du sultan Abdallah 1er épouse sa fille Mwana Wetru ben sultan Aboubacar).
En 1808, (deux cent) 200 femmes s’étaient enfermées dans l’arsenal du sultan. Réduite à la famine et ne voulant pas être amenées en esclavages par les guerriers malgaches, préférèrent le suicide collectif et firent sauter la poudrière.
*ABDALLAH II de 1823 à 1836 (fils du sultan Alaoui 1er mort en prison à Mohéli sous le règne de Ramanetaka /sultan Abderrahmane 1er conquis Mohéli vers 1830- décédé en 1842
En 1828, le sultan Abdallah II avait attribué à son hôte Ramanetaka, qui, pour échapper aux massacres perpétrés par la reine malgache Ranavalona 1ère sollicitait l’hospitalité au sultan, un terrain fertile à Mpomoni. En 1829, Ramanetaka fut appelé à siéger au Conseil des Notables (Madjlis) et le sultan lui donna même le titre honorifique du Gouverneur de la Citadelle.
*ALAOUI II de 1836 à 1840 (fils du sultan Abdallah II renversé par son oncle Said Houssein)
*SALIM II de 1840 à 1855 (frère d’Abdallah II de son vrai nom Saïd Houssein)
*ABDALLAH III de 1855 à 1891 (fils du sultan Mawana Salim II).
Le mercredi 21 avril 1885, Gerville Reache commandant résident à Mayotte venait de signer officiellement avec le sultan Abdallah III une convention de Protectorat, saluée par les canons du navire français « croiseur Chacal » et de la Citadelle de Mutsamudu ainsi que par ceux d’une corvette américaine, « le Lancaster », qui se trouvait dans la rade.
Selon J. Martin (1973 :65) : Au cours d’un premier relâche du Boursaint à Mutsamudu, le Gouverneur de Mayotte (Papinaud) avait même ordonné de procéder au bombardement de la capitale. Le 20 mars 1891 à 15 heures, quelques obus de canon-revolver dispersaient les groupes d’esclaves et des paysans qui, massés sur la plage, avaient salué l’arrivée du navire en criant : « Nous voulons les Anglais ! pas de protectorat ni de résident ! » Quelques obus sont également tirés sur la Citadelle et le palais du sultan.
Le sultan Abdallah III s’opposait catégoriquement à l’installation du résident français dans l’île. Pour imposer leur dictat, en décembre 1886, le capitaine de vaisseau Dorlodot des Essarts et Gerville Reache menaçaient « Mawana » de l’évincer au pouvoir et en mars 1887, la capitale Mutsamudu était assiégée par quatre navires de guerre français. Les fusiller marins des navires Hussard et Vaudreuil avaient investi la Citadelle pour neutraliser les gardes du Sultan.
Ce dernier était contraint de signer le 26 mars 1887 avec Dorlodot des Essarts une convention additionnelle au traité du 21 avril 1885 imposant l’installation d’un résident Français qui avait la main mise dans les affaires du sultanat.
C’est dans cette optique que le 1er résident Français Théodore Troupel arriva à Anjouan en 1887. Rappelé un an plus tard, il fut remplacé par le Dr Louis Ormière. (R. Barraux 2009 :128).
*SAID OTHMAN (ou Said Athman) le 7 avril 1891 (frère du sultan Abdallah III et père de la révolution)
Les Esclaves, en 1891, après la mort du sultan ABDALLAH III « Mawana » survenu à Bambao dans son palais de « DARINI » le 31 janvier 1891 (2 février 1891 pour certains), se sont révoltés. Ce fut la dernière fois où les canons de la Citadelle avaient tonné contre les vaisseaux Français de la Division Navale de l’Océan Indien et qui aboutira à la destitution par la France du sultan révolutionnaire Saïd Othman le 23 avril 1891, aux redissions de la révolte et sa déportation (accompagné de prince Salim Ben Sultan Abdallah III et le Général Abderrahmane) à Obock puis en Nouvelle Calédonie.
Sur instruction du gouvernement français, le Gouverneur Papinaud monta une expédition appuyée par quatre navires de la station navale de l’Océan Indien. Il commença, par arrêté du 12 avril 1891, à désigner le vieil ami de la France, Saïd Omar comme sultan d’Anjouan, compte tenu à la fois de la déchéance de Salim et de la rébellion des autres prétendants. Le 25 avril 1891, la Citadelle et les remparts de Mutsamudu étaient bombardés… (R. Barraux 2009 : 130).
Désertés par les occupants (les esclaves) qui bâtaient en retraite vers la forêt, la Citadelle fut occupée durant toutes les opérations militaires par les fusiliers marins français jusqu’à la fin des hostilités de 1891. Tombée en ruine, elle fut abandonnée par les deux derniers sultans Saïd Omar (1891-1892) et son fils Saïd Mohamed Sidi (1892-1909).
GENEALOGIE DE ABDALLAH Ier
Mogne FANI ABDALLAH BEN MOHAMED EL MASELA
Les parents :
*Père : prince Saïd Mohamed Ben Abdallah (frère de la reine Halima II disait l’historien Hachim Mohamed Ali)
*Mère : Mwana Roukia Ben Saïd Allaoui Ben Housseni (Al Ahdali) petite fille (ou petit fils) de Saïd Houssein Idarousi.
Les épouses :
Le sultan Abdallah 1er avait quatre (4) épouses :
1ère épouse : Mwana Amina wa Jumbe ben sultan Aboubacar
Enfant : Mwana Wetru ben sultan Abdallah 1er
2ème épouse : Ma Roukia Salim
Enfant : Zoubert Ben sultan Abdallah 1er
3ème épouse : Bweni Matalaha Cheikh
Enfant: Said Allaoui Ben sultan Abdallah 1er
4ème épouse: Bweni Alaouite
Enfant: Said Hassane Ben sultan Abdallah 1er
Selon l’historien et généalogiste Hachim Mohamed Ali, le sultan Abdallah 1er avait eu dix-neuf (19) filles mais deux (2) seulement ont des descendances connues :
*Mwana Wetru Ben sultan Abdallah 1er épouse du sultan Alaoui 1er (qui avait usurpé le pouvoir en 1803), avait eu comme enfants :
-Le sultan Abdallah II (décédé à Mohéli) père du sultan Alaoui Mtiti.
-Le sultan Mawana Salim (ou Salim II) père du sultan Abdallah III.
-Le prince Said Ali Marahani
-Le prince Mwenye M’Lembeni (côté Sima)
-La princesse Bweni Kasabu (Kasabou)
*Mwana M’Chamu (Mchamou) Ben sultan Abdallah 1er avait eu comme enfant (descendant des familles M’Kou à Mohéli, de Traleni à Moroni et Mouhousouni) :
-Le prince Monye M’Kou (M’Ku) de Gerezani.
1.5 Le cimetière royal et les places publiques : La vallée des tombeaux des sultans
La vallée des tombeaux, appelée aussi cimetière chirazien est une petite espace presque au cœur de la médina où les différentes dynasties royales ayant régnées à Mutsamudu enterraient leurs morts. Jadis bien entretenu par les anciens responsables de la mosquée, mais actuellement c’est presque à l’abandon et devenu un lieu de passage, un raccourci. L’ensemble du site est ouvert et couvert d’herbes de toutes espèces. Quelque fois des passants s’autorise à jeter des cannettes et des bouteilles en plastique. Un lieu qui doit être respecté part tout le monde.
A l’œil nu, deux mausolées attiraient l’attention des visiteurs et des passants en forme d’aile pyramidale dont l’un est petit où est enterré le sultan Alaoui 1er, gendre du Sultan Abdallah 1er (1803-1822) et le plus grand est celui de Aisha Binti Ankil et son père. Celle ayant fondée la mosquée en utilisant sa « dote » « Mahari » pour construire le minaret en 1670 de l’ère chrétien. Les deux mausolées sont exceptionnellement peints en blanc de chaux et portent des inscriptions en arabe. Ces tombes sont en mauvais état de conservation. Il faudrait les restauré en urgence.
Jadis, le tissu urbain repose sur quatre éléments clefs :
Les palais et maisons princières
La mosquée principale et les cimetières
La place publique « Gerezani », Mpangahari
Le rempart avec ses différents éléments
« Le site est surtout remarquable par la présence des deux mausolées d’inspiration chirazienne et les alignements de tombes et de sarcophages. Comme il a été signalé dans la partie historique, les plus anciens monuments funéraires datent du 17ème siècle
Les tombes et les sarcophages les plus anciens sont en pierre mais les plus récents ont souvent été carrelés avec des carreaux qui sont peu en rapport avec les matériaux d’origine.
L’ensemble du site est ouvert et il est devenu un lieu de passage presque totalement laissé à l’abandon, et couvert d’herbes folles. Les lieux ne bénéficient que d’un entretien sporadique mais continuent à être respectés par la population » (P. Blondin 230816_Dossier Comores final 2023_BP.pdf)
Description par John Pike (11 au 18 juin 1704 / Passage du navire interlope « Rochester » à Anjouan) : p. 180 : « … Attenant à la mosquée se trouve un jardin dans lequel il y a un grand nombre de tombes d’environ 10 pieds de haut, en forme de maison avec un côté ouvert. C’est là que les morts sont enterrés. … ».
« … Je ne sais pas s’il est utile de parler de leurs édifices funéraires. Parmi leurs tombeaux monumentaux, il y en a plusieurs construits par eux avec de la pierre ordinaire irrégulière, mais plâtrés avec un mortier fait de chaux dure et de sable, ce qui préserve l’ouvrage. Leurs monuments étant différents de nos tombes ordinaires en Angleterre, je vais les décrire. Les murs sont ornés d’assiettes, plats et cuvettes de porcelaine pris dans le mortier.
Ils ont également la forme d’une petite maison comme vous pouvez le voir et certains ont sur le côté une petite cuve ou citerne pour l’eau. Pourtant, je n’en ai vu qu’une qui contenait de l’eau. Son bord supérieur était au ras du sol. Toutes celles qui qui étaient faites avec un mur au-dessus du sol, étaient fissurées et n’en contenaient pas. Les tombeaux ont aussi, à un bout, une espèce de hublot carré par lequel on peut pénétrer. On m’a raconté qu’autrefois ils y entretenaient à l’intérieur des lampes allumées et les amis affligés venaient s’y lamenter. Je n’en ai pas vu le faire, mais il est possible que ce soit vrai, car ils croient que les morts connaissent les actions de leurs amis vivants et qu’ils sont réconfortés par les larmes qu’ils répandent sur eux. Bien plus, ils sont persuadés que les morts aussi pleurent et qu’ils se préoccupent du bien-être de leurs amis vivants et que ces larmes leur font du bien. … » (Ibid. : 199-200)
Voyons ce que dit Melet (1671) au sujet de ces tombes (in A. Molet-Sauvaget 1994 : 32) : « … Etant sorti de là, je m’arrêtai à considérer le mystère qu’il y avait qu’il y avait au-devant de cette mosquée et j’ai remarqué qu’il y avait sur toutes les tombes un pot et un plat de faïence, mais en ayant aperçu un beaucoup plus considérable, j’allais le considérer et après, m’étant informé, que c’était la sépulture de leur roi dernier mort qui était bâti de cette manière. C’est un tombeau en forme de pavillon couvert d’un linge blanc avec un pot de faïen[ce] et un plat de porcelaine et au-dessus de ce bâtiment sont des pavillons, y ayant plusieurs papiers attachés où sont écrites toutes les actions qu’a faites le défunt roi pendant sa vie. Ce tombeau est toujours gardé par des esclaves, où est établi un corps de gardes à côté » (Ibid. : 180)
Les cimetières sont généralement situés à l’extérieur de la ville. Chaque famille a son propre cimetière intra ou extrat mural.
Selon le rite musulman, le mort est inhumé dans une fosse à même la terre appelée « Kaburi », placé dans une petite fosse face à la mecque appelée « shoma », recouvert d’une planche. Puis on recouvre la sépulture d’un petit tumulus et entouré des blocs de pierre.
Les sultans et les personnalité illustres (que ce soit à la Grande comores et à Anjouan dans les ( sites composant les Sultanats Historiques des Comores) sont enterrés dans des cimetières intramuraux situés au voisinage de la place publique et/ou des mosquées. Leurs tombeaux sont en maconnerie.
On observe 4 types de tombeaux anciens :
*A encadrement simple
*A encadrement en « aile » (Voir Untsoha, Domoni et Mutsamudu)
*A encadrement élevé surmonté d’une stèle avec un ou deux ou trois bols de porcelaine (ou céramiques) incrusté dans le mortier (Voir Bwangakuni/ Grande Comore)
*A chambre se 1,50 m à 2 m de côté surmonté d’un toit en forme de pyramide pointue (Voir Mutsamudu et Domoni)
Photo 1 Photo 2
Photo 4 Photo 5
Photos 1 et 5 : Mausolée de Aisha Binti Ankili et le Bangwe du palais et de la mosquée de vendredi
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos 1 et 2 prises le 10 décembre 2019
Photos 2 et 4 : Mausolée du sultan Allaoui 1er qui a régné de 1803 à 1822 en détrônant son beau-père le sultan Abdallah 1er
Visite d’un représentant de l’Ambassade de France à la vallée des tombeaux et Ujumbe
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos 4 et 5 prises 15 novembre 2023
Le tombeau de la fille de Saïd Ankil, Bint Ankil fin de XVIIe siècle, qui avait financé la Construction du minaret cylindrique de la mosquée de vendredi avec son « Mahr » (la prestation matrimoniale reçue de l’époux) et la place publique « Gerezani » en maçonnerie, à gauche et à droite, collée à la mosquée et au palais en face du tombeau de Bint Ankil. Au fond à gauche, la petite ruelle traversant le palais Ujumbe passe sur un passage couvert « Vouvouni vwa Dari »
Photo 6 Photo 7
Photos 6 et 7 : Les deux tombes vues de derrière et le palais des sultans « Ujumbe » façade principale.
Photo 7 : façade Nord du tombeau du sultan Allaoui 1er avec une petite porte d’entrée
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 15 novembre 2023
Le tombeau du sultan Alaoui 1er au cimetière chirazien de Mutsamudu face au palais Ujumbe. Gendre du Sultan Abdallah 1er (1803-1822), épouse sa fille Mwana Wetrou ou Mwana Wetru et arrive au pouvoir en destituant son gendre parti en voyage en Inde.
Plan 1
Plan 1 : plan du cimetière royal où on peut voir la tombe de Binti Ankil et celui du sultan Alaoui 1er gendre du sultan Abdallah 1er
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p.87 et 101
1.6 Espace urbaine
Photo 3 Photo 4 MU 02 : Vuvuni Mwa Dari
Photo 3 : Espace urbaine couverte (Vouvouni mwa Dari), « Gerezani » ou « Shataraju », place publique située à côté de la mosquée mais aussi collée en face du palais.
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 13 octobre 2019 à 16 :16 :27
Photo 4 : Binti Ankili/Vouvouni mwa Dari, lieu où le sultan et la haute notabilité « Makabaila » prennent les décisions nationales. C’est la partie jouxtant le palais et la mosquée de vendredi, accolée au mausolée de Binti Ankili à droite
Toutes les villes comoriennes sont divisées en arrondissement coutumier.
La place royale d’intérêt nationale est aménagée en face du palais de sultan. C’est une vaste espace entourée de bancs maçonnerie. Les grandes fêtes royales qui rassemblent des foules venues des villages, parfois même les plus éloignés, y sont organisés. La grande mosquée de la prière communautaire du vendredi et le cimetière princier l’entourent.
Chacun des arrondissements possèdent sa place centrale propre (Mpanga ou Bangwe) qui accueille les manifestations à caractère coutumier.
Les manifestations à caractère coutumière sont dirigées par les anciens qui veillent au respect de règle de préséance fondée sur la hiérarchie de lignage et de catégorie d’âge (Damir B.A.)
On distingue plusieurs sortes des places publiques dans les médinas : Mpangahari, Gerezani, Bangani vwa Muji, Shilindro (Shilindroni), Shataraju…
Dans la médina de Mutsamudu, on parle de :
1.6 a) Mpangahari ou Pangahari :
Place coutumière située au cœur du tissu ancien accolé à un palais, elle présente un vaste espace équipé de quelques bancs en pierre ou non (Baraza) et d’une estrade en maçonnerie ou non. C’est le lieu où les anciens dispensent la sagesse, où les adultes exercent le pouvoir sur les jeunes et leur inculque le savoir vivre en société…l’art de la parole et divers talent artistique.
Du fait de l’Islam, elles ne sont pas accessibles aux femmes (sauf s’elles viennent regarder des manifestations culturelles en se couvrant le visage). C’est un lieu réservé exclusivement aux hommes toutes générations confondues. C’est le lieu où s’organise les manifestations culturelles, les danses des guerriers (Razaha ou Rasia) après leur victoire contre l’ennemie et la fête du tam-tam du bœuf, initiée par les Portugais entre le XVe et le XVIIe siècle.
Photo 1 MU 06 Pangahari Photo 2 relevé MU 06/2007
p
Photo 3 relevé MU 06/2007 Photo 4 : relevé MU 06/2007
Plan 1
Plan 1 : Plan de Mpangahari (Pangahari) à Msamoudou (Mutsamudu)
Photo 1 : La place de Mpangahari (Place du milieu) vide avec son portique (porte monumentale à arcature pointue à l’entrée nord vers le palais de Ujumbe accolée au palais Mpangahari et son estrade en maçonnerie de pierre.
Photo 2 : La place de Mpangahari (Place du milieu) en pleine manifestation populaire soit de Tam- Tam du bœuf, soit lors d’un grand mariage. Les chaises en plastique sont rangées sur le tribune.
Photo 3 : La place publique Mpangahari grouille de foule. Les femmes vêtues de leur châle traditionnelle anjouanaise « le chiromani » de couleur rouge symbole de la royauté à Anjouan, qu’on ne trouve nul par qu’aux Comores, certaines debout sur les escaliers, assistent à une manifestation de mariage
Photo 4 : Porte monumentale à arcature pointue à l’entrée Nord face au palais Ujumbe et accolée au palais Pangahari et celui de Saïd Ahmed Zaki
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 87
1.5 b) Gerezani :
Photo 3 Photo 4 : MU 02 : Vuvuni Mwa Dari
Photo 3 : Espace urbaine couverte (Vouvouni mwa Dari), « Gerezani » ou « Shataraju », place publique située à côté de la mosquée mais aussi collée en face du palais.
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 13 octobre 2019 à 16 :16 :27
Photo 4 : Binti Ankili/Vouvouni mwa Dari, lieu où le sultan et la haute notabilité « Makabaila » prennent les décisions nationales. C’est la partie jouxtant le palais et la mosquée de vendredi, accolée au mausolée de Binti Ankili à droite
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 87
Une place publique particulière, fréquentée exclusivement par les hommes appartenant à la catégorie sociale la plus élevée. Le sultan et ses vizirs se réunissent là pour traiter les affaires nationales. Toutes les décisions sont prises là.
1.5 c) Shilindro :
Chaque quartier possède chacun une place appelée « Shilindro » qui peut accueillir des réunions des voisins.
Le Shilindro est situé dans un renforcement des maisons ou au croisement de plusieurs rues. Des bancs de pierre y sont parfois aménagés.
Le Shilindro et la cour intérieure des maisons sont les lieux privilégiés de danse et des manifestations religieuses féminines.
Au XVe siècle, Domoni couvrait 11 ha de même que Sima. Selon le navigateur et géographe Ahmed Ibn Madjid, la cité de Domoni, grâce à son port qui atteint son apogée au 16ème siècle, est devenue un important centre économique stratégique, du commerce traditionnel maritime dans cette zone de l’océan indien.
C’est effectivement entre le XVe et le XVIe siècle, qu’un shirazi du nom de Hassane ben Mohamed Insa débarque avec son groupe dans la cité de Sima, alors capitale de l’île, et épouse la princesse Adia la fille de Fani Ali. Par ce mariage, Hassane arrive à conquérir assez facilement le pouvoir sur l’ensemble de l’île. Il se déclare seul souverain, en mettant fin au régime des principautés en vigueur dans l’île. Il se donne alors le titre de Sultan et transfère de façon permanente, la capitale du sultanat à Domoni.
Premier sultan de l’île d’Anjouan, Hassane ben Mohamed Insa est aussi l’instaurateur d’une dynastie shirazi dans cette île d’Anjouan, celle des Al Madoua d’abord à Sima, puis à Domoni. Mais elle ne sera pas la seule puisque trois autres dynasties régnantes vont apparaître progressivement, et leurs membres se livrent à des luttes fratricides pour la conquête du pouvoir continûment à tour de rôle selon la logique de lignage. Dans l’ordre chronologique ce fut d’abord la dynastie des « Mahdali », ensuite celle des « Al Masela », et enfin celle des « Aboubacar ben Salim » branche du lignage de Bâ Alawî.
Ces dynasties régnantes vont marquer chacune à sa façon et de manière très différente la politique du sultanat. L’unification du pouvoir politique et sa consolidation a été l’œuvre des Al Madoua. La dotation du royaume, de structures étatiques (un gouvernement, un parlement appelé Madgliss et une justice rendu au nom du sultan sur toute l’étendue de l’île) est initiée par les Mahdali avec l’avènement au trône du sultan Idarousse Al Ahdali au tout début du 17ème siècle qui correspond également à un changement de dynastie. La construction de Palais (Ujumbe) au XIVè-XVè siècle pour le sultan est le fait des Al Masela…
La construction de gros œuvres à caractère communautaire comme la Mosquée de Mrintsini et la mosquée Shirazienne, le rempart de Domoni, les tombes pyramidales ou individuel comme le Palais du sultan appelé « Ujumbe », ou celui des familles princières connu sous le nom de « Pangani », ainsi que la résidence « Toyifa », toutes ces réalisations telles que nous les connaissons aujourd’hui, sont consécutives à l’avènement du sultanat dans l’île
A) Nom du bien : La Médina de Domoni (élément 2)
B) Coordonnée géographique à la seconde près : limite
• Au Nord par la pointe d’éperon ou la pointe de Domoni
• Au Sud par la route vers la mer et la région de Nyumakele
• A l’Est par la mer
• A l’Ouest par la baie de Chikirini
Ces limites sont clairement définies par les typologies des tissus urbains en présence à Domoni. La vieille ville se caractérise par une implantation homogène, dense et relativement anarchique comme à Mutsamudu de type « Médina », les autres par une implantation aérée et tramée du colonial. Un autre critère de différentiation est la nature des constructions également homogène et de type traditionnel.
C) Cartes et plans indiquant les limites du bien proposé pour inscription et celles de la Zone Tampon :
• Carte globale de Chikirini
•
•
• Plans schématiques de la Médina
•
D) Surface du bien proposé pour inscription et de la Zone tampon :
• La surface d’intervention de la zone considérée est de 18,2 ha
Médina de Domoni et Zone Tampon
Carte 1 Plan 1
Carte 1 : une petite baie appelée Chikirini, dont l’extrémité Sud se prolonge par un bras de terre appelé « Pointe de Domoni ».
Source : Photo remise par Mr Affane Soifaoui le 05 octobre 2020 issue de sa collection.
Plan 1 : Plan de la médina de Domoni avec les différentes composantes
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 107
Cité millénaire des alentours du 10ème siècle de notre ère, berceau d’une civilisation et de la culture d’une part Africain à substratum Austronésien (ou Malayo-polynésien) dominé par l’animisme qui véhicule les forces chtoniennes (période Dembeni VIIIè-XIè siècle ou période Ilindy) dont la pratique ancestrale subsiste telle que les danses traditionnelles, les danses de possession, le culte des anguilles sacrées (Ziarani Papani) et d’autre part Arabo-Chirazienne dominée par la culture coranique « l’Ustâarab » et qui entrainerait la création des sultanats, Domoni (Damnia), perle de la culture chirazienne (Perse) dans l’Océan Indien, a pu conserver ces patrimoines ancestraux jusqu’à nos jours.
La tradition orale et les chroniqueurs ont pu, à travers des siècles, conserver les différents récits du groupe lignager qui a créé Domoni, sa chefferie et par la suite le sultanat…
Domoni, à l’origine, s’appellerait « Damune » nom d’une ville de Hadramaout dans le Yémen, mais que les traditionnistes véhiculent l’idée que Domoni fut fondé par des shiraziens (Chiraziens) conduits par un chef appelé Husseini Ben Ali.
Située sur la côte Est de l’île d’Anjouan, elle jouxte une petite baie appelée Chikirini, dont l’extrémité Sud se prolonge par un bras de terre appelé « Pointe de Domoni ». Cette pointe qui avance vers la mer sur une distance d’un kilomètre environ, permet le signalement en mer de la baie et de la cité, de jour comme de nuit.
La tradition orale rapporte qu’en 1275, Domoni constitue une principauté au même titre que d’autres cités comme Sima, Moya, Chaoueni, Ouani et Mutsamudu. Elle fait office de capitale de l’île d’Anjouan, et c’est le Prince régnant de la principauté de Domoni, le Fani Othman Ben Kalishi Tupu qui détient en même temps l’autorité de l’île, était le premier à construire un palais en dur en 1274 de notre ère et que sa fille Djumbe Mariam ben Kalishi Tupu régnait à Chaoueni (Nyumakele) en l’an 1300 de notre ère. C’est la raison pour laquelle il porte le titre de Fani, un titre qui désigne le souverain de l’île d’Anjouan à cette époque.
Au XVe siècle, Domoni couvrait 11 ha de même que Sima. Selon le navigateur et géographe Ahmed Ibn Madjid, la cité de Domoni, grâce à son port qui atteint son apogée au XVIème siècle, est devenue un important centre économique stratégique, du commerce traditionnel maritime dans cette zone de l’océan indien.
C’est effectivement entre le XVe et le XVIe siècle, qu’un shirazi du nom de Hassane ben Mohamed Insa débarque avec son groupe dans la cité de Sima, alors capitale de l’île, et épouse la princesse Adia la fille de Fani Ali. Par ce mariage, Hassane arrive à conquérir assez facilement le pouvoir sur l’ensemble de l’île. Il se déclare seul souverain, en mettant fin au régime des principautés en vigueur dans l’île. Il se donne alors le titre de Sultan et transfère de façon permanente, la capitale du sultanat à Domoni.
Premier sultan de l’île d’Anjouan, Hassane ben Mohamed Insa est aussi l’instaurateur d’une dynastie shirazi dans cette île d’Anjouan, celle des Al Madoua d’abord à Sima, puis à Domoni. Mais elle ne sera pas la seule puisque trois autres dynasties régnantes vont apparaître progressivement, et leurs membres se livrent à des luttes fratricides pour la conquête du pouvoir continûment à tour de rôle selon la logique de lignage. Dans l’ordre chronologique ce fut d’abord la dynastie des « Mahdali », ensuite celle des « Al Masela », et enfin celle des « Aboubacar ben Salim » branche du lignage de Bâ Alawî.
Ces dynasties régnantes vont marquer chacune à sa façon et de manière très différente la politique du sultanat. L’unification du pouvoir politique et sa consolidation a été l’œuvre des Al Madoua. La dotation du royaume, de structures étatiques (un gouvernement, un parlement appelé Madgliss et une justice rendu au nom du sultan sur toute l’étendue de l’île) est initiée par les Mahdali avec l’avènement au trône du sultan Idarousse Al Ahdali au tout début du 17ème siècle qui correspond également à un changement de dynastie. La construction de Palais (Ujumbe) au XVè-XVIè siècle pour le sultan est le fait des Al Masela…
La construction de gros œuvres à caractère communautaire comme la Mosquée de Mrintsini et la mosquée Shirazienne, le rempart de Domoni, les tombes pyramidales ou individuel comme le Palais du sultan appelé « Ujumbe », ou celui des familles princières connu sous le nom de « Pangani », ainsi que la résidence « Toiyfa », toutes ces réalisations telles que nous les connaissons aujourd’hui, sont consécutives à l’avènement du sultanat dans l’île
- Les palais
2.1 : Palais de Ujumbe :
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Palais Ujumbe de Domoni, construction initiale. On voit nettement les petites ouvertures pour permettre à la reine et aux autres femmes aristocratiques « Makabaila » de voir les manifestations sur la place publique « Mpangahari » sans être vue.
Source : photo prise par Martin Ottenheimer en 1968
Photo 2 : Palais Ujumbe de Domoni, restauré. On a bouché une ouverture et mettre des colle stras pour la sécurité sans pour autant perdre l’authenticité, ni l’intégrité du palais peint en blanc de chaux.
Source : Photo prise par Affane Soifaoui en 2013 et Dr Bourhane Abderemane 00/12/2013
Plan 1
Plan 1 : le plan du rez de chaussé et de l’étage avec les fresques.
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 118
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : montre la totalité du palais Ujumbe avec les deux passages souterrains
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 118
Photo 4 : Des niches muraux incrustées au palais Ujumbe de Domoni ornant ce mur intérieur
Source : Photo remise par Mr Affane Soifaoui le 05 octobre 2020 issue de sa collection.
Dans la ville de Domoni, il est fort possible que le prince Saïd Allaoui Al Masela soit à l’origine de la construction du Palais du sultan (Palais de Ujumbe), de style swahili, apparaît comme un assemblage de trois blocs d’habitations à deux niveaux, d’ancienneté inégale. Le Palais de Ujumbe est un grand édifice avec des grandes chambres rectangulaires qui s’articulent autour d’une grande pièce principale à la forme d’un carré, le salon.
Avec ses énormes escaliers qui permettent l’accès à l’étage, à partir d’une porte en bois sculpté, à deux battants, le Palais fait face à la place publique, au centre de la ville. Un lanterneau avec une toiture à deux pans situé sur la terrasse, au-dessus de la pièce principale, distribue l’air et la lumière à l’étage ainsi que les nombreuses et petites fenêtres à persienne, en bois sculpté.
Le plafond, fait de poutres en bois (elles sont peintes en rouge noir et blanc) disposées de façon à former de belles figures géométriques sont associées par fois à des planches en bois pour former des figures encore plus jolies. Cet ensemble polychrome, en bois massif, supporte une terrasse au décor remarquablement exécuté.
A l’intérieur de l’édifice, à une hauteur raisonnable, les murs sont ornementés de niches qui servent aussi de contenants pour des vases de porcelaine ou des objets de verroterie ou tous autres objets, sujets à être exposés. L’eau est fourni par un puits accessible depuis l’étage.
En principe, le premier niveau du Palais de Ujumbe n’est pas habité. Une partie est transformée en zone de repos pour les domestiques travaillant au Palais.
Des escaliers permettent d’accéder au salon sans sortir du Palais. A quelques variantes près, le Palais de « Ujumbe », celui de « Pangani » et la résidence « Toyifa » sont construits suivant ce type d’architecture très répandue dans les îles de la côte est africaine; avec cette différence que le Palais de Ujumbe est un tripode à deux niveaux, celui de Pangani, un bipode à deux niveaux, et Toyifa (Twaifa), une résidence princière à un seul niveau.
La sultane Halima II Binti Saïd Allaoui ben Saïd Abdallah Al Masela, fille du prince Saïd Allaoui ben Saïd Abdallah Al Masela dont les origines remontent dans un petit oasis nommé « Maceela », au Sud de la péninsule arabique, occupe le 6ème rang, dans l’ordre des neuf sultans ayant régné dans l’île d’Anjouan avec résidence à Domoni. Saïd Allaoui est également le fils d’un ancien Sultan de l’île de Patte dans l’archipel de Lamu au large du Kenya dans l’océan indien. Mais elle est le premier Sultan de l’île à résider au Palais de « Ujumbe » aux alentours de 1670 qui est la date de son accession au trône.
Dès le début du sultanat, l’île de Patte a entretenu des relations privilégiées avec l’île d’Anjouan dont les monarques préféraient marier leurs filles avec des Sharifs (descendants du Prophète Mohamed) qu’ils faisaient venir de l’archipel de Lamu. Ce fut le cas de la Sultane Halima I Binti Sultan Mohamed ben Sultan Hassane. Son mari, le prince Saïd Allaoui ben Saïd Aboubacar Al Ahdal (Ahdali) venait lui aussi de l’île de Patte, origine des influences swahili dans l’île d’Anjouan, et dans l’archipel des Comores.
2.2 : La résidence ou palais Toiyfa (Twoiyfa) Domoni :
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 1 : Une fresque intérieure à Toiyfa (maison princière bâtie au XVIIIe siècle), présence de l’art perse.
Photo 2 : Les niches tapissant le mur au palais Toiyfa à Domoni
Photo 3 : Puits lumière, toiture terrasse soutenue par des poutres horizontales et des solives en bois peintes en noir
Photo 5 : Toiture terrasse soutenue par des poutres et des solives en bois peintes en rouge
Plan 1
Plan 1 : Résidence ou palais Toiyfa, plan du rez de chaussé et de l’étage
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 119.
2.3 : Palais Pangani Darini
Photo 1 Photo 2
Plan 1 Photo 3
Photo 1 : Façade principale. On voit le 2ème escalier qui monte à l’étage de la partie gauche
Photo 2 et 3 : La toit terrasse du premier étage est soutenue par un plafond de poutre et des solives en bois qui se croisent formant ainsi un nid d’abeille peint en blanc et la 2ème terrasse, composé des dalles de coraux « Bishiyo » est soutenue par des grosses poutres sculptées peintes en rouge et noire et des solives peintes en rouge
Plan 1 : Les deux bâtis collés mais indépendant composant le palais « Pangani-Darini »
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, pages 116 et 117.
Plan 2 Plan 3
Plan 2 et 3 : Plan du palais Pangani-Darini construit d’abord par le Fani Othman dit Kalishi Tupu vers 662 de l’hégire soit 1274 de l’ère chrétienne, appelé au début Darini Mwa Dari.
En 1532, Darini Mwa Dari fut restauré par le sultan Mawana Idarousi (fils de Mogne Alaoui prince de Pate et de Halima 1ère (Al-Mahdali). Ce palais devenu très étroit, la famille régnante entreprend la construction des différents autres palais notamment le palais Ujumbe et Toiyfa destiner à doter les princesses royales.
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, pages 116 et 117.
La construction de ces édifices au niveau de l’archipel des Comores (sur les 5 sites des Sultanats Historiques des Comores/Ngazidja et Ndzouani) mobilisait la population et les artisans comoriens, peut être aussi des architectes étrangers. Elle renforçait leur pouvoir, source de grand prestige.
La population comorienne n’a pas adopté les styles architecturaux étrangers. Elle s’arcboute au style arabo-swahili (utilisation des pierres, de la chaux de corail, du miel d’abeille, des solives et des poutres en bois, des coraux taillés et aplatis « Bishiyo » ou taillés des dalles de lave pour la toiture, les grandes portes à panneaux simples ou sculptées etc…).
Ces bâtisses (Palais Dhoihira à la Grande Comore, Ujumbe, Pangani-Darini, Toiyfa à Anjouan) sont constituées d’un rez de chaussée et d’un étage couvert par un toit terrasse muni d’un puit de lumière. On n’y accède par un escalier monumental arrivant sur un palier abrité sous une couverture de poutre de bois sculptés et décorés de motif géométriques noir sur fond rouge. Une porte monumentale en bois sculpté s’ouvre sur un corridor qui donne accès à la série de pièces de l’étage dont certaines disposent des niches sculptées sur toute leur hauteur. Le plafond est fait de poutre et caisson de bois sculpté parfois peints d’inscriptions coraniques et/ou magico-religieuse.
Aux XVIIe siècle, le style architectural, l’art du bois, l’art de pierre et l’art des orfèvres-bijoutier ont atteint leur plus haut niveau de perfection. Les Vizirs et d’autres membres composées de l’aristocratie (bourgeoise) construisent des vastes demeures composées seulement d’un rez de chaussée mais dont la richesse de la décoration intérieure n’a rien à envier à celle des palais royaux (Damir B.A)
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : Restauration des niches nouvellement découvertes au palais des sultans à Ujumbe de Mutsamudu par des spécialistes Tanzaniens
Source : Photo prise par le cameraman de CPC le 14 octobre 2021
Photo 4 : Le savoir-faire des orfèvres-bijoutiers comoriens (bijoux portés par les reines)
Source : Photos 1-2-4 prises au Musée du CNDRS à Moroni le 18/02/2022
2.4 : Les mosquées :
2.4.1 : La mosquée chirazienne de Domoni
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Mosquée Chiraz de Domonie dans les année 50
Source : Photo remise par Mr Affane Soifaoui le 05 octobre 2020 issue de sa collection
Photo 3 Photo 4
Photo 2 : La façade de la mosquée Chirazienne de Domoni avec ses deux Mihrabs
Photo 3 : L’intérieur de la mosquée Chirazienne montrant une grosse poutre soutenant le toit terrasse
Photo 4 : Le mihrab de la mosquée Chirazienne XIVè-XVè siècle
Source : Photo 2-3-4 prise par Dr Bourhane Abderemane le 15 Août 2019
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Plan 1
Indique les différentes parties de la mosquée Chirazienne de Domoni
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 120
Les Chiraziens, une fois installés, ont beaucoup influencé la vie des comoriens sur plusieurs aspects notamment : la mosquée Chirazienne de Domoni située en bord de mer et encore fréquentée aujourd’hui. Il s’agit d’édifice religieux, la plus ancienne et la plus célèbre des mosquées de la médina
Les vestiges encore débout montrent le raffinement de l’art et la sculpture Chirazien (style flûté). Ce qui est impressionnant, c’est que le Mihrab de la mosquée à Ziara-Sima (XIVe siècle) est semblable à celui de Domoni (XIVe siècle) semblable aussi à celui qu’on trouve à Tsingoni (XVIe siècle), mais aussi de Kizimkazi, Zanzibar (dont la date m’échappe).
Au niveau de la mosquée de Domoni, ce sont les deux « Mihrab » dont un qui attirent le regard avec sa voûte sculptée et sa façade ornée qui constituent les éléments décoratifs de la mosquée.
D’après Liszkowski, après avoir étudié les mosquées de Tsigoni, Polé, Domoni et Sima, « montre que leurs voûtes de style « flûté » semblent identiques ; la façade est richement décorée de bandeaux de corail en relief et le sommet de la voûte présente une ornementation trilobée qui n’a rien à envier à celle de Kizimkazi ; cette similitude qui concernerait aussi la mosquée de Sima, nous invite à envisager la possibilité d’une coopération entre les artisans des deux îles voisines ou un déplacement des mêmes constructeurs d’une île à l’autres… » (2000 :264).
2.5 : Le cimetière royal
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Le tombeau du Premier sultan de l’île d’Anjouan, Hassane ben Mohamed Insa qui est aussi l’instaurateur d’une dynastie shirazi dans cette île d’Anjouan, celle des Al Madoua à Domoni, complètement dégradé ainsi que d’autres tombes au cimetière chirazien.
Source : photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 03 juillet 2016
Photo 2 : Différents tombeaux Chiraziens à Domoni en « aile » et dôme pyramidal (à côté de Mpangahari)
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 112
Comme à Mutsamudu, chaque famille à Domoni a aussi son propre cimetière à l’intérieur de la muraille. Les tombeaux en maçonnerie appartiennent aux sultans, à des personnes illustres et à l’aristocratie « Makabaila ». Ils prennent plusieurs formes (à chambre, à encadrement élevé surmonté d’une stèle et en « ail ». Les tombeaux des sultans morts en exercice portent un pilier au milieu de son tombeau.
2.6 : Les places publiques :
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Place publique : Mpangahari à Domoni à côté du palais Ujumbe
Photo 2 : Place publique : à Domoni
Photo 3
Photo 3 : place de Pangahari délimitée par des habitations dont le palais Ujumbe et le cimetière chirazien
Plan 1
Plan 1 : Plan montrant la place de Mpangahari (Mpangahari) à Domoni
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p.109 et 115
Comme à Mutsamudu, Domoni possède aussi plusieurs places Publiques notamment « Mpanga hari » ou « Panga hari » selon la prononciation et « Shataraju ».
Shataraju :
Une deuxième place publique existe à Domoni. Dans ce quartier « Hariyamuji », un « Shilindro » particulier est fréquenté exclusivement par les hommes appartenant à la catégorie sociale la plus élevée. Les hommes se réunissent et pratiquent des jeux de société en attendant l’heure de la prière. Toutes les décisions sont prises là. Cette place s’appelle « Shataraju ».
2.7 : Les remparts :
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6
Photo 1 : La muraille de Domoni sur la pointe de la ville
Source : Photo remise par Mr Affane Soifaoui le 05 octobre 2020 issue de sa collection
Photo 2 et 5: La grande muraille séparant la pointe de Domoni et la médina
Source : Photos prises par Dr Bourhane Abderemane le 28/8/2019 (ph.2) et (ph.5) en 1979 et 80
Photo 3 : Poste d’observation et de surveillance de Foukoujou, à la sortie nord de la ville
Source : Photo CNDRS remise par Ahmed Aboubacar le 02 septembre 2020
Photo 4 et 6 : Tour de guet « Bunarthi », partie Est de la muraille longeant « Momoni »
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p.108
Dès la fin du XVIe siècle, et dans un souci de protection des grandes villes surtout côtière aux Comores, les autorités sultaniques ont ordonné la construction de la muraille de la ville « Ngome ». C’est le cas de la médina de Domoni. C’est un mur d’enceinte d’une longueur de 3,5 km et d’une hauteur pouvant atteindre les 7 mètres. La menace d’une invasion de la ville, que faisait peser l’intrusion des navigateurs portugais dans cette zone de l’océan indien au tout début du 16ème siècle, mais aussi les menaces des pirates malgaches, avaient nécessité la construction de ce mur de protection de la ville et de ses habitants, appelé en dialecte anjouanais « Hura wa Muji ».
Dotée de six postes d’observation et de surveillance « Bunarthi », placés en haut de la muraille, de deux grandes portes d’accès à la ville, l’une au nord et l’autre au sud de la ville, la muraille de Domoni constituait l’élément principal d’un dispositif de surveillance, de défense et de protection de la ville et de ses habitants en utilisant les matériaux traditionnels (pierres, chaux, sable, miel).
Tôt le matin, les portes de la ville s’ouvraient pour laisser sortir les habitants. Elles se refermaient à la tombée de la nuit par mesure de protection de la ville et de ses habitants.
Le poste d’observation et de surveillance de Foukoujou, à la sortie Nord de la ville, était important au regard de ses capacités à abriter des combattants avec leurs armes, mais pas autant que celui perché sur la partie la plus haute de la pointe de Domoni. Celui-ci permet, en effet, d’avoir une vue panoramique très large de l’océan sur toute la côte Est de l’île d’Anjouan, depuis la pointe Sud de cratère de Ngomajou plus proche de l’île de Mayotte, jusqu’à la pointe de Jimilime au Nord de l’île d’Anjouan. Ce poste, à coup sûr le plus important, s’explique par le fait qu’à l’époque, le danger venait surtout de la mer.
« En 1599, lors d’une escale qu’il effectua à Domoni, et d’une visite qu’il a rendu à la reine, le navigateur britannique John Davis, cité par Martin Ottenheimer, déclare avoir observé des gens affairés autour de la muraille, mais qu’il lui était impossible de dire s’il s’agissait d’une construction de la muraille ou d’une réparation de cette même muraille » (Markham 1880 :138)
GRANDE COMORE
Carte de la Grande Comore
Source : gifex.com
Gouvernorat ou région : Grande Comore (Ngazidja)
A) Nom du bien : La Médina d’Itsandra (élément 3)
B) Coordonnée géographique à la seconde près : limite
• Au Nord par la route vers voidjou
• Au Sud par la route de la présidence
• A l’Est par le rempart
• A l’Ouest par la mer
Ces limites sont clairement définies par les typologies des tissus urbains en présence à Itsandra. La vieille ville se caractérise par une implantation homogène, dense et relativement anarchique comme à Mutsamudu de type « Médina », les autres par une implantation aérée et tramée du colonial. Un autre critère de différentiation est la nature des constructions également homogène et de type traditionnel.
C) Cartes et plans indiquant les limites du bien proposé pour inscription et celles de la Zone tampon :
• Carte globale de
•
•
• Plans schématiques de la Médina d’Itsandra
•
•
D) Surface du bien proposé pour inscription et de la Zone tampon :
• La surface d’intervention de la zone considérée est de 10,06 ha
Médina d’Itsandra et la zone Tampon
Photo 1
Photo 1 : La mosquée de vendredi (Place Butsini)
Photo 2 Photo 3
Photo 2 : Ville d’Itsandra – Vue de la plage en 1898
Source : Sophie Blanchy, la Grande Comore en 1898 : photos d’Henri POBEGUIN, textes de Sophie Blanchy, KomEdit, P.54 (Bibliothèque du CNDRS Moroni 2021)
Photo 3 : Place Butsini Mtsangani avec un front de mer planté des badamiers
Source : Photo 1 et 3 prises par Dr Bourhane Abderemane le 17 juillet 2019
3.1 : La médina d’Itsandra Mdjini
Itsandra Mdjini, de son ancien nom, « Sankoulé el arabe » est l’un des petites cités maritimes du XIVème siècle, située sur la côte à 3 Km au Nord de Moroni. Ville fondée au Xe siècle, elle était dotée du premier port maritime. Berceau de la civilisation swahilie, elle fut longtemps la capitale de Ngazidja. Cette ville regorge aujourd’hui de plusieurs attraits historiques et touristiques : une forteresse construit au XVIIème siècle, reliée à la ville par une allée munie d’escaliers et bordée de part et d’autre d’une muraille de 130 mètres de long, muni d’escalier et bordée de haut mur. Cette forteresse est dotée d’une grande salle de conseil bordée de deux galeries et une maison d’habitation, le tout surmonté de deux tours décagonales relié par des remparts. Les tours « Bunarthi » qui font 7 m de haut, ont des parois percées de meurtrières permettant la surveillance mais aussi le tir à fusil. Ainsi protégée, la ville d’Itsandra n’a jamais été prise, contrairement à Iconi et Ntsudjini.
Plan 1
Plan 2
Plan 1 : Plan de la place Butsini Mtsangani
Plan 2 : Plan de la médina d’Itsandra avec les différentes composantes
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 25 et 33
Quelques morceaux de remparts qui entouraient la ville fortifiée, parsemés de trous d’observation, restent toujours visibles. On y trouve le Chingo nyamba, maison à toiture sous forme de carapace de tortue, du XIIIème ; la maison du Saint, Al Habib Omar Bin Sumet et plusieurs mosquées qui s’étalent du XIVème au XIXème siècle.
Itsandra présente la même structure urbaine que les autres villes avec une voirie en arborescence, des rues étroites bordées de bancs construits en maçonnerie. La ville possède également plusieurs Bangwe (places publiques), du XVIIème et du XVIIIème siècle, entourées de portes monumentales et de bancs en maçonneries qui montrent les limites des espaces communautaires.
3.2 : La Citadelle d’Itsandra :
Gerezani
Photo 1 Photo 2
Plan 1 : Plan 2
Photo 1 : Alignement des piliers de la Salle basse du Gerezani
Photo 2 : l’allée du double rempart du Gerezani
Plan 1 : Le Gereza (la partie supérieure avec les deux tours de guet « Bunarthi »
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 40
Plan 2 : Figure 11 : La forteresse du Gereza
Source : J.L. Guébourg 1994 :37
La forteresse d’Itsandra « Gerezani », construit au XVIIème par le sultan Fumnau Wakori, Ntibe de Ngazidja, de ligne Inya Fwambaya, reliée à la ville par une allée munie d’escaliers et bordée de part et d’autre d’une muraille de 130 mètres de long, muni d’escalier et bordée de haut mur. Cette Citadelle est dotée d’une grande salle de conseil bordée de deux galeries et une maison d’habitation « la Salle haute », le tout surmonté de deux tours décagonales relié par des remparts. Les tours « Bunarthi » qui font 7 m de haut, ont des parois percées de meurtrières permettant la surveillance mais aussi le tir à fusil. Elle communiquait avec l’extérieur par trois portes distinctes: au Sud, la “Porte Royale” de 1615 a été murée et restaurée en 1859. L’entrée se fait maintenant, toujours par l’ancienne porte de la ville, la “Nkodro” ou “porte fermée ”en 1389.
1.3 : Les mosquées et Mausolées
1.3.1 : Msiri Ali Wa Ipvanga
Photo 1 Photo 2
Photo 1 et 2 : Vue respective de 2007 et de 2019 de la mosquée Msiri Ali wa Ipvanga (IT.12 du recueil) détruite et reconstruite avec des matériaux modernes
Source : Cheihane Cartographe, nomination sultanat des Comores, section 6
3.3.2 : Mkiri Bomani Ziraruni
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : La mosquée Bomani Ziraruni, façade extérieure
Photo 2 : Intérieur de la mosquée Bomani
Plan 1
Photo 1 et 2 : L’extérieur et l’intérieur de la mosquée « Mkiri Bomani Ziraruni »
Plan 1 : Plan de la mosquée et de sa place publique
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 46
La petite Mosquée connue sous le nom de « Mkiri Bomani Ziraruni » est en maçonnerie de blocs de lave hourdée avec un mortier de chaux à base de corail mélangée avec du miel d’abeilles. Elle est construite au XVIe siècle en même temps que sa place publique appelée « Bangwe Bomani ».
3.4 : Les places publiques :
Toutes les villes comoriennes sont dotées des places publiques qui n’ont pas le même rôle. A la Grande Comores les Bangwe qui accueillent les manifestations à caractère coutumier n’ont pas la même topologie. A Anjouan, les places publiques ne portent pas des portiques monumentaux et certaines ne sont même pas couvertes : exemple « Mpangahari ». A Itsandra, il y a plusieurs places publiques :
*Bangwe Bountsini ou Butsini /Harmamdji
*Bangwe Mawesha
*Bangwe Bomani
*Paya Lamdji Ziraruni
3.4.1 : Paya la Mdji et les Bangwe (Espaces publics) :
La nature des espaces publiques varie fortement entre Ndzouani (Anjouan) et Ngazidja (Grande Comore).
Sur Anjouan, les espaces publiques les plus chargées d’histoire et de symboles sont les Pangahari de Mutsamudu et Domoni, grandes places publiques très urbaines au pied des palais et des maisons princières. Ces lieux sont vraiment l’expression d’un pouvoir politique fort et centralisé…
La situation est très différente à Ngazidja où les espaces publics les mieux conservés sont plus récents. Ils sont en général l’expression d’une vie communautaire forte dans un contexte d’autorité des sultanats déclinants.
Objet de diverses études, les bangwe d’Iconi et d’Itsandra traduisent spatialement l’organisation sociale de ces villes, avec leurs différentes zones d’occupations selon l’âge ou la position sociale de ceux qui les fréquentent. Ces espaces encadrées par des portiques décorés de symboles et des calligraphies arabes, sont constitués par des enchainements de placettes et de lieux couverts très ouverts. Ils sont aménagés avec des bancs de pierres maçonnées. (Tiré de Suzanne Hirschi et Pierre Blondin : Comores, l’héritage des sultans, décembre 2007, P.16-17)
Plan 1 Plan 2
Plan1 et Plan 2 : L’une des places publiques d’Itsandra
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 36
3.4.2 : Bangwe Bomani
Photo 1 Photo 2
Bangwe Bomani est une place publique réservées au « Sambé » et au « Tari la meza » deux danses traditionnelles. Elle est construite au XVIe siècle avec un portique et ses bancs en maçonnerie de pierre pour accueillir ceux qui le fréquente en respectant scrupuleusement la hiérarchie sociale traditionnelle. On distingue deux espaces différentes : une couverte, très ouverte et une à ciel ouvert.
Plan 1
Photo 1 : L’entrée de Bangwe Bomani avec son portique
Photo 2 : Les bancs en maçonnerie de pierre
Plan 1 : Plan du Bangwe Bomani avec son portique
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 29
3.4.3 : Bangwe Butsini (Bountsini)/Haroumamdji
Photo 3 Photo 4
Bangwe Butsini est une place publique construite au XVIIe siècle. Une espace couverte de « Shiwandza » où se déroule les manifestations folkloriques. On danse le « Mdiridji » dans le quartier du même nom.
Plan 1
Photo 3 : Bangwe Butsini vide, avec ses portiques
Photo 4 : Bangwe Butsini occupé par ceux qui le fréquentent
Plan 1 : Bangwe Butsini et ses différentes composantes
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 29
3.4.4 : Bangwe Mawesha
Photo 5 Photo 6
Bangwe Mawesha est une place publique, située dans le quartier « Mziché ». Place réservée à la danse du « Shigoma », danse traditionnelle. Elle date du XVIIIe siècle.
Plan 1
Photo 5 : Bangwe Mawesha située à Mziché
Photo 6 : Bangwe Mawesha avec les bancs en maçonnerie de pierre
Plan 1 : Plan du Bangwe Mawesha avec les emplacements du portique et des bancs en pierre
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 29
3.4.5 : Paya Lamdji Ziraruni
Photo 7 Photo 8
Cette place publique date du XVIIIe siècle. C’est le carrefour de trois rues (Ziraruni) reliant trois places publiques. C’est le lieu où se prennent les décisions suprêmes pour la vie sociale
Plan 1
Photo 7 : Vue intérieur du Paya Lamdji Ziraruni (carrefour de trois rues)
Photo 8 : Vue extérieur du Paya Lamdji Ziraruni
Plan 1 : Plan détaillé du Paya Lamdji Ziraruni
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 29
3.5 : Les remparts ou fortifications :
Photo 1 Photo 2
Plan 1 Plan 2
Photo 1 : Rempart ou muraille de la Ville « Ngome » longeant la route nationale vers Voidjou
Photo 2 : Le double muraille allant de la ville jusqu’à la Citadelle
Plan 1 et 2 : Plans montrant les contours des fortifications entourant la ville et derrière la Citadelle
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 26 et 27
Itsandra, ville côtière, ancien port, n’échappe pas aux menaces venant de la mer, pirates ou Portugais. Au XVIe siècle, pour renforcer la sécurité de la médina, devant la menace des pirates et envahisseurs, le Sultan Msa Fumu ordonna de renforcer les défenses au Nord de la ville par la construction de remparts. Le « Gerezani », monument défensif, fut construit au Nord-Ouest de la ville, à proximité de la route nationale1. Seul Iconi ne possède pas une fortification protégeant la médina. Leur fortification a été construite au sommet du cratère du Mont Djabal.
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 : L’entrée de la Citadelle « Gereza d’Itsandra Mdjini » restauré et l’allée est pavée protégée par deux remparts
Photo 2 : La salle haute (la chambre haute) où le sultan se réfugiait en cas de guerre (en état de délabrement total)
Photo 3 : l’extérieur du tour de guet (Bunarithi) envahi par des plantes parasites qu’il faudrait extraire en urgence
Source : Photos 1- prises le 04/12/2023, Photo 2 et 3 : le 10/7/2019 par Bourhane Abderemane
A) Nom du bien : La Médina d’Iconi (élément 4)
B) Coordonnée géographique à la seconde près : limite
• Au Nord par la grande falaise : le mont Djabal
• Au Sud par le lac
• A l’Est par la route
• A l’Ouest par la mer
Ces limites sont clairement définies par les typologies des tissus urbains en présence à Iconi. La vieille ville se caractérise par une implantation homogène, dense et relativement anarchique comme à Mutsamudu de type « Médina », les autres par une implantation aérée et tramée du colonial. Un autre critère de différentiation est la nature des constructions également homogène et de type traditionnel.
C) Cartes et plans indiquant les limites du bien proposé pour inscription et celles de la Zone tampon :
• Carte globale de la Médina
•
•
• Plans schématiques de la Médina
•
D) Surface du bien proposé pour inscription et de la Zone tampon :
• La surface d’intervention de la zone considérée est de 12,06 Ha
Médina d’Iconi et Zone Tampon
Plan 1
Plan 1 : Plan de la médina de Iconi avec les différentes composantes
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 63
4.1 : la médina d’Iconi
La médina historique d’Iconi a eu un passé glorieux. Ville héroïque, rempart des autres villes, en effet, porte d’entrée de l’histoire coloniale de l’Union des Comores avec les incursions malgaches, Iconi devint, bien avant la ville d’Itsandra, la capitale de l’île de la grande Comores au XIIème siècle. « Notre rempart se sont nos épées et nos boucliers » avançaient les vaillants guerriers de la cité.
Pendant longtemps, la ville a servi d’un lieu religieux, politique, économique et culturel majeur, régnant sur le territoire. Cette fonction lui a permis d’asseoir un rayonnement qui malheureusement sera interrompu par une série d’épidémies de lèpres. Néanmoins elle dispose d’un riche patrimoine architectural et d’un tissu urbain exceptionnel qui aujourd’hui avec le poids du temps et l’action de la nature connait une dégradation plus ou moins inquiétant. Des monuments historiques remontent à cette période : le palais Kapvhiridjowe, le mont Djabal « Nguwu » là où est construit les remparts, le bangwe Founi Azir, la mosquée Boina, Plus tard, la ville accueillera d’autre merveille, telle la place Bichioni, la piscine Bichioni, la mosquée de vendredi…etc. La place ou bangwe Funi Azir, véritable espace de rencontre de référence en plein air, émerveille toujours les visiteurs.
Grâce à son paysage architectural, ses techniques et matériaux de construction et décoration et son paysage naturel de la mer associé aux pratiques sociales traditionnelles encore conservées, la médina d’Iconi garde les stigmates initiaux culturels et naturels qui lui confère une Valeur universelle exceptionnelle.
La médina d’Iconi est une ville côtière délimitée par la mer, le mont Djabal, ses remparts, ruelles. Sa délimitation est correctement définie et composée de deux places publics, du palais Kavhiridjowe (Kapviridjeo) et de deux moquées de même origine et typologie. L’usage de ces édifices était destiné à la vie religieuse, traditionnelle et politique. Globalement, la ville historique d’Iconi a conservé sa configuration générale : Le village africain swahili d’origine arabe.
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle. En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ». La forte densité des habitations au sein cette espace exiguë de 12 hectares 06 à peu près, avait transformé le tissu urbain à des petites ruelles très étroites et quelque fois à peine un mètre de large. Avec l’avènement des étages “Dari” et pour éviter les escaliers externes et relier les maisons voisines ou d’à côté appartenant au même propriété, certains de ces ruelles sont aménagé en passage couvert pour profiter la communication des grandes maisons….
Sur le plan paysager, la médina a maintenu son intégrité du fait du maintien de la plupart de l’alignement d’arbres et de la végétation. Elle jouit d’une bonne intégrité car les différents attributs qui fondent la signification culturelle du site sont toujours présents à l’intérieur de la zone proposée à inscription (cf. plan de délimitation du site)
Les places publiques ne sont pas en mauvais état. Ils gardent la qualité intacte et originale et renferment tous les attributs architecturaux et urbanistiques nécessaires à l’expression de sa Valeur universelle exceptionnelle. Toutefois, comme indiqué au moment de notre étude, la nouvelle reconstitution des deux mosquées risque de compromettre ou rendre vulnérable leur intégrité en raison des matériaux de constructions. Malgré les effets négatifs liés au développement et/ou aux insuffisances d’entretiens, il existe une bonne occupation du sol qui protège l’intégrité du tissu urbain et sa relation au bien.
La médina historique d’Iconi dans sa forme contemporaine est le résultat d’une intense activité culturel, économique et commerciale entre Xème et XIVème siècle aux Comores.
Elle n’a pas connu de changement majeur sur le critère d’authenticité. L’authenticité de la médina est justifiée à travers et la forme et la conception, les matériaux et substances de constructions, l’usage et fonction, les techniques et système de gestion, la langue et les traditions et en fin l’esprit et l’impression
4.2 : Le palais Kavhiridjowe (Kapviridjeo) :
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Plan 1 Photo 5
Photo 1 et 3: Palais Kavhiridjowe (Kapviridjeo) en entier
Photo 2 : La mosquée de vendredi et Bishioni (piscine naturelle)
Photo 4 : L’entrée du Palais Kavhiridjowe (Kapviridjeo) avec les escaliers (Vue de face)
Photo 5 : La petite mosquée Kavhiridjowe (Kapviridjeo) côté Nord, délabrée
Source : Photos prises par Dr Bourhane Abderemane le 11 juillet 2019
Plan 1 : Plan détaillé montrant les deux niveaux du palais et le structure du bâtis
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 74
Iconi, ancienne capitale du royaume de Bambao, a été fondée au 12ème siècle. Elle est située à l’Est de l’Île de Ngazidja. A partir du XVIème siècle, la ville s’est enrichie de monuments en pierres dont le Palais Royal (Kavhiridjowe) qui a abrité les Sultans jusqu’à la fin du Sultanat (1890).
Ce palais est composé d’un rez de chaussée qu’on ne voit pas sur les photos et d’un étage couvert d’une terrasse. A l’arrière-plan, entre l’acrotère des escaliers et le mur parsemé des fenêtres, on voit l’écroulement d’une partie de la petite muraille. Les toitures étaient en double pente couvertes par des feuilles de cocotier…
Témoignage :
Le palais Kavhiridjewo, éléments de contexte
« Au nord de la ville d’Iconi, entre la grève et le grand bassin Bishioni et face à la grande mosquée du vendredi reconstruite au XXe siècle se dressent les ruines du palais Kavhiridjewo. Ce monument est un des rares exemples de palais quelque peu isolé du tissu urbain environnant : les autres palais de Ngazidja sont la plupart du temps entièrement englobés par les autres constructions, sans qu’il soit possible de savoir si5cet état de fait est dû à des évolutions récentes14. Le Kavhiridjewo est séparé du reste de la ville par un enclos de pierre seulement ouvert par un portail de bois, sur lequel veille la communauté d’habitants d’Iconi ; dépourvu de toiture, le palais est totalement abandonné depuis une époque indéterminée. Les quelques éléments en notre possession montrent que le Kavhiridjewo était la daho la yezi, ou « maison d’exercice du pouvoir » de Bambao, c’est-à-dire le lieu depuis lequel le mfaume gouvernait son royaume. Ce lieu est distinct de l’habitat royal, le djumbe ou « palais des princesses ». À Iconi, il se pourrait que le palais Idarussi, situé à proximité immédiate du palais Kavhiridjewo, ait joué ce rôle (Blanchy 2004b). Sauf ces quelques éléments, les connaissances disponibles sur ce palais sont bien maigres. La mémoire populaire, collectée auprès des « Hommes accomplis » d’Iconi pour lesquels les badamiers proches du palais sont un lieu de rassemblement favori, fait remonter la construction du palais à plusieurs siècles sans plus de précisions, et attribue sa conception aux portugais.
L’absence d’autre source écrite ou orale rend d’autant plus urgente l’étude architecturale et archéologique de ce site emblématique des lieux de pouvoir d’époque sultanale aux Comores. .
Description architecturale
Prenant place dans son vaste enclos de pierre, le Kavhiridjewo présente trois ensembles monumentaux distincts. Le premier, proche du portail d’entrée, correspond aux tombeaux bâti au XXe siècle pour le sultan Saïd Ali ben Saïd Omar et son descendant le prince Saïd Ibrahim, mort en 1975 (Hamadi 2019). Les deux autres ensembles, plus anciens, peuvent être rattachés à la période sultanale.
Le palais sultanat
La daho la yezi proprement dite, au sud-ouest, repose sur un imposant socle de blocs de basalte non équarris, d’un peu plus de 2 m de haut, qui place les murs et les sols des bâtiments au-dessus de la hauteur d’homme. Deux ensembles peuvent y être distingués : une partie publique, à l’entrée du palais, et une partie privée en retrait, formant l’essentiel du bâtiment. Les murs du palais ne présentent pas de passage vers l’extérieur de l’enclos relié à ses murs.
S’agit-il des vestiges en élévation d’une mosquée ? En l’absence de vestiges en élévation et de traces d’arrachement sur les maçonneries du palais, peut-être postérieures, ces hypothèses ne peuvent pas être confirmées sans investigations archéologiques du sous-sol, au nord des arches et entre celles-ci et le palais ; de telles investigations pourraient non-seulement préciser la chronologie relative des édifices et l’ancienne topographie du site mais aussi la datation de la construction de cet édifice, qui nous reste totalement inconnue. En prenant en compte le contexte historique et les comparaisons architecturales, une date de construction postérieure à la seconde moitié du XVe siècle et l’implantation des sultanats en Grande Comore, peut-être dans le courant du XVIe siècle, pourrait néanmoins être avancée à titre d’hypothèse (Ben Ali 1984 ; Guébourg 1993a ; Blanchy 2004a). Ce monument est à notre connaissance l’unique exemple d’édifice religieux associé à un palais pour des rites religieux sur toute l’île de Grande Comore voire dans tout l’archipel des Comores ; toutefois, l’absence d’élément datant et l’incertitude sur l’aspect originel et les modifications de l’édifice ne nous permettent pas de nous prononcer sur le contexte de cette construction » C. Viaut 2020 : 152-156)
« L’Arche de la vie sauve » (la petite mosquée)
Au nord de l’enclos, un ensemble monumental fait face à la baie : une file de trois arcs brisés allongés reposant sur quatre colonnes à base rectangulaire, fût octogonal et chapiteau circulaire bâti selon une orientation est-ouest, l’espace entre les arcs faisant face au nord. Un second mur parallèle percé de deux fenêtres rectangulaires et d’une porte, peut-être le vestige d’une niche de mihrab, est construit immédiatement au nord, formant un quadrilatère : la hauteur de ce monument atteint 3,10 m environ, pour environ 6 m de d’est en ouest et 1,60 m entre les deux murs parallèles. Les parements et colonnes en petits blocs de basalte noir non assisés et liés au mortier de chaux de corail sont partiellement recouverts d’un enduit de chaux constellé de cailloutis de basalte. Les observations réalisées sur ce monument ne permettent pas d’y déceler de phases de construction visibles ; toutefois, la file d’arches présente encore aujourd’hui des vestiges de bouchage en cailloutis et petits moellons adhérant aux arcs en partie haute, qui témoignent de leur bouchage puis de leur réouverture à une époque indéterminée. L’espace entre les colonnes et les fenêtres du mur orientées vers le nord les apparentent aux files d’arcs situées devant le mihrab des mosquées swahilies médiévales ; on trouve une structure analogue à la mosquée nord-est de Songo Mnara (Tanzanie), datée de la fin du XVe ou du XVIe siècle (Garlake 1966 ; Horton et al. 2017). De fait, cette construction faisait office de mosquée pour la daho la yezi (Blanchy 2004b). Appelée « Arche de la vie sauve », elle jouait un rôle important dans les rituels royaux destinés à protéger les guerriers de la cité durant les guerres (Blanchy 2004a : 16). Il est possible que l’ « Arche de la vie sauve » ait naguère été reliée au palais par le mur partiellement détruit au sud-ouest ; une possible extension visible grâce au retour d’équerre du mur au nord-est est également plausible, formant peut-être une deuxième file de colonnes au nord de l’édifice
4.3 : Les mosquées :
4.3.1 : Mosquée Ntibe Mlanao
Photo 1 Photo 2
Plan 1
Photo 1 : Mihrab de la mosquée de Ntibe Mlanao à Iconi
Photo 2 : l’intérieur de la mosquée
Plan 1 : plan de la mosquée
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 40
Cette mosquée non restaurée à l’intérieur, est construite au XVIIIe siècle. A l’intérieur de la mosquée, la toiture terrasse de cette mosquée est soutenu par trois grosses poutres verticales perpendiculaire en maçonnerie et des poutres transversales en bois associées à des solives pour porter les dalles de lave couvert du mortier de chaux.
Le Mihrab porte un petite lobe ovale et un plus grand servant à déposer les livres saints. Ce Mihrab est ceinturé par une mince colonne torsadée et tapissé de chaque côté par des fresques.
4.3.2 : Msiri wa Boina
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 : L’extérieur de la mosquée « Msiri wa Boina » après restauration en utilisant des matériaux modernes (ciment, fer…)
Photo 2 : Le Mihrab
Photo 3 : Les fresques
Plan 1
Plan 1 : Plan détaillé de la mosquée
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 76
La mosquée wa Boina a été restaurée dernièrement la partie extérieure en utilisant des matériaux modernes notamment du ciment, de fer, avec du béton. La véranda est entouré d’un b balustrade de petits collestras disposés en forme de losange tout autour, laissant une petite entrée, ceinturé par un ruban de béton. Le soubassement est surélevé transformant une partie en bancs maçonnés d’une largeur de 60 permettant les fidèles de s’asseoir après la prière.
L’intérieur semble intact. Le Mihrab porte un petit lobe circulaire et un plus grand ovale servant à déposer les livres saints. Ce Mihrab est ceinturé par une mince colonne torsadée et tapissé de chaque côté par des fresques à feuilles en forme de petits carrés, laissant filtrées la lumière solaire. Construit vraissemblablement à la même période que la mosquée Ntibe Mlanao.
La toiture terrasse de cette mosquée en dalle de laves est soutenue par 6 poutres verticales parallèles, d’un intervalle régulier et des rangés de solives qui couvrent toute la surface et des poutres transversales soutenant les solives.
4.4 : Les places publiques : Espaces urbaines
4.4.1 : Bangwe Founi Aziri Iconi
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Bangwe Founi Aziri Iconi restauré en remplaçant les feuilles de cocotier par des tôles ondulées.
Photo 2 : Portique central monumental à l’entrée du Bangwe Founi Aziri
Plan 1 Plan 2
Plan 1 et 2 : montrant les différents endroits du Bangwe suivant la hiérarchie sociale
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 71-72
Le Bangwe Founi Aziri, comme tous les autres Bangwe, a d’abord un rôle politique. C’est l’espace où les hommes discutent et prennent les décisions. En conséquence, pour participer à ces réunions formelles ou informelles, il fallait être reconnu, selon les critères propres à cette société correspondant au Handa (Grand mariage). La structure spatiale répondait à ces normes. Il existait trois espaces précis correspondants à la hiérarchie sociale :
*Place N°1, les hommes ayant effectué leur grand mariage « wadru wadzima »
*Place N° 2 : les hommes âgés n’ayant pas effectué leur grand mariage
*Place N°3 : les jeunes gens nobles.
Si le Bangwe a perdu aujourd’hui sa fonction politique, il reste un haut lieu de tradition et d’un espace au cœur de la ville vouée aux réunion de la communauté. Il continue à accueillir des cérémonies (danses) liées au grand mariage. Comme par le passé, l’occupation de l’espace dans le Bangwe, répond aux règles du grand mariage.
Le Bangwe est une organisation exceptionnelle et unique de l’Océan Indien qui nécessite d’être préservé, vivifié et valorisé.
Aujourd’hui, le sort du Bangwe Founi Aziri, est lié à l’avenir du Anda na Mila. Si cette cérémonie toujours très vivace dans la société de Ngazidja a tendance à se modifier sous l’influence de la modernisation et celles d’autres civilisations indiennes notamment. Le Bangwe continue d’être le lieu central des cérémonies de grand mariage. Il accueille les danses traditionnelles, de ce fait, les différentes communautés qui constituent la ville d’Ikoni sont les usagers du site qui veillent à son entretien et à sa propreté. Ce lieu spectaculaire, est propre à accueillir des manifestations culturelles profanes : théâtre, concert etc. Pour cette raison, les autorités et les acteurs culturels sont également des usagers potentiels intéressés par sa restauration et son équipement : réseau électrique. (Collectif du Patrimoine des Comores).
4.4.2 : Bangwe Ndruani
Photo 1 Photo 2
Plan 1
Photo 1 : Portique Sud de Ndruani
Photo 2 : Portique Nord de Ndruani
Plan 1 : Plan détaillé de l’espace public de Ndruani
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 81
D’une hauteur de plus de 3 mètre, le bangwe de Ndruani encadrait le lieu où on s’assoie (les bancs) et les gradins. Les deux portiques de Ndruani portent des fresques, la croix de David etc. Ces ornements montrent les différentes influencent qui se croisaient aux Comores. Malheureusement, cette place a été abandonné et ces biens vont dispraître à jamais.
- Les tombes
Tombe shirazienne au bord de la mer, le site des tombes sous les cocotiers dans le sable
Source : CNDRS – P8 63 Janvier 88 Ph6 Ikoni
Il s’agit d’une tombe à stèle orientée vers l’Est.
[…] les travaux réalisés en Afrique orientale et à Mayotte sur des édifices similaires ainsi que le mobilier céramique associé et le contexte historique fournissent des indices de datation, à utiliser toutefois « avec des pincettes » comme toute typologie. En ce qui concerne les monuments visités, une fourchette large entre le XVe et le début du XIXe siècle peut néanmoins être avancée. Différents modèles monumentaux ont été distingués à l’observation, dont certains montrent des parallèles avec d’autres régions, tandis que d’autres semblent spécifiques à la Grande Comore, ou tout du moins à l’archipel des Comores. Il est à noter que tout comme la plupart des villes de pierre (mji) de l’île, la plupart des cimetières anciens se situent à proximité immédiate du littoral » (Ibid. : 125)
« […] La construction des monuments funéraires ne semble étonnamment pas suivre d’orientation prédéfinie vers le nord et la Mecque comme on pourrait l’attendre de sépultures musulmanes. À Bangwa Kuuni, près de Mitsamihuli, les stèles du cimetière adjacent à la mosquée Chiwunda sont orientées vers l’est, tout comme celle de la tombe dite « de Raouda » à Mavingouni. Certaines, telle une tombe isolée du cimetière d’Ivoini (Mitsamihuli), sont en revanche orientées plein nord » (Ibid. : P.127)
6.LES REMPARTS / NGOME
Photo 1 Photo 2
Ces deux photos montrent le cratère de « Uguni » à Iconi, là où les habitants avaient construit la muraille de la ville, le rempart.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 01 juin 2011
Dès la fin du XVIe siècle, et dans un souci de protection des grandes villes surtout côtière aux Comores, les autorités sultaniques ont ordonné la construction de la muraille de la ville « Ngome ».
Lors des constructions des Ngome et une fois arrivée à la hauteur de deux mètres (au niveau de linteau) ou plus , il faudrait mettre en place un échafaudage “shafo” afin de permettre le stockage des matériaux notamment les pierres et le mortier. Arrivée à ce niveau, les accidents se multipliaient de temps en temps sur les chantiers dans tout l’archipel et freinent l’avancée des travaux. Pour résoudre ce problème, un vieux sage de Fumbuni disait: “ Ye ny wo mwidja ne sewo modja ne heye na bwe”. (Mettre le petit frère en bas de l’échelle et le grand frère en haut, il ne lachera pas la pierre pour tuer son petit frère”).
Toutes les murailles (remparts) entouraient les villes flanquées des tours de guet “Bunarithi” sauf la Médina d’Iconi. Leur rempart était construit au niveau du cratère.
La mémoire collective se souvenait des bravoures des femmes qui se jetaient du haut de la falaise de Nguni pour échapper à l’esclavagisme et celui du pêcheur Kari Mbangue qui défendait vaille que vaille sa demeure et que les assaillants avaient voulu le capturer vivant, en criant « saboravelo ». Malgré ce courage et cette détermination, il a été tué.
A) Nom du bien : La Médina de Moroni (élément 5)
B) Coordonnée géographique à la seconde près : limite
• Au Nord par la route de l’indépendance et cité administratif (Building)
• Au Sud par la route de Iringudjani
• A l’Est par la muraille et la route de Grimaldi
• A l’Ouest par la mer
Ces limites sont clairement définies par les typologies des tissus urbains en présence à Moroni. La vieille ville se caractérise par une implantation homogène, dense et relativement anarchique comme à Mutsamudu de type « Médina », les autres par une implantation aérée et tramée du colonial. Un autre critère de différentiation est la nature des constructions également homogène et de type traditionnel.
C) Cartes et plans indiquant les limites du bien proposé pour inscription et celles de la Zone tampon :
• Carte globale de
•
•
• Plans schématiques de la Médina de Moroni
•
D) Surface du bien proposé pour inscription et de la Zone tampon :
• La surface d’intervention de la zone considérée est de 11,65 ha
Médina de Moroni et Zone Tampon
Plan 1
Plan 1 : : Plan de la médina de Moroni avec les différentes composantes
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 51
Photo 1
Photo 1 : Ville de Moroni en décembre 1897 avec le palais du sultan Said Ali « Dhoihira »
Source : Sophie Blanchy, la Grande Comore en 1898 : photos d’Henri POBEGUIN, textes de Sophie Blanchy, KomEdit, P.14 (Bibliothèque du CNDRS Moroni 2021)
Situé au pied du volcan Karthala, en bordure d’une coulée de lave, dans la région de Bambao. La ville de Moroni, ancien sultanat, crée au XIVe siècle, est restée la capitale des temps modernes.
« Selon d’anciennes traditions, la ville de Moroni fut fondée par les Wana Malaumpe, dont on ne sait s’ils étaient êtres humains ou djinns. Une tradition recueillie par Moussa Said à Male (ville « construite par les djinns ») dit que ces Wana Malaumpe seraient arrivés aux Comores à l’époque du roi Sulayman (Salomon)… La tradition orale, faisant des Wana Malaumpe des djinns, dit aussi qu’ils auraient vécu dans une maison située dans le quartier Djumwamdji de Moroni (ancien quartier d’esclaves). Cette maison est devenue un ziara ou lieu de culte aux djinns : Les gens y déposent des offrandes et y font des prières. Ce lignage des Wana Malaumpe n’a pas laissé de descendants et son origine précise est mal connue.
D’autres traditions sans doute plus sérieuses parlent, pour la fondation de Moroni, d’un lignage venu de Mazuni, ancienne ville du sud-est de l’île détruite lors d’une guerre locale à la fin du XIVe siècle…. La famille qui fonda Moroni forma le lignage matrilinéaire (hinya) « Mahatwibu », ainsi nommé car ses membres, ayant construit la mosquée, y remplirent les fonctions de hatwibu (prédicateur de la prière de vendredi) jusqu’à ces dernières années » (Sophie Blanchy et Moussa Said 1989 : 14-15 )
Grâce à sa situation stratégique avantageuse, elle a pu abriter dans son port aux boutres « Kalaweni » les navires de la côte de Ngazidja. Elle fut détruite plusieurs fois par la guerre.
Dès le XVe siècle, le sultanat entretient des relations commerciales et maritimes, avec les navigateurs et marchands des cités de la côte orientale de l’Afrique, de l’Arabie et de l’Asie. Elle doit son essor à la civilisation swahili.
A la fin de XIXe siècle, la médina s’étendait sur 7 ha environ et était considérée comme la plus grande ville comorienne. Ses remparts étaient encore intacts à cette époque, mais il en reste que quelques rares tronçons montrant les limites de la cité. La ville a perdu certains de ses monuments, transformés ou complètement rasés de la carte par l’administration coloniale pour faire place à des nouvelles constructions pendant la période coloniale.
Ville dense, dans le noyau central, les vieilles maisons s’élèvent avec deux, trois ou quatre niveaux, sont collées les unes aux autres, ne laissant que des petites ruelles d’à peine un mètre, parfois couvertes.
Plusieurs demeures gardent encore leurs belles portes sculptées en relief et les dalles de plaques de lave reliées au mortier de chaux, posées sur des poutrelles et des solives en bois décorées.
On trouve encore d’anciens palais, bien que toujours habités par des descendants de familles royales, qui ont pu garder un certain cachet de l’époque des sultans, des mosquées et des places publiques avec des portiques dont certaine date de XXème siècle.
Les palais :
Dhoihira, palais du sultan Saïd Ali de la Grande Comore
Le palais Dhoihira construite en 1893 est un petit édifice élégant, situé en plein cœur du quartier Badjanani à l’image de tous les palais de la médina de Moroni.
Il est constitué d’un corps principal, aux propositions harmonieuses et surmonté d’une coupole. Il possède une galerie latérale bordée d’arcade en pierre taillées et sculptées. Un vestibule d’entrée et une aile avec un étage complètent l’ensemble.
Photo 1
Photo 2 Photo 3
Photo 1 : Ville de Moroni en décembre 1897 avec le palais Dhoihira et la mosquée Hassan
Photo 2 et 3 : Dhoihira : palais du sultan Saïd Ali, la partie supérieure et extérieure
Source : (photos 1 et 2) Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 60
Photo 4
Photo 4 : Dhoihira la partie intérieure et la cour
Source : CNDRS remis par Ahmed Mze (2016)
Le palais est malheureusement enchâssé dans une construction récente, totalement disgracieuse, et l’ouverture de la cour sur la baie est bloquée par une boutique. Néanmoins les lieux gardent encore un cachet indéniable qu’il faut valoriser.
Plan 1
Plan 1 : Maquette et plan du palais Dhoihira
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 60
Palais Shashanongo
Photo 1 Façade principale – front de mer Photo 2 : Intérieur palais Shashanongo
Maison sur la corniche (MO.24) RPAU 2014 ou palais Shashanongo (MO. 02/2014) RPAU 2014
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 51
La façade principale du palais Shashanongo a été rasée le long de frot de mer. Des tonnes de gravât entassés en face de la maison montrent qu’il y a écroulement d’un mur. Le poteau téléphonique est encastré sur un pan de mur encore débout. Le ruissellement de pluie a provoqué le lessivage des murs qui fait disparaitre l’enduit et s’attaque petit à petit au mortier créant un descellement progressif des pierres qui finira par un éboulement des murs. Des plantes parasites se sont installées. Les racines vont fragilisées les murs. Il est important de restaurer cette façade, enlever les gravats et transformer l’espace en jardin public où les enfants pourront venir jouer la nuit. Ce qui donnera un autre esthétique sur ce front de mer.
Intérieur du palais Shashanongo dont une partie a été restauré. La partie Ouest reste à l’état original en très mauvaise état. Une restauration d’urgence est très nécessaire. La partie extérieure sur le fond de mer a été démolie.
Vrai semblablement ce palais est construit fin de XIX
Maisons Simples en pierre
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Maison MAAROUF, Passage couvert, une sorte de passerelle couverte permettant de relier les deux maisons sans passer par la petite ruelle
Une maison simple en pierre abandonnée, envahie par des plantes parasites qui accélèrent sa dégradation
Que ce soit à Domoni, Mutsamudu, Iconi ou Moroni, la construction des maisons simples en pierre diffère selon le statut et la classe sociale. En majorité, la façade principale est composée d’une porte soit sculpté à deux panneaux soit une porte simple. La technique de construction reste la même. C’est la technique swahilie, qui était réalisée à partir de pierre de lave, de la chaux (obtenu en brûlant les coraux) et du sable de mer (fin et moyen) dilué et mélangé avec du miel d’abeilles (comme liant) formant ainsi le mortier afin de mieux fixer les pierres.
« Les maisons à étages font aussi leur apparition au XIXe siècle. Prestigieux, cet agrandissement était aussi une réponse à la démographie familiale et à la limitation de l’espace urbain disponible : deux sœurs partageant une maison à Hamumbu étaient surnommées Bweni Utsini (Dame d’en bas) et Bweni Darini (Dame de l’étage), le terme de dari, de l’arabe dâr, « maison », dénotant un statut supérieur . Les portiques d’entrée se développent, décorés de motifs gravés dans la chaux encadrant une grande porte en bois sculptée, et impressionnent d’autant plus quand ils sont placés en haut d’un grand escalier à rampe de pierre” (témoignage cité par Sophie Blanchy) .
Ce concept de différent niveau d’habitation apparu au XIX et continue au XXe siècle s’observe dans tout l’archipel, avec les maisons à étage. Habituellement, c’est l’ainé qui occupe la partie inférieure (le rez de chaussée) pour veiller aux autres. L’architecture varie, soit que la maison porte une véranda extérieure ou non…
Portes sculptées au sein de Médina de Moroni
Comme à Mutsamudu et Domoni, La fabrication des portes diffère selon le statut et la classe sociale. En majorité, la porte principale est en majeur partie composée soit de deux panneaux sculptés, soit à une porte simple à deux ou un seul battant. Certaines portes simples se préparent sur place par les artisans locaux. Mais d’autres plus raffinées, surtout pour les palais et les maisons princières ainsi que des riches aristocrates tant à Anjouan que la Grande Comore, viennent de l’extérieur soit de Zanzibar et ou de Lamu. Ce sont des portes à grand panneau de différentes épaisseurs allant de 3 cm au moins à 8 cm appelées « Madjivi » avec un seul battant ou deux, sculptées ou non. Les deux portes
A Moroni sont cloutées en cuivre semblable à celles que nous avons vu à Zanzibar.
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle. En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ».
La forte densité des habitations au sein cette espace exiguë de 11 hectares 65 à peut près, avait transformé le tissu urbain à des petites ruelles très étroites et quelque fois à peine un mètre de large. Avec l’avènement des étages “Dari” et pour éviter les escaliers externes et relier les maisons voisines ou d’à côté appartenant au même propriété, certains de ces ruelles sont aménagé en passage couvert pour profiter la communication des grandes maisons notamment de “Vuvuni vwa Dari –El Maanrouf
Source : Cartographie : J.L. Guébourg, J. Abécassis 1995, p.509 (Localisation du Zawiya Shadhuliya de Moroni/El-Maarouf)
Source : J. L. Guébourg, 1995, Espace et Pouvoir en Grande Comore, Paris, l’Harmattan, p. 288-289 (Données intercalaires)
Les mosquées :
La mosquée de Vendredi
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : L’ancienne mosquée de vendredi restaurée, toujours occupée par les fidèles
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, page 59
Photo 2 : L’ancienne mosquée de vendredi et le port aux boutres « Kalaweni »
Source : CNDRS – Photo 2 remisse par Ahmed Mze le 1er juillet 2021
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : La mosquée de vendredi – le Mihrab porte la date de 880H/1426 (XVe siècle)
Source : CNDRS – Photo 3 remisse par Ahmed Mze le 1er juillet 2021
Photo 4 : Ville de Moroni au bébut du siècle (la mosquée et l’ance de Kalaweni avec un boutre)
Source : CNDRS-DSCN 7056, image remise le 11 juillet 2011
Les mosquées sont souvent les édifices fondateurs des villes et des villages et occupent généralement une position déterminante dans l’organisation sociale et urbaine. La mosquée du vendredi « Msiri ou Mkiri wa Djimwa » souvent la plus grande possède une très forte évocation sociale et religieuse. C’est une institution forte de la communauté, qui relève plus de la loi coutumière que des règles de la religion. L’architecture religieuse et civile est aux Comores une architecture de pouvoir.
Parmi les petites mosquées, les plus anciennes ont une salle de prière, rectangulaire, de petite taille n’excédant pas 10 mètres de large, avec 4 ou 6 piliers massifs au centre. Le mihrâb, une petite niche creusée dans le mur, sort en saillie à l’extérieur et permet d’identifier les mosquées qui ne possédaient pas de minaret. Le volume épuré et presque cubique est placé dans un cours, où se trouve une fontaine ou un bassin utiles aux ablutions.
Selon Stéphane Pradines, leur mode constructif révèle des premières techniques utilisées par les bâtisseurs swahilis sur les îles, et leur ressemblance avec les mosquées d’Arabie du sud, sur les rivages de Hadramaout et de l’Oman est perceptible. (S. Hirschi et Chéhrazade N. décembre 2014)
La mosquée de Vendredi de Moroni édifiée au XVe siècle, dont le mihrab porte la date de 880H/1426, a subi de nombreuses modifications et des additions par adjonctions de salles accolées dans le sens de la largeur. La partie ancienne est reconnaissable par les poutres peintes de son plafond et par les colonnes polygonales. (Ouledi A. et Mahmoud I. proposent 1427)
Espace public ou place publique / Bangwe
Kalaweni (le vieux port)
Photo 1
Photo 1 : Au premier plan, on voit l’anse de Kalaweni à sec avec une multitude des vedettes de pêche « Kwasa-Kwasa » qui remplaçaient les boutres.
Source : Photo prise par Dr Bourhane le 11 février 2020
Photo 2
Photo 2 : Ville de Moroni au début du siècle. Kalaweni au premier plan à marée basse
Source : CNDRS – Photo 3 remisse par Ahmed Mze le 1er juillet 2021
L’intensification du commerce maritime dans l’Océan Indien, entre l’Afrique, l’Asie et l’Arabie a favorisé l’éclosion et l’affermissement de la civilisation swahilie. Ce qui a permis à des villes portuaires comoriennes de devenir un centre commercial incontournable. Ce qui montre l’importance et le rôle joué par Kalaweni avec Les boutres. Les développements de échanges économiques à travers l’Océan Indien dans sa globalité que Philippe Beaujard appelle le « système monde » ont engendré alors un développement urbain important ainsi que l’édification des divers monuments et le renforcement de la sécurité des médina en construisant des ouvrages de fortification.
Kalaweni permet d’abriter les boutres pendant la saison pluvieuse contre les tempêtes. Comme une vase communiquant, à la marée haute, la mer permettre dans cette espace close.
Bangwe Iringudjani
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 : Portique de Bangwe Iringudjani, entrée Nord
Photo 2 : Portique de Bangwe Iringudjani, sortie Sud (Restauré en 1931)
Source : Photos prises par Dr Bourhane Abderemane le 24 juillet 2019 à 03 :22 :28
Photo 3 : Portique et Bangwe original de Iringudjani (construit en 1888)
Source : CNDRS – Photo 3 remisse par Ahmed Mze le 1er juillet 2021
Les espaces publiques à travers toutes les médinas sont des lieux fédérateurs. On organise divers évènements et/ou des manifestations à caractère traditionnelle, notamment le toirab, les Madjlisi ou Barzangi. C’est dans ces espaces (Bangwe, salon, passages des ruelles étroites, les mosquée) où les communautés locales, surtout les hommes de toute catégorie se rassemblent, se reconnaissent d’appartenir dans un même territoire, une même identité culturelle et prennent des soins d’entretien pour eux-mêmes (Inya, notable, autorités, citoyens, associations …) et les visiteurs.
Dans ce cadre d’organisation sociale, l’arrière-cours intérieure, le marché, la cuisine sont réservés aux femmes.
Portique du marché de Moroni
Photo 1
Photo 1 : Portique du marché journalier de Moroni (les année 69)
Source : CNDRS – Photo 1 remisse par Ahmed Mze le 1er juillet 2021
Photo 2 : Marché journalier de Moroni – le portique à l’arrière-plan collé au bâtiment, caché par le
Source : Photo prise par Dr Bourhane Abderemane le 20 novembre 2021
Les cinq médinas composant les Sultanats Historique des Comores sont dotées des marchés. Lieux de rencontre de toutes les couches sociales où vendeurs et acheteurs se côtoient, où les sueurs et les odeurs de toutes sortes s’entremêlent, où le brouhaha casse le tympan des passeurs. C’est un lieu de convivialité et qui se perpétue jusqu’à nos jours en prenant d’autres dimensions axées sur la modernité.
Les remparts
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Tronçon de la Muraille de la ville – partie Nord, séparant la Médina de la route de l’indépendance et du cité administratif (Building)
Photo 2 : Tronçon de la Muraille de la ville – partie Est, séparant la Médina de la route de Grimaldi et celle du marché journalier de Moroni
Source : Photos prises par Dr Bourhane Abderemane le 13 février 2022 à 11 :13 : 58
Photo 3
Photo 3 : la muraille de la ville du côté du Ministère de la Fonction Publique
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photo prise le 11 mars 2021
Source : J. L. Guébourg, 1994, Eléments de muraille à Moroni (d’après Vérin et Wright) p. 36
Photo : Vue de Moroni (les bas quartiers)
Source : CNDRS-Moroni / 6 CL 123 remise le 21 octobre 2020
A partir du XVIIIe siècle, les sultans, soucieux de la sécurité de leurs populations, avaient décidé de construire des remparts « Ngome ou Hura wa Muji ». Certains des sultanats notamment Itsandra et Mutsamudu, plus riche que les autres, avaient pu doter leur cité de Citadelle, un fort à caractère militaire et défensif qui contrôle, surveille et veille au bien être de leur population. Certains tronçons de ces remparts ont été enlevé et/ou détruit pour faire passer des routes et des ruelles pour faciliter la circulation dans la médina.
A)Nom du bien : La Médina de NTSUDJINI (élément 6)
B) Coordonnée géographique à la seconde près : limite
• Au Nord par la route
• Au Sud par la route
• A l’Est par la muraille et la route
• A l’Ouest par la mer
Ces limites sont clairement définies par les typologies des tissus urbains en présence à Ntsudjini. La vieille ville se caractérise par une implantation homogène, dense et relativement anarchique comme à Mutsamudu de type « Médina », les autres par une implantation aérée et tramée du colonial. Un autre critère de différentiation est la nature des constructions également homogène et de type traditionnel.
E) Cartes et plans indiquant les limites du bien proposé pour inscription et celles de la Zone tampon :
• Carte globale de l’océan Indien
•
•
• Plans schématiques de la Médina de Ntsudjini
•
•
F) Surface du bien proposé pour inscription et de la Zone tampon :
• La surface d’intervention de la zone considérée est de 11,65 ha
Médina de Ntsudjini et Zone Tampon – coordonné géographique : 11° 41’ 20’’ S et 43° 15’ 38’’
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, P. 13
Ville perchée en hauteur à 100m d’altitude, Ntsudjini a été fondée aux environ de XVe siècle. Elle fut la capitale d’Itsandra Mdjini. Ainsi à Ntsudjini, douze clans coexistaient : six d’origine patrilinéaire Wa Nyandje, Wa Mwinani, Wa Shambadju, Wa Nkurani, Wa Zazini, et six d’origine matrilinéaire ou mdjawashe, Hinya Fwambaya, Hinya Mwankondo, Hinya Mawulimu Wa Ilezo, Hinya Itambi, Hinya Mrwabedja, Hinya Radjabu.
Elle possède la plus longue muraille de défense dans l’île et qui est en très bon état de conservation, malgré quelque destruction pour faire passer la route nationale. Les murs atteignent par endroit de 4 à 5 m de haut ponctué de 11 tours de guet et doté de 7 portes et dont chaque porte a un rôle bien spécifique. Dont les ouvrages en bois ont disparu laissant les portes sans linteau à l’image de la porte de paix (Fuu la Salama) et qui est dotée d’une inscription magico-religieuse.
Selon J.L. Guébourg : « Ntsudjini, sur quarante mètres de pente, à cent mètres d’altitude, bien que très proche de la mer, a pratiquement gardé intactes toutes les murailles percées de portes, dont certaines ont encore leurs charnières de bois. Haute de 4 à 5 mètres, ces murailles sont flanquées de tours de guet , carrées ou rectangulaires, à étage avec meurtrières, surmontées d’un toit végétal à pente double. Ces tours n’avaient pas d’escalier intérieur et on y accédait à l’aide d’échelles ».
Au XIVe siècle, Ntibe wa Kandzu fonda la ville de Ntsudjini en construisant le palais des princesses Dahwamhadju et mais aussi la première mosquée de vendredi.
Mgongwa, fils de Mwazema, sœur de Ntibe, construisit des quartiers Est de Ntsudjini au XIVe siècle. Et Fumu Mvundzambanga construisit une mosquée de vendredi à Ntsudjini et à Itsandra Mdjini au XVIIe siècle. En 1804, Fe Fumnau est décédé à Ntsudjini et en 1806 les pirates malgaches incendiaient la ville de Ntsudjini.
Palais princier et Maisons simples en pierre
Photo 1
Photo 1 : C’était l’emplacement où avait le palais Singani, mais démoli pour la construction de la Mairie. Le seul témoin qui reste c’est le petit canon fixé par un ciment.
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photo prise le 09 février 2020
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 20 – 21
Les maisons :
Que ce soit à Domoni, Mutsamudu, Iconi ou Moroni, la construction des maisons simples en pierre diffère selon le statut et la classe sociale. La technique de construction reste la même partout dans l’archipel. C’est la technique swahilie, qui était réalisée à partir de pierre de lave, de la chaux (obtenu en brûlant les coraux) et du sable de mer (fin et moyen) dilué et mélangé avec du miel d’abeilles (comme liant) ou du miel de canne à sucre, formant ainsi le mortier afin de mieux fixer les pierres. Les niches diffèrent de celles d’Anjouan. Les artisants utilisent les coraux faciles à tailler. A la Grande Comore, les niches sont façonnées directement avec le mur et donnent un autre style de forme. Malaheureusement, ces anciens bâtis ont été abandonnés et d’autres se sont écroulés. Les bois utilisés sont les mêmes, sauf quelques variétés de mangroves qui n’existent pas à Anjouan, Mohéli et Mayotte considéré comme l’ile à Mangrove.
Ce concepte de différent niveau d’habitation apparu au XIX et continue au XXe siècle s’observe dans tout l’archipel, avec les maisons à étage. Habituellement, les parents placent l’ainé “Mwana zidrakani” au rez de chaussée pour veiller aux autres qui sont à la partie supérieure.
Les ruelles et espaces
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle au niveau de toute l’archipel. En circulant, justement, sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe » que ce soit à Anjouan ou à la Grande Comore.
La forte densité des habitations au sein cette espace exiguë, avait transformé le tissu urbain à des petites ruelles très étroites et quelque fois à peine un mètre de large. Avec l’avènement des étages “Dari” et pour éviter les escaliers externes et en même temps relier les maisons voisines ou d’à côté appartenant au même propriétaire, certains de ces ruelles sont aménagé en passage couvert comme à Domoni et Mutsamudu pour profiter la communication des grandes maisons notamment le “Vuvuni vwa Dari –El Maanrouf (un passage couvert) à Moroni, un passa. Cet aspect de passage couvert n’existe pas à Ntsoudjini. Seulement les auvants qui débordent au niveau des ruelles gâchent le tissu urbain de la ville, de même que les nouvelles maisons à deux niveaux, construites en béton. Une partie de la muraille a été démolie pour laisser passer la route nationale, mais le tissu urbain est conservé sur certain endroit.
L
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 et Photo 3 : les ruelles à Ntsoudjini
Photo 2 : Nouveau passage aménagé à pavés avec des escaliers
Source : Dr Bourhane Abdaremane – Photos prise le 09 février 2020
Portes sculptées
Comme à Mutsamudu, Domoni, Moroni etc., la fabrication des portes diffère selon le rang et la classe sociale. En majorité, la porte principale d’entrée est en majeur partie composée soit de deux panneaux sculptés, soit à une porte simple à deux ou un seul battant. Certaines portes simples se préparent sur place par les artisans locaux dans leurs ateliers, « Shandrani ou Shiwandra ». Mais d’autres plus raffinées, surtout pour les palais et les maisons princières ainsi que les maisons des riches aristocrates tant à Anjouan qu’à la Grande Comore, viennent de l’extérieur soit de Zanzibar et ou de Lamu, mais aussi de Madagascar. Ce sont des portes à grand panneau de différentes épaisseurs allant de 3 cm au moins à 8 cm appelées « Madjivi » avec un seul battant ou deux, sculptées ou non. Chaque sculpture a un sens bien défini, un symbole qui définit la pensée philosophique de celui qui l’a initié. Par exemple les portes sculptées des palais et certaines mosquées portent le symbole de la chaine de reproduction.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : porte sculptée du palais du sultan Abdallah III (Mawana) « Darini » Bambao la Mtsanga
Source : Bourhabe Abderemane – Photo prise le 06 novembre 2007
Photo 2 : Linteau sculpté porte du palais Singani Mutsamudu
Source : CNDRS-73 p-1-02 image remise le 05 novembre 2007
« Les maisons de plein pied possèdent souvent un espace séparant l’entrée et la rue. On peut y trouver un jardin avec parfois quelques tombes. Une citerne ou des bancs maçonnés. D’autres, à étages, conservent leur courette donnant sur un escalier pouvant desservir plusieurs habitations. La présence de la porte sculptées et de mur en pierres enduites à la chaux de corail, souvent équipé de niches, attestent de l’ancienneté de la construction ». (S. Hirschi et Ch. Nafa 1994 : 18)
Les mosquées
La ville de Ntsoudjini possède plusieurs mosquées notamment :
-La mosquée de vendredi (place Singani)
-La mosquée Ntibe (place Singani)
-Msiri Fumnao wa Kandzu (quartier Padjidjou)
-Msiri Hatrambwe
-Msiri Mbaleni (quartier Mbaleni)
-Msiri Mounia Aboudu
Mosquée de Ntibe wa Kandzu (Place Singani)
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Mosquée de Ntibe wa Kandzu en très mauvaise état, a été démolie
Source : B. A. Damir, G. Boulinier et P. Ottino, 1985, Traditions d’une lignée royale des Comores, l’Harmattan, 191 p.
Photo 2 : Reconstruction de la même mosquée de Ntibe wa Kandzu sur la même parcelle de terrain avec le même architecture en rajoutant une véranda et trois marches pour entrer à la mosquée
Source : Dr Bourhane Abderemane- photo prise le 09 février 2020
La première construction de cette mosquée de Ntibe wa Kandzu révèle la technique swahilie utilisée aux Comores. La façade principale a été surélevée formant une véranda. Le plan du bâti indique qu’il y a trois portes d’entrée dont deux sur la véranda sans toiture et une à l’entrée Nord. A notre avis cette ancienne mosquée mesurait à peu près 6 mètres de long et 4 mètres de large. Les traces noires sur le mur indiquent qu’il y a une infiltration d’eau de pluie. La mosquée a été démolie et remplacée par une autre mosquée flambant neuve construite avec des parpaings, du ciment et des fers à la même endroit.
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Photo1 Photo 2
Photo 1 : les six mosquées et une carte montrant leur emplacement
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 20 – 21
Photo 2 : L’intérieur de la petite mosquée Hatrambwe
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 09 février 2020
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : Montreles les dix rangés des solives et les poutres trabsversales soutenant les dalles de lave qui forment la toiture terrasse de la mosquée peintes en rouge
Photo 4 : La porte d’entrée de la mosquée et la petite fenêtre avec une petite niche où on déposait les corans.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 09 février 2020
La construction de la petite mosquée Hatrambwe révèle la technique swahilie utilisée dans tout l’archipel. Le plan du bâti indique qu’il n’y a qu’une porte d’entrée. A notre avis cette ancienne mosquée mesurait à peu près 6,50 mètres de long et 4 mètres de large. Le mihrab ne possède aucune décoration, ni fresques, ni colonnes torsadées, une construction archaique montrant l’ancienneté du bâti. Les traces d’humidité sur le mur indiquent qu’il y a une infiltration pernanente d’eau de pluie qu’il faudrait y remedier.
Les places publiques / Bangwe :
Nous observons qu’à Ntsoudjini, il y a plusieurs Bangwe notamment :
-Place Singani (Grande place de la ville)
-Bangwe Padjisjou (Bangwe historique)
-Bangwe Mnamalevou (quartier Mnamalevou)
-Place Mnadjamo Mdobomzi (emplacement d’une ancienne demeure)
-Place du Muhadjudjwu (place du coq)
– Takagji (Grand escaliers Sud-ouest)
Les espaces publiques sont des lieux fédérateurs. On organise divers évènements. Elle accueille les danses traditionnelles notamment le toirab, les Madjlisi ou Barzangi. De ce fait, les différentes communautés qui constituent la ville de Ntsoudjini sont les usagers du site qui veillent à son entretien et à sa propreté.
C’est dans ces espaces (Bangwe, salon, passages des ruelles étroites, les mosquée) où les communautés locales, surtout les hommes de toute catégorie se rassemblent, se reconnaissent d’appartenir dans un même territoire, une même identité culturelle et prennent des soins d’entretien pour eux-mêmes (Inya, notable, autorités, citoyens, associations …) et les visiteurs.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : représente les six différentes places publiques
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France
Photo 2 : Un « Bangwe » (Place publique) en toiture bétonnée et les bancs maçonnés interdite aux femmes
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 09 février 2020
Les tombeaux / Cimetières :
Comme à Mutsamudu et Domoni, chaque famille a aussi son propre cimetière à l’intérieur de la muraille. Les tombeaux en maçonnerie appartiennent aux sultans, à des personnes illustres et à l’aristocratie « Makabaila ». Ils prennent plusieurs formes (à chambre, à encadrement élevé surmonté d’une stèle et en « aile ». Les tombeaux des sultans morts en exercice portent un pilier au milieu de son tombeau.
On observe 4 types de tombeaux anciens :
*A encadrement simple
*A encadrement en « aile » (Voir Untsoha, Domoni et Mutsamudu)
*A encadrement élevé surmonté d’une stèle avec un ou deux ou trois bols de porcelaine (ou céramiques) incrusté dans le mortier (Voir Bwangakuni/ Grande Comore)
A Ntsoudjini, « Trois cimetières accueillent des tombes anciennes dont le cimetière royal où se trouve la sépulture du sultan Ntibe. La colonne dressée en pierre de basalte symbolise la tombe du roi mort pendant sa fonction » (S. Hirschi et Ch. Nafa 1994 : 21)
-Tombe du sultan Ntibe
-Tombe Ntibe
-Cimetière royal Ntibe (place Singani)
-Cimetière Iboudjou (proche rempart)
Photo 1
Photo 2 Photo 3
Photo 1 : Les différent cimetières et les tombeaux
Source : : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France
Photo 2 : Les deux photos montrent les tombes de Ntibe wa Kandzu (en blanc) et de Msafumu (avec pilier au milieu) à Ntsudjini
Photo 3 : Tombeau chirazien en forme pyramidale identique à celui de Kwambani à côté de la mosquée de vendredi
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 09 février 2020
Les remparts :
« La muraille de la ville est composée de quatre séquences :
-Séquence Nord (Zivandani et Vanadjou)
-Séquence Sud (Hantsambu et Itsandra)
-Séquence Est (Maoueni et Salimani)
-Squence Ouest (falaise en pente rude)
La ville de Ntsoudjini a été fondée au 15ème siècle. Elle fut la capitale d’Itsandra. Elle possède la plus longue muraille de l’ile encore en bonne état, avec des murs haut de 4 à 5 m ponctués de 11 bounarithi (tour de guet), placés à l’extérieur et reliés aux remparts par deux murs délimitant un passage protégé, couloir étroit au cour de forme trapézoïdale. Elle comporte plusieurs portes dont les ouvrages en bois ont disparu à l’image de la porte de la paix (Fuu la Salama) qui était dotée d’une inscription protectrice. Sa construction est tardive.
La ville fut incendiée en 1806 et subit plusieurs razzias menées par des malgaches à la fin du XVIIIe siècle ». (S. Hirschi et Ch. Nafa 1994 : 21)
Photo 1 Photo 2 Photo 3
La porte de la paix « Goba la Salama » Ntsudjini et le texte magico-religieux gravé sur le seuil de la porte pour protéger les guerriers qui allaient à la guerre.
Source : Photo 1 et 3 Dr Bourhane Abderemane le 09/02/2020 – Photo 2 : recueil de relevé du patrimoine architectural et urbain /ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p.108
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France
Goba : les différentes portes Les tours de guet : Bunarithi
Source : Sultanats Historiques des Comores/Recueil de relevés du patrimoine architectural et urbain/ENSAPL/ Décembre 2014 sous la direction de Suzanne Hirschi et Chéhrazade Nafa, ENSAPL (Correction réalisée en décembre 2014 à l’UNESCO par M. Bourhane Abderemane Coordinateur de l’antenne du CPC à Anjouan) et Mme Suzanne Hirschi enseignante à ENSAPL à Lille en France, p. 15-16
Lors de mon enquête effectuée à Ntsudjini, le mardi 15 septembre 2020 en interviewant deux personnes : Ibrahim Msaidie et Oustadh Ibrahimou Said Hassane portant sur les sept portes du Ngome : « Goba la Salama, Goba la yizimbuzi, Goba la Madzawendzi, Goba la Mdjendje wa Nyoshi, Goba la Djifundjuu, Goba la Mbaleni, Goba la Trandzikowa portent les noms des quartiers environnants ou aux voisinages, sauf celui de « Goba la Salama ». C’est la porte qui a une signification précise : protection, bénédiction des enfants de la cité. Tout près de cette porte, il y a un « Wafaku », une sorte d’écriture magico-religieux qui protège… empruntée par les guerriers, les pèlerins de l’époque.
Les autres portes étaient surtout attribuées à des noms des quartiers à savoir :
Djufundjuu, Mbaleni, Yizimbuzi, Madzawendzi, Mdjendje wa Nyoshi, Trandzikowa.
En ce qui concerne Mdjendje wa Nyoshi, il y avait un arbre à l’abeilles à proximiter du portail. Ce chemin est destiné aux villages environnant Zivandani, au région Hamanvu qui amenait le miel et les provisions vers la ville de Ntsudjini.
En ce qui concerne Djufundjuu, c’est un nom emprunté d’un quartier par le feu Fundi Mwinyi Aboudou qui a rebaptisé le quartier. Mais avant, il portait le nom de Marindjeze. Ce passage était destiné au repli des guerriers en difficulté car le passage comportait un piège mortel réservé aux adversaires.
En ce qui concerne Mbaleni, ce nom est relatif à la richesse, vu que les lieux environnant étaient destinés aux paysans, aux agriculteurs, aux éleveurs… destiné au passage des localités de Milimbeni, Samba Bodoni, Maweni, Dzahani 2, autrement dit Itsandra ya Mbadjini et aussi à la région de Washili.
En ce qui concerne Yizimbuzi, le nom vient de Madjubudji, c’est un nom d’un poisson. Ce portail était réservé aux vendeur des poissons de Hantsambu, Hahaya et Vanamwani.
Pour Madzawendzi, c’est-à-dire « Wadja Wendji » signifie vague d’immigré. Celle-ci est destiné aux localités de Batsa Fe Smay, Vanambwani, Hahaya, Mitsamihuli, Budre, Hamahame. Ça concerne les régions précédentes.
En ce qui concerne Trandzikowa, ça signifie « Ahondowa » qui veut dire Bariza Mwa Paya. Cette porte était la porte de retour des combattants, une fois qu’ils partent en guerre.
LES AUTRES VILLES HISTORIQUES A ANJOUAN
TYPOLOGIE DES DIVERS BIENS ET/OU ATTRIBUTS (Structure urbaine)
TABLEAU DE TYPOLOGIE DES BIENS A OUANI
Éléments Code d’Identification :
Bâtiments/ Construction B_LL_xxxx
Palais B_LL_xxxx Typologie à discuter
Palais Djumbeku,
B_0u_0001
Porte à arcature pointue « Djumbeku » Ouani
Source : Photo Bourhane prise le 22/12/2006 Palais Djumbeku
Tombée en ruine
Palais Gerezani
B_0u_0002
Palais Gerezani
Ecroulée et remplacée par une mosquée moderne sous le nom de Mkiri wa Gerezani
Maisons en pierre B_LL_xxxx //
Mze MWegné B_Ou_0001
Maison fille Mze MWegné
Maison Bangani, de Mère Warindine construite dans les années 40 B_Ou_0002
Maison Bangani, séparée de Djumbeku par une ruelle qui mène vers
Pangahari
Maison Mère Saimati B_Ou_0003
Chez mère Saimati
Mosquées B_LL_xxxx //
Mosquée B_Ou_0001
Mosquée Gerezani, construite à l’emplacement de l’ancien Palais du vizir de Ouani, palais Gerezani
Mosquée B_Ou_0002
Mosquée Madarasani, démolie et remplacée par une construction moderne
Mosquée B_Ou_0003
Mihrab de la mosquée Mkiri wa Soifa, mosquée construite en 1967, 1867
B_Ou_0003
Mosquée du vendredi, démolie et modifiée
Lieux de cultes B_LL_xxxx ( //
Lieu d’offrandes B_LL_xxxx //
Système défensif (Citadelle / rempart) B_LL_xxxx //
Rempart B_Ou_0001
Uhura wa Muji
Il en reste encore 4 portions
Espace urbaines E_LL_xxxx
Bangwe E_LL_xxxx
Espaces urbaines et places publiques E_LL_xxxx //
Espace E_Ou_0001
Bangani mwa Muji
Espace E_Ou_0002
Shilindroni – Kilingeni
Espace E_Ou_0003
Mpangahari
Cimetière E_LL_xxxx //
Mausolée E_Ou_0001
Zaouia Cheikh Soilihi
Autres lieux
Puits E_Ou-0001
Puits d’eau saumâtre chez mère Shamsidine
Rue
Ruelle RT_LL_xxxx //
Ruelle
Guidzoni RT_Ou_0001
Rue Guidzoni (Vers le marché), elle commence depuis l’entrée Chez Magnat et partage transversalement la médina en deux quartiers.
Passage couvert
Mère Saïmati RT_Ou_0002
Ruelle couverte, chez mère Saimati, quartier Kilingeni
RT_Ou_0002
Entrée de Ruelle Monsieur Andili, une des portes de sortie vers les champs
Route National RT_LL_xxxx (pas de photo) //
Activités immatériels AI_LL_xxxx
Café AI_LL_xxxx (pas de photo) //
Ateliers de coutures AI_LL_xxxx (pas de photo) //
Activités de broderie AI_LL_xxxx (pas de photo) //
Restaurants cuisines traditionnelles AI_LL_xxxx (pas de photo) //
Activités culturelles AC_LL_xxxx
Musique, Danses AC_LL_xxxx (pas de photo) //
Arts plastique AC_LL_xxxx (pas de photo) //
Autres AC_LL_xxxx (pas de photo) //
(Etude Ouani, dernière version MISSOUBAHOUDDINE Ben Ahmed)
INTRODUCTION
Le patrimoine culturel tangible est une terminologie polysémique. Il peut se définir entre autres, comme étant l’héritage culturel et intellectuel qui expose ce que les ancêtres ont laissé comme témoins matériels du point de vue architectural, urbanistique et paysager. Le patrimoine culturel comprend des sites, des lieux, des monuments historiques et d’autres, considérés comme respectable d’être protégés, préservés pour la fierté des nations et pour les autres générations. La préservation et la valorisation de ces biens patrimoniaux indique une reconnaissance implicite de l’importance du passé et des symboles qui racontent son histoire.
C’est sur cet élan que les Comores, Etat-partie de la Convention 1972 de l’UNESCO pour la protection du patrimoine culturel et naturel, ont depuis 2007 dressé une liste indicative de leurs monuments et sites patrimoniaux, en vue de se lancer vers leur inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Les enjeux de cet élan sont énormes et diversifiés. Ils font appel à une adhésion collective au projet qui relève d’un intérêt qui vient de l’intérieur mais qui va jusqu’au-delà du niveau intérieur, pour intégrer une dimension mondiale.
La présente étude se veut être un élément sur lequel va s’appuyer la rédaction du plaidoyer global de la candidature des SHC vers la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est question ici d’étudier les autres sites ou villes historiques Sultanats Historiques des Comores qui ne figurent pas sur la liste indicative de 2007 dans leurs contextes géographiques, historiques et sociaux en relation avec les implications au niveau urbain et réaliser un recensement/inventaire et une présentation succincte des autres sites historiques de l’île (Fondation et histoire du site, développement, etc.). Notre travail sur Anjouan se déroulera prioritairement sur les villes de Moya, Ouani, Bambao M’tsanga ; Mutsamudu et Domoni
I. Contexte historique, géographique et social
L’île d’Anjouan, au centre de l’archipel des Comores est d’une forme triangulaire qui lui fait souvent désignée comme la perle des Comores. Elle est d’une superficie de 424m2, peuplée aujourd’hui d’environ 341 539 habitants.
Toutes les sources plausibles scientifiquement s’accordent sur le fait qu’il est encore hasardeux de prétendre établir une chronologie précise du peuplement et de l’histoire de l’île. Les études archéologiques doivent être menées pour résoudre cette énigme. La population de cette île représente un melting-pot bien intégré de population aux origines multiples : des bantu, des austronésiens, des arabo-musulmans et de chiraziens installés sur l’île bien avant l’arrivée des européens à partir du début du XVIe siècle.
Avant la mise en place du système des sultanats, l’île était dirigée par des chefs qui portaient le titre de Fani.
L’île d’Anjouan est la plus montagneuse de l’archipel. Trois sommets de montagnes stabilisent l’île : Tringui qui culmine au centre à 1595m ; Ntrindrini dans le haut plateau à 1474 m et Djajana à 1089m. Son réseau hydrographique, jadis très puissant avec des rivières permanentes, est aujourd’hui menacé par le phénomène d’assèchement des cours d’eaux.
II. Résultat du recensement et présentation succincte des sites historiques
Les résultats de cette étude seront présentés ville par ville.
II.1 Medina de Ouani
La ville de Ouani est la deuxième cité-Etat d’Anjouan dont la construction des habitations en dur aurait commencé à la fin du XIII ème siècle après J.C, juste quelques années après Domoni. Elle présente toutes les caractéristiques des médinas de l’aire géoculturelle swahili sous les influences bantu-arabo persanes et indiennes. Les maisons et les monuments anciens sont typiquement construits en blocs de basalte enduits de mortier à la chaux. Ils comportent des portes et fenêtres en bois sculptés. Comme on peut l’observer dans les autres médinas : « Les murs sont massifs et les fenêtres sont souvent petites, permettant ainsi de conserver la fraîcheur de la maison en période de chaleur tropicale ».
Située sur la côte nord-ouest de l’île d’Anjouan, la ville de Ouani connait un climat tropical chaud et humide. Elle est l’une des villes d’Anjouan, les plus arrosées. Elle abrite l’unique aéroport de l’île, la seule porte d’accès sur l’île par voie aérienne.
C’est un témoignage de l’urbanisme arabo-swahili, le tissu urbain de la médina garde encore sa structure ancienne, bien qu’elle soit confrontée aujourd’hui aux mutations urbanistiques influencées par la modernité et la prévalence du béton. Les places publiques, les plus emblématiques de la cité, ne jouent plus leurs fonctions d’antan. On peut citer notamment la place Mpangahari « Place culturelle centrale » où se déroulaient toutes les festivités et cérémonies de la vie culturelle ; Bangani mwa muji, « Assemblée communautaire », une place marquée par la construction de bancs en pierres sur lesquels, les hommes accomplis de la ville, se retrouvaient, surtout les après-midi, après la salat de 15 heures pour se détendre, discuter des grands sujets de préoccupation de la cité. La place de Bangani mwa muji a servi de lieu de Madjlis/Assemblée au sein duquel, des liens de mariage s’arrangeaient. La place servait également de lieu d’audience et de justice communautaire.
La médina est surtout caractérisée par un tissu dense, un réseau de rues, de venelles qui desservent des maisons, accolées les unes aux autres, témoignage de l’architecture de la période allant du XIXe siècle à 1950. La médina de Ouani est non seulement un témoignage d’un passé glorieux, mais également une cité en continuelle évolution dont l’avenir est indissociable de celui du développement de l’île.
Ouani fait partie des quatre cités-Etas de l’île d’Anjouan à avoir été fortifiées par le système défensif des hauts remparts. Quelques pans de la muraille défensive sont encore debout, mais sa majeure partie est démolie. La cité était autrefois dénommée, Basra. Nom donné pars les arabo chiraziens qui prenaient référence au grand port de Bassora en Iraq.
Haut lieu de l’islam dans l’île. Sa position géographique au grand nord fait d’elle le repère de l’orientation des mihrabs de la plupart des mosquées de l’île. Cela lui vaut la désignation de ville de qibla. Bastion des confréries musulmanes à Anjouan, introduites au pays à la fin du XIXe siècle, le mausolée du saint cheikh Soilihi rassemble chaque année les mourides venant des coins du pays pour la commémoration de son décès.
Travaux de Musbahouddine Ben Ahmed
Directeur Régional du CNDRS
Commentaire des images : Dr Bourhane Abderemane
LA MEDINA DE OUANI
Palais GEREZANI
Ecroulée et remplacée par une mosquée moderne sous le nom de Mkiri wa Gerezani. Gerezani est une suite du Grand palais à Ouani appelé « Djumbeku » (Grand palais). C’est un Bangwe où le sultan et/ou le Gouverneur s’assoit avec ses Vizirs pour discuter les problèmes de la cité.
Maison fille MZE MWEGNE
En mauvaise état. Construite à la limite de l’ancienne muraille de la ville côté Kilingeni (Nord). Peut être restaurée, la toiture était en feuille de cocotier (wuhandja), puis remplacer par des tôles pour des raisons économiques et sécuritaires. Le côté Est de la maison fait face à l’ancienne muraille de la ville. Sur c ette ruelle, il ne reste que cinquante mètres de Ngome.
Maison MERE WARINDINE
Séparée de Djumbeku par une ruelle qui mène vers Pangahari, il s’agit d’une architecture ancienne de la façade principale du bâti, avec deux petits bancs des deux côtés pour permettre aux étrangers de s’asseoir en attendant que le maitre de la maison sort. La toiture terrasse est soutenue par des solives en bois composée des dalles de coraux taillées appelées « Bishiyo ». Construite dans les année 40, elle Parait en très bon état, nécessite une restauration en urgence avec badigeon.
Maison de MERE SAIMATI
Une architecture ancienne de la façade principale du bâti, avec deux petits bancs des deux côtés de la porte pour permettre aux étrangers de s’asseoir en attendant que le maitre de la maison sort. Car les hommes n’entrent pas dans les maisons. Ils sont obligés d’attendre dehors en s’asseyant sur l’un des deux bancs en maçonnerie.
La toiture terrasse est soutenue par des solives en bois composée des dalles de coraux taillées appelées « Bishiyo ». Des solives pourries se détachent et risque de tomber. Le couche du mortier de chaux se décolle à cause des infiltrations des eaux de pluie.
Parait en très bon état, nécessite une restauration en urgence une couche de mortier avec badigeon.
MOSQUEE GEREZANI
Construite à l’emplacement de l’ancien Palais du vizir de Ouani, palais Gerezani, aux années 1995 par les héritiers de cette emplacement. La mosquée a une grande salle de prière et un bassin d’eau d’ablution muni d’une rangé de sept robinets. L’emplacement est exigu, délimité par trois ruelles. Un comité composé de cinq personnes gère la mosquée
MOSQUEE MADARASANI
Démolie en 2019 avec l’aide de l’armée et remplacée par une construction moderne. L’ancienne mosquée de Madarasani était construite presque au milieu de la médina avec un bangwe formant un passage couvert traversé par la ruelle qui va à Bangani vwa Muji. Après la prière de Al Ansiri, un cheikh apprend aux jeunes la traduction du Coran, assis à l’intérieur de la mosquée et les Waze (le notable) passent le temps à palabrer en attendant la prière de Maharibi (au coucher du soleil). La première construction date des années 50
Pour agrandir la mosquée et avoir un espace assez conséquent, le comité de gestion, dont le trésorier était le feu Ali Sidi Ben Said Mahmoud Djamalillaili, avait proposé à l’héritier qui est un fils unique Masulaha Zoubert d’acheter la maison accolée à la mosquée. L’héritier avait accepté de la vendre. Le commerçant appelé Mshindra l’avait acheté et Il l’a offert à la mosquée. C’est ainsi que la mosquée avait été agrandi du côté Ouest, avant d’être démolie complètement et remplacer par une autre flambante neuve. La toiture terrasse du bâti était soutenu par quatre grosses poutres octogonales en pierre et des poutres transversales avec les solives.
MIHRAB DE LA MOSQUEE MKIRI WA SOIFA
Mosquée construite fin XIXe siècle, vraisemblablement en 1867 et restaurée en 1967, avec ses céramiques incrustées sur la paroi du Mihrab. La toiture terrasse du bâti était soutenu par quatre grosses poutres octogonales en pierre et des poutres transversales avec les solives en bois composée des dalles de coraux taillées appelées « Bishiyo ». La mosquée est en très bon état, aucune fissure n’est apparue. Le tronçon de la muraille qui traversait la mosquée dans le sens de la longueur a été démolie pour permettre à la mosquée d’avoir une petite véranda avec une porte d’entrée.
Palais DJUMBEKU (Djumba ku)
Tomber complètement en ruine, morcelé par les ayant droit, transformé… Construit probablement fin de XIIIe siècle, cette porte à arcature pointue semblable à la porte de la petite mosquée à Ziara Sima, face à la mosquée de vendredi, est le seul témoin du Grand palais de Ouani. Le Sultan ou Gouverneur passe sur cette porte (Photo 1) et suit un couloir tout droit, passant une deuxième porte (Photo 3) identique pour arriver à la place Gerezani où on a construit actuellement une mosquée. Elle a l’air solide. Il faudrait la poncer et la badigeonner.
Il ne reste que quelques pans de mur, témoins de cette illustre civilisation.
Photo 1 :1985 Photo 2 : 1987 Photo 3 : 1987
Photo 3 : Malheureusement, la moitié gauche de cette porte a été démolie dernièrement
MOSQUEE DE VENDREDI
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : La première mosquée de vendredi construite avec le minaret cylindrique probablement fin XIIIe s.
Image prise derrière la porte à arcature pointue.
Source : www.comores-online.com
Photo 2 : la même mosquée. Photo prise en 1952 (photographe inconnu). Pierre Vérin avait montré son mécontentement quand il est venu à Ouani étudier la mosquée, car la partie supérieure du minaret a été démoli pendant la nuit par les partisans de la modernité, un coup dur pour les conservateurs. (Première destruction).
Source : https://imagesdefense.gouv.fr/fr/archipel-des-comores-anjouan-1952-mosquee-d-ouani.html
PHOTO 3 : c’est la même mosquée en totalité avec façade principale. On ne voit que la partie supérieure du minaret et une très large véranda. Ces personnes regardaient le photographe qui prend la photo (dos à Zawiyani). Cette mosquée a été détruite avec son minaret.
Source : document_118 Ouani-Chikoni
Photo 1 : un enterrement Photo 2 : le Mimbar
Les deux photos montrent l’intérieur de la deuxième mosquée de vendredi construite dans les années 60. Les partisans de la modernité avaient jugé utile de reconstruire une autre mosquée sur le même site. Et en 2006, cette mosquée a été détruite et le mimbar a été saccagé par Cheick Abdallah Abasse et ses partisans. Un patrimoine de plus d’un siècle d’existence parti en fumé.
En 2006, au moment des excavations pour pouvoir dégager les nouvelles fondations, un grand trou béant est apparu et les jeunes sont descendus dans ce trou. Ils sont tombés sur un vestige archéologique confirmant ce que les vieux nous racontaient que la moitié de la première ville de Ouani a été ensevelie. Selon les témoignages que j’ai recueillis (Je n’étais pas à Ouani, mais en stage à Paris), il y avait un mur peint en blanc de chaux intact, des squelettes, des céramiques, des poteries, du charbon, de la cendre. Les jeunes avaient contacté le CNDRS à Moroni pour envoyer un archéologue, mais le troisième jour, certaines personnes avaient exigé aux jeunes peureux de rembler le vestige et le bétonner. Aucune étude n’a été faite.
Pour Soilihi Maanrouf (notre informateur connu sous le nom de Bele shindra ou Badjini), voilà ce qu’il nous dit : le 24 décembre 1986
« Sous la maison de la mère de Said Toiha, là où j’habite, cette ville existait. On trouvait des murs et ceux-ci longeaient le (Pangahari) chez grand-mère Allaoui Zoubert jusqu’à (Mkiri wa Mpwani). Ces murs s’y trouvaient là à l’intérieur. L’ancienne ville qui était ensevelie par les eaux, commençait au bord de la mer jusqu’au niveau de la maison de Ashihadou. Une partie de Wani actuelle est construite sur l’ancienne ville ». (Annexe G, T. II): p.80-82
D’autres témoignages attestent aussi qu’une ville ou village était enseveli à Ouani et que la ville actuelle est construite sous ces décombres.
Voyons le témoignage oral du feu Ahmed ben Said Abdallah dit père Warindine : vendredi 02 Janvier 1987
« […] Mon grand-père m’avait dit qu’en creusant un tombeau à l’Ouest de la mosquée du vendredi on avait trouvé un pan de mur au fond. Même ici dans la ville, si on creuse un (sindrasi) puits ou fossé pour wc, on trouve des pans de mur, de mur avec (shiloho ou ziloho) une niche ou des niches (sorte de coffre ouvert sans porte où on peut laisser beaucoup de choses: lampe à pétrole ou à l’huile, le repas etc…), des pièces d’argent au fond……Au moment du cyclone de 1950, des restes des murailles, des squelettes étaient apparus ainsi qu’une partie d’une mosquée. Lorsque nous avons vu tout cela; nous avons demandé aux parents. Ils nous avaient dit que l’ancienne ville s’appelait « Baswara ». Le « Seli »(c’est-à-dire la rivière en coulant charriait des tonnes de boue, de des grosses pierres, des gros arbres arrachés qui balaient tout à son passage) de la rivière en descendant avait détruit le village. Beaucoup de gens avaient trouvé la mort…Cette partie d’une mosquée, je l’ai vu près de « Uguni, » c’est-à-dire voici la maison de « Uguni » et un peu plus loin, il y avait un mihrab là……Après la crue de la rivière, la rivière avait débordé de son lit et pénétrait au village en creusant des fossés partout. On avait trouvé des squelettes (miba za wafu) et des monnaies en argent (pesa djewu) qu’on diluait pour faire autres choses……La mosquée de (Madarasani) est construite au-dessus d’une autre mosquée. Lorsque nous l’avions construite, il y avait déjà un mihrab là, témoin d’une présence d’une mosquée pour l’ancienne ville ensevelie, l’ancienne ville avait dépassé le « Mpanga-hari ». (Annexe H, T.II) p. 83-86
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : la nouvelle mosquée de vendredi est en pleine construction
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 11/03/2014
Photo 4 : La nouvelle mosquée de vendredi est opérationnelle
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 7/10/2016
Arrivée à Ouani pour étudier le minaret cylindrique qui était imprimé sur un timbre, Pierre Verin était surpris de sa destruction : « A Ouani, le minaret de la mosquée qui figurait sur les timbres comoriens de jadis n’est plus qu’un souvenir philatélique, puisque la reconstruction de la mosquée en cours a commencé par un arasement total. Il subsiste sur place un pan de mur avec une porte à arcature pointue, similaire à celle du Vieux Sima. Près de l’actuel chantier de la nouvelle mosquée en béton sont entassés des blocs de corail taillés décorés des motifs cannelés à hachure (Herrgtsone Pattern de Garlake). C’est tout ce qui reste d’un monument multiséculaire. Certes l’usage islamique proscrit l’emploie des pierres d’une mosquée pour un usage profane mais c’est une bien maigre consolation de voir que celle subsistera le site de ce qui fut un vénérable édifice . »
Avant le XIIIe siècle, les bâtiments en pierres sont certes limités à la mosquée centrale, au palais et aux tombeaux; mais le schéma de l’organisation spatial des
Villes comoriennes est là, déjà élaboré et mise en place.
Damir Ben Ali avance l’idée que « l’apport des migrants arabes à partir du XIIIe siècle n’a pas été l’origine des villes. Il n’a été qu’une innovation civilisatrice « Ustaânrab » portant essentiellement sur les créations architecturales, la multiplication des édifices en pierre, l’accroissement de la consommation des marchandises importés, nouvelles technologies qui permettent aux Comoriens de se mettre aux dispositions de la civilisation de pays musulmans et facilitent l’adoption d’un mode de vie jugé conforme à la culture coranique. »
La conception des hommes qui se croyaient « civilisés » vis-à-vis d’une société qu’ils estiment des « sauvages », inaugure l’ère de l' »Ustaânrab ». Les descendants de familles arabes considèrent que le mode de vie ou la vie sociale qui était entretenu par les Bantous, premiers habitant, est dépassé. Ils les décrivaient comme étant des hommes sans loi ni foi, des barbares.
L’unification véhiculée par Hassan (le Shirazien) n’est autre qu’une colonisation qui avait engendré plusieurs conflits entre les « Wamatsaha » (les campagnards) et les « Wangwana », « Makabaila » (les nobles ou les descendants des Arabes) nommés » Sharifou ou Mazarifou » descendant du Prophète donc bénis par le sang Arabe.
Donc « Ustaârabu » signifie littéralement: devenir Arabe, culture coranique. Pour y être, c’est abandonner sa culture de base au profit d’une nouvelle civilisation venant d’extérieur et plus imposante. Donc de XIIe siècle au XVe siècle, c’est la période dont les ancêtres Beja (Bantu) se convertissaient à la religion musulmane, correspondait à l’épanouissement de la civilisation Moyen-Orientale dans chaque île de l’archipel Comorien.
Progressivement, des nouvelles structures socio-culturelles se mettaient en place: une mosquée (mosquée de Vendredi) battit au centre de la ville et à côté d’elle la place publique « Bangani »/ « Bangweni » où se passaient les réunions politiques, interdite aux femmes. C’était dans cette place de rassemblement publique où s’affirment les statuts sociaux de l’être, fonctionnait suivant une codification bien définie.
LA VILLE DE OUANI (WANI)
• Quelques aspects Historiques :
Géolocalisation sur la carte 12.13554° de l’atitude Sud et 44.42493° de longitude Est
Coordonnée géographique 12° 08’ Sud et 44°26 Est
Population (2017) 22.501 habitants
Carte 1 Carte 2
Carte 1 : Plan de la ville d’Ouani, avec les sites historiques et archéologiques. Répartition de la superficie : extrait schéma directeur COI/79/009
Le plan de la ville d’Ouani, l’aéroport avec sa piste d’atterrissage ainsi que le site historique et archéologique de Vieux Ouani (en rouge). Les routes, la rivière et l’hôpital. Les petits carreaux représentent les parcelles habitées selon les quartiers
Source : dessinateur Mohamed Abderemane topographe, année mai 1987
Plan de la ville d’Ouani, avec les sites historiques et archéologiques. Répartition de la superficie : extrait schéma directeur COI/79/009
Source : Document fourni par la Direction du projet Habitat, Moroni, le 25/5/1987
Coordonnée géographique : 12°08’ Sud et 44°26’ Est ou bien 12.13554° de latitude Sud et 44.42493° de longitude Ouest
La place publique de « Msiriju »
Source : 44772676_2161282347229437_3102765296109223936_n
L’une des plus anciennes villes aristocratiques d’Anjouan, avec ses 12.000 âmes (estimation 2001-éléction), était la capitale de la neuvième circonscription qu’englobaient des faubourgs tels que Barakani, Nyantranga et Jimilime durant les règnes des Présidents Ahmed Abdallah et Mohamed Djohar.
Durant la colonisation Wani était érigée en Canton qui englobait plusieurs villages : Barakani, Nyantranga, Jimilime, Hajoho, Harimbo, Bandra la Mahale, Chandra, Tsembehou, Dindri, Bazimini, Koki et Patse. Après l’indépendance, la politique avait décidé autrement.
Elle se trouve à 7 Km du chef-lieu ou capitale de l’île d’Anjouan. Après les évènements de 1997, Wani est régie par une mairie.
Ville dont la construction en dur débutait aux environs de 1276 après J.C, a joué un rôle non négligeable dans l’histoire d’Anjouan et des Comores. Beaucoup plus ancienne que Mutsamudu, l’ancienne ville située à Untsini Mwa- Muji nommée auparavant Sada était construite aux environs de VIIIe -IXe siècle par des bantoues marins à substratum Austronésien. Et à l’arrivée des arabo-shiraziens ou Irakien, elle s’appelait « Sada-Baswara ». Cette ville fut détruite par un raz de marée suivi d’une inondation. Les traditionnistes disent : »Umuji uka wurotsa » c’est-à-dire « la ville était engloutie. »
Les rescapés de la ville ont fondé vraisemblablement la ville de Wani actuelle avec les immigrants venus de Bwe-la-maji, Mlimani, Jimbili, Bandar-Salama, Bandra-Mtsanga ya kurani et Nyamawe.
Durant les razzias malgaches, un des faubourgs de Wani Untsoha a été détruite en 1792 après J.C., par les sakalava et les betsimisarakas. Les populations ont été amenées en esclavage aux Mascareignes via Madagascar.
Wani se présente sous deux aspects:
-Celle d’une ville ancienne, historique où se côtoient l’architecture arabo-shirazienne, les maisons en matériaux végétaux, les mosquées et les sépultures, ainsi que ses ruelles tortueuses à l’intérieur de la Médina témoigne de son passé. Modelé par l’extérieur où règne les « Ziara »(Ziyara), domaine des esprits, révèlent comment cette population, à travers les temps, a pu s’adapter et faire sa place dans le monde naturel.
Ces hommes qui ont pu, par leur vanité et leur « Ustaârabu » (civilisation et culture), marier l’Islam et la coutume ancestrale ont laissé leurs empreintes culturelles.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : (vue générale): Ville d’Ouani au premier plan avec la piste d’aéroport
Photo 2 : Vue de la ville depuis Bwekuni, on voit le minaret de la mosquée de vendredi
Source : Bourhane Abderemane – photo 6 prise en 2000 et photo 5 en 2012
- Et celle d’une ville moderne avec ses constructions de style européen, et ses bâtiments administratifs (aéroport, collège, école technique, écoles primaires, la Mairie, poste et télécommunication, l’hôpital…) le foyer des jeune (Espace Shababi), la bibliothèque, le complexe sportif non couvert, les poissonneries, l’abattoir etc.
Les infrastructures culturelles et socio-économiques sont les œuvres des Waniens sans la moindre participation de l’Etat (la maternité, lycée, marché, mosquées, madrassa etc.).
La Médina, jadis entourée par la muraille de la ville « ngome » ou « uhura wa muji » où subsistent encore quelques tronçons (à Kilingeni, Mkiri-wa-Djimwa, Sataraju-Soifa) est composée de deux grands quartiers:
– quartier de Kilingeni
– et le quartier de Bwedzani
Mais d’autres quartiers étaient encore plus anciens que les deux cités ci-dessus. Il s’agit de :
– Untsini-mwa-muji- Mkiri-wa-mpwani- Untsoha</code></pre></li>
A. Etudes des quartiers anciens et les toponymes
° Kilengeni :
Photo 3 Photo 4
Photo 3 : Montre la digue construite à l’époque coloniale après l’inondation de décembre 1951, pour protéger le quartier de Kilingeni (partie cachée à droite de la photo)
Photo 4 : Les quelques pans de la muraille restant de la ville de Ouani construite au XVIIIe siècle du côté du quartier de Kilingeni habité jadis par les Beja et les Kombo…
Source : photos prises par Bourhane Abderemane le 30/04/2015
Ce mot a plusieurs significations. En swahili: Linga ou Linge c’est viser, pointer vers, mettre en joue, couper en tranche, jeter.
Kilinga : c’est le fœtus humain de quatre mois. Kilenge : c’est jeu d’enfant.
Kilinge :
a. mystère, secret, ruse, manœuvres secrètes incompréhensible.
b. réunion secrète de sorciers ou de guérisseurs, aussi endroit où se pratiquent des exorcismes (A. Lenselaer, 1971 : 204).
Ombiasa ou Ambiaza :
a. divin guérisseur (pratique la divination par le sikily ou sikidy et l’astrologie, soigne en usant de plantes, à usages interne et externe et en organisant des cérémonies qui comportent généralement le sacrifice d’un animal).
b. le Devin, une des cases de la divination géomantique (N. Rajaonarimanana: dictionnaire malgache dialecte Tandroy 1996 : 40).
Le deuxième ancien quartier de Wani à l’intérieur de la muraille était considéré avant comme le quartier des « gens de la brousse « (Wamatsaha) après la disparition de la ville de Sada-Baswara, ancienne ville de Wani. Cette partie de la ville était couverte de forêt, des lianes etc. C’était une forêt dense à l’époque.
Etant donné qu’il n’y avait pas assez d’eau du fait de l’absence des rivières à (Bwe- la- maji et à Mlimani), le chef Bako ba Beja, Msa Djimwa, Kombo Ali et Kombo Madi avaient décidé le transfert de leur village respectif (Bwe-la-maji et Mlimani). Ils s’installaient tout le long de la rivière. Ils avaient défriché la forêt, aménagé le terrain et construisaient leurs cases
Photo 5 Photo 6
Photo 5 (à gauche) : Site de Bwe la Maji (un Ziara) lieu sacré pour le Bejani
Photo 6 (à droite) : Site de Mlimani (un Ziara) lieu sacré pour le Kombonien
Source : Bourhane Abderemane – prise de vue en 2000
Mais après, Il prétend que ses gens-là souffraient. Les enfants disparaissaient. Les fœtus n’arrivaient pas à terme. Les Marabouts ou Mwalimu ou Mgangi consultaient les astres, pratiquaient la géomancie et concluaient que l’emplacement appartenait à des Djinns. Après un certain temps, la population et les esprits se sont réconciliés. Les esprits avaient décidé de partir et en échange, tous les trois (3) ans, la population vénérait les djinns en jouant le Nkoma à (Binti Rasi).
Photo 1 : Façade principale de la Mosquée d’Omar (Mkiri wa Mari) Photo 2 : Le Mihrab de la mosquée d’Omar avec les céramiques incrustées
Ce quartier avait sa propre place publique Shilindroni et sa mosquée Mkiri-wa-Mari. La mosquée d’Omar, construite par Cheikh Omar l’un des rescapés de l’inondation de vieux Wani. Une mosquée rénovée où on peut admirer les céramiques incrustées sur le mur de l’intérieur ainsi que des petites colonnes en béton torsadées. Entre la mosquée et les dernières maisons se dressait un pan de murs, haut de trois à quatre mètres; c’est l’ancienne muraille de la ville reliant Kilingeni à Soifa en passant par la mosquée de vendredi. Dans cette même zone à l’extérieur de la muraille passe la route qui contourne la ville vers la mer et vers la Mairie. C’est dans ce même endroit que la population de Wani, avec l’aide de plusieurs organismes, a construit le poissonnerie (Bazar-ya-Mapuka) et à côté, la boucherie (Bazar ya nyama). C’est la zone où il y a les cimetières de toute la ville.
Pour protéger ces quartiers contre les inondations, le gouvernement colonial avait construit d’un côté une longue digue d’où le nom de Ladigiju, devenue un sous quartier de la ville tout le long de la rivière et de l’autre côté (rive gauche) un gabiyo (une digue construite en entassant des grosses pierres soutenues par des grillages à gros maillons). Le gabiyo existe toujours de nos jours, protégeant le quartier de Kardjavindza, ancien quartier des esclaves, contre l’affaissement du terrain et empêchait l’inondation en cas où la rivière est en crue.
Si nous examinons les deux définitions, le nom donné par ses anciens à leurs quartiers n’était pas le fait d’un hasard. Ce mot véhicule tout une série d’activités et un fond commun entre les Beja et les Tandroy.
D’une part, les Tandroy habitent dans une terre, de l’extrémité Sud de l’île, aride, couverte par une formidable forêt d’épineux et soumise à la sécheresse et à la famine. Ils se sont efforcés……..de rejeter les influences extérieures. La solidarité du clan, la croyance en la primauté des ancêtres et le recours aux guérisseurs et astrologues sont des pratiques encore très vivantes. Des vagues périodiques de sécheresse……. ont été à l’origine de migrations régulières. En pratiquant l’élevage de troupeaux de zébus dans une région aride, les Tandroy ont intelligemment adapté leur vie à cet environnement difficile.
D’autre part, les Beja s’installaient au Sud Est de la ville de Ouani, couvert de forêt d’épineux (Mronga) et de broussailles, soumise aussi à la sècheresse qui a causé leur migration vers » Kilingeni »; pratiquant les mêmes croyances et l’élevage des bœufs et cabris. Les Bejaniens avaient pu résister à la domination des Fani et des arabes, maintiens de culte des ancêtres (Nkoma, culte des Mwana Mroni dans les Ziyara), pratique des guérisseurs et de géomancie (le Mwalimu ou Mgangi).
Est- il le fait d’un hasard que » la vie quotidienne » de ces deux peuples se superposent ? Sont-ils issus d’un même fond, d’un même ancêtre ? Que dit Abderemane Rachidi, le traditionniste de Jimilime ?
[« …….] des gens venaient de la région de Mayotte, « wafuha » c’est-à-dire s’étaient apparus à « Gambe Mafu » (rocher)… ». Ici la région n’était pas déterminée. Ces gens peuvent venir soit de Mayotte ou aussi de Madagascar…Seul l’archéologie peut lever la voile.
° Bwedzani :
C’est le nom du plus grand quartier de la ville de Wani qui se trouve au Nord-ouest. La ville évoluait du Nord au Sud. Le prolongement de la ville extra-murale porte d’autres noms. Ce quartier forme le cœur de la Médina où a été édifié le grand palais Djumbeku. Il ne reste que quelques pans de mur, témoin de cette illustre civilisation. C’est encore dans cette zone, à côté du palais, où se trouvaient les places publiques (Bangani-vua-muji, Gerezani, Pangahari). Les notables, pour traiter les problèmes existants, soit ruraux ou villageois, se regroupaient soit à Bangani-vwa-muji lorsqu’il faisait beau temps, soit à Gerezani quand il pleuvait. Le Mpangahari (Mpanga « grand espace », hari « au milieu »); en swahili, (Lenselaer 1971 : 397) (panga a. « aligner, mettre en rang, classer »). Si les gens dansent le Shigoma, ils se mettent les uns derrière les autres en forme de colonne donc Mpangahari est un lieu de manifestations culturelles et de rassemblement.
Beaucoup de mosquées étaient construites ici:
– L’ancienne mosquée de vendredi construite, selon la tradition orale, par Cheikh Abdallah au XIIIe siècle. C’était un monument reléguant en pierres de basalte assemblées avec de la chaux de corail et son minaret cylindrique, ceinturé par des colonnes torsadées. Mais cette majestueuse bâtisse a été rayée de la carte; on la retrouve parmi les anciens timbres des Comores.
– La nouvelle mosquée en béton avec son nouveau minaret en dôme (fabriqué par Mouhoudhoir Zoubert Mahadali) et sa grande porte noire sculptée où passe l’imam le jour de vendredi dominent toutes les maisons en terrasse.
La nouvelle mosquée de vendredi
- La mosquée de Swafa (Soifa) où on peut admirer les céramiques importées, probablement du XIXe siècle, incrustées sur le mur soutenant le mihrab.
- La mosquée de Madarasani qui était construite au- dessus d’une autre mosquée détruite par les inondations répétitives donne l’aspect d’un gardien de la cité de par sa position. A l’intérieur, ton regard sera attiré par les quatre grosses colonnes de poutrelles soutenant la toiture en terrasse.
Etant très étroite, les adeptes de cette mosquée avaient acheté une maison à côté de celle-ci, ce qui leur a permis de l’agrandir sur le côté gauche.
Les deux photos montrent la mosquée de Soifa, sa façade principale à l’extérieur avec des bancs en maçonnerie et le dos du Mihrab. La deuxième photo montre l’intérieur de la mosquée avec les céramiques incrustées sur la paroi du Mihrab
- La Zawiya, lieu de propagation du soufisme, était construite entre la mosquée de Swafa (Soifa) et la mosquée de vendredi. On peut admirer la porte sculptée du mausolée de Cheikh Soilihi
L’entrée principale du mausolée (une porte sculptée à deux battants) de Cheick Soilihi à Ouani et son tombeau
C’était aussi le quartier de Waziri (Vizir) (Ministre), des imams, les Fundi (Maitre coranique) et les Cheikh. La haute noblesse aristocratique avait construit, au milieu du quartier, leurs maisons en dure à terrasse et à étage au style arabo-chirazien, avec ses lourdes portes à panneaux sculptées Madjivi en orme de quatre cygnes représentant un maillon d’une chaîne et un ovaire de fleur au milieu, symbole de la fécondité et de la fertilité; les murs massifs truffés à l’intérieur par des niches sculptées ziloho à base de corail sous plusieurs styles montrant la fierté des familles aisées propriétaire des esclaves et des terres) et les fenêtres, souvent petites quelquefois en moucharabieh et à double volet.
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 1 : Une porte de maison arabe sculptée (Maison Singani Domoni) semblable à ce qu’il y avait à Ouani à Djumbeku
Source : J. Repiquet 1901 P. 66 Planche XIII
Photo 2 : Maisons anciennes à toiture terrasse à Mroni –Mutsamudu. Plusieurs des maisons anciennes ont été détruites à Ouani, remplacé par des maisons en parpaing
Source : Mohammad Juma – photo prise le 04 juin 2011
Photo 3 : Fenêtres en moucharabieh du palais des sultans / Ujumbe à Mutsamudu.
Source : Mohammed Juma – photo prise le 04 juin 2011
Photo 4 : Niches en stuc du palais Singani de Mutsamudu. Des niches semblables s’y trouvaient à Mandjani à Ouani
Source : Bourhane Abderemane – photo prise le 29 mars 2023
- D'une part elles permettaient ainsi de conserver la fraîcheur de la maison en période de chaleur tropicale;
- d'autre part, c'est un lieu d'observation; les femmes pouvaient regarder, les manifestations, les danses folkloriques etc…, sans être vues.
Les poutres soutenant le plafond en solives en bois rangés, à intervalles réguliers, supportent les petites dalles en corail, damées et fixées par une épaisse couche de chaux, sont souvent colorés et ornés des inscriptions magico-réligieuses tel que des versets de Coran protectrice de la demeure et de ceux qui y habitent. Exemple : Rabbana f’tah bainana wa baina qawmina bilhak wa anta khairul’ fatihina. »Seigneur tranche entre nous et notre peuple, tu es le meilleur des arbitres ».
Poutres transversales du palais des sultans Ujumbe à Mutsamudu portant
Bwedzani est le cœur de la Médina avec ses ruelles sinueuses, tortueuses et semblables et se recoupant à chaque instant entre les maisons presque toutes semblables formant un véritable labyrinthe. Ce tissu urbain est très actif. Malgré la destruction de 2/3 de la muraille et les anciennes maisons dont certaines ont été transformées en ajoutant un niveau un ou étage, et d’autres ont été rayé de carte, remplacées par des nouvelles constructions toujours à un ou deux niveaux. La zone urbaine ouanienne est quadrillée par un système assez régulier des ruelles parallèles et entrecoupées par d’autres ruelles parallèles ressemblant à une ruche d’abeilles tantôt sous forme de carré ou une enceinte rectangulaire. Les quatre murailles entourant la ville ont été séparé des maisons par une ruelle circulaire d’un mètre et demi de large.
Des puits médiévaux zisima avaient été creusés où les femmes pouvaient puiser l’eau potable pour alimenter leur bandrishiyo c’est-à-dire le bassin d’eau froide d’un côté et d’autre côté de l’eau chaude pour le bain.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Puits d’eau saumâtre chez mère Shamsidine. En cas de fermeture des robinets, la population vient puiser l’eau ici et dans d’autres lieux, en ville où il y a d’autres puits.
Photo 2 : « Bandrishiyo » (bassin d’eau chaude). On met des gros morceaux de bois « Magudri » sous la marmite. Cette espace doit être rempli des bûchers et on allume le feu. A l’intérieur, il y a deux compartiments séparés. Un compartiment où on conserve l’eau froide et le deuxième là où il y a l’eau chaude. Ceux ui viennent pour prendre un bain, on amène un seau vide et avec une gros gobelet (fabriqué avec une grosse noix de coco évidée, bien raclé puis le troué pour faire passer une manche en bois. Et avec ça, on puise l’eau chaude et on la verse dans le seau et on diluait avec l’eau froide pour avoir la température normale pour le baigner. L’eau reste chaude en permanence « Wushoni » au toilette.
Photo1 Photo 2
Photo 1 : Les gobelets (2 Hara et 1 shiwi) Avec les manches en bois
Photo 2 : Grosse jarre (Mtsanga) pour conserver l’eau à la cuisine et/ou au toilette
Les maisons sont peintes en blancs de chaux; et la nuit, on entendait souvent le crieur, annoncer des nouvelles qui se mêlait aux chants mélancoliques des berceuses esclaves dans les maisons de nobles. Après la prière de al alesha c’est « le royaume du silence éternel ». Seul le quartier des esclaves à l’extérieur de la muraille, Kardjavindja, qui grouillaient; deux mondes différents, maisons en dure d’un côté et maisons en pisé de l’autre, l’eau potable d’un côté, et de l’autre l’eau de la rivière; d’un côté l’odeur des encens et des épices, poussé par les vents de mousson enivraient les quelques passant et de l’autre côté les odeurs nauséabondes empoisonnaient l’air.
Mais comme a dit Aliette Crozet: (1991: p.5) « ….quand on est de l’Océan Indien, on possède dans les veines du sang d’esclaves, du sang de roi, de fille de joie et de pirate…Sur ces arches de Noé humaines, des peuples vivent… la cohabitation quotidienne, dans le respect de civilisation complexe…Arabes avec Africains ».
Du côté de la toponymie, Bwedzani, est composé d’une racine Bwe « pierre » au pluriel Mawe; Dza du verbe hudza « donner naissance ». Les recherches étymologiques et légendaires ne nous fournissent pas des éclaircissements. Nous allons poser l’hypothèse suivante : d’abord c’est une région dont une partie est très accidentée; donc dispose des grottes, des failles. Je pense qu’avant l’installation des arabo-musulmans, c’était un lieu de culte ziyara, ce qui fait penser à l’animisme; pierre fondatrice du village Kiandja. Selon certains vieux, c’était des Beja qui s’étaient installés ici et à l’arrivée des Arabes, ils se sont islamisés.
D’une part, Huhedza faire monter. Quand on creusait un puits, on fait remonter à la surface de pierres lisses (des gros galets de rivière) utilisées pour le terrassement des maisons et associées à d’autres pierres, on les utilisait pour la construction de la muraille de la ville.
D’autre part, Dzaha, c’est-à-dire volcan, donc blocs de basalte. Littéralement, on peut dire qu’il s’agissait d’une région où les gens venaient récupérer des blocs de pierre et les dalles de basaltes pour la construction.
° Mkiri- wa- mpwani
Photo 1 Photo 2
Les deux photos montrent le soubassement en pierres de coraux de la petite mosquée du bord de la mer, nom donnée à cette partie de la ville de Ouani
L’un des quartiers de l’ancienne ville basse de Wani (le vieux Wani). Composé de la racine Mkiri, c’est-à-dire « mosquée »; wa « de », mpwani a. pwani, pwa : rivage … Ch. Sacleux, C. S. Sp. (1959: p.164).
b. mpwa : « rivage de la mer »…Ch. Sacleux, C. S. Sp. (1939: p.589. Littéralement : « la mosquée qui existait au bord de la mer ».
Cette région est devenue un quartier de la ville basse (vieux Wani) Sada ou Baswara. Il fut appelé ainsi par référence à l’unique mosquée qui se trouvait dans la région. Actuellement, il ne subsiste que le soubassement (la fondation) où on peut observer des blocs de coraux sculptés, témoin d’une civilisation musulmane à cette époque.
La ville tend, actuellement, à s’étendre dans cette région à cause de la route goudronnée qui reliait Kilingeni à une partie de Mkiri-wa-Mpwani en contournant la ville.
°Untsini-mwa-muji
Photo 1 Photo 2
Ces deux photos montrent les pans de mur qui restent à la ville basse, témoins des affrontements soit inter village, soit les faits de la Razzia malgache
Bourhane Abderemane – photos prises en 1986
Un des quartiers de l'ancienne ville de Wani (Ouani). Composé de Untsini c'est-à-dire "en bas" (exemple : Untsini mwa imeza " en bas de la table ou au-dessus de la table").
Mwa: a. Dans quelques composés de swahili et du comorien; abréviation de » Mwana » fils, fille.
b. forme locative de – a (de, à, etc.) pour marquer l’intérieur… Ch. Sacleux, C. S. Sp. (1939: p. 635).
Muji c’est-à-dire « la ville »…
Littéralement: la ville qui se trouvait sur la partie basse; la ville d’en bas; la ville qui était bâtie sur l’endroit le plus bas. C’est là où se trouve le puits sacré où la population puisait l’eau surtout pendant la période de Kashkazi (la mousson). Ce puits est un lieu de culte (Ziara) à cause des Anguilles sacrées appelées Mwana-Mroni (les enfants de la rivière). Les gens venaient avec leurs offrandes demander de l’aide et s’attirer la faveur des esprits, force Chtonienne.
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Les quatre photos montrent le culte des anguilles sacrées, transmis par les Austronésiens (ou proto-malgaches) de passage dans l’île.
Source : Bourhane Abderemane
° Untsoha
Ce toponyme est composé de : Ntsoha, c’est-à-dire « la chaux obtenue en brûlant les coraux ». La région fut appelée ainsi parce qu’il y avait une sorte d’industrie locale c’est-à-dire la préparation de la chaux, utilisée à la construction des maisons en pierres mélangées avec du sable, du miel et de l’eau pour avoir le mortier qui servirait à fixer les pierres après les avoir assemblées.
Construit au bord de la mer à deux kilomètres environ de la ville, au Nord-est de l’aéroport de Wani, en traversant la rivière de Tsantsani, Untsoha était un ancien quartier de Sada puis de Baswara. Le site était très actif dans le réseau commercial de l’archipel à partir du XIVème siècle.
Untsoha ne désignait que le port de Sada et de Baswara car la ville s’étendait de Mkiri-wa-mpwani jusqu’à Untsoha.
Selon Abdouroihmane Ben Abdallah Hazi (père Pala): « les esclaves qui allaient là-bas, chantaient en disant : « Nous allons chez madame Fatima, on nous avait donné à manger du bouillon de paddy et de bananes mûres au coco ».
Selon Ben Cheikh (Mwenye Hamdane) : « Toute la région appartenait à une femme nommée Bweni Fatima Bint Houssene. Cette femme, d’origine arabe, avait construit un palais pour installer sa fille et une mosquée à côté ».
Aujourd’hui cet endroit est devenu un lieu historique avec des restes de vestiges (palais, mosquée, tombeaux), mais ce site archéologique est menacé de disparition à cause du changement climatique (la montée des eaux).
Site de Untsoha, un lieu sacré. Il y a la mosquée et le palais (Actuellement, le site est menacé de disparition avec la montée des eaux)
Source : Bourhane Abderemane – Photo prise en 1986
Ruelles et espaces couvertes
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle. En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ».
La forte densité des habitations au sein cette espace exiguë de 8 hectares 76 à peu près, avait transformé le tissu urbain à des petites ruelles très étroites et quelque fois le lit mortuaire n’arrive pas à y passer à cause de l’étroitesse à peine un mètre. Avec l’avènement des étages “Dari” et pour éviter les escaliers externes et relier les maisons voisines ou d’à côté appartenant au même propriété. Certains de ces ruelles sont aménagé en passage couvert pour profiter de l’espace (en hauteur) et profiter la communication des grandes maisons notamment “Vuvuni vwa dari » (passage couvert) mère Saimati Kilingeni
La construction de ces espaces couverts se fait de la même façon que la toiture terrasse des maisons en pierre (palais etc.). Quelque fois l’usage du bois varient. Au lieu d’utiliser des palétuviers (il y a plusieurs sortes de palétuviers exemple: Rhizophora mucronata (Palétuvier rouge / M’honco Mtroubaba, Sonneratia alba (Palétuvier / M’honco Mtroumama) pour aménager ces passages, les architectes ou les maçons utilisent d’autre type de bois plus résistant que les palétuviers. Il s’agit des “ Mugu sera” (Mpingu) ce qu’on voit sur les deux principaux passages couverts
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Passage couvert « Vuvuni vwa dari » chez mère Saimati Kilingeni – Ouani
Source : Musbahouddine Ben Ahmed – photo prise le 04 mai 22024
Photo 3 Photo 4
Photo 2-3-4 : Les ruelles qui passent sur la place publique appelée « Bangani vwa muji » (place publique) que les notables l’occupent toujours surtout dans l’après-midi. Une intersection de
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photos prises le 17 décembre 2020
Le rempart / Ngome
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 1 : Tronçon de la muraille côté Ouest (vers la mer). L’épaisseur de la muraille mesure à peu près 1m60 (« chez Andigene »)
Photo 2 : Quartier Kilingeni au Nord de la ville. Les riverains commençaient à démolir la muraille
Photo 3 : La ruelle qui longe la muraille côté Ouest. Quelques ouvertures ont été réalisée afin de laisser un passage qui se communique avec l’extérieur
Photo 4 : Cette bande a été marquée pour montrer l’emplacement de la muraille après démolition du côté Est.
Source : Bourhane Abderemane – photos prises en 1986
Photo 5
Photo 5 : c’est la même ruelle prise en 1986. Il ne reste que ce petit pan de la muraille construite au XVIIIe siècle que le propriétaire de cette parcelle avait refusé de démolir. C’est une protection pour sa famille. Il va le restaurer avec des matériaux locaux afin de bien la consolider.
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 17 décembre 2020
La ville de Wani et ses villages satellites face à la Razzia Malgache et à la Révolte des esclaves de 1891
- Les razzias malgaches A. Rappel des événements passés selon les sources écrites : C’est à la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle (de 1790 à 1820) qu’eurent lieu des expéditions Betsimisaraka, Antakara, Antavaratra et Sakalava aux Comores. C’était une guerre sous la forme la plus primitive, connue sous le nom de « razzia malgache ». Depuis quelques temps déjà, les Zana-Malata, descendants métis de pirates et de chefs Sakalaves, fournissaient parfois des mercenaires aux chefs Anjouanais que les luttes aristocratiques mettaient périodiquement aux prises. Selon Gevrey : « Il est possible qu’il y ait déjà eu auparavant d’autres expéditions Sakalaves et Betsimisaraka. Ainsi, à Anjouan sous le règne de Halima Ier (XVIIe siècle) à plusieurs reprises les populations furent emmenées en esclaves et massacrées, les récoltes brûlées, les villes et les villages incendiés » (Gevrey 1870, p. 98). Fressange précisait en 1803 : » Les esclaves qu’on achète à Saint Marie sont presque tous des Anjouanais » (Grandidier 1912: les expéditions Betsimisaraka aux Comores) cité par Kana-Hazi (1997 : 119). (E. de. Froberville 1845): / Selon Mayeur 1909, Beniovski voulait en 1785/ « établir à Nosy-Be une traite d’esclaves noirs par l’intermédiaire des Arabes d’Anjouan, en possession de ce commerce depuis 2 siècles environ// (ces derniers) tiraient ces esclaves des côtes de l’Afrique, les portaient aux îles d’Anjouan et, de là, les menaient à Bombétok où ils avaient un comptoir ». Cité par Kana-Hazi (1997: p.115). L’Amiral Anglais F. Moresby notait le 18 avril 1826 : « Les noirs étaient achetés sur la côte par les Arabes, puis transportés à Johanna (Ndzou’ani) et, de là, à Bombétok sur la (Nord) Ouest de Madagascar, d’où ils étaient acheminés (par voie de terre) jusqu’à la côte Est de l’île. Là, de Foulpointe ou de Tamatavi, ils embarquaient pour les colonies (de Bourbon et de l’Île de France) »/ANM I A II/ (Kana-Hazi: 1997 :115). En 1791, un Français se rend à Anjouan pour acheter des esclaves… » « Le prince-roi (Cheikh Salim) nous reçut fort bien. Il se disposait à soumettre par la force des armes les îles de Mayotte et de Mohéli qui avaient refusé de lui payer le tribut accoutumé. Il nous demanda de transporter son armée à Mayotte. Comptant sur sa Victoire, il nous promit 300 à 400 esclaves » (Mémoires du capitaine Péron 1824 (J. F. Gourlet, Moussa Attoumani, Faisons de l’histoire à Mayotte, Paris, Hatier, 1995, p.87). D’après les chercheurs Pierre Verin, Jean Martin, Jean Claude Hébert: vers 1785, le vieux Sultan Ahmed ou Boina Ahmadi est parvenu à associer, sans trop de difficulté, son fils aîné Cheikh Salim, appelé en 1791 « Prince-Roi ». Mais, à la fin de 1791, le Prince Roi a été assassiné à Mutsamudu. De cet assassinat, une guerre s’est éclatée entre le Sultan de Domoni Ahmed et son ministre, gouverneur de Mutsamudu, Monye Fani Ben Mohamed El Masela, et qui s’est soldée par la victoire du Monye Fani. Ce dernier fut reconnu comme souverain de l’île sous le nom d’Abdallah 1er. A savoir que Monye Fani Ben Mohamed El Masela avait épousé la fille du Sultan Ahmed de Domoni, Boueni Mwana Wetru, donc son gendre. Il a pris le pouvoir en 1791/92 et transféra définitivement la capitale de Domoni à Mutsamudu en 1792. Son règne dura de 1771/72 à 1803. Pour se venger, le neveu de Cheikh Salim assassiné, Boina Combo Ben Cheikh ou Boina Combo Aboubacar avaient regagné Madagascar à bord d’un navire marchand français et en revenait quelques mois plus tard avec une centaine de mercenaires malgaches (Betsimisaraka et Sakalava) et mettait le siège devant Mutsamudu. « Cette recette va s’appliquer encore quand, vers 1794, les Sultans de Domoni font appel à des Malgaches pour mâter Wani et Mutsamudu. Le succès du raid de 1792 incite les assaillants malgaches à recommencer, cette fois pour leur propre compte, car les prisonniers sont aisément vendus aux négriers qui approvisionnent la Réunion et l’Ile de France ». Verin P. (1994 : p. 88). » Des gens d’An’gon’ci (Angontsy, sur la côte Est malgache) s’étant trouvés conduits aux Comores sur un navire pirate qui allait s’y ravitailler, furent, on ne sait pourquoi, débarqués à Anjouan. Ils y passèrent un an et prirent parti de la guerre que se faisaient entre eux les habitants du village de Doumouni (Domoni) et de Moudsamoudou (Mutsamudu). Exercés à la guerre par les pirates avec qui ils avait servi, ils triompher les gens de Doumouni, et obtinrent pour récompense d’être renvoyés. Un bateau les transporta à Sambiranou (Sambirano) d’où ils gagneraient An’gon’ci par terre. L’un d’eux nommé Rasariki, homme d’un esprit intelligent et hardi, avait remarqué la manière dont les marins anjouanais dirigeaient leur bateau, et il avait rapporté la route à certaines positions du soleil et des étoiles. Arrivé dans son pays, où l’on recherchait des esclaves pour la traites, il eut l’idée d’aller en enlever aux Comores… » (Guillain, capitaine de corvette (1845 : 199). Cité par Jean Claude Hebert (1983 : 14). (Froberville 1845: Historique des Invasions Madécasses aux îles Comores/ annuaire Voyage et Géographie) : « Les Madécasses revenus dans leurs pays, font par à leurs compatriotes des richesses qui ont frappé leurs yeux à Anjouan… ». Cité par Kana-Hazi (1997: p.120). J. A. Rakotoarisoa nous livre d’autres informations: » Aux Comores, l’édification de ces forteresses rendit moins facile la tâche des Malgaches mais ne fut pas suffisante pour les arrêter. Les Anjouanais, les plus souvent atteints, firent appel aux grandes puissances européennes… Des accords furent passés avec les Anglais de Maurice et du Cap mais il n’y eut pas vraiment une aide conséquente et efficace…Les Malgaches fournissaient des esclaves comoriens aux traitants européens installés dans les Mascareignes. Certains capitaines de navires européens auraient même appuyé discrètement l’action des pillards malgaches. Ainsi, selon Cap Capmartin et Colin, un des capitaines, qui dans les premières années de notre révolution partie de Madagascar sur le navire qu’il commandait, avec l’expédition des naturels de cette île, la dirigea vers Anjouan et obtint le nombre d’esclaves que ces derniers s’étaient engagés à lui livrer » (Froberville, 1845, p. 303 cité par J. A. Rakotoarisoa 1991: p.33). » (…) Plusieurs villes comoriennes ont diminué ou même cesse fortement leurs activités commerciales. Détruites à plusieurs reprises, elles furent presque réduites à l’état de ruines. Sur le plan humain … des familles entières furent enlevées par les envahisseurs. Des malheureux captifs jugés inutiles furent exécutés souvent sous les yeux même de leurs parents. Les grandes fortifications des Comores et de la côte orientale d’Afrique date de cette époque ». (Monteiro et Verin 1970: p.897 cité par J. A. Rakotoarisoa (1991: p. 33). Les guerriers Malgaches : « (…).connaissaient les faibles moyens de résistance (aux Comores), et décida bientôt ses compagnons à entreprendre expéditions sur Anjouan. Ils conduisirent à cet effet de grandes pirogues ….. et ayant rassemblé un grand nombre, ils partirent sous la conduite de Rasariki ». Guillain (1845: p. 199). Cité par Jean Claude Hebert (1983: p. 14). Les expéditions auraient commencé sous le règne de la Princesse Sakalava Ravahini et selon J. A. Rakotoarisoa » (…) Vers 1800, il était de plus en plus difficile de trouver des esclaves à Madagascar du moins sur la zone nord grâce à une certaine entente établie entre les Merina d’Andrianampoinimerina et les Sakalava de Ravahini. Malgré les sollicitations des négriers européens et islamisés, les Sakalava ne pouvaient plus chercher des esclaves en Imerina. Il fallait donc s’approvisionner hors de Madagascar vers d’autres régions dont les plus proches étaient les Comores et la côte orientale d’Afrique ». (J. A. Rakotoarisoa 1991 : p. 33). Un Français de la compagnie des Indes, Cossigny nous dit que : « Ils possédaient des pirogues de grande taille dont les plus fortes ont 8 à 10 m de long sur 2 m à 2m 50 de large et peuvent porter de 40 à 50 hommes. Ils construisent leurs grandes pirogues à balancier appelées en malgache « Lakan-drafitra » pirogues dont la coque monoxyle est rehaussée de bordages et de plats-bords chevillés ou ligaturés. Ces grandes embarcations sont parfois reliées entre elles pour ramener les zébus volés… ». Verin P. (1994: p.90) » Le Capitaine Thomlinson nous a laissé une description de l’une de ces pirogues qu’il vit en 1807 à Anjouan où les envahisseurs l’avaient abandonnée: c’était une robuste barque de 8m de long, taillée comme une baleinière mais flanquée d’un stabilisateur. Le bordage chevillé et cousu, le calfatage en résine et les ligaments de raphia témoignent d’une certaine maîtrise des techniques de construction… »Chanudet C. (CEROI n°11 p. 71) Tous les cinq ans, une expédition composée de pirogues armées de mousquets chacune de 30 à 36 hommes (de 30 à 50 hommes), regroupant 400 à 500 pirogues qui portent 15.000 à 18.000 hommes, quittaient Nosy-Bé (lieu de rendez-vous général de toutes les pirogues) entre Août et Octobre, et partaient à l’attaque. « …Ils arrivent à la fin de la moisson du Sud-ouest, construisent des huttes autours des bourgades murées de l’île …. Ils les bloquent ainsi jusqu’à la fin de la mousson de Nord-est, ce qui fait un espace de 8 mois …. A l’arrivée des Malgaches, les Comoriens épouvantés se barricadaient dans leurs villes murées ou se cachaient dans la forêt, laissant leurs bestiaux et leurs récoltes à la Mercie de Malgaches …(Iles) enlevaient tous les habitants…. et attendaient patiemment la maturité du riz et des autres récoltes à la fin des brises de Sud-Ouest. Puis ils partaient après avoir incendié les villages, emportant tout ce que pouvaient contenir leurs pirogues et emmenaient en esclavage les comoriens qu’ils avaient pris ». (Gevrey M. A. 1870 : p.79). C’est durant ces attaques que la cité de Untsoha (Wani), ancienne capitale du sultan Abdallah 1er (Mwenye Fani Ben Mohamed Al Maseli), fut détruite de fond en comble en 1792/93. Situé en bordure de la mer au Nord-est de l’aéroport, dans la baie de Wani, Untsoha qui désignait seulement le port de la ville de Baswara, a été très actif dans le réseau commercial de l’archipel à partir de XIVe s. Il est situé parmi les anciens sites du pays et des vestiges archéologiques y sont nombreux tels que le palais, la mosquée en ruines et des tombeaux. La population de Untsoha fut massacrée et certaines furent emmenées en esclavage, embarquées dans leurs flottilles, composées de grandes pirogues, attachées entre-elles. Elles se ressemblaient à un « catamaran. Les récoltes décimées, les bœufs abattus, les cases incendiées par les mercenaires de Boina Combo Aboubacar, refoulés de Mutsamudu. Le Marin Frappaz qui visitait Anjouan 26 ans plus tard devait recueillir les souvenirs encore vivants de cette tragédie qui constitue probablement l’une des pages les plus tristes de l’histoire d’Anjouan: « Dans l’Est de la baie au bord de la rivière, on voit les restes de l’ancienne capitale que les barbares ont brûlée et saccagée il y a 26 ans. Je suis allé la visiter. Je n’ai remarqué que des ruines informes et noircies par le feu et la rouille du temps. La nature toujours aimable s’efforce de déborder à la vue. Cette triste image de la destruction en couvrant les débris d’une verdure toujours fraîche et renaissante…Quelques pauvres pêcheurs habitent seul avec les oiseaux de proie, les décombres de cette malheureuse ville ». J. Martin (1983: p.93). J. Martin (1983 p. 414) nous donne plus de précision sur le lieu visité par Frappaz : « Ce site décrit par Frappaz est celui de vieux Ouani situé à environ 1 km 500 au Nord-Nord-Est de l’actuelle localité de ce nom à l’embouchure du marigot Sanissane (rivière de Tsantsani, Mrombwe) à proximité de l’extrémité Nord de la piste de l’aéroport ». Frappaz rapporte ainsi la parole du Sultan: « Jadis l’île d’Anjouan connaissait le bonheur, elle était florissante. Ses villes étaient bieb peuplées, son agriculture parfaitement soignée par dz nombreux laboureurs, son commerce s’étendait dans l’Inde, dans l’Arabie et dans l’Afrique, en un mot je régnais autrefois sur une île riche et fortunée… Mais depuis plus de 30 ans, les cruels Madécasses infestent annuellement nos côtes et ces corsaires impitoyables portent partout la destruction… ravageaient nos campagnes, brûlaient nos villes, assassinaient nos femmes et nos enfants……Mon ancienne capitale n’a pas même échappé à la fureur, il y a 26 ans qu’ils l’ont livrée aux flammes, et que, sans respect pour les cendres des morts, ils ont détruit le tombeau de mes pères… ». Avant Frappaz, un capitaine anglais Reed qui commandait « The Princesse Royal » était arrivé à Anjouan à la mi- mars 1796 et y fit escale jusqu’au 17 mai 1796. Il avait visité la ville détruite. Venu à Wani, il avait vu dans une maison pillée de fond en comble des squelettes, des femmes et des enfants. Il fit si ému par la crainte, manifestée par les autochtones, d’une autre attaque semblable qui leur donna quelques armes provenant de réserves de son navire et offrit de rendre à son bord une délégation d’Anjouanais pour la conduire à l’Ambassade à Bombay…. (D’après le rapport qu’il remit au Gouverneur de Bombay à son arrivé dans l’Inde, datée du 21 juin 1796, y annexée la lettre du roi (le supplice du roi) et de notables d’Anjouan à sir John Shore (Président du Conseil d’Administration de la Compagnie des Indes. (J. Martin 1983 pp. 412- 414). Les féodaux comoriens, opérateurs traditionnels de la traite d’esclaves depuis des siècles, en devenaient soudain, pour une fois, les victimes. L’Archipel des Comores fut le plus touché par ces razzias. Mais très vite, le champ s’élargit jusqu’à la côte orientale d’Afrique. Selon J. A. Rakotoarisoa : » Ces incursions ne prirent fin que lorsque Radama Ier (roi malgache) put exercer un certain contrôle sur le Nord de Madagascar, ce qui lui permit de faire appliquer la convention passée avec Farquhar le 23 octobre 1817, stipulant une aide au Sultan Abdallah d’Anjouan et une interdiction à toute personne quelconque de prendre part à la traite…Cette convention ne peut être appliquée et effectivement mise en œuvre qu’en 1823. Les souvenirs de ces incursions est resté très vif aux Comores… ». J. A. Rakotoarisoa (1991: p.33). C’est durant ces assauts malgaches que les villes ont été dotées de « Ngome » ou « Wuhura wa Muji », la muraille de la ville. La ville de Wani, en ce temps-là, était épargnée de cette attaque à cause de sa muraille qui l’entourait. B. La construction de la muraille de la ville de Ouani (Wani) « Ngome » selon les sources orales
- Comment était construite la muraille de la ville de Ouani (Wani) au XVIIIe s?
Selon le feu Baha Tarmidhi (que j’avais interviewé au mois de juillet 1973/74 lors d’un grand festin d’un mariage » le Masingo » et que les gens étaient invités à prendre leurs repas dans des différentes maisons par classe d’âge et je l’avais enregistré la deuxième semaine chez mère Siti Bathina, à l’étage) : »C’est le Sultan qui est responsable de la construction. Chaque ville ou village est doté d’un Gouverneur ou Vizir (Wazir) qui contrôlait les travaux. Et c’était les esclaves qui travaillaient. Ils sont divisés en trois groupes
- Comment était construite la muraille de la ville de Ouani (Wani) au XVIIIe s?
- Le premier groupe était chargé de la préparation de la chaux pour la construction.
- Un autre groupe était chargé pour collecter les pierres de construction (soit des gros galets de rivière ou les basaltes) ….
- Et le troisième groupe était chargé de ramasser les sables au bord de la rivière ou au bord de la mer (tout dépend de la position de la muraille c’est-à-dire là où elle passera) et de les transporter dans des corbeilles en matière végétale « Trawua la maji » ou « Shirumba ».
Avant de commencer les travaux, le vizir rassemblait toute la population sur la place publique (Mpangahari). A la veille du rassemblement, après la prière de Al Insha, muni de son tambour, le crieur ou l’annonceur des nouvelles (mshemeledza) battait son tambour et annonçait la nouvelle pour mobiliser les gens. Voici ce qu’il disait : « Eh! Eh! Eh! Raka kamwalala! …. Nikumwambiyani, kesho kwamdza lisidyampo toka lidywa Waziri asimhutadjiyani Mpangahari hé! C’est-à-dire « je vous dis que demain avant que le soleil se lève, le Vizir appelle tout le monde à la place publique, hé! ».
Selon Mze Maitoini (Baha Mtsuzi – un de mes informateurs): » Akati rabuha matso ripara amba muntru ashémélédjawo akoiriua Baha Bamadi Muna, hari mua zinyoga zo né: Fukuju, Bunartine, Swafa, Kilingeni ivo na Pangahari »; c’est-à-dire quand il était en mesure de comprendre les choses, (il est né en Août 1923) en ce temps-là, le crieur ou l’annonceur des nouvelles s’appelait Baha Bamadi Muna. Il annonçait les nouvelles en commençant d’abord à Fukuju, puis Bunartiju, ensuite Swafa et en fin Kilingeni. Il terminait ses nouvelles à Pangahari.
Le vizir, installé dans son palanquin « Fitako » ou « Shiri sha Mfalume », transporté par ses esclaves, arrive à « Mpangahari ». C’est le silence de mort « kavasi muntru adihawo ». Il annonce la nouvelle en faisant lire « uavili wahe » par son second le décret du Sultan « dahir » « amuri ya Mfalume » à la population, la construction de la muraille de la ville. Tout le monde doit contribuer à sa façon. Ceux qui avaient des esclaves les envoyaient travailler à leur place; D’autres contribuaient en préparant les repas des travailleurs etc…
Pour préparer la chaux, selon toujours Mze Maitoini, les esclaves sont divisés en deux groupes
– Le premier groupe allait récolter les coraux
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Montre le récif corallien de type frangeant sur la côte nord-ouest de Mohéli
Source : Tiré de l’Atlas des Ressources côtières de l’Afrique Orientale, 2002, p. 36
Photo 2 : Des blocs de coraux arrachés à la côte pour la préparation de la chaux blanche destiné à la construction des maisons
Source : Bourhane Abderemane, photo prise à Moya le 29 février 2008
(Maswai) et les faire sécher au soleil. Avec leurs pirogues et un bout de fer appelé barre à mine « Baramini » ou « Mta-shuma » ou « Mtarimbo » ou un morceau de bois (palétuvier) « kutri la mwiri ya Mhonko », ils allaient, à la marée basse, arracher les coraux et les mettre dans leurs pirogues. Si les pirogues sont remplies, ils viennent les décharger. Après, ils vont les étaler et les empiler les un au-dessus des autres pour les faire sécher au soleil.
– L’autre groupe allait couper des gros arbres, les dépecer ou les découper en rondelles, les troncs et les branches, comme le bois de chauffage. Les morceaux obtenus sont appelés « Ndrume ». Pour les transporter, les moins lourd passent par la tête et les plus lourds, on les faisait rouler par terre. Pour faciliter la tâche, on abattait toujours les arbres qui se trouvaient au bord de la rivière ou de la mer. Et après les avoir découpés, on les faisait flotter.
Photo 3 : Photo 4
Photo 3 et 4: Pour préparer la cuisson des coraux, on coupe les bois de la même façon qu’ici et on les dépose en forme circulaire, en les empilant les un aux autres formant un énorme bûcher
Il suffit de les pousser et on les entassait là où on voulait préparer la chaux. L’endroit où on entassait le « Ndrume » s’appelle « Magudriju ». Avant de les utiliser, on les laisse pendant une semaine pour qu’ils sèchent au soleil.
Après, les esclaves allaient préparer le bûcher pour brûler les coraux et obtenir la chaux. Pour cela, ils vont poser les morceaux découpés, les grosses rondelles en premier, pour préparer la base du bûcher en forme de cercle. Puis on empilait les morceaux les uns au-dessus des autres à fur et à mesure jusqu’à ce qu’il ne reste rien. Tous les morceaux vont être empilés, en laissant un trou au milieu comme une cheminée, pour laisser passer l’air qui va activer les flammes.
Après cette phase, ils allaient entasser les coraux au-dessus de ces piles de bois en les découpant en mille morceaux pour faciliter la cuisson. De loin, si tu regardes la structure du bûcher, elle a la forme d’un dôme.
Si tout est fini, pendant la nuit, on mettait le feu. Les morceaux de bois se consumaient faisant craquer les blocs de coraux pour les transformer en poudre. A la fin, si tous les morceaux de bois se sont consumés, il ne restait que la chaux » Ntsoha » (coraux réduits en poudre de couleur blanche (Ndjewu).
Après on la laisse refroidir avant de l’utiliser ». Pour la construction des maisons, on laisse la chaux se refroidir pendant plus de trois à quatre ans. Plus on la laisse longtemps plus il se vide de son gaz carbonique et devient propice pour la construction.
Feu Père Tarmidhi explique la deuxième phase : Quand tous les matériaux ont été stockés, le Vizir fait appel aux sorciers qui vont déterminer le jour et l’heure, puis l’endroit où on allait débuter les travaux etc… Pour cela, les » sorciers » Wagangi », « Mwalimu » et les « Fundi » allaient se rassembler à « Bangani » (place publique de haute notabilité), et avec le Sikidy ou sikily » hubuwa bawo » » Hurema ramli » (la géomancie) pour les uns et des textes magico-religieux pour les autres. Certains invoquaient les esprits « Djinns » et allaient apporter les offrandes dans les Ziyara, préparer les « Masadaka » ce qu’on allait sacrifier. Ils vont déterminer les conditions sine qua non pour la protection de la ville contre tous les maux. Selon nos parents, on avait sacrifié deux esclaves et on les avait enterrés respectivement au milieu de chacune des deux grandes portes de la muraille de la ville. Ensuite on avait enterré à chaque coin de la grande portaille » Fukuju », à l’entrée principale de la ville, un » Mtsungi » ou « Sadjuwa » jarre indienne où il y avait beaucoup de choses (perles « Dradri ndjunkundru, djewu, djidru, djindjano, mrututu; piya zirungwa » de toutes les couleurs en forme de chapelet de différentes dimensions, des pièces de monnaies « Mpesa Ndjewu », des morceaux de peau d’animaux où on avait écrit de textes magico-religieux « Ngozi za zinyama zangihwa Wafaku » et des « hirizi » gris-gris…) « Je ne sais pas si tout est vrai ou non, mais nous avons retenu ce que nos parents nous avaient dit ».
Ce même jour, on débute les travaux de construction. C’est le chef « sorcier » « Wuwo alawa muafaka ha hufunga na huhifadhi wu muji ha inyora yahe iliyo hodari » c’est-à-dire celui dont son » étoile » « Vintana maheri » (signe de zodiaque) est censé être le plus fort pour protéger la ville. C’est lui qui allait creuser et poser la première pierre selon les recommandations des esprits « .
« Le Zodiaque est partagé en 12 parties égales de 30° chacune, appelées signe, les dates correspondantes pouvant varier légèrement selon l’année (celles qui sont données à chaque signe sont des dates moyennes); le début du premier signe correspond au point gamma c’est-à-dire à la position du soleil sur l’écliptique à l’équinoxe de printemps. On a donné à chacun des signes les noms des constellations qui s’y trouvaient autrefois: Bélier, Taureau, Gémeaux, Concert, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau et poissons. En effet, la précession des équinoxes a modifié la position de ces constellations dans le ciel; ainsi la constellation du Cancer se trouve aujourd’hui dans le signe du Lion ». (Dictionnaire Hachette 1994 : p. 2027).
Selon Reymond Decary (1990) : » L’Astrologie, qui admet que l’action des astres dépende de leur position tant entre eux qu’avec la terre, s’exerce sur les hommes au moment de leur naissance et fixe alors leur destinée; ainsi la croyance aux jours faste (Andro tsara) et néfaste (Andro ratsy), est-elle rependue dans tout le pays, et les astrologues, mapanandro, viennent encore leur ajouter souvent, suivant le destin (vintana) des consultant, des jours spéciaux, personnels à chaque individu « .
« Les esclaves avec les volontaires vont se repartir en trois groupes :
- Le premier groupe concerne ceux qui vont préparer le mortier » Wavuvuwa y tsoha », c’est-à-dire mélanger la chaux avec le sable et de l’eau en ajoutant après du miel pour le rendre gluant. Le mélange se faisait dans une pirogue ou deux, selon le nombre des gens, pour que le mortier ne soit pas sec.
- Le deuxième groupe, c’est ceux qui vont transporter le mortier pour servir les maçons. Ils utilisaient des paniers fabriqués avec des feuilles de cocotier « Trawa la maji » ou de gros « Siniya » (plateau en cuivre), ou bien des petites marmites en argile « Nyungu za drongo »
- Le troisième groupe, c’est ceux qui transportaient les pierres pour les donner aux maçons. Là, il y a beaucoup de blessé par accident ou exprès par vengeance après une querelle. Quelquefois il y a même des morts lorsque l’échafaudage » le shafo » cède ou s’écroule; car lorsque le mur arrive au niveau de linteau, il faudra planter l’échafaudage « le shafo » avec des bambous « Mibambu » et d’autres morceaux de bois long de trois mètres à peu près « Mabundra » et nouer les traverses en bois et les planches avec des cordes en fibre de coco tressées « Hamba » et qui permet l’accès à tous les niveaux de la muraille qu’on édifie. Les esclaves plaçaient alors tous les matériaux au-dessus pour faciliter la tâche des maçons…
Quant aux femmes esclaves et les femmes libres, elles puisaient l’eau à la rivière destinée à préparer le mortier en utilisant des marmites en argile « Nyungu za drongo », des jarres « Sadjuwa » et de grosses jarres sans cou « Mtsanya ».
Il faut se rappeler que selon Piri- Re’is, les habitants des Comores (et de Madagascar) élèvent les esclaves comme agneaux et moutons / » hutsunga warumwa mari magondzi/ ». Il arrive qu’une personne puisse en posséder un millier: femmes et mâles sont élevés comme des bêtes. Des gens de mer arrivent et les emmènent dans des navires. Ils les vendent au Yémen et jusqu’à Jeddah Piri-Re’is, Kitâb-i Bahrije 1521(J.F. Gourlet, Moussa Attoumani, faisons de l’histoire à Mayotte, Paris, Hatier, 1995, p.83).
Voyons le témoignage de l’informateur Abdallah Bacar Cheikh : « On nous a raconté qu’en ce temps-là, ce fut le Sultan qui ordonna la construction par des esclaves. Dans chaque ville, il y avait des « Wazir » qui surveillaient les travaux de la construction de la muraille. En ce temps-là, la muraille était très importante pour se protéger contre l’attaque des ennemies Là, s’il y avait une guerre, la population était protégée. La muraille a été construite avec des grosses portes qu’on fermait de l’intérieur pendant la nuit. En ce qui me concerne les causes de cette initiative nous avons entendu dire qu’il s’agissait des Malgaches qui voulaient venir régner ici. Alors on avait peur de cela. S’ils venaient ici, ils faisaient la guerre et pénétraient dans les villages. Lorsque les gens du village rentraient tous, on fermait la porte pendant la nuit ».
« Il y avait une grande porte et une petite appelée « Shilongoni ». Les parents disaient que s’il y avait quelqu’un de mauvaise foi, ou qui faisait régner la terreur, on le faisait passer par là. Il ne reviendrait plus. Il y avait aussi le « Bunarthi » ou « Bunarti ». Si on voulait répandre une nouvelle au village, on montait au-dessus et on criait. J’ai entendu qu’il n’y avait qu’un seul (« Bunarthi ») et qui se trouvait à l’angle de la ruelle entre la maison de Mshindra – Monye Abassi et celle de père Latufa. C’était une sorte de tour qui dépassait la hauteur des maisons et de la muraille.
Cette grande porte se trouvait là où il y a les escaliers, entre la maison de père de Said Omar (Boisetre) et de Antoy Abdou (Madera). On l’appelait « Fukuju » car en anjouanais, une grande porte s’appelle « Fukuju ».
Je vais vous décrire la muraille de la ville: Nous allons commencer à partir de la mosquée Soifa. Donc de Soifa jusqu’au Bunarthi, et de là, elle passait chez père Abou Abdallah Bacar et Monye Abdou Bacar Nomane et descendait tout droit jusqu’à « Ladigiju » chez Mze Mwenye et de là, nous longeons la rivière ou Ladigiju (Kilingeni) jusqu’à la mosquée de Soifa en passant par la mosquée de Omar (Mkiri wa Mari) et celle de vendredi ».
Voici un autre témoignage, celui de l’informateur Abdouroihmane Ben Abdallah Hazi : » Les Malgaches venaient ici avec leur pirogues en passant à Mayotte pour faire la guerre. Ils débarquaient du côté de Domoni à « Shiroroni », ici à Wani (Ouani), à Mutsamudu. Ils détruisaient tout. C’est pour cela qu’on avait construit le « Ngome » (la muraille de la ville) pour se protéger ».
« Pour construire la muraille de la ville, les gens se mettaient d’accord pour la construire. Chacun contribuait à sa façon, il y avait aussi les esclaves du roi (Sultan) qui travaillaient. C’était nécessaire. Tout le monde apportait sa contribution sans exceptions.
Ce sont les » Warumwa « c’est-à-dire les esclaves qui faisaient le guet sur la muraille de la ville.
Pour les « Bunarthi », il y avait un chez Mze Mwenye, au niveau de Ha Mwana Zena, chez Bamarzuku. Il y avait aussi un à Soifa. En tout il y en avait quatre ».
Un de nos informateurs Soilihi Maanrouf précise encore : » …C’est le Sultan qui était le responsable et après s’il y avait des volontaires, ils pouvaient contribuer à l’édifice de la muraille qui allait protéger le village, soit en offrant des dons, soit en travaillant comme manœuvre ou maçon, ou encore en préparant le repas des travailleurs. Actuellement, il n’existe que quelques pans de cette forteresse (chez Andijeni à mère Abdou Houmadi, de mère Houssene Djouneidi jusqu’ au niveau de la porte de mère Djamil près de Mshindra) le reste a été détruit.
Si tu veux faire un plan de cette muraille « Hura ya muji », je peux t’indiquer les repères: Nous allons commencer chez mère Naoumane en suivant sa véranda. La muraille passait chez père Abou Abdallah Bacar et descendait tout droit jusqu’à « Ladigiju ». Elle s’arrêtait sur l’angle de la maison de Mze Mwenye. De là, nous longeons jusqu’au niveau de l’ancienne boucherie, à Kilingeni. De la boucherie vers la mosquée de vendredi et la façade de la mosquée de « Zawiya », la muraille est intacte. Tu continues tout droit, après le « Zawiya », en passant derrière la maison de Halidi Chatarajou jusqu’à l’angle de la grande porte de la mosquée de Soifa. Sur cette partie aussi, la muraille est présente. En partant de Soifa jusqu’au niveau de mère Said Mandhoir, la muraille frôlait la véranda de la mosquée, mais maintenant, tout a été détruit ».
Quand Antoy Abdou Madera allait aménager sa véranda dans les années soixante-dix à soixante-quatorze, étant donné que sa maison commençait juste à l’angle de la muraille de la ville, là où l’énorme portail avait été fixé, les jeunes Waniens lui avaient demandé de retaper les escaliers dont les marches débutaient là. Car entre le tronçon « Fukuju » vers « gidzoni » (vers le Sud) et le début de la ruelle vers « Madarasani » (vers le Nord), il y a un dénivelé de trois mètres à peu près (point le plus fort).
En creusant, les jeunes (j’étais présent) avaient trouvé, à soixante-dix centimètres de profondeur à peu près’ deux jarres de fabrication locale à large ventre et à anses, rouges avec des rayures noires, appelées « Sadjuwa » et que les gens venant de Madagascar utilisaient pour conserver de l’eau fraîche dans leur chambre/ maison. Quelles étaient nos surprises, lorsque nous avions regardé à l’intérieur, nous avions le corps glacé. Il y avait beaucoup de choses: des peaux de bêtes nouées par une cordage » gozi za zinyama za fratratriua ngue ». On ne savait ce qu’il y avait dedans. Personne n’a osé les ouvrir; des pièces de monnaies rouges, blanches « Mpesa ndjunkundru, Ndjewu », des amulettes enveloppées dans des tissues rouges et blanches » hirizi za triwa harimwa nguwo ndjunkundru na djewu », des perles de toutes couleurs et de différentes dimensions, rouges, blanches, jaunes, noires, vertes, enfilées comme un chapelet (« dradri nyengi zarungua, ndjukundru, Ndjewu, djindjano, mrututu wuri tasbuihi) »; comme ceux que portent les femmes autour de leur rein, c’est-à-dire les perles. Des morceaux de racines d’arbres et de petites branches utilisées par les « sorciers », » Mizi ya miri za madjinni za Wagangi », des graines rouges avec un point noir comme un œil et les Malgaches les appellent « Maso ny anomby lahy » c’est-à-dire » l’œil d’un zébu mâle ». Il y avait aussi des choses venant de la mer tel que les coquillages « nkowa za baharini », coraux « masuai », des sortes d’algues…Les vieux nous avaient dit de creuser un peu plus et ils les ont remis en place en bouchant l’ouverture par une dalle de corail « Bishiyo »; et cimenté. Personne n’a eu le réflexe de prendre des photos, dommage! .
- La révolte des esclaves de 1891
A. Rappel des évènements d’après les sources écrites.
Pour les documents écrits consultés, il s’agit d’une part d’un mémoire intitulé « Les derniers évènements d’Anjouan rédigé en 1896 par le prince Salim, fils aîné et successeur désigné du Sultan Abdallah » et d’autre part des ouvrages des différents chercheurs tel que Verin P., Chanudet C., Martin J., Hebert J. C…. A titre d’exemples, vous pouvez consulter la bibliographie:
Said Salim Ben Sultan Abdallah III est né à Mutsamudu vers 1864. Sa mère Boueni Malali, cousine de son mari, appartenait à l’aristocratie de Domoni…Le Sultan Abdallah avait succédé à son père Salim en 1855. Il entendait transmettre le trône sans plus de difficultés à son fils, mais les deux propres frères d’Abdallah III, les princes Mohamed, Othman, Ali et Hamza qui étaient bien déterminés à voir l’un d’entre eux succéder à leur père…La signature d’un traité entre Abdallah et la Grande-Bretagne, en octobre 1882, allait compromettre la paix intérieure à Anjouan et radicaliser l’attitude des frères du sultan qui dès lors se tournent vers une opposition active. Par cette convention, Abdallah s’est engagé à abolir l’esclavage dans un délai de sept ans et il est également parvenu à faire reconnaître son fils comme héritier du trône par le consul britannique à Zanzibar, sans trop de difficulté.
» (…) L’encre des affiches annonçant leur liberté aux noirs de la Jamaïque, de Haïti, de la Louisiane, n’était pas sèche que, déjà, les premiers conflits éclataient entre propriétaires et affranchis ». Maurice Lengellé (1955: p.102)
Une ère de désordre s’ouvre alors…La mort du Sultan Abdallah III survient le 31 Janvier 1891, en pleine crise dans les relations franco-anjouanaises. Le résident Ormières dut être replié sur Mayotte avec sa famille et ses employés tant le séjour de Mutsamudu était devenu insupportable et dangereux pour lui…En vertu des traités, Salim devait succéder à son père…Mais les frères d’Abdallah III qui se révoltaient naguère contre toute perspective d’affranchissement des esclaves, sont maintenant devenus de chauds partisans d’une libération immédiate…
Dès les lendemains de la disparition d’Abdallah III, l’un de ses frères, Said Othman est reconnu comme Sultan par le Conseil de famille et acclamé par les notables venus de diverses régions de l’île. L’un de ses premiers soins est de proclamer l’affranchissement immédiat de l’esclavage ce qui entraîne une explosion de joie sur les plantations. Les familles nobles évacuent la ville de Mutsamudu qui est mise à sac. Isolé à Bambao…Salim perdit d’ailleurs bientôt l’appui de la population du village de Bambao qui, conduite par son chef, Lopa, se rallia au Sultan Saïd Othman …Il trouva refuge dans la demeure de sa tante, la Princesse Boueni Djumbe Matche Halima…Les bandes d’esclaves en armes qui venaient de piller Mutsamudu parcouraient l’île en tous sens…Elles furent maîtresses de Domoni dont les maisons bourgeoises furent saccagées. Le palais de Boueni Djumbe ne fut pas épargné, Salim fut appréhendé, ligoté comme un malfaiteur et ramené nu-pieds à Bambao. Son oncle le fit incarcérer dans la prison de Mutsamudu…Il ait préféré abdiquer…Il bénéficia dès lors d’un régime de semi-liberté…
Les autorités françaises n’entendaient point intervenir en faveur de Salim. Le résident Ormières et le gouverneur de Mayotte étaient bien déterminés à en finir avec la dynastie El Madoua.
Quand un corps expéditionnaire est mis à terre par quatre bâtiments de la station, c’est le vieux Saïd Omar el Masela client de longue date des autorités de Mayotte qui est installé comme sultan d’Anjouan (23 avril 1891) …Salim va connaître le sort des chefs de la rébellion anjouanaise (Said Othman…). Embarqué sur le Rio Grande le 8 octobre1891, il sera déporté à Obock puis en Nouvelle-Calédonie où il séjournera près de cinq ans…
B. Les différents évènements passés à Wani d’après les sources orales.
Wani ne fut pas épargné par la fureur des esclaves qui avaient su préparer minutieusement leur vengeance. Voyons en résumé les propos de Mze Maitoini (Père Mtsuzi né en Août 1923 à Ouani) l’un de nos informateurs:
Il y avait un énorme cafouillage perpétré par les esclaves « Makuwa » de Abdallah (III) à sa mort.
Ce Bako Momlozema est un esclave « Makuwa » de grande taille. C’était lui qui avait assassiné le grand père de Ahmada Mdallah Charif. Il l’avait tué à « Bangani vwa Muji » la place publique, là où habitait actuellement le receveur Idjilane. C’était un vendredi.
Quand le Sultan Abdallah était décédé (le 31 Janvier 1891), les « Makuwa » étaient en train de préparer un coup, c’est-à-dire attaquer les trois grandes villes (aristocratiques), Domoni, Wani, Mutsamudu. Ils étaient réunis à Bambao Mtsanga dans un lieu appelé Hamlebe…
C’était là-bas où les conseillers du Sultan exerçaient. Après la réunion, ils se sont dits que le Sultan est mort. Il faut qu’il y ait une liberté. » Nous devons être libre » disaient les esclaves; pour tous ceux qui possédaient des esclaves et ceux qui achetaient les esclaves. Ils avaient formé une commission chargée d’informer les esclaves que le grand rassemblement serait organisé à « Hamlebe », dans le Bambao La Mtsanga. Ils se sont tous réunis là et la résolution a été prise.
Les exactions faites à Domoni, les femmes esclaves Makuwa (esclaves domestiques), une fois sorties et si elles tardaient à rentrer, la punition était de lui enfoncer une longue aubergine dans son sexe… (C’est l’enfer) par sa maîtresse ou son maître. Ce qui s’était passé à Domoni avec les esclaves; l’esclavagisme qui sévissait à Domoni, en cas d’attaques, les esclaves allaient se venger (contre leurs maîtres et leurs maîtresses).
L’attaque s’était déroulé la nuit, les gens se trouvaient à la mosquée pour (prier) le « Maharibi » c’est-à-dire la prière du coucher du soleil. C’était le moment où ils avaient attaqué Domoni.
Les Waniens, dans le passé, étaient déjà de nature indolente. Il y a un garçon-là qui s’appelle « grosse tête » « Beluha « . Est-ce que tu le connais? Tu ne le connaissais pas? Il est là (à Wani), ici; son grand père était l’esclave de Fundi Cheikh Soilihi. Il s’appelait » Bambarake « . Il avait comme fils Issoufou, Ali et Moussa Mbarake. Pour le père de grosse tête » Beluha « , on le connaissait déjà de notre enfance. On l’avait vu.
L’aîné qui avait mis au monde Issoufou, Ali et Moussa était l’esclave de Cheikh Soilihi. Il était avec lui. » Un esclave-fils », bien traité, c’est-à-dire Cheikh le considérait comme son enfant.
Après la réunion ou le rassemblement, soldé par l’attaque des différentes villes, les détruire et prendre les pouvoirs. Le père du grand père de « grosse tête (c’est-à-dire l’arrière-grand-père) s’était caché… Il avait passé à Bambao pour avertir son maître qui officiait en tant que courtisan du Sultan, chargé de rédiger ses lettres en lui disant: « Maître, Il ne fallait pas dormir ici à Bambao demain ». Il avait répété encore : « Ne dort pas ici demain…Ne reste pas là… ». Les aristocrates, les plus influents étaient avec le Sultan à Bambao.
En ce temps-là, Cheikh Soilihi avait informé à son tour Daimane; il était parmi les conseillers techniques du Sultan Abdallah. Ils leur avaient expliqués ce qui allait se passer. Le père de Daniel Cheikh surnommé « Monsieur Patsi » « Monye Patse » était le secrétaire en chef. On les avait tous informés de la nouvelle.
- Comment allions nous sortir? Ici à Bambao (pour ne pas attirer les regards des gens).
- Nous allions sortir par convoi, mais après la prière de l’aube…Nous allions utiliser nos ruses…Chacun prenait son boubou et descendait au bord de la mer, faire semblant de se baigner et partir en suivant la plage.
Ils étaient arrivés à Hajoho; le temps de préparer à boire par le grand père Said Ahmadi Moitani, calmement, sans prononcer un mot, bouche cousue. Ils étaient arrivés à Mutsamudu. Daimane était allé à Mutsamudu. La France est à Mayotte. Ils avaient acheté, à prix d’or, une petite embarcation…Un canot pour se rendre à Mayotte.
Les esclaves avaient déjà fixé le jour de leur attaque. Daimane avait loué le service des gens pour pagayer la petite embarcation vers Mayotte. Arrivée à Mayotte, ils avaient fait leurs déclarations et c’était le jour où Wani était attaqué.
C’était un vendredi à l’aube par quelqu’un qui s’appelait Al Madruwa (il est décédé dernièrement) était à Kardjavindja (nom du quartier autrefois réservé aux esclaves). Ce Ba Madruwa…C’était lui qui criait, debout face au petit portail de Kilingeni » Fukuju Kilingeni », là-bas.
De notre enfance, cette muraille était intacte. Il n’y avait pas de portails partout. Il n’y avait que trois. Cette muraille avait entouré la ville :
- Nous allions sortir par convoi, mais après la prière de l’aube…Nous allions utiliser nos ruses…Chacun prenait son boubou et descendait au bord de la mer, faire semblant de se baigner et partir en suivant la plage.
Les deux photos montrent le Portail principal de la muraille (vers le marché de la ville « Gidjoni ») appelé « Fukuju », fermé de 18h à 6h du matin pour laisser la population d’aller aux champs.
-Le portail principal « Fukuju », »Gidjoni » (Guidzoni) chez » Manya » là-bas.
-L’entrée à la mosquée d’Omar » Mkiri wa mari ».
-L’entrée à Swafa, le portail qui est là. –
Il y avait aussi une porte là où il y avait le » donjon « , » Bunarthi » à côté de la maison de Monye Abasse (mpampa), la porte était jolie, on l’avait bien faite. En ce temps-là, il y avait des gardiens à » Bunartiju » dans le » donjon » qui surveillaient devant la porte. C’était dernièrement qu’on l’avait détruit. Après la prière de « Alesha », c’est-à-dire la prière du soir, on n’ouvrait plus la porte.
Lorsque les esclaves étaient venus attaquer la ville, Ils n’étaient pas entrés directement. Ils avaient bloqué les portails et (leur chef) ce Ba Madruwa là donnait des ordres débout. On nous avait dit que ce monsieur était un géant. Il disait ceci: » Hé! Hé! Hé! Riwunéké !!! » » La ville est à nous; nous l’avons prise » et les autres répondaient : « Riringé !!! Riringé !!! » » Nous l’avons prise !!! Nous l’avons prise !!! » Et le chef continuait à parler, à parler à ses hordes: » Les enfants de six ans devaient être exécuté! … et aussi ceux de cinq ans. A cet âge-là, ils pouvaient raconter des choses… Mais ne tuez pas les femmes! … Ne suivez pas ceux qui entraient (se cacher) dans les toilettes! N’entre pas dans les toilettes! (A cause de leur gris-gris en contact des souillures, le pouvoir de leur magie, de la sorcellerie s’estompait et ne réagissaient pas), Ne suivez pas ceux qui ont traversé la rivière et qui avaient pu atteindre l’autre rive! … Ils avaient encerclé partiellement la ville, mais à l’aube, ils l’avaient encerclé complètement.
Ils avaient lancé ensemble leur cri d’attaque et leur chef les martelait de ses recommandations : » Hé! Hé! Hé! … Attention !!!… Ne traversez pas la rivière !!!… N’allez pas de l’autre côté !!!…Ne pénétrez pas dans les toilettes !!!…Ne tuez pas les femmes !!!…Les garçons de six ans, tuez-les! »
Les esclaves avaient pénétré à l’intérieur de la ville, c’était un sauve qui peut. Si ce n’était pas Ba Mbarake, c’est-à-dire grâce à Ba Mbarake, que Wani avait pu éviter le pire. Il avait averti son maître; pourquoi cela? … Parce que son maître l’élevait comme son fils. On avait caché l’or et l’argent de Cheikh Soilihi dans un puits; ses titres fonciers » hatwi « , on les avait cachés dans son champ situé à « Mdjumgi ».
Trois personnes, les plus connues, avaient trouvé la mort :
- Le grand père de Ahmad Abdallah Charif, tué sur la place publique (Bangani vwa Muji). On lui avait informé comme quoi les esclaves avaient pénétré en ville; mais il restait là en lisant. Il disait : « Si c’était écrit (que je dois mourir ici, ça va) je n’abandonne pas mes biens ».
- Ba Msa Beja… Ce Beja que tu avais entendu c’est à Kilingeni (quartier de Wani le long de la rivière). Il était l’homme le plus écouté. Les gens exécutaient à la lettre ce qu’il disait. Il avait dit qu’il ne fuyait pas. Il était resté à la place publique de Kilingeni « Shilindroni » chez lui… »Abandonnez mes biens! Tu me prenais pour qui? Ces gens-là, je les avais achetés ».
- Le grand père de Sidi Mdiladji. Sidi Mdiladji est à Mohéli. Son grand père était tué à la mosquée. Il était très blanc …. On l’avait tué ici.
A l’aube, de très bon matin, il y avait ceux qui partaient en pirogue. Il s’agissait du grand père de Daoudou Abasse. Leur grand-père était le propriétaire du champ situé « Hamkadha ».
Ba Combo Madi avait emmené sa famille, avant que le muezzin de la prière de l’aube appellait les fidèles. Il les avait conduites loin de la ville.
Cet homme avait emmené sa femme et toute ses belles sœurs. Ils étaient partis à « Hamkanga » (lieu où ils s’étaient cachés). Il était resté à la mer dans sa pirogue, voir s’il y avait quelqu’un qui prenait cette direction et s’il pouvait se battre, il le ferait sinon…
Daimane était de retour venant de Mayotte avec les Français. La France disait toujours qu’il avait pris Anjouan. A l’heure où il était arrivé, le bateau avait tiré une salve, trois coups de canon en direction de la montagne Tringi, Gou! Gou! Gou! … Les gens qui n’avaient jamais entendu des canons avaient pris la fuite. Certains se cachaient dans la forêt. Pendant une semaine, il n’y avait pas de sécurité.
Lorsque les Français avaient débarqué, Ba Mkolo Madi de Bambao s’était porté volontaire pour servir de guide et identifier les gens par leur aspect physique; s’il s’agissait d’un Makuwa ou d’un Anjouanais.
Arrivées à » Gobeni » (la route vers Bambao), Ba Mkolo Madi avait indiqué aux soldats la position du chef » Lopa « , porté sur son palanquin « fitako « … C’est le » mfalumé « , le Roi ou le Sultan qu’on portait sur le palanquin. Il a été frappé à mort et son corps s’est explosé. Lopa était enterré à « Gobeni « . On avait empilé des galets et des pierres » Djandro » sur sa tombe. Et après c’était les arrestations de tous ceux qui étaient contre le pays. Certains avaient pris la fuite vers Mayotte. C’est pour cela que les Mayottais n’aimaient pas les Anjouanais. Leurs grands-pères ou arrières grands-pères étaient de » Wazambara » qui avaient pris la fuite pour aller là-bas. Alors, ils seront toujours leurs adversaires…Obligatoirement.
Le Vizir ou Wazir qui était à « Mpanga-hari » (place publique) était le Roi ici à Wani. Ce Wazir qui était le descendant de la famille Mahadali habitait à côté de » Bangani Vwa Muji » (place publique) là où habitait actuellement Ahmadi Sidi (père Warindine, un de mes informateurs, sa femme est Mahadali). Dans cette maison, il y avait une prison (souterraine). Et si tu entendais les gens dire : »Na velehwa Mrorombali » c’est-à-dire envoyez le à « Mrorombali » dans cette prison; et là c’était fini « point final » on ne te verra plus. On te fait disparaître.
Mrorombali: (mot composé : verbe + adverbe marquant l’éloignement) racine « Rora » ou » Mrora » exemple: » Markabu iroro », c’est-à-dire le bateau a coulé; » Mbali » loin exemple: » Markabu iroro mbali, c’est-à-dire le bateau a coulé loin. On peut littéralement dire : faire disparaître au loin; c’est tout simplement » amener loin de là et le faire disparaître à la mer.
L’opération se faisait pendant la nuit, on le bâillonnait, le ligotait, le transportait dans une pirogue et l’ancrait (le faire disparaitre dans le flot). Ce sont les descendants de Said Cheikh, leurs grands-pères ou arrières grands-pères.
Pour le Sultan Abdallah III, on dit toujours que: » wantruwashé watru na Wana watru de ianduyi ya mtru » c’est-à-dire que nos femmes et nos enfants sont nos ennemis ». Le fils avait dit : »Bako unu madja kasiwona vavo …. » c’est-à-dire » ce vieux est devenu aveugle et là…. » on disait qu’il avait été empoisonné. Mais ils avaient oublié que Said Ahmadi Milimbeni était encore vivant, donc (le fils) ne règnera pas. Cet enfant-là, Said Salim ne règnera pas, le frère du Sultan est vivant…Voilà le témoignage de Mzé Maitoini. (Il est décédé actuellement)
Selon Fred Ramiandrasoa (1997: p.85-93):
« Beaucoup d’esclaves portent ce nom qui les déshonore, mais leur âme est plus libre que celle des hommes libres » Euripide (cité par R. Fred 1997:85).
» A Madagascar, on distingue trois sortes d’esclaves:
– Les esclaves des œuvrés et candidat à la paresse c’est-à-dire ceux de la maison;
– Ceux des champs;
– Et les bourdzanes.
(…). Pour maintenir au moins le niveau de son cheptel, il fallait développer un moyen efficace: Ce fut l’élevage et la multiplication des esclaves par la naissance ».
» (…) Les philosophes de l’Ecole socratique ont été les véritables théoriciens de (l’homme cheptel). Son utilité est le même que celle de l’animal de force… Cyrus… menait régulièrement ses hommes à l’abreuvoir…comme des bêtes d’attelage.
(…) Les plantations, les ateliers, les chantiers navals et les flottes de galères faisaient l’orgueil des cités anciennes. Pour leur prospérité, et leur position dans le monde, celles-ci devenaient des Gargantuas de travail humain…
L’esclavage est donc un mode d’acquisition naturel, faisant partie de l’économie domestique… La multiplication des esclaves est une source de richesse pour les maîtres.
(…) Crassus et Canton (Grecs) ne dédaignaient pas de recueillir la descendance abandonnée (les nouveaux nés abandonnés) des masses serviles. Ils furent les premiers à en faire l’élevage.
(…) Les portugais…les traitaient comme les chevaux de race. Ce que l’on cherchait, dit Jean Badiste Venturino qui avait visité le Portugal en 1571, c’est qu’ils aient le plus d’enfants possible pour les vendre à 30 ou 40 écus…Les négresses et les mulâtresses n’étaient que « ventres à féconder ». Les femmes esclaves…étaient tenues d’avoir un enfant chaque année sans que l’on s’inquiétât de savoir quel en était le père. C’est la zootechnie humaine…Un texte brésilien, tiré par Joachim Nabuco d’un manifeste esclavagiste, que cite G. Freyre, n’hésite pas à proclamer que : » le ventre qui donne des enfants est la partie la plus productive de la propriété esclave… Maurice Lengellé (1955: pp.7-21-25)
Les aristocrates Waniens (Ouaniens) ont été épargnés d’un mort atroce grâce à un esclave, Ba Mbarake, qui avait eu le réflexe d’avertir son maître qui faisait partie de la cour du Sultan à Bambao.
Les féodaux Waniens avaient rejeté l’idéologie domonienne ancrée sur les maltraitances des esclaves. Les Waniens avaient adopté le système Malgaches: » l’élevage et la multiplication par la naissance ».
Mze Maitoini (un de mes informateurs) nous disait:
« Ba Mbarake est (l’esclave fils) c’est-à-dire Cheikh Soilihi le traitait comme son fils… ». Je ne crois pas, s’il s’agissait d’un état d’âme de la par du Cheikh Soilihi (je ne mets pas en cause son esprit de sainteté ni son honnêteté), mais plutôt d’un calcul économique car durant cette période, il y avait un besoin des mains d’œuvre vers les Mascareignes.
Voyons ce que disait Kana-Hazi (1997: p.115): »A parti de 1715, les Mascareignes où se développait la culture du café deviennent, à leur et fortement, demanderesses des mains d’œuvre, c’est aussitôt, pour les seigneurs négriers de l’archipel, une incitation à diriger la filière des esclaves vers les planteurs des deux îles françaises… ».
A mon avis, il était difficile de se procurer des esclaves durant cette période; si on en trouvait, c’était au prix d’or. Les prix flambaient et les esclaves étaient acheminés aux Mascareignes. La voie la plus sage pour avoir plus des esclaves, en bonne santé et fort physiquement, était d’opter pour » l’élevage et la multiplication par la naissance ». Je pense que c’était pour ce là que les maîtres attribuaient, respectivement, à leurs esclaves des emplacements à l’extérieur de la Médina pour qu’ils construisaient leurs cases et se réunir.
Aux yeux des esclaves c’était le « bonheur » de se regrouper et éventuellement pondre une famille ou deux. Or le fond du puzzle, c’était de maintenir le niveau de cheptels pour pouvoir alimenter les trois catégories des esclaves : - Les esclaves domestique (de la maison)
- Les esclaves des champs
- Les esclaves porteurs de palanquin « fitako ».
Comparés aux sévices perpétrés dans les autres régions, la vie des esclaves à Wani était « saine et sans trop d’embuches »; beaucoup d’esclaves fuyaient les autres régions pour se réfugier à Wani. C’était leur seul salut.
Photo 1 Photo 2
Trois jeunes esclaves à Fumbani à côté de Sima
Fumbani, site du bord de la mer occupée par un colon appelé Lauren. Le premier colon planteur à avoir planté la vanille à Anjouan et avait aussi introduit deux chevaux, mais tués lors du cyclone de 1903. Il tenait un registre pour pouvoir contrôler les naissances.
Source : Abdallah Daoud ex-agent du CNDRS 1997
Photo 2 : Sultanat d’Anjouan : Vieux ménage d’un esclave
Source : www.comores-online.com
La stratégie qu’avait utilisé le chef « Al Madruwa » pour attaquer la ville de Wani était une ruse pour permettre à leurs maîtres respectifs de pouvoir se cacher ou cacher leurs petits dans les toilettes. Rien ne les empêchait d’attaquer immédiatement la ville dès que le muezzin appelait les fidèles à la prière de l’aube. Mais Dieu avait voulu les épargner. Grâce à cette ruse Wani avait pu limiter les dégâts.
La toponymie attribuée au quartier, jadis, destinée aux esclaves n’était pas l’effet d’un hasard. Tous les noms avaient un sens bien défini reflétant les actions et les évènements passés. Donc le quartier des esclaves portait le nom de « Kardjavindza » littéralement composé de la négation « kardja » (ne pas vouloir), » vendza » (aimer). Là, on peut dire qu’il s’agissait d’une situation non voulue par ces gens-là, mais ils étaient obligés d’être là malgré eux; « Nous n’avons pas voulu » c’est-à-dire nous n’avons pas voulu habiter ici être ici aux Comores.
« (…) C’est la Convention qui, le 16 pluviôse An II, rompit les fers des esclaves des colonies… Mais Bonaparte ordonna « qu’on leur applique de nouveau, et au plus vite! ». Et par le Sénatus-Consulte du 19 Mai 1802, les nègres avaient vu se ressouder leurs chaînes… ». Maurice Lengellé (1955: p. 95).
Selon Fred Ramiandrisoa (1997: p. 85-93) » (…) l’abolition de l’esclavage eut lieu le 27 Septembre 1896 un mois et demi après la loi d’annexion (6 Août) qui faisait de Madagascar une colonie ».
Aux Comores : Selon les chercheurs (…) Par le traité du 10 octobre 1882 passé entre Fréderic Holmwood et le Sultan Abdallah III, après plusieurs jours de pour parlers serrés, au palais de Bambao, ce dernier s’était engagé, tant à son nom qu’en celui de ses successeurs éventuels à mettre fin à l’esclavage dans ces états avant le 4 Août 1889. Le Foreign office entendait veiller à l’exécution de cette promesse quoiqu’il en fût au statut international d’Anjouan.
Entre temps, le Sultan Abdallah III et le commandant Gerville Reache, chef de la colonie, après des pourparlers serrés, signaient une convention le mercredi 21 avril 1886 connu sous le nom du » traité Franco-Anjouanais ».
Le 26 janvier 1889, le Sultan signait, sur les conseils du résident, un dahir proclamant l’abolition de l’esclavage dans ces états…Le décret n’était pas promulgué…Mais surtout Abdallah, Jaffar et Ormières étaient parvenus à biaiser avec le traité de 1882 en incluant des dispositions restrictives: toute affranchie qu’ils étaient, les esclaves devaient demeurer cinq ans au service de leurs anciens maîtres…Grâce à la révolte des esclaves de mars-mai 1891, mâtée par l’expédition militaire français du 23 avril 1891, dirigée par le commandant Pougin et la mise en place (le même jour) du vieux Sultan Saïd Omar (père du Sultan Said Ali de la Grande Comore et du futur Sultan Mohamed Sidi ou Said Mohamed) comme sultan d’Anjouan, les esclaves anjouanais vont chercher la liberté. Le décret pris par le Sultan Saïd Omar le 15 mai 1891confirmant celui du Saïd Othman (Sultan rebelle) constituait donc un incontestable victoire de l’insurrection anjouanaise…A Anjouan l’abolition de l’esclavage va du mois d’avril au mois de juillet 1891, tandis que à Mayotte, c’était le 9 décembre 1846 par le Roi Louis Philippe… (J. Martin 1983: p.84-92).
LA MEDINA DE MOYA
Géolocalisation sur la carte 12° 23’ 08’’ S et 44° 26’ 03’’ E
Population (2010) 8.475 habitants
Source : ile_d_anjouan_080ae-fac1e
La ville de Moya est une des cités maritimes les plus anciennes de l’île d’Anjouan. Les sources orales de cette ville revendiquent une fondation qui coïncide avec l’arrivée des premiers arabo-musulmans vers la fin du Xe siècle. Selon Fundi ASNAD , un érudit de la religion islamique du pays, « la ville serait fondée par des Chiraziens. Ces fondateurs arabo-chiraziens, venus de Hadramaut au Yémen, ce sont installés au quartier de Mnyambaju ». En effet, le paysage urbain de cette ville est bien marqué par les maisons construites à l’ancienne en pierres avec comme liant, le mortier à la chaux corallienne mélangée avec du sable marin.
C’est dans ce quartier Mnyambaju qui constitue le tissu urbain de cette médina que l’on trouve la place culturelle publique « Mpangahari » qui sert encore aujourd’hui de lieu d’organisation et de célébration des festivités culturelles. On y trouve également dans ce quartier historique de la ville, la maison, construite à deux niveaux de Mwenye (Monsieur) Allaoui, qui fut le grand maitre maçon et architecte des maisons anciennes construites en pierre. La grande majorité de la population de la ville revendique des origines chiraziennes pour leur ville. La ville de Moya fait partie de villes en dur qui témoignent de l’influence de l’architecture arabe. Celle-ci se caractérise par la construction de maisons majestueusement décorées par des frises et des niches murales, distinguant les maisons des proches du sultan, du Wazir/vizir à celles des gens ordinaires de la cité. C’est dans cette ville où avait trouvé refuge le sultan Salim fils de la reine Halima II pendant 28 ans avant de reprendre le pouvoir en 1707 à la mort de son usurpateur, le prince Said Ali Bacar qui eut régné à Domoni de 1679 à 1707 .
Située au sud-ouest de l’île, la ville de Moya est implantée sur les hauteurs d’une falaise au pied de laquelle s’étend une belle plage encaissée au sable blanc corallien. La ville est connue surtout par sa belle plage et par son tunnel, l’unique au pays, construit sous le rocher qui servait par le passé d’une barrière défensive naturelle.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Le tunnel – pour aller à Moya, les gens passent par le tunnel creusé du temps du Président Ahmed Abdallah Abderemane. Avant cette ouverture, les natifs de Moya passaient soit par la mer avec les boutres pour transporter les marchandises ou prendre les pirogues, soit escalader la montagne. Nous avons eu la chance d’y aller avant l’ouverture du tunnel. Des chemins presque en lacets, très dangereux quand il pleuvait. Beaucoup d’accident avaient été signalés ce qui a poussé le Gouvernement Abdallah à ouvrir le tunnel. Actuellement, il y a des fuites d’eau, il est temps à ce qu’on réexamine la structure pour éviter un effondrement.
Source : CNDRS – 625.7-P1-13 (00-12-1986) Vue de loin Tunnel de Moya « Fuko ya Moya ».
Photo 2 : Une classe à Moya (dans un hangar en toiture végétale (Wuhandja » avec des bancs archaïques
Source : 371.8-P1-14 (00_12-1986) Une classe à Moya
Tableau des typologies de biens
Éléments Code d’Identification :
Bâtiments/ Construction B_LL_xxxx
Palais Cartel du bien
Palais
B_Mo_0001
(IMG104401jpg)
Palais du Wazir Ali (2 niveaux, abandonné, seule une pièce est occupée et sert de boutique)
Maisons en pierre B_LL_xxxx //
Maison en pierre
B_Mo_0001
(IMG101651jpg)
Maison Batuli Ahmed, construite avant le cyclone de 1950
Maison en pierre B_Mo_0002 (IMG105118jpg)
Chez Mwenye Allaoui (2 niveaux)
Selon Fundi Asnad, Allaoui a été le grand maçon artisan de la construction des maisons en pierre à Moya et environs.
Maison en pierre B_Mo_0004
(IMG103621jpg)
Propriétaire non identifié
Maison construite avant le cyclone de 1950
Avec une porte sculptée
Mosquée B_Mo_0003
(IMG103441jpg)
Mosquée principale pour la prière de vendredi, démolie et remplacée.
Lieux de cultes B_LL_xxxx //
Lieu d’offrandes B_LL_xxxx //
Système défensif (Citadelle / rempart) B_LL_xxxx //
Rempart B_Mo_0001
(IMG103342jpg)
Une portion laissée devant la mosquée de vendredi, gardée pour témoigner de la construction des remparts autour de la ville.
Espaces urbains E_LL_xxxx
Espaces urbaines et places public E_LL_xxxx //
Mpangahari E_Mo_0001
(IMG103938jpg)
Espace culturel central de la médina. Ici sont encore organisées différentes festivités et cérémonies culturelles
Place Mmanbaju E_Mo_0002
(IMG110853jpg)
Rondpoint vers la ville et vers la plage
Cimetière E_LL_xxxx //
Tombeaux / Mausolées E_LL_xxxx //
Autres lieux E_LL_xxxx //
Rue
Ruelle RT_LL_xxxx //
Ruelle RT_Mo_0001
(IMG101445jpg)
Ruelle couverte (Pareni Buyuni),
Route Nationale RT_LL_xxxx //
Route nationale RT-Mo-0001 RN 22
LE CITE – ETAT DE CHAOENI (NYUMAKELE)
Carte IGN
Source : f.getamap.net/carte/comoros/anjouan/chaoueni/
Photo 1 Photo 2
Photo 1 et 2 : Montrent le reste des fondations de l’ancien palais de Chaoueni, aujourd’hui rayé de la carte par la population.
*Source : Bourhane Abderemane – photos prises en 2008-02-29
« La tradition orale recueillie en 1926 (?) à Anjouan rapporte que vers 884 ap JC., un groupe de la secte Ibadite conduit par un chef nommé Muhamed Ben Ahamad Ben Houzayini Al Abadya (Abadiya) est arrivé dans la presqu’île de Nyumakele à Ndzouani. Il a fondé Shaweni dans la région de Nyumakele ». (Damir Ben Ali K’omoros 2007 : s.p. ). La même secte aurait fondé Djummani (Djomani/ nom d’une localité située en Irak) dans le Mbude à Ngazidja
A Anjouan, la tradition veut que les Shiraziens aient débarqué à un endroit appelé « Mswalaju » au bord de la mer à Nyumakele. Leur boutre avait échoué à « Ngomaju ». Ils avaient amené un mouton et un coq sacré. Selon le divin : « Là où se coucha le mouton, nous bâtirons un village et là où le coq chanta nous bâtirons une mosquée ». (Ibide. 2007 : s.p.)
C’est ainsi que fut bâti Chaoueni. Arrivée à « Bandramaji » (M’Ramani), le mouton se coucha et ils ont bâti un village et une mosquée. Après ils ont poursuit leur chemin vers Domoni.
En l’année 1300 ap JC., Djumbe Mariam, la fille du Fani Othman dit Kalichi Tupu de (Domoni) régnait dans ce cité état et la capitale était transférée de Domoni à Chaoueni. (Said Ahmed Zaki 2000 : 16)
La capitale se déplaçait selon la puissance de Fani, et Mawana Idarousi (fils de Mogné Alaoui de Patte et de Halima 1ère Mahadali) avait transféré définitivement la capitale vers 1542 ap J.C. à Domoni. Il fut l’organisateur de la justice.
Près du village de Chaoueni, il y a des ruines qui remontent aux temps des premiers chiraziens ; entre autre le Ziara de Fani Hali [ou Fani Ali], juste en face de la pointe Niangaju.
Fundi Alimouddine (enquête du 22/8/1999 à Domoni) rapporte que : « … Les Arabes et les Iraniens (venant en majorité de la ville d’Iran Chiraz) débarquaient à Anjouan vers 754, à la côte Sud nommée Gomajou M’soilajou. Ils continuaient leurs trajets avec leur guide. Ils se sont arrêtés à Chaoueni. C’est le premier village qui fut bâtis par ce peuple. C’est pourquoi on trouve à Anjouan quatre villes fondées par ce peuple : Chaoueni, Domoni, Sima et Moya.
D’après la légende, des ancêtres de ces gens avaient en possession une brebis sacrée et un coq. Là où se coucha la brebis et chanta le coq, c’est là où ils implanteraient leurs habitations. Ils ont fondé la ville de Chaoueni. Ces ancêtres construisaient une mosquée en pierre qui se trouve jusqu’à maintenant et se nommait «la mosquée Kolabouindri ou Kola Bwindri » (mosquée des hiboux)… Ces Arabes et Chiraziens se déplaçaient d’un endroit à l’autre jusqu’à la plaine de Gombeni sous la contrée de Domoni ».
Claude Robineau parle d’une installation des Chiraziens, effectuée vers le XVe siècle ap J.C. Avant ou après l’arrivée d’Hassan, chef Chirazien à partir duquel commencèrent les généalogies des princes de l’Île d’Anjouan :« La colonisation du pays semble d’être faite d’abord par l’ouest (presqu’île de Sima) où un centre de peuplement a prospéré. Puis par le sud (Chaoueni) que les arabes relient avec leur boutre. Explorant le pays au-dessous de Chaoueni, ils ont pu remarquer en surplombant la côte est de l’île et en jetant leur regard vers le nord, la pointe rocheuse très allongée de Domoni, éperon qui attire l’œil inévitablement ». (Robineau C. 1966 :34-35).
La vision de Robineau (1966 : 34-35) semble plausible. Car la tradition voulait à ce que les Chiraziens fondateurs de la ville de Domoni venaient à partir de Nyumakele. Vraisemblablement, c’est pour cela que la fille de Fani Othman Kalichi Tupi de Domoni, Mariamo Ben Othman, avait régné à Chaoueni en 1300. le premier Palais royal en dure fut édifié à Domoni par le Fani Othman Ibn Affane dit Kalichi Tupu vers 672 ans de l’Hégire correspond à 1274 de l’ère chrétienne.
Actuellement, La ville de Chaoueni est complètement transformée. Aucune trace des anciens bâtis n’est resté débout. L’ancien tissu urbain est complètement transformé et d’autres ruelles et rues ont vu le jour du côté (extention côté ouest) comme s’il s’agit d’une nouvelle ville.
DOMAINE DE SUNLEY A POMONI (MPOMONI)
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pomoni
William Sunley (1820 – 1886)
Sa première maison et son tombeau à Mpomoni
Source : autorisée, photo remise par les petits fils de Sunley en visite au CNDRS Anjouan le 27 mars 2013
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Sèchage des pagasses – usine de sucrerie Pomoni par des femmes esclaves
Photo 2 : le hangare de l’unsine de sucrerie à Pomoni et les travailleurs serviles (usine de Senley fin de XIXe siècle)
Source : www.comores-online.org
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6
Les photos 1-2-5-6-7 montrent les restes des bâtis de Sunley à Mpomoni, vandalisés durant le séparatisme à Anjouan. Un patrimoine rongé par le temps est envoi de disparaître à jamais. C’était l’usine de sucrerie.
Photo 3 et 4 : la nouvelle maison de William Sunley (derrière la maison et façade principale)
Photo 7 Photo 8
Photo 8 : le hangar de William Synley au bord de la mer lui permettant d’embarquer ces articles vers l’Angleterre notamment le sucre de canne
Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6
Photo 3 : L’usine proprement dit de William Sunley à Mpomoni (Pomony)
Photo 4 : Interior of Sugar Factory (l’intérieur de l’usine avec les machines de production du sucre de canne
Photo 5 : House in which William Sunley died (Great Grand father and father of Annette Sunley) – (la maison où le planteur William Sunley est décédé à Pomoni (Pomony)
Photo 6 : William Sunley’s Tomb Comoro Islands. William did at his estate Pomony on 28 Febriery 1886. Robert remained managing the estate until 1895 when he want to England
Voulant contrecarrée l’influence française, Sultan Mawana Salim (Salim II) 1840-1855 avait eu gain de cause. Josiah Napier fut nommé Consul Britannique en résidence à Anjouan. Il est arrivé à Mutsamudu le 9 novembre 1848, accueilli par le Britannique William Sunley.Dans la première moitié du XIXe siècle…, le sultan Mawana Salim (ou Salim II, de son vrai nom Said Hassan, frère du sultan Abdallah II mort en captivité à Mohéli en 1836) avait favorisé l’installation d’un planteur anglais, William Sunley à Mpomoni. (Bourhane Abderemane 2012 :114)
Sunley, né à Londres en 1831, était de passage à Anjouan à bord d’un baleinier. De retour à Londres, il décida de fonder un établissement commercial à Anjouan pour approvisionner les baleiniers. A son arrivé en mai 1847, il était alors âgé d’environ 26 ans et se vit concéder un terrain de près de 5000 hectares à Mpomoni par le sultan Salim. Par cette acquisition, il va mettre en valeur son domaine en introduisant l’économie de plantation de type coloniale. Pour mener ses activités, il avait construit son palais et son usine de sucrerie.
Il était l’interprète du sultan Salim II (Mawana Salim 1840-1855). A la mort du Consul Napier survenu le 20 septembre 1850 à Zanzibar, il fut nommé en 1851 Consul aux Îles Comores pendant une quinzaine d’année. Mais ayant utilisé des mains d’œuvres serviles dans ses plantations, il fut radié du Foreign Office le 1er octobre 1865 suite au rapport établi par David Livingstone sur son compte. Déjà, en 1833 l’Angleterre avait aboli l’esclavage dans ses colonies. Il s’était éteint à Pomoni le 25 février 1886.
La plantation du britannique William Sunley établi à Mpomoni et son succès depuis la fin de la première moitié du XIX° siècle (et ceci grâce au Sultan Mawana Salim 1840-1855), avait excité le sultan Mawana Abdallah III à vouloir à son tour fonder sa propre plantation en s’engageant dans la nouvelle économie agricole. La production de sucre de canne avait enrichi l’Anglais et lui avait procuré une puissance inégale à Ndzouani de telle sorte que Mpomoni, si on accorde foi aux différents témoignages recueillis dans la région, était devenu la capitale d’Anjouan où les aristocrates (chefs religieux, chefs des grandes familles etc…) firent le trajet Mutsamudu – Mpomoni pour rendre visite au consul planteur William Sunley. Au moment de la révolte des esclaves en 1891, beaucoup des nobles mutsamudiens avaient trouvé asile à Pomoni. (CNDRS-Anjouan)
Son influence dominait entièrement le sultan, et ce dernier n’osait rien faire sans son assentiment. Il semble même qu’à partir de 1859, sa petite garde fut même équipée et entretenue par la couronne britannique (J. Martin 1983 :332).
Pour William Sunley, le 8 mars 1869, un nouveau contrat passé entre Abdallah III, fils et successeur de Salim, et ce dernier prorogeait jusqu’au 1er janvier 1894 le bail primitif moyennant 6000 dollars une fois payés et la continuation de la redevance annuelle de 200 piastres jusqu’à la fin du bail (Ainouddine Sidi 1998 :58) .
Après la mort de Sunley, c’est son cousin Robert qui était à Mohéli avait pris en main l’exploitation du domaine de Mpomoni et en 1895, le vieux Robert Sunley décida de liquider ses établissements. Ainsi la Société Coloniale Bambao, créée le 4 Août 1907, rue de Lubeck, à Paris par Alfred Regouin et Géorges Bouin. Le parfumeur de Grasse Géorges Chiris en fut le président du Conseil d’Administration jusqu’en 1946, et M. Le Houx, le premier directeur en charge de diversifier les plantations.
En 1921, la Société Coloniale Bambao devint la Société Comores Bambao. Elle venait de racheter les 2000 hectares du domaine de Docteur Wilson (un Américain arrivé en 1871 à Anjouan, secrétaire et médecin du Sultan Abdallah III, décédé en 1920 à Patsy)
DOMAINE DE DR BINJAMIN FRANKLIN WILSON A PATSY
Source : http://fr.wikipedia.org?Wiki?patsy_comores
Photo 1 Photo 2
Le tombeau du Churirgien Benjamin Franklin Wilson dit « Draktrari » à Patsy – Anjouan. Il mourut le 12 avril 1920 ainsi que son contremaître Georges Esson
Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6
Photo 7 Photo 8
Source : Bourhane Abderemane – photos prises en 2003
Photos 3-4-5-6-7 et 8 sont des bâtisses construites par Benjamin Franklin Wilson, à Patsy. Après le départ de la Société Bambao en 1975, Les Forces armées comoriennes les avaient occupées durant les mandats du Président Ahmed Abdallah Abderemane (1978-1984).
La photo 8 montre le reste d’une ancienne usine de sucrerie, transformée par la Société Coloniale Bambao en usine de traitement de sisal. Les déchets, une fois que les fibdres avaient été avaient été déversés à la rivière qui traverse le village de Barakani et la Ville de Ouani, leur privant d’eau potable.
Patsy était un village construit au fond d’une gigantesque caldera entourée des montagnes ainsi qu’une faille encaissée où coule une rivière pérenne. Patsy actuel abrite l’usine de Coca Cola ainsi que l’Université des Comores (intitulé : Pôle Universitaire de Patsy).
L’installation aux environ de 1871 de docteur Benjamin Franklin Wilson, un Américain né à New Bedford entre 1845 et 1849 connu à Anjouan sous le nom de « Draktrari » Patsy car il était docteur ou chirurgien.
Le nouveau venu avait acquis la bonne grâce du maître de l’île. Il fut attaché comme secrétaire particulier du sultan qui lui accordait toute sa confiance. Il jouait aussi le rôle de conseiller politique. Puisque le sultan voulait le retenir dans l’île, pour exercer son art de praticien de médecine, il s’est vu attribuer (concéder) par l’accord du 20 octobre 1871, le cirque de Patsy, un terrain fertile et étendu de près de 2000 hectares pour une durée de 30 ans moyennant une rente annuelle de 200 piastres qu’il devait payer au sultan. Il mit en valeur ses terrains : cafés, cocoterais, culture de canne à sucre etc…en utilisant des mains d’œuvre servile loués à l’aristocratie arabe esclavagiste. Pour faciliter le début de la plantation de Patsy, le sultan Abdallah III consentit à Wilson une avance de fonds pour l’achat de matériel et des dépenses de première installation.
Lors des évènements de 1891, Docteur Wilson avait soutenu à bras le corps le sultan révolutionnaire Said Othmane, frère du sultan feu Abdallah III (Mawana) qui était intronisé par sa famille le 7 avril 1891. Opposé au protectorat et favorable à la libération immédite des esclaves, Il a pris un « Dahir » pour libérer les esclaves. Ces derniers l’avait intronisé aussi à Patsy. Une fois libéré, les esclaves se sont révoltés en pillant les maisons et les villes. Après l’intervention de la France, il a été destitué le 23 avril 1891 et interné en Nouvelle Calédonie
Vainqueur par la sentence de l’arbitrage du 30 novembre 1906 de ses querelles avec son ami le sultan Abdallah, son domaine contenant définitivement 2017 hectares 20, fut récupéré par la Société Coloniale Bambao. Il mourut le 12 avril 1920 à Patsy, sans laisser d’héritier. Son tombeau s’y trouve en forme de pyramide à côté de son adjoint Georges Esson
Les bâtis construits par Wilson sont victimes du vandalisme après la mort du Président Ahmed Abdallah Abderemane et durant le séparatisme aux beaux yeux des autorités de l’île. Les maisons en durs ont été démolies et les pierres ont été récupérées pour être vendues après. Les restes des pièces détachées de l’usine sucrière ainsi que celles de l’usine de traitement du sisal ont été vendues à des récupérateurs tanzaniens sans que l’Etat intervient. Un patrimoine parti en fumé. Avant l’assassinat du Président Abdallah, le site était occupé par les forces armées comoriennes jusqu’à son assassinat.
Durant le séparatisme, beaucoup de bâtis avait été détruit par les gens de Patsy en récupérant les pierres soient pour les vendre ou pour la construction des maisons aux beaux yeux des autorités en place. Plusieurs bâtisses sont rayées de la carte. Un patrimoine vivant parti en fumé à cause d’une méconnaissance de la valeur de ces bâtiments. Une fois restauré ils auraient pu servir pour autre chose. Actuellement l’ancien Patsy n’existe pas, ce qui aurait attirer les visites des touristes en valorisant le site. On n’en parle plus. Il ne reste que les tombeaux, menacés d’être ensevelis par la terre…
VIEUX SIMA –ZIARA SIMA : UN SITE MAJEUR DE L’HISTOIRE DES COMORES
Selon la tradition orale, les premiers habitants, d’origine vraisemblablement mozambicaine, ont accosté accidentellement, après avoir subit une tempète, sur les côtes Ouest de l’île d’Anjouan, au lieu-dit Mtsagani-Sima au VIIIe.
Figure 1: Relevé Bathymétrique du site de Ziyarani-Sima (extrait de H. T. Wright 1992)
Source : Tiré de l’article de Jean Claude Hébert « Le bassin sacré du vieux Sima à Anjouan, dit « Nyungu ya chuma », Marmite en fer », in Anjouan dans l’histoire, Paris, INALCO, Etudes Océan Indien, n° 29, 2000 : 123, Carte 1. Relevé Bathymétrique (extrait de H. T. Wright 1992)
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : Reste de Mihrab en colonnes torsadées de l’ancienne mosquée de Ziyarani-Sima à Anjouan
Photo 2 : : Reste d’une porte d’entrée à l’ancienne mosquée de Ziyarani-Sima à Anjouan.
Source : Bourhane Abderemane –prise de vue : 18/06/2006 à 09 :12 / Images IMGP 0442 et IMGP 0444…
Vieux-Sima, ville ancienne, première capitale de l’île fondée au IXè siècle, était gouvernée avant l’arrivée des Chiraziens par un dynastie de Fanis, souverains, eux aussi islamisés. Selon Verin, Aujas mentionne la fondation de la dynastie des Fanis vers l’an 700 de l’Hégire (soit 1304 de l’ère chretienne). Ziarani-Sima, site situé à l’Ouest de l’île d’Anjouan est « classé parmi les premiers sites habités de l’archipel des Comores » (Ali Mohamed Gou 2000 :7)
Ancien chefferie, Sima a été gouverné par des wafawume Mafe (roi) notamment Fané-Ali-Ben-Fané-Fehra, chef de M’Samoudou et le plus puissant de l’ile. Il donna sa fille Djumbe Adia en mariage à Hassan Ben Mohamed qui deviendra le 1er sultan de l’ile (Gevrey 1997 :108)
A l’arrivée du Chirazien Hassane à « Ziarani-Sima », cette ville était déjà importante. Elle est classée parmi les premiers sites habités de l’archipel des Comores.
Henry Wright a confirmé l’occupation continuelle du « Vieux Sima » à partir du IXème siècle jusqu’à l’abandon définitif au XVIIIème siècle, après les invasions des pirates malgaches.
La construction de la première mosquée en pierre fut réalisée au XIIème siècle. Celle de Hassan Ben Mohamed, venu depuis la Grande Comore, aurait été édifiée au XVème siècle (Verin en 1964) au-dessus d’une autre mosquée.
Depuis son abandon, le « Vieux Sima » est devenu « un Ziara », un lieu saint en hommage aux nombreux victimes de l’affrontement du XVème (rivalités familiales Sima/Domoni) siècle après la mort de Hassan Ben Aissa en 1440 (Ali Mohamed Gou 2000 : 7-18) premier sultan d’Anjouan.
Après la disparition du Vieux-Sima, rayé par les razzias malgaches, Sima actuelle n’a pas ce tissu urbain sultanique. Toutes les routes ont été agrandie pour faciliter la circulation des voitures. La Ville compte Aujourd’hui, plusieurs quartiers principaux : Chilidroni, Mgihari, Ouémani, Ounyambo, Salamani, Lavigie, Dago Lansini et Missiri.
UNE AUTRE VILLE HISTORIQUE : FOMBONI – MOHELI
Carte de Mohéli
Source : Alamy
Photo 1
Fomboni, Mohéli au bord de la mer
Source : CNDRS – 369 44 100_p
« Origine du peuplement de Mohéli
Le fond mohélien correspondant à la population autochtone dans la référence orale, résulte d’un métissage ancien (Chanudet, 1981) : aux premiers peuplements, d’origine bantoue et/ou malgache (VIIe à IXe s), ont succédé des vagues de peuplements arabes et chiraziens (Xe- XVème s), liées aux courants d’islamisation dans l’océan indien (civilisation Swahili).
Deux villages sont considérés par les personnes ressources comme d’origine arabe : Djoiezi, qui fut depuis longtemps un centre de commerce et de pouvoir de l’île ; Hamba, dont l’origine est liée à des familles arabes commerçantes, installées en premier à Grande Comores.
Au XIXe siècle, l’île de Mohéli, soumise aux pillages réguliers des pirates, demanda assistance aux rois de la Grande Comores. Venus des régions d’Itsandra et de Badjini, les grand-comoriens s’installèrent à des points stratégiques pour la défense de l’île et créèrent ainsi plusieurs villages : M’Batsé, Itsamia, Miringoni, Bangoma.
A la fin du XIX è siècle, des malgaches conduit par Ramanetaka (futur roi de Mohéli) furent à l’origine de la création de deux villages (Ouallah, Mirereni, Chiconi) et eurent une grande influence sur l’île.
L’arrivée d’esclaves du continent africain s’est poursuivie jusqu’au début du XX ème siècle. Certains villages ou certains quartiers sont le fait de ces arrivants. Les villages d’origine anjouanaise sont récents (XX ème siècle) et liés aux domaines coloniaux, qui demandaient une main d’œuvre importante. La région de Djandro abrite aujourd’hui des villages relativement homogènes d’un point de vue social, il y a peu de différences en terme de qualité de vie d’un village à l’autre ». (CIDD 2010-2014 p.12)
Fomboni (en arabe : فومبوني) est la capitale de l’île de Mohéli aux Comores. Elle compte environ 20 000 habitants, soit plus d’un tiers de la population insulaire, et elle forme la troisième plus grande ville de l’union des Comores. Situé sur la côte nord de l’île, son front de mer est protégé par un récif corallien ; par temps clair, l’on peut ainsi apercevoir depuis Fomboni les îles adjacentes de Grande Comore et d’Anjouan.
Plusieurs péripéties se sont passés dans l’île et au contour des années 1828, l’Ile de Mohéli tombe en entre les mains d’une famille margache.
Né vers 1780, mort en 1842, Ramaneta est un membre de la famille royale de Madagascar et qui est devenu roi de l’île de l’île comorienne de Mohéli, dans l’archipel des Comores.
Après la mort de Radama 1er, alors gouverneur de Majunga en 1828, informé par les siens, Ramanetaka échappe par la ruse au massacre des membres de la famille du roi de Madagascar par la femme du défun Ranavalona 1ère ..
Des amis commerçants lui conseillent de se rendre aux Comores, où il pourra demander l’hospitalité au sultan d’Anjouan Abdallah II bin Alawi qui est l’ami des Anglais. Arrivée à Anjouan et ayant reçu l’hospitalité du sultan, Ramanetaka va alors semer le trouble dans les affaires d’Abdallah II après être nommé Gouverneur de la Citadelle à Mutsamudu. Il refuse ainsi d’abandonner la traite négrière, compromettant les relations du sultan avec ses amis Anglais. Profitant d’une absence d’Abdallah II qui l’a sommé de quitter l’île, il va même réussir à se faire acclamer par les Anjouanais, contraignant son hôte à fuir momentanément vers le Mozambique.Il se rend maitre de Mohéli en 1832. Converti à l’islam, il prend le nom d’Abderahmane.
En 1836, alors que Mohéli est assiégée de toutes parts par le sultan Abdallah II et ses guerriers, il s’illustre par un acte de cruauté : en pleine trêve de pourparlers, il profite d’une tempête qui a obligé ses ennemis à mettre pied à terre pour emprisonner et assassiner Boina Kombo, de même que le sultan Abdallah II et plusieurs de leurs proches. Il meurt en 1842.
Vestiges de rempart / Ngome
Poto 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 5 Photo 6
Totes ses 6 photos montrent la situation catastrifique et les délabrement total des remparts de Fomboni
Dès la fin du XVIe siècle, et dans un souci de vouloir protéger les grandes villes surtout côtière aux Comores, les autorités sultaniques ont ordonné la construction de la muraille de la ville « Ngome ». C’est le aussi le cas de la médina de Fomboni. La menace d’une invasion de la ville, que faisait peser l’intrusion des navigateurs portugais dans cette zone de l’océan indien au tout début du 16ème siècle, mais aussi les menaces des pirates malgaches (1792-1830), avaient nécessité la construction de ce mur de protection de la ville et de ses habitants, appelé en dialecte comorien « Hura wa Muji » ou « Ngome ».
Dotée des postes d’observation et de surveillance « Bunarthi », placés en haut de la muraille, des grandes portes d’accès à la ville, la muraille de Fomboni constituait l’élément principal d’un dispositif de surveillance, de défense et de protection de la ville et de ses habitants en utilisant les matériaux traditionnels (pierres, chaux, sable, miel). D’autres murailles avaient été construites à Nioumashioi pour jouer le même rôle de protection.
Selon Roland Barraux 2009 :61 : « , Mohéli, plus vulnérable, fut presque continuellement occupée par les Betsimisaraka ; ceux de ses habitants qui en avaient la possibilité, s’étaient réfugiés à Anjouan. Les autres résistèrent à l’abri des murailles de la ville de la côte sud, Nyumashua, d’où ils lançaient de courageux coups de main contre les envahisseurs ».
Maisons simples en pierre
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Photo 1 et 2 : maisons en dur construite avec des matériaux modernes (en baiton)
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 7 décembre 2019
Photo 3 et 4 : Deux sortes de maisons traditionnelles
Les diverses photos nous indiquent l’évolution de l’architecture à Mohéli. A l’arrière pays, ces structures traditionnelles existent jusqu’alors.
Sur le plan architectural des maisons en pisé ou en argile, étaient presque situé sur la littorale non loin de plages de sable constituant les ports ou des cours d’eau. A partir du XIIe siècle, des constructions en pierre apparaissent ; ce sont surtout les mosquées qui seront la première à subir les première modification. La généralisation des pierres se fera tardivement au XVe siècle.
Que ce soit à la Grande Comore, Anjouan, Mayotte ainsi que Mohéli, la construction des maisons simples en pierre diffère selon le statut et la classe sociale. En majorité, la façade principale est composée d’une porte soit sculpté à deux panneaux soit une porte simple. La technique de construction reste la même. C’est la technique swahilie, qui était réalisée à partir de pierre de lave, de la chaux (obtenu en brûlant les coraux) et du sable de mer (fin et moyen) dilué et mélangé avec du miel d’abeilles ou miel de canne (comme liant) formant ainsi le mortier afin de mieux fixer les pierres.
Le concepte de différent niveau d’habitation apparu au XIX et continue au XXe siècle s’observe dans tout l’archipel, avec les maisons à étage. Habituellement, c’est l’ainé qui occupe la partie inférieure (le rez de chaussé) pour veiller aux autres. L’architecture varie, soit que la maison porte une veranda extérieure ou non…
Maison à Niches
« Il n’y reste qu’une seule demeure de ce type à Fomboni. Elle se trouve dans une partie de la ville qui est clairement en mutation. De nouvelles constructions de béton redessinent l’espace et les hauteurs des rues dans une dynamique de table rase (déstructuration des anciens tracés émergence d’une nouvelle structure). Il en restait encore trois, il y a quelques années, mais celle-ci la dernière qui a résisté à la destruction. Malgré sa sobriété et son dépouillement extérieur, elle est remarquable par la présence d’un mur intérieur entièrement décoré de niches en stuc et en assez bon état de conservation. Elle ne se compose que de deux pièces, l’actuelle pièce à vivre décoré sur sa longueur par les niches (volume rectangulaire assez réduit) et l’arrière salle qui ne correspond pas à la même époque de construction. Il est impératif de la protéger et de la classer dans un premier temps au niveau national sur la base des éléments décoratifs présent ». (S. Hirschi et C. Nafa, 2014 : p.125)
Le Palais
Le palais royal de Fomboni : Sultan Abderrahman 1er (Ramanetaka Rivo)
Source : J. Martin, T. I Razzias malgaches et rivalités internationales (fin XVIIIe-1875), p.290
Les différents péripéties qui se passaient dans l’île de Mohéli, montrent qu’il y avait bel et bien un palais du gouverneur ou du sultan.
Selon R. Barraux (2009 : 35) : « […] l’île devint une dépendance du sultan d’Anjouan comme l’atteste le capitaine anglais Walter Peyton au début du XVIIème siècle : « Le roi du Jouani est aussi le souverain de Mohely mais il délègue ses pouvoirs au sultan de cette dernière île ». S’il y eut des disputes pour l’accession à ce titre, elles restèrent limitées au cercle de la famille intronisée par le suzerain anjouanais. La première capitale pourrait avoir étéChoini au Sud-Ouest de l’île, construite prèd du mouillage de Nyumashiua longtemps connu comme le meilleur de toute ces côtes. Peut-être abandonnée à la suite d’incursion de pirates facilitées précisement par l’hospitalité de la rade, elle fut transférée à Fomboni, sur la côte nord, de toute façon plus proche donc pour l’exercice de la suzeraineté anjouanaise ».
A titre d’information, le palais royal de Ramanetaka a été rayé de la carte per le Gouverneu Mathoiri (durant le régime d’Ahmed Abdallah Abderemane) afin de pouvoir construire la nouvelle grande mosquée du Vendredi.
« Les derniers vestiges du Palais Royal de Fomboni furent détruits pour la construction de la grande mosquée, il y a moins de cinq ans. On apperçoit le site de l’Ujumbe sur la photo présentant le mausolet. Cet espace s’organisait en un ensemble comprenent : le palais qui s’ouvrait sur la plage, la Mosquée du vendredi, la Mosquée Royale et les dépendances qui se situaient. De cet ensemnle royal, il ne reste aujourd’hui que la mosquée du vendredi qui a connu un agrandissement et la mosquée Royale ». (S. Hirschi et CH. Nafa 2014 : p.126)
Le Sultanat de Mohéli
Le Sultanat de Mohéli est indissociable de Madagascar. En effet, le premier sultan de l’île est un membre de la famille royale de Madagascar.
La période Ramanetaka du Sultanat de Mohéli :
En 1928, à Madagascar, le Roi Radama 1er décède de maladie à l’âge de 36 ans. Il était marié mais n’avait pas d’enfant. En conséquence, dans l’ordre de succession au trône, il y avait les frères et sœurs du roi puis ses cousins germains.
Photo 1 : Radama 1er (Roi Malgache) Photo 2 : La reine Ranavalona 1ère de Madagascar sur le trône
Le problème, l’épouse du Roi défunt désirait garder le pouvoir. En conséquence, avec l’aide de quelques partisans, elle se fait couronner Reine de Madagascar. Parallèlement, pour consolider son règne, elle fait assassiner les membres de la famille royale pouvant prétendre au trône.
Le dernier prétendant encore vivant, Ramanetaka, avec une centaine de compagnons, réussi donc à s’enfuir, puis se réfugie sur l’île d’Anjouan. Le sultan lui permet de s’installer à Mohéli. En effet, à cette époque, les 2 îles étaient dirigées par le même monarque.
Rapidement, Ramanetaka y prend le pouvoir, et, converti à l’islam, en devient donc le sultan sous le nom d’Abderrahmane en 1836.
Photo 1 : Sultan Abderrahmane 1er Photo 2 : La reine Djumbe Fatima et sa fille Salima Machamba
La période Djoumbé Fatima du Sultanat de Mohéli
En 1841, suite au décès de Ramanetaka, sa fille aînée, Djoumbé Fatima, seulement âgée de 5 ans, devient Reine. La régence est confiée à sa mère Ravao. Son couronnement effectif intervient en 1849.
Pendant son règne, la France s’installe à Mohéli, prenant possession de l’île au fil des années.
D’un premier mariage avec un prince de Zanzibar originaire du Sultanat d’Oman, Mokader, la Reine Djoumbé Fatima à 5 fils (dont 2 décèdent très jeune). Ensuite, d’une autre union avec un administrateur français, Emile Fleuriot de Langle, a une fille, Salima Machamba et un fils très handicapé qui décédera très jeune.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : La reine Djumbe FatimaBen sultan Abderrahmane et Joseph Lambert (son ament)
Photo 2 : La reine Djumbe Fatima et son fils Mohamed Abderahmane
En 1867, la Reine Djoumbé Fatima abdique au profit de son fils aîné, Mohamed. A la mort en 1874 du Sultan Mohamed, la Reine Djoumbé Fatima reprend donc son trône jusqu’à son décès survenu en 1878 où un autre fils, Abderhamane, devient Sultan.
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : La reine Djumbe Fatima sur son trône portant un grand boubou, un chale et un masque
Photo 2 : Djumbe Fatima en 1841 au moment du décès de son père, « agée de 5 ans devient reine. Son couronnement avait eu lieu en 1849
Le protectorat de la France
Le Sultan Abderhamane est assassiné en 1885 à cause de sa cruauté envers son peuple. Il est donc remplacé par un cousin, Marjani Aboudou Cheikh. Sous le règne de ce dernier, en 1886, l’île de Mohéli est placée de force sous protectorat de la France.
Source : https://adic-comores.org/histoire-des-comores/le-sultanat-de-moheli/
Rues et espaces :
Aux XVIIe siècle, la ville a déjà pris sa physionomie de la « médina » actuelle. En circulant sur ces ruelles étroites, on a la sensation d’être dans un « labyrinthe ».
La forte densité des habitations au sein cette espace exiguie de 11 hectares 65 à peut près, avait transformé le tissu urbain à des petites ruelles très étroites et quelque fois à peine un mètre de large. Avec l’avènement des étages “Dari” et pour éviter les escaliers externes et relier les maisons voisines ou d’à côté appartenant au même propriété, certains de ces ruelles sont aménagé en passage couvert pour profiter profiter la communication des grandes maisons notamment de “Vuvuni vwa Dari –El Maanrouf à Moroni, Vuvuni vwa Djahazi et Vuvuni vwa Dari Binti Ankili à Mutsamudu, voir aussi Vuvuni vwa Dari Palais Pangani-Darini et Vuvuni vwa Dari à Ujumbe de Domoni.
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Les quatres photos montrent l’agrandissement des rues vrayant un nouveau paysage urbain à Fomboni Mohéli
Source : S.Hirschi & CH. Nafa 2014 : p.124 (photos 3 et 4) et photos 1 et 2 : Bourhane Abderemane-prises le 07/12/2019
Les observation des architectes en décembre 2014, ont signalé que la ville est en « mutation en menant une politique de la table rase » « des anciens tracés émergents » pour mener des nouvelles constructions en béton armé en « redéssinant l’espace et les hauteurs des rues » ce qui montre maintenant que l’ancien tissu urbain n’existe plus et que les ruelles ont été transformés en route pour laisser passer les véhicules. Les artères ont été conçu parallèlement à la mer en morcelant les parcelles
« Le paysage urbain de Fomboni est majoritairement composé de bâtisses à un seul étage se succédant le long de la rue principale, qui n’a jamais été officiellement baptisée, comme la plupart des routes qui parcourent la ville. Fomboni possède le seul aérodrome de l’île ( à 2 km à l’est de la ville) l’aéroport Bandar Es Salam. La commune dispose également d’un petit port débouchant sur une jetée, et accueille un chantier naval rudimentaire, une poste, quelques succursales de banque dont la banque centrale des Comores, un marché couvert (refait à neuf en 20141 et inauguré non sans heurts en 20152, à côté du vieux marché dont l’architecture rappelle le style islamique), une école primaire publique, une dizaine de pharmacies, un centre hospitalier, trois station-service, une antenne permanente de l’Alliance française, un terrain de football: le stade El hadj Ahmed Matoir et son mythique équipe Fomboni Football Club, une vingtaine de mosquées, beaucoup de commerces, plusieurs auberges et autres pensionnats (hôtels) et des restaurants dont un situé sur la grande place publique (place de l’indépendance) » .
Les Places publiques / Bangwe :
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Les photos 1-2-3 montrent les différentes places publiques de Fomboni qui diffèrent de celles de la Grande Comore
Photo 4 : Plan de Fomboni sur Google en décembre 2014
Source : S. Hirschi & CH. Nafa décembre 2014 : p. 124
Les espaces publiques à travers toutes les médinas avec leur différents portiques majestueux, sont des lieux fédérateurs. On organise divers évènements et/ou des manifestations à caractère traditionnelle, notamment le toirab, les Madjlisi ou Barzangi. C’est dans ces espaces (Bangwe, salon, passages des ruelles étroites, les mosquée) où les communautés locales, surtout les hommes de toute catégorie se rassemblent, se reconnaissent d’appartenir dans un même territoire, une même identité culturelle et prennent des soins d’entretien pour eux-mêmes (Inya, notable, autorités, citoyens, associations …) et les visiteurs. Ce sont des espaces très hiérarchisées selon les codifications traditionnelles et nul ne peut piétiner cette loi qui gère le « Milanantsi ».
Dans ce cadre d’organisation sociale, l’arrière-cours intérieure, le marché, la cuisine sont réservés aux femmes.
« L’espace publique de la cité est masculin, il tient compte de la distinction entre Père et Fils, et des divisions sociales (Blanchy 1993). Ces critères autochtones qui s’imposent sur la place publique ont eu pendant longtemps un retentissement sur l’assemblée de la mosquée. La place publique bangwe est birdée de longs bancs maçonnés pour les assemblée des Accomplis, citoyens à part entière (cf. ill. 8). La plus grande place de chaque cité comprend un kiosque paya la mdji (« cuisine de la cité ») réservé aux Fils (cf. ill. 9). Ainsi, comme chez leur mère et leur sœur, ils n’ont libre accès qu’à la « cuisine », tandis que les Accomplis se tiennent dans le salon des maisons et siègent sur les bancs des Pères sur le bangwe. Les paya la mdji semblent avoir été des lieux de garde où se tenaient les guerriers d’après leur proximité des anciennes portes (Fumbuni), des photos anciennes montrent celui de Mitsamihuli adossé aux remparts. Mais, d’après leur situation, d’autres ne défendaient sans doute que le centre de la cité (Ikoni, Itsandra mdjini). Les portes monumentales, qui ont accompagné tout au long du XXe sièclele développement des places publiques et, partant, ont signalé le renforcement des assemblées masculines, semblent inspirées de cet élément ancien, les portes en pierre munies jadis de battants en bois qui fermaient les cités fortifiés (cf. ill. 10). Le quartier central possède en outre la mosquée du vendredi, d’autres mosquées étant disséminées dans les quartiers, et dans les anciennes capitale, il est marqué par la présence du palais.
Les femmes sont maitraisses des espaces privés, les maisons et les cours comminiquant par des passages et des venelles qui contournent les places publiques. Il n’est qu’au moment du Grand mariage que le trajet entre les deux maisons devient un espace féminin ou mixte qu’empruntent les cortèges de porteurs de cadeaux et, le jour de l’entrée dans la maison, la sœur amenant son frère chez sa femme. Avec l’autorisation des hommes, les femmes peuvent donner une fête sur une place alors clôturée de teinture et devenue privee. Les migrants reconstituent cette partition de l’espace public dans les salles louées en France pour les réunions madjilisi du dimanche : une place distincte est faite aux femmes derrière les hommes. Mais l’espace public n’est jamais mixte au sens où le genre n’y serai plus pertinents ». (S. Blanchy 2009 : 127-128)
Les mosquées
Il y a deux mosquées principales :
La mosquée du vendredi
« L’ancienne mosquée de vendredi a la sobriété caractéristique des mosquées comoriennes. L’espace intérieur est découpé en trois allés de prières par des piliers massifs de forme octogonale. Le mihrab, accolé, comme c’est souvent le cas, à la façade extérieure présente une niche surmontée d’une arche cissoidale (arche à pointe) dépourvue de décors. Le mihrab quand à lui a disparu, il s’agissait d’un élément en bois sculpté, qui a été retiré lors de l’agrandissement de la mosquée ». (S. Hirschi & CH. Nafa 2014 : p.127
La Mosquée Royale
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photo 4
Les quatre photos montrent l’intérieur de la mosquée royale. Son étét de lieu se dégrade de plus en plus. Déjà en 2014, des taches noires de moisissure sont apparues (photo 2) montrant une infiltration d’eau de pluie en permanence. La salle de prière est divisée en trois rangés et la toiture terrasse est soutenue par trois rangés de gros piliers simples qui se soudent en forme d’arc. Certaines solives commençaient à pourrir. Ce qui déclencherai des effondrements et même des poutres transversales se sont brisées sous le poids de la toiture terrasse. Une fissure s’est apparue sur l’un des arcs (photo 2). Ce qui laisse supposer que les boues des solives trempées de temps en temps commencent à pourrir aussi et vont très bientôt lâcher. Une intervention d’urgence d’étayages est à signaler.
Nous sommes en 2024, dix ans après, nous ne sommes pas au courant de l’état de lieu actuel de la mosquée, car aucune visite des experts n’avait été programmé à Mohéli pour examiner certains biens restant à Fomboni qui ne fait pas parti de la liste indicative de 2007. Nous allons essayer de solliciter au Directeur régional du CNDRS à Mohéli de nous envoyer des photos récentes tant de l’extérieur que de l’intérieur afin de réexaminer l’état de lieu actuel du bâti.
Les tombes :
Photo 1 Photo 2 Photo 3
Photo 1 : Les tombeaux chiraziens à Mohéli au sein de l’école primaire de Fomboni
Source : Pierre Vérin et Battistini, Géographie des Comores, Paris,1984, 1re édition, ACCT NATHAN, 144p.
Photos 2 et 3 : La première photo montre l’originalité des tombeaux. Au fil des siècles, sans entretien ni protection, les tombes se détériorent, devenu un lieu des dépôts des ordures. Ce site risque de disparaitre à jamais…. Un patrimoine irremplaçable.
Dans tout l’archipel, de Mayotte à Anjouan, en passant par Mohéli et à la Grande Comore, les tombeaux dit chirazien y existent mais que la typologie architecturale varie.
On observe à travers l’archipel, 4 types de tombeaux anciens :
*A encadrement simple
*A encadrement en « aile » (Voir Untsoha, Domoni et Mutsamudu)
*A encadrement élevé surmonté d’une stèle avec un ou deux ou trois bols de porcelaine (ou céramiques) incrusté dans le mortier (Voir Bwangakuni, Ntsaweni, Kwambani ya Washili/ Grande Comore) et quelque fois un pylône au milieu (si le sultan meurt dans l’exercice de ses pouvoirs) voir Ntsudjini.
*A chambre se 1,50 m à 2 m de côté surmonté d’un toit en forme de pyramide pointue (Voir Mutsamudu, Domoni et tsingoni)
A Mohéli – Fomboni, Chanudet(1988 : 292-299) avait démontré dans sa thèse qu’il y a en réalité 19 tombes et que un des tombeaux a un ressemblance parfait avec celui de Kwambani et de Ntsudjini (voir photo 1 arrière plan à droite), un tombeaux en forme de cube surmonté d’un pyramide tronqué
Photo 1 Photo 2
Photo 1 : tombeau en stèle à Ntsudjini
Source : Dr Bourhane Abderemane – photo prise le 09 février 2020
Photo 2 : Tombeau en stèle à côté de la mosquée de vendredi de Kwambani ya Washili
Source : Dr Bourhane Abderemane – Photo prise le 1er juin 2016
Les deux photos montrent le site de « Mahurani » cimetière chirazien… Chanudet disait : « qu’on a la confirmation d’une occupation du site au moins le XVe siècle
« La route du bord de mer qui sort de l’Ouest de Fomboni et se dirige vers Mbatse côtoie successivement le cimétière européen où repose Joseph Lambert, un stade et l’école primaire auprès du cimetière dit « chirazien ». Un drain perpendiculaire à la route a mis à jour sur une profondeur d’un mètre un horison archéologique fertile dans les délais duquel ont été retrouvés :
Un peu de chloritoschiste, de céladon et de monocrome islamique du XVe-XVe siècle
Une diversité de céramiques chinoises allant du XVIIe au XIXe siècle
Des poteries locales dont la majorité paraît être XVIe-XVIIIe siècle…..
[…] Ainsi on a la confirmation d’une occupation du site au moins le XVe siècle.
Mahurani, le cimetière « chirazien » de Fomboni : Il s’agit d’un ensemble complexe de tombe qui ont été installées à des époques différentes (cf. Plan joint au 1/200). L’ensemble paraît superposé ou légèrement intruisif par rapport au sol du village qui devait se trouver à proximité et dont les couches archéologiques ont été mises en évidence par la tranché de drainage situé au Sud du cimetière. Cette tranchée contenait aussi d’ailleurs des ossements lors de l’excavation.
Les tombes les plus anciennes du groupe paraissent être celles portant le n°7 et 16 de notre plan. L’une et l’autre sont faites de morceaux de pierres volcaniques appareillées en couche irrégulières mais néanmoins recouverte d’un mortier de chaux très fin. Ces tombes possèdent d’ailleurs chacune une inscription islamique contenant la chahada [Allah illah Mohamed Rasoul allah] (figure 83).
Plus importante, les entrées étaient, en outre, ornées de bols décoratifs. (16) en possédait même sur l’extérieur de chacune de ses faces ; (7) aussi : sur la portion Nord du mur Ouest, une assiète a été dessertie
Les tombes (2 et 10) étaient également décorées de céramique.
Par contre, l’orientation des entrées ne semble ni régulière, ni significative…. ». (Ibid.)
La description des tombes est très longues. Nous avons voulu vous montrer la pertinence de ces tombeaux en état de délabrement total aux beaux yeux de autorités nationales et régionales.
S. Hirschi & CH. Nafa (2014 : 126) nous laisse entendre que « Le cimetière chiraziense situe dans l’enceinte de l’école primaire de Fomboni. Il ne contient plus qu’une seule sépulture encore débout avec ses éléments de toiture de type pyramidale. Le reste des tombes montrent la diversité des constructions réalisées. Celles-ci s’organisent dans un espace dense découpé par des sortes de cheminement assez reduits. Les ruines montrent des éléments qui portaient des toitures à deux pentes ou d’autres pyramidales à 4 pentes. Les murs enduits portent les traces des socles qui accueillaient des assiettes décoratives et dans un cas d’inscriptions religieuses ».
VILLE HISTORIQUE A LA GRANDE COMORE : KWAMBANI YA WASHILI
Géolocalisation sur la carte
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Koimbani
Source : Damir B. A. et al :1983 ? Tradtion d’une ligné des Comores, Paris, l’Hamattan, PP. 62 et 72
Plan de la ville de Kwambani ya Washili
Source : J. L. Guébourg, 1995, Espaces et pouvoirs à la Grande Comores, Paris, l’Harmattan, p.298
« Koimbani-Oichili est une ville située au Centre-Est de l’ile de Ngazidja (Grande Comore), en union des Comores. Elle a longtemps servi de chef-lieu régional depuis des siècles. Koimbani est souvent connu surtout grâce à ses Trambwé, à l’instar du poète et philosophe Mbaé Trambwé. Ce dernier est né en 1735 et mort en 1815. Natif d’Iconi dans le Bambao, Trambwé Mlanao a régné dans la dynastie de Oichili vers la fin du 18e siècle. Son palais royal est toujours debout, à Koimbani sur la place Shangani en face de la porte de la Paix, des sites classés aujourd’hui Patrimoines nationaux par l’Unesco. La place Shangani, diminutif de Shanga-Trengwé (Abri dédié à la foule) a longtemps servi de haut lieu pour les grandes décisions politiques que prenaient en Assemblée les sept grandes régions de Ngazidja réunies souvent pour résoudre des crises. Sa position au centre de la région fait de Koimbani un lieu stratégique pour l’ensemble des habitations régionales » (Wikipedia).
Le rempart :
Photo 1 Photo 2
Les deux photos montre la « porte de la paix du rempart de la ville de Kwambani ya Washili qui est presque identique de celle de Fumbini
Source : Dr Bourhane Abderemane – photos prises le 1er février 2016
L’UNESCO, le Ministère de la culture, le CNDRS ainsi que les associations luttent pour la protection de notre patrimoine et doivent agir vite car nos monuments sont en danger car les anciens remparts sont cassés pour faire passer les routes nationales permettant aux voitures de circuler. D’autres les mutilent pour agrandir leur aire de construction.
« Les Portes de la Paix sont, elles, plus ménacées par les ravages du temps que par les modernisations ». (P. Vérin & H. Wright 1990 :173-177)
Selon les deux chercheurs « La plus connue est Fuu la Salama à Fumbuni. Elle se dresse dans le quartier de Badjanani près de la tombe de Said Houssein. La porte, haut de 1,60m, et large de 84cm à la base, est surmontée d’une arche cissoïde. Au-dessus de celle-ci, de part et d’autre, se trouvent des inscriptions. On y reconnaît le Sceau de Salomon…
Au sommet du monument, on note trois bosses en corail dont celle du centre a un motif florale et à entrelacs existe aussi en bandeau de part et d’autre à l’intérieur de l’arche, là où la porte se resserre pour se cintrer. Le corail est également utilisé en moulures pour souligner les limites de l’arche et de son fronton….
En gros, on peut dire que les Comores ont suivi les modes architecturales des pays voisins. Le corail taillé en motifs cordés apparait dans la mosquée de Djumbe Fumu à Ntsaweni que nous avons datée du XIVe siècle.Fuu la Salama de Fumbuni pourrai remonter au XV-XVIe siècle, mais il n’est pas impossible que les architectes locaux plus conservateurs aient perpétué à Fumbuni un style disparu sur le continent africain….
La porte de Kwambani fait elle aussi partie de l’ancien ensemble architectural du gouvernement local. Elle se dresse à l’est du petit palais (dara yezi, maison du pouvoir) qui fut celui de la dynastie des Inya Mlazema qui règnait sur le Washili et parvint même sous Trambwe wa Mbedji à étendre son autorité sur l’île…. » (Ibid. : 74-75)
La porte monumentale, Goba la Salama, se dresse sur la place bangwe de Shangani au milieu de l’ensemble que constituent les mosquées et le palais. Elle ressemble à celle de Fumbuni, mais elle est bâtie en tuf rouge d’origine volcanique. Facile à tailler, ce matériau à profit pour les moulures et pour la maçonnerie dont les éléments sont soigneusements juxtaposés, parfois même imbriqués. La largeur est la même que celle de Fuu Salama (85cm) mais la hauteur atteint 2m, parce que le sol n’a pas subi là de sédimentation.
Les deux tympans de l’arche porte chacun une cavité qui a sens doute contenu un bol ou une bosse. La prtie sommitale es actuellement composée de blocs de corail travaillé. Celui de droite aux éléments noués, au centre duquel se trouvait un plat ou une bosse, paraît original. Les deux autres blocs à la décoration de points et disposés au centre, semblent d’une facture moins soignée. Il est probable qu’ils ne sont pas en place et qu’une inscription bénéfique occupait le milieu du dessus du linteau.
Goba la Salama et Bangwe de Shangani
Source : CNDRS P1 JUL 82 101 Ph 19 Kwambani, Whashili Goba as Salama (Porte de la paix).
La datation est là aussi sujette à contreverse. Par référence aus terres voisines, on serait tenté de proposer l’époqueXVè-XVIè, un temps où les a éta puissant. Les céramiques recueillies à l’entour sont comme à Fumbuni beaucoup plus récentes ». (Ibid. : 75-76)
Le palais
Les deux photos montrent le palais Dara yezi
Source : Bourhane Abderemane – photos prises le 1er février 2016
La ville historique de Kwambani est connue grâce au poète philosophe Mbaé Trambwe. Né dans la région de Bambao, plus précisément dans la ville historique des vaillants guerriers, Ikoni, il est mort en 1815. Trambwe Mlanao a régné dans le Washili et fait partie de la dynastie Inya Mlazema . Son petit palais, Dara Yezi est toujours débout sur la place (Bangwe Shangani) à l’est de la Porte de la Paix (Goba la Salama) qui fait partie intégrante du palais. Un de la dynastie Inya Mlazema a même parvenu à étendre son autorité sur l’île tout entière.
Selon la tradition, tout geurrier partant au combat doit passer sous l’arche et toucher ou embrasser l’inscription portant le Sceau de Salomon.
Les tombeaux
Photo 1 Photo 2
Photo 3 Photos 4
Photo 5 Photo 6
Photo 7 Photo 8
Photo 9 Photo 10
Source : Photos 1 à 9 – Dr Bourhane Abderemane – photos prise le 1er février 2016
Source : Photo 9 : CNDRS – P1 JUL 87 101 Ph 29 Kwambani Washili, tombes princières
A Kwambani, nous avons plusieurs sortes de sépultures chiraziennes dont l’architecture varie :
-Des tombeaux en stèle à tête plate
-Des tombeaux en stèle sommet en bâtière à deux pans
-Des tombes avec pylône au milieu
Les formes varient aussi des tombes à stèles dont le sommet est plat et d’autres ressemble à une toiture en « V » renversé. C. Viaut et al (2020 :127) les définient ainsi « Les formes les plus courantes sont les stèles au sommet en bâtière à deux pans, quasi-universellement représentées dans toute l’île, à l’exception de l’ancien cimetière d’Ivoini où l’on peut voir des stèles de forme rectangulaire, au sommet plat… ».
« Un autre type de monument funéraire est représenté en Grande Comore sous forme de tombeaux couverts de petites pyramides à quatre pans, aux arêtes parfois chanfreinées, sur une base carrée ou rectangulaire » C. Viaut et al (2020 : 132),
« Au nord du palais et à l’ouest de l’actuelle mosquée du vendredi, il existe un autre cimetières de vieilles tombes dont certaines étaient décorées de céramique chinoises » (P. Vérin & H. Wright : 1990 : 175)
« Près du palais se dresse la vieille mosquée de Shangani entourée de sépultures dont les plus anciennes remontent au moins au XVIIIe siècle, si l’on juge par les tessons de bleu et blanc chinois encore sertis dans les tombes ». (Ibid. :1990 :175)
CONCLUSION :
Les villes historiques non retenues à Anjouan et à la Grande Comore ne répondent pas tous aux critères avancés par les experts. Le fait de n’avoir pu conserver leur tissu urbain. Seule deux villes ici à la Grande Comore pourront être proposées d’être rajouter après avis des experts.
En sillonnant les différentes villes historiques tant celles qui figurent sur la liste indicative ou non, nous avons pu constater l’état des lieux des biens et attributs qui se dégradent de plus en plus et dont certains complètement effondrés. D’autres ont subi des modifications d’un ou plusieurs niveaux. Ceci est dû à une forte pression démographique et urbanistique mais aussi à cause de problème foncier soit intra ou extra mureaux.
D’autre phénomènes renforcent aussi cette dégradation avancée, l’abandon des anciens bâtis faute de ressource financier pour pouvoir les conserver à l’état initial, malgré la présence de la nouvelle loi, non vulgarisée et aucune réglementation en vigueur permettant aux Mairies de s’approprier des bâtis abandonnés pour les restaurer et les conserver ; puis voir quelles activités peut-on les attribuer. Ce qui permettrait à la Mairie de créer des emplois et d’animer les médinas
Les espaces urbaines sont encombrées des détritus et des gravas soit des ordures soit des blocs de pierre et des bétons abandonnés provoquant les insalubrités des médinas et les autres villes historiques.
Ntsaweni : ville historique (1ère vieille ville)
Notre visite à Ntsaweni nous permis de constater la disparition des anciens bâtis, la mutilation de la muraille de la ville pour ouvrir des routes. Seul quelques tissus urbains ont été conservé. Les plus importants c’est tout autour du palais à deux niveaux dont une partie (à gauche) est occupée provisoirement par une salle de classe, prévue pour mettre en place un musée. Et à droite une association l’avait transformé en Bibliothèque et médiathèque. Le bangwe, avec son portique majestueux, est intact, mais les bancs ont été carrelé (une maladie virale aux Comores).
A côté de la nouvelle mosquée, se sont entassé des gravas d’une maison démolie. Un plan détaillé de cette zone montre les anciens emplacements des bâtis. Une route circulaire longeant les remparts du front de mer est ouverte passant à côté de « Iko » des pêcheurs (place des pêcheurs) au bord de la mer.
Les tombeaux en stèle ont été vandalisés. Les céramiques chinoises incrustés sur les stèles ont été cassées ne laissant que les trous et certains sont en état de dégradation à cause des intempéries.
Le mausolée de Mbae Trambwe (construction en pierre) est bien conservé de même que sa mosquée d’en face.
Les remparts du côté Nord ont été mutilé, ne restant que les deux « Bunarti » pour ouvrir les rues et la route. Du côté de front de mer, la muraille et son tour de guet résiste aux assauts des vagues. Tout fois il est nécessaire de renforcer le soubassement afin d’éviter un effondrement
La mosquée Djumbe Fumu : En comparent la photo originale et ce qu’on voit sur le terrain, la mosquée a subi une transformation extérieure en rajoutant une véranda ce qui empêche les gens de voir le mihrab extérieur. A l’intérieur, la toiture terrasse est intact, aucune infiltration d’eau n’a été signalé et les solives et les poutres transversales sont en très bonne état de conservation, de même le Mihrab est aussi bien conservé, mais peint en rose. La mosquée nécessite un badigeon avec de la chaux blanche pour lui donner son éclat d’antan.
A Ntsaweni, le centre historique a pu conserver les réseaux des rues, ruelles et les bâtis avant d’aborder les parties mutilées. Actuellement les voitures passent sous la portique pour entrer à l’intérieur de la vieille ville.
Fumbuni (2ème vieille ville) :
C’est la deuxième ville visitée pendant trois jours à cause de la distance à parcourir de Moroni à Fumbuni. Après une demi-journée d’entretien avec Fundi Ali Hassane au CLAC et étudier les documents, nous avons fait une première descente en suivant les contours de la muraille de la ville pour des prises des photos et vers 16h 30 nous avons pris le bus pour rentrer car il n’y a pas de pension en ville.
Le lendemain, arrivée à 9h00, nous avons continué les visites et les entretiens (questions/réponses) et ver 11h35, nous avons entamé le circuit en commençant par l’ancienne ville, là où Fumbuni est née. Appelé « Mlemengu ». Aucune trace ni des bâtis, ni de la muraille n’est resté debout. Avant il y avait 3 « ngome ».
Après, nous avons inspecté la partie de la muraille la plus longue qui est restée intact et très solide (partie Oust) et prendre les coordonnés de chaque muraille ainsi que les portes (du bord de la mer vers la station bus et la poste.. Arrivée au bout, il y a deux portes : l’une ancienne en forme d’arc et l’autre nouvellement ouverte pour faciliter le passage vers l’intérieur de la vieille ville en évitant les contours.
En suivant la ruelle qui séparait les remparts et les habitations, nous sommes tombées sur deux maisons avec étages dont leurs auvents s’appuyaient sur la muraille créant un passage couvert.
La 2ème muraille assurant la protection des réserves en cas de conflit a été une partie détruite (Est et Nord) pour élargir le trottoir et la route de la corniche. Il reste la partie Sud.
Il y a une différence énorme entre les tissus urbains sur le plan du XIX (1887) avec la réalité actuelle. Nous pensons peut être qu’il est dû à des problème fonciers. Les voitures circulent sur une partie de la vieille ville sans pour autant bouleverser la structure urbain d’antan, malgré quelque maison à deux niveaux.
Les quatre palais sont débout rongés par le temps et nécessitent une restauration en urgence. Les bangwe dont leur couverture est en tôle remplacent la toiture en chaume à deux pentes en forme de V renversé sont toujours animés après la prière de l’après-midi (AL Assur). Il y a aussi le « Goba ou Fuu ya Salama » (porte de la paix) qui se détériore facilement avec le temps que l’effet de l’homme à restaurer au plus vite possible.
Seul les mosquées qui sont toutes transformées en béton, modernisées et certaines portent même de nouvelle nom.
Nous n’avons pas remarqué des maisons effondrées, ni un amas de pierre et de béton transformé en poubelle, le tissu urbain a pu être conservé, malgré quelques empiétements.
Nous nous sommes posés la question : pourquoi Fumbuni n’est pas dans la liste indicative ?
Kwambani ya Washili (3ème vieille ville):
Descendu à la place centrale dite « Shangani » où il y a le petit palais à côté de la porte de paix (Goba ou Fuu la Salama).
La ville est composée d’un centre historique avec rempart jadis. Le tissu urbain ancien historique est complètement fondu, laissant quelques traces. La pression urbanistique a poussé certaines personnes à occuper le cimetière. Leurs maisons sont presque accolées aux différents tombeaux. Les ruelles ont été élargies pour permettre aux voiture d’atteindre le cœur de la vieille ville.
Au niveau des tombes en stèle, les 2/3 ont pu résister à l’agression humaine, en vandalisant les céramiques chinoises incrustées. Un de tombe porte un pilier devant. Ce qui nous laisse penser qu’il s’agit de quelqu’un qui est mort en exercice de pouvoir
Ouani : Vieille ville historique (Anjouan)
Malgré la mutilation des remparts, la destruction des anciens bâtis, la modernisation des mosquées (il ne reste que la mosquée Soifa de XIXe siècle), la ville n’a pas rompu avec ses tissus urbains qui restent intact. L’occupation des places publiques intra-muraux (Bangani vwa muji, Shilindroni Kilingeni). Aucune ruelle n’a été élargie pour faire passer une voiture à l’intérieur de la vieille ville sauf au niveau de la mosquée de vendredi dont l’espace a été élargie depuis la construction de la première mosquée de vendredi.
Il reste quelques pans de la muraille (gardée jalousement par le propriétaire de l’emplacement) et deux portes à arcature pointu rappelant le grand palais « Djumbeku » et qui laisse penser à cette illustre et brillante civilisation culturelle d’antan.
Moya : Vieille ville historique (Anjouan)
A Moya le cœur de la vieille ville est intacte. Seul quelques périphéries ont été restauré à cause des différents niveaux de pente pour empêcher les glissements de terrain. Des vieilles demeures sont toujours débout, bien conservées jalousement par leurs héritiers. Malgré quelques maisons à deux niveaux dont leurs auvents empiètent les ruelles, nous pensons que Moya a pu tant bien que mal, conservé une partie de leur tissu urbain ancien. Des bouts de pan de la muraille existent jusqu’à maintenant, témoin d’une civilisation urbaine ancienne.
Chaoueni : Vieille ville historique (Nyumakele)
Après deux siècles de civilisation chirazienne de 1300 à 1500 après J.C, Chaoueni n’a pas laissé aucune trace de cette illustre civilisation en détruisant toute la vieille ville historique. Il ne reste que les soubassements témoignant la présence chirazienne à Nyumakele.
Ziarani-Sima / Vieux Sima : un site majeur de l’histoire des Comores :
Occupé continuellement de VIIIe au XVIIIe siècle, deux catastrophes majeurs viennent de détruire cette ville de plus de 11 hectares à ce temps :
L’affrontement entre deux frères de même père (Mohamed de Domoni et Shivampe de Sima soldée par un massacré de la population
La razzia malgache qui n’a rien laissé sauf la petite mosquée. C’est devenu un site archéologique où plusieurs fouilles ont été réalisée par des différentes universités.
La nouvelle ville n’a pas adopté la totalité de tissu urbain historique de Vieux Sima. Il y a un mélange de ruelles et des rues très larges laissant passer, véhicules et motos
Domaine de Sunley (Mpomoni) et de Dr Wilson (Patsy) : patrimoine colonial
C’est deux sites (Mpomoni : plus de 5.043 hectares et Patsy : plus de 2.204 hectares de terrains) sont à exclure de la topologie des médinas. Ce sont des villages créés spécifiquement pour cette circonstance avec des mains d’œuvre servile. C’est un système d’urbanisme avec des routes assez larges, en craillant des lotissements pour installer leurs travailleurs. Seul les hameaux des esclaves qui étaient serré les uns aux autres avec des petits sentiers.
D’autres études sur le terrain sont nécessaires vu que le temps était imparti et la présence des experts en urbanisme et en restauration est quasiment important pour avaluer les villes historiques restantes.
GLOSSAIRE
A.
Ânda na Mila : les us et coutumes (Chamanga M. A. 1992 : p. 37)
Antemoro : ethnie malgache
B.
Bandra Mtsanga : Bandra/ (ma-) 1. Plaine, plateau, terrain plat. 2. Champ (Nisindra bandraju) / je vais au champ (Chamanga M. A. 1992 : p.54) – terrain plat où il y a du sable – Région de Ouani
Bandrishiyo : Au toilette, bassin d’eau (un compartiment eau froide et un compartiment eau chaude) en permanence
Bangwe : place publique (Grande Comore)
Bara : ethnie malgache
Bazi-Nguni : nom d’une grotte à Bazimini (Anjouan)
Beja/Bedja : (pl. mabedja) : classe d’âge masculin, promotion, membre de cette classe d’âge (frère d’âge), groupement féminin (voir aussi hirimu) (S. Blanchy : 2009 : p.305)
Beya : (pl. mabeya) : classe d’âge masculine., promotion, membre de cette classe d’âge ; groupement féminin (voir aussi hirimu). (S. Blanchy : 2009 : p.305)
Bidiân/Bidia : (-) [d] Ténacité, obstination, opiniâtreté, acharnement, entêtement. Na bidia : têtu, obstiné. (Chamanga M. A. 1992 : p.59)
Bindera : couleur rouge
Bogabire : Système d’élevage des bœufs conclu entre Tutsi et Hutu à Rwanda
Bishiyo : coraux taillés en forme de dalle pour couvrir la toiture d’une maison en pierre
Bunarithi : Tour de guet (en parlant des remparts)
Bunarti : (-) Poste d’observation, tour de guet – cf. ngome (Chamanga M. A. : 1992 : p. 61)
Bwani : au bord de la mer (exemple : Nisi shuka ho Bwani : je descends au bord de la mer) à Anjouan, on utilise plutôt « Mtsangani » au bord de la mer, à la plage (Chamanga M. A. : 1992 : p. 151)
Bwe la Maji : Pierre où sort l’eau / une source – Nom d’une région à Ouani Anjouan
C.
Chirazien : Immigrés d’origines arabes, de la région de Chiraz en Iran
Chivumbi : « Espèce de lit immobile fixé en terre par quatre pieds en bois, sur lesquels est attaché un cadre de quatre autres pièces. On entoure l’encadrement par des cordes, soit de fibres de coco, soit d’autres écorces d’arbres, et on y pose la peau d’une chèvre comme matelas » (Manuscrit Saïd Ahmed Zaki/MSAZ). La filiation du mot probablement bantu est à faire car le mot comorien traditionnel est kitandra (ou shitandra) et le mot Antalaotse kibani. (Voir note n°44, 2000, Etudes Océan Indien n° 29 INALCO, p. 16).
D.
Daho : (pl. malaho) : maison d’habitation familiale ; groupe de filiation matrilinéaire ;- la àda : maison dont la femme propriétaire a été marié en àda ; mna…- « petite maison, maison d’une femme épousée sans àda par un homme qui a l’intention de faire ces paiements après, avec une autre épouse. (S. Blanchy : 2009 : p.305)
Dago : (pl. malago) : Maison, foyer, appartement (cf. Nyumbà) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 64)
Dahir : Un décret pris par un sultan pour prendre une décision
Djahazi : (-ou ma-) Boutre (Chamanga M. A. : 1992 : p. 69)
Djamà : (-) Assemblée, assistance, publique
Udjama (cl.11) Union
Mdjemaza (cl.11) Famille au sens large
Mdjemaza (wa-) Parent, proche, membre de famille. Ule mdjemazangu : celui-là est un parent à moi. (Chamanga M. A. : 1992 : p. 69)
Djandro : Utilisation des pierres sans lien pour préparer une digue
Djinni/Djini : (ma-) Djinn esprit notamment dans les cultes de possession (Chamanga M. A. : 1992 : p. 71)
Djumbe : Maison princière
Djuzu : (-) Division, partie, section, l’une des trente divisions du Coran.
Etre licite, convenir (syn. –pasa) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 72)
Dua : Invocation, prière non canonique (S. Blanchy : 2009 : p.306)
F.
Fani : Chef préislamique et qui a abdiqué en faveur du sien
Veut dire celui qui ayant régné, abdiquait en faveur de l’un des siens…
Fitako : (-) palanquin, chaise à porteur
Fukuju/Fukù: (ma-) 1.- Entrée (du village) ; par ext. Décharge publique (située à l’une des entrées du village. 2.-Entrée principale d’une maison par opposition à shilongo (voir mlongo) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 86)
Fundi : (ma-)Maître, enseignant, érudit, artisan (maçon, menuisier, tailleur…) Cf. -fundra
(Chamanga M. A. : 1992 : p. 86)
G.
Gerezani : Nom d’une place publique particulière à côté du palais, là où le sultan se réunit avec ses vizirs et les dignitaires de la cour du roi pour discuter des problèmes du sultanat.
C’est le nom donné à une Citadelle d’Itsandra, le palais du roi.
Gidjoni/gidzo/gidzoni : (ma-) 1.- Marché (lieu) 2.- Marchandise. Cf. Bazàri, shindro ( (Chamanga M. A. : 1992 : p. 91)
Goba la Salama : Porte de la Paix
Gomeni-Bazi : Nom d’une grotte à Bazimini et que le Réseau des archéologues Africains avait mené une campagne de fouille en 2009. C’est là où on a trouvé des pierres taillées
Gonzi/Gondji /gondzi: (ma-) Mouton (Chamanga M. A. : 1992 : p. 92)
Gozi : (ma-) Ecorce
Ngozi (-) Peau (Chamanga M. A. : 1992 : p. 93)
H.
Haly/hali : (Beja hali/haly) – (trou/fossé/courageux, viril, énergique)
hali 1., tali (-) Etat, condition, situation, manière, façon. Iyo de thàli yahe : il est comme ça. Wa hali intrini ?: comment vas-tu ? Avec les démonstratifs –nu ou – ni, -le et –o, on a : halini, halile et halilo ou hallo : comme ceci, comme cela, comme ça.
(Ar… état condition)
hali 2., ghali Adj. Inv. Cher, d’un coût élevé
(Ar… qui dépasse les borgnes, cher)
-hali (cl.5 kali, cl.9/10 nkali) Adj. 1. Fort. Putù kali : du piment fort. 2.- Tranchant. Asùdzu lisembeà ata là kàli : il a aiguisé le couteau et il est devenu tranchant. 3.- Ardent. Juà kali : un soleil ardent, vif. Liheào kali kali homo hùtswa : (le soleil) qui se lève avec ardeur, ne tarde pas à se coucher (Prov.). 4.- D’un goût acide, Marundra màhali : des oranges acides. 5.- Sévère. Fundi mùhali : un maître sévère.
Uhali (cl.11) Etat de ce qui est fort, tranchant ; acidité ; sévérité.
(B.C. *-Kàdi force, amertume, acidité) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 96)
Hara : Mot malgache désignant la sueur
Harà 1 (-) Récipient avec manche pour prendre l’eau dans un seau ou dans une canarie, fait avec une coque de noix de coco ou une boîte de conserve. Cf. Shiwi.
Hara 2 : Sorte de collier en or qui peut prendre toute la largeur de la poitrine. Cf. nkama.
Harusi : Mashuhulu en Grande-Comore, Ensemble des festivités et cérémonies pour la célébration du mariage coutumier
Arusi, ârusi, harusi : (-) Noce, mariage, cérémonies liées au mariage coutumier (c’est-à-dire un mariage avec une fille vierge et où un minimum de cérémonie est nécessaire. Généralement, on fait le arusi une fois dans sa vie et dans son village natal. Les autres formes du mariage s’appellent ndrolo). Bakàri asifanya iarusi yàhe mwaha ùnu : Bakari va célébrer son mariage cette année. Hufa ya djàma arùsi : Litt. « mourir ensemble ce sont des noces » (Prov. Signifiant qu’on peut toujours se consoler en voyant qu’on n’est pas seul dans une situation difficile). Arusini : cérémonie ou maison nuptiale. Aséndra arusini : il va à la maison ou aux cérémonies nuptiales, à la fête du mariage.
Bwana-arusi, bwanarusi (ma-), mmarusi (wa-). Titre que l’on donne à un jeune marié.
Msharusi (washarusi ou wazarusi) Titre que l’on donne à une jeune mariée.
V. –lola, mmé, mshé
(Ar… fiancé, marié (e), mariage) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 48)
Hinya : matrilignage (voir aussi nya) (S. Blanchy : 2009 : p.306)
Hirimu : (-) 1. -Classe d’âge. Ile hirimu yàngu : Il est de la même classe d’âge que moi. Hirimu môja : égalité d’âge, à la même classe d’âge. 2. Association, ou organisation de personnes appartiennent à peu près à la même classe d’âge. Hirimu jà fulani : l’association des personnes de même classe d’âge qu’un tel.
Dans la ville de Wani, chaque individu doit normalement appartenir à un hirimu. Cette appartenance lui confère des droits mais aussi le soumet à des obligations dans la vie sociale (fêtes, prestations…). (Chamanga M. A. : 1992 : p. 103)
Hirimu : échelon d’âge, système d’âge ; parfois employé pour beya, classe d’âge ou frère d’âge, ou pour le groupe beya féminin. (S. Blanchy : 2009 : p.306)
Hiriz, pluriel Tahriz : pendentifs ou talismans pour protection
Hirizi : (-) Amulette composée de feuille de papier avec et des inscriptions sacrées en arabe et enveloppée dans un petit sac en tissu. On la porte le plus souvent autour du cou ou du bras. (Arabe… amulette, tout ce qui préserve contre les sortilèges ou les mauvais œil) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 103)
Hu Hangisa : Confier à quelqu’un un animal pour l’élever et partager le bénéfice.
S’il s’agit d’une génisse, le premier né appartient à la propriété et la deuxième naissance sera pour le bouvier ; ainsi de suite. En ce qui concerne le taureau, avant de le céder à l’éleveur, on évalue approximativement son poids (ex. 70kg). Au bout d’un an ou plus, l’éleveur et le propriétaire réévalue de nouveau le poids (ex. 250kg). On déduit le 70kg et le reste (le bénéfice 180 kg) sera partagé en deux parties égales. Soit on abat l’animal et vendre la viande, soit vendre l’animal debout, puis partager les gains de 180 kg. Le propriétaire de l’animal recevra la valeur de 160kg (70kg +90kg= 160kg) et l’éleveur, pour sa part, aura la valeur de 90kg (90kg).
Hutu : Ethnie Rwandaise
I.
Iko : fêtes, prestation
Iko : Aire de travail et de réunion des pêcheurs à terre. (S. Blanchy : 2009 : p.306)
Inya : clan : une personne peut parler pour l’inya de son père mais totalement de ligné de la mère. On parle de parent. La grande unité sociale est ‘’inya’’ ou hinya (racine : nya = mère)
Inya/nya : (archaïque) mère ; hinya : matrilignage ; mnya (Pl. wainya ou wenya) : membre d’un hinya (S. Blanchy : 2009 : p.309)
K.
Kabar : pour parler (mot malgache)
Kabila : Termes désignant les filiations (lignage par le père), on peut dire Kabila mbaba hangu (du côté du père), Kabila mama hangu (du côté de la mère).
Kabila : Patrilignage arabe, mot parfois employé indifféremment pour matrilignage (S. Blanchy : 2009 : p.306)
Kali : (voir hali)
Karamu : (-) Festin. Hupiha kàtamu : offrir un grand repas (Chamanga M. A. : 1992 : p. 116)
Karamu : non d’une fête de ànda donné par le père qui marie sa fille et offre des bœufs (S. Blanchy : 2009 : p.309)
Karamu ya masingo : Grand repas offert à l’occasion de ce massage
Masingo (voir singa) :
Singa 1. (-) Grand plat en porcelaine. Singa ya zilo : un grand plat de riz. Cf. sinia.
Singa 2. Adj. Inv. Lisse (en parlant de cheveux). Huka na nyéle singa : avoir les cheveux lisses.
-singa (non accentog. : asingi) Enduire, frictionner, frotter. Husinga yamànyo : se brosser les dents.
Masingo (cl.6) 1.- Massage (généralement fait aux jeunes mariés) avec des produits aromatiques et aphrodisiaques. 2.- Repas accordé à l’occasion de ce massage. (Chamanga M. A. : 1992 : p. 204)
Kombe : (cl.5) Kombe la mùngu : Langue (poisson : Litt. « cuillère de Dieu » (Cynoglossus sp) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 122)
Kuju : « Une noix vidée de sa chair et qui sert de carafe » (MSAZ). Confirmé par Chamanga (1992 : 123). « Dans certains villages bushman, on trouve encore ces meubles et ustensiles » (MSAZ). (Voir note n° 49, 2000, Etudes Océan Indien n° 29 INALCO, p. 16).
L.
Lahy /Lahi/Lelay : Homme (mot malgache) du sexe mal comme « omby lahy=taureau ».
M.
Maferembwe : l’Assemblée des Fe. Cette Assemblée a pour objectif l’élaboration d’une loi fondamentale orale applicable sur le territoire à tous les comoriens partout où ils se trouvent au niveau des iles sans tenir compte de son île d’origine.
Mahaburiju Bwe la maji : Là où il y a les tombes au cité état de Bwe la maji
Kaburi (mahaburi) Tombe, tombeaux.
Kaburini : dans la tombe. Mashaka ya kaburini, mufu de ayajuao : les ennuis d’outre-tombe, c’est le mort qui les connaît (Prov.) Cf. mava (Chamanga M. A. : 1992 : p. 113)
Makabaila/Kabaila : (-) (Pl.) les Nobles
Kabila : (-) Clan, ligné paternelle.
(Ar… tribu, ligné du père) (Chamanga M. A. : 1992 : p. 113)
Makeke : collier ou bracelet fait avec des fusaïoles soit en argile ou en os
Makoua : Esclaves venant de Mozambique
Madjivi/Djivi : (ma-) Grande porte, porte d’entrée (souvent sculptée), porte principale. Cl. Mlongo, shibao (Chamanga M. A. : 1992 : p. 71)
Manyahuli : Propriété foncière indivise transmise dans le matrilignage (S. Blanchy : 2009 : p.309)
Matsunga : (cl.6) Elevage (voir tsunga)
Tsunga 1. : (non accentog. Atsungû) Elever des bêtes
Tsungwa Ps Être élevé
Mtsungà (wa-) Eleveur
Tsunga 2. : (non accentog. Atsungû) Tamiser. Cf. – tsuja (Chamanga M. A. 1992 : p.220)
Mba : désigne le ventre maternel (sens figuré et sens propre). Mimba, c’est la grossesse et aussi nyumba (maison).
Mtsunga : (wa-) Eleveur
-tsunga 1: (non accentog. : atsungû) Elever des bêtes.
-tsungwa : Ps. Etre élevé.
-tsunga 2 : (non accentog. : atsungû) Tamiser. Cf. –tsuja.
-tsungwa : Ps. Être tamiser (Chamanga M. A. 1992 : p.220)
Mdjawashe : les villages matrilinéaires les plus anciens mdjawashe, matrilinéaire, dont les noms sont souvent préfixés par inya » (Walker 2004 : 3).
Mdjawume : Village fondé par des gens qui ont une structure parentale patrilinéaire… Systèmes nominatifs des clans : Mdjawume, patrilinéaire, dont les noms sont préfixés par wa-, » (Walker 2004 : 3).
Mhunga : (mihunga ou mihinga) Anguille, congre. (Chamanga M. A. 1992 : p.144)
Mihrab : Endroit où se tient debout l’imam pour diriger la prière dans les mosquées.
Miji : (voir mdji)
Mdji : (Pl. midji) : localité, cité, l’ensemble des hommes composant les classes d’âge et les groupes de commensalité, ou au sens strict seulement les Accomplis, sous-groupe de ces derniers (voir aussi mfomamdji) ; nom d’un groupement féminin. (S. Blanchy : 2009 : p.307)
Milanantsi : C’est une loi fondamentale orale applicable sur le territoire d’une île, à tout Comorien quelle que soit son île d’origine.
Mimba : (-) 1. Ventre, abdomen. Hushuka (ou hungià) mimba : avoir un gros ventre, être ou devenir obèse. 2. – Grossesse. Huka nà mimba : être enceinte. Hupuà mimba : avorter. Hupuà mimba : faire une fausse couche. Cf. mira (Chamanga M. A. 1992 : p.144)
Miradji : (-) Ascension du Prophète. Suku ya miradji : jour de l’ascension, jour pendant lequel on commémore le voyage du Prophète de la Mecque à Jérusalem à travers les aires, et de là au ciel. Cet évènement aurait eu lieu dans la nuit du 27 au 28 de rajab ; pour cette raison, ce mois porte le nom de mwezi wa miradji : le mois de l’Ascension. Cl. Mwezi (Chamanga M. A. 1992 : p.145)
Mlango/Mlongo: (mi-)1.- Porte, entrée, entrée principale. 2.- Battant d’une porte. 3.- Chapitre d’un livre
Mlimani/ Mlima : (mi-) Montagne, colline / là où il y a la montagne (région de Ouani)
Shilima (cl.7) Colline
Mpangahari : Place culturelle publique, ce lieu joue également la fonction de lieu à palabre ou encore place pour les jeux de société
Mpwani/Mpwa : rivage de la mer »…Ch. Sacleux, C. S. Sp. (1939: p.589).
Mrumwa : voir –ruma
Mshindra : -shindra (non accentog. : ashindri) 1. Pouvoir, être capable. 2. – Battre, dépasser. 3.-Réusir, gagner (Chamanga M. A. 1992 : p.198)
Mtrumshe/ Mntru-mshé : voir muntru
Mtsanya : (mi-) Grosse marmite en terre cuit. (Chamanga M. A. 1992 : p.153)
Mtsondji : calebasse (pour mettre de l’eau). Manuscrit Hébert (M.H.) donne le mot mtsondji. (Voir note n° 46, 2000, Etudes Océan Indien n° 29 INALCO, p. 16).
Mtseve : Feuilles de coco tressées, servant de nattes » (Manuscrit Saïd Ahmed Zaki). Confirmé par Blanchy (1987 : 139) : « mutseve : feuille de cocotier tressée en chevron, pour la confection de nattes de prière et de paniers ». (Voir note n° 45, 2000, Etudes Océan Indien n° 29 INALCO, p. 16).
Mtuli : (mi-) Espèce de mangouste (Chamanga M. A. 1992 : p.153)
Muntru, mntru, mtru (wantru) Personne (homme ou femme). Kavu mûntru : il n’y a personne. Vwa wantru dagôni : il y a des gens à la maison.
Mntru-baba (wantru-babà), mntru-mme (wantru-wame) : personne de sexe masculin, homme, garçon, époux.
Mntru-mamâ (Wantru-mamâ), mntru-mshé (Wantru-washé) : personne de sexe féminin, femme, fille, épouse. (Chamanga M. A. 1992 : p.154)
Muridi : Adeptes des confréries musulmanes
Mwalimu : Devin guérisseur, sorcier, géomancien, maître coranique, instituteur etc.
Mwalimu, malimu-dúnia (wa-) Devin, astrologue, guérisseur.
Mwalimu-fakihi (wa-) Théologien. Cf. fundi (Chamanga M. A. 1992 : 156)
Mwalimu cl.1/2 (Swa. = instituteur) (Ar. mu’allim) Guérisseur, devin. Mwalimu dunia : astrologue. Le mwalimu est parfois surnommé « kofia trotro » (kofia sale) en chaire à la mosquée ; mais chacun doit décider de ses actes et aucun anathème ne doit être jeté par les autorités religieuses sur tel ou tel, connu pour être mwalimu, et fréquentant la mosquée. (Blanchy S. 1990 : 220)
Mwalimu cl.1/2 (Swa. = instituteur) (Ar. mu’allim) Guérisseur, parfois sorcier. Mwalim dunia : astrologue. (Blanchy S. 1987 : 142)
N.
Nasaba : (lignée paternelle : seul le Sharif peut se réclamer de ‘’Nasaba’’.
Ndrume : (-) Bûche servant de combustible dans la préparation de la chaux (Chamanga M. A. 1992 : 162)
Ngizi : (-) Quelque chose qui a un goût sucré, doux. Ngizi ya nyoshi : miel. Ngizi ya mûwa : mélasse de canne. Trundra lini, lina ngizi : Cette orange est sucrée. (Chamanga M. A. 1992 : 163)
Ngome : (-) Muraille ou rempart qui entoure une cité (Chamanga M. A. 1992 : 163)
Ngozi : (voir gozi)
Nguzi : (-) Lézard (Chamanga M. A. 1992 : 164)
Nkoma : Rite préislamique organisé à Ouani à chaque trois ans pour la protection des enfants, de ses parents et de toute la population sous un gros arbre sacré sur un endroit appelé Binti-Rasi
Ntibe : Titre porté, parmi les rois, par celui qui avait obtenu le pouvoir de contrôler l’intronisation des autres et de négocier les relations extérieures (S. Blanchy 2009 : 309)
Ntsazi : « Plat en bois » (MSAZ). Confirmé par Chamanga (1992 : 169). (Voir note n° 47, 2000, Etudes Océan Indien n° 29 INALCO, p. 16).
Ntsia : Arme du sultanat – un grand dent creux d’éléphant, On souffle pour informer la population de ce que va prononcer le sultan à Mpangahari (la grande place publique)
Une grande dent creuse d’éléphant (placée sous les pieds du sultan le jour de son intronisation)
Ntsoha : (-) Chaux (Chamanga M. A. 1992 : 169)
Nyumba : (-) Maison. Cl. Dago (Chamanga M. A. 1992 : 172)
Nyungu za drongo : Marmite en argile
Nyungù : (-) Marmite, casserole. (Chamanga M. A. 1992 : 172)
O.
Omby / Nyombe/Mbe : Bœuf, bovin (S. Blanchy 2009 : 307)
Nyombe : (-) 1.- Vache, bœuf. 2.- Fig. Bête, idiot. Syn. Mjinga.
Unyombe : (cl.11) Bêtise, sottise (Chamanga M. A. 1992 : 172)
P.
Pangatsaya : Nom d’une grotte qui se trouve à Male au bord de la mer. Le Réseau des Archéologues Africains, sous la direction du Professeur Felix Chami, avait mené une excavation en stratigraphie en 2008, avec ses élèves de l’Université de Dar Es Salam et de l’Université des Comores
Pira : Coque d’une noix coupée en deux servant de verre » (MSAZ). (Voir note n° 48, 2000, Etudes Océan Indien n° 29 INALCO, p. 16).
Q.
Qibla : Point d’orientation des mihrabs des mosquées vers la Kaaba à la Mecque.
R.
Rafia : Plante d’où on extrait un cordage et qu’on trouve à Madagascar
Rinyeke/Riringe :
Ruma : (arumu) Employer (quelqu’un), donner un travail à, faire travailler, envoyer quelqu’un, envoyer un émissaire ou un messager, envoyer en commission.
-rumwa Ps. Être employé, être envoyé, avoir du travail, être envoyé en commission (Chamanga M. A. 1992 : p.144)
S.
Sadaka : (ma-) [d] Offrande, sacrifice, aumône. Hutoa sàdaka : faire l’offrande, faire l’aumône
-tasadaki : Faire l’offrande, faire l’aumône. (Chamanga M. A. 1992 : 189)
Sadjuwa : Récipient en argile avec col pour la conservation de l’eau dans des différents lieux (soit à la maison, soit à la mosquée)
Shilindro : place publique
Shiliyo : repas donné à l’ensemble des membres de « Hirimu ». Quand tous les rituels sont faits, l’enfant est intégré d’office.
Shilongo : (zi-) Entrée secondaire, ouverture pour entrer dans la cour d’une maison sans passer par les chambres, entrée utilisée surtout par les enfants, les femmes et les gens de classe inférieure. Shilongoni : par l’entrée secondaire. Cl. Babu (Chamanga M. A. 1992 : p.147)
Shinkabwe : un poisson qui porte deux éperons sur la tête contenant de poison
Shirumba : (zi-) Panier (Chamanga M. A. 1992 : p.199)
Shiwi : 1. (zi) Louche faite d’une demie coque de noix de coco. Cl. Harà
2. (zi) furoncle
3. (zi) Mille (peu usité). Riyali shiwi : mille piastres (5.000 F) syn. Alfu (Chamanga M. A. 1992 : p.200)
Shungu : (cl.7) Festin auquel on prend part et qu’on doit offrir à son tour dans les diverses occasions qu’on est amené à organiser dans sa vie : mariage, circoncision, coupe des cheveux. (Chamanga M. A. 1992 : p.202)
Sikidy/Sikily : géomancie (N. Rajaonarimanana: dictionnaire malgache dialecte Tandroy 1996 : 40).
Sikidy : La divination, une forme savante et élaborée de communication avec les esprits. (Charlotte Rabesahala-Randriamananoro 2015 : 18)
Sineju : la colline où est construite la Citadelle de Mutsamudu
T.
Tandroy : Ethnie malgache au sud de l’ile
Twarika : Confréries musulmanes. Aux Comores, nous avons deux confréries principales : la Shadhuliyya et la Rifaiyya et la Qadiriyya, très particulièrement à la Grande-Comore Ces dernières années, le pays connait une forte influence de la confrérie Tidjaniyya avec comme leader cheikh Thaoubane originaire de Mirontsy
Tumbo :
Trimbo/ Tumbo : (Pl. Marimbo ou marombo) (cl.6) 1.- Entrailles, intestin. 2.- Ventre. Rilaua trimbo môja : (Litt. « nous sortons d’un même ventre ») c’est-à-dire nous sommes nés d’une même mère.
trimbo (Plu. marimbo), trumbo (marumbo) Intestin, boyau.
ntrimbo (-) Ventre.
Shizia-ntrimbo Le dernier-né (Chamanga M. A. 1992 : 201 et 215)
Tutsi : Ethnie Rwandaise
U.
Uhura wa muji ou Ngome à la Grande-Comore: Fortifications ou muraille défensive.
Ujamaa : (voir –djama)
Ujumbe : Palais, résidence des sultans. Le terme peut désigner aussi délégation.
Ustaânrab : Faire comme les Arabes ; embrasser la culture Arabe (la manière de s’habiller, de manger etc.)
V.
Vuvuni : (ma-) Sous le lit, sous la table. Atsahao sha vuvuni, unyama : qui veut ce qui est sous le lit, doit se baisser. (Prov. : on n’a rien sans mal) (Chamanga M. A. 1992 : p.234)
W.
Wabaladjumbe : considérés appartenir à la ligné du palais ou ligne royale. Ils doivent avoir commencé les préparatifs de l’Anda de leur fille ainée. Ils restent beaucoup à faire (mariage des nièces, festins offert à la classe d’âge etc.).
Wafaku : Gris-gris écrit sur un morceau de papier blanc pour jeter un sort à quelqu’un.
Wafalume : (voir mfalume)
Mfalume : (wa-) Roi, chef, président
Ufalume : (cl.11) Royauté, autorité (Chamanga M. A. 1992 : p.142)
Wafonamdji : (dernière échelle) : Ce sont ‘’les rois du village’’ ou de la ville. Ils deviennent le « Mfukare Wahandra ». Ils ont accompli plusieurs cérémonies traditionnelles notamment avoir marié sa fille y compris le pèlerinage à la Mecque, le mariage de leur nièce et les festins offerts au membre de sa classe d’âge « Hirimu »
Wagangi : (voir mgangi)
Mgangi (wa-) Sorcier, charlatan
Ugangi (cl.11/14) Sorcellerie, charlatanisme. Cl. Mdjandja (Chamanga M. A. 1992 : p.91)
Wamatsaha : (voir matsaha)
Matsaha (cl.6) 1.- Ordure. 2.- Brousse.
Matsahani : dans la brousse, au champ
Mmatsaha ou muntru wa shimatsaha
(wa-) : quelqu’un de la brousse, un campagnard ; Fig. Farouche, sauvage.
Shimatsaha (cl.7) Parler ou manière des gens de brousse.
Umatsaha (cl.11) Caractère des gens de la brousse. (Chamanga M. A. 1992 : p.139)
Wanamdji : les enfants du village repartis en trois niveaux (voir texte p. 56)
Wantruwashe/ Wantru-washé : (voir muntru)
Wudjama : (voir djamà)
Wuhura wa Muji : La muraille de la ville
Z.
Zanahary : Dieu (mot Malgache)
Zawouia : Etablissement où se rencontrent les adeptes ou mourides des confréries musulmanes pour la récitation individuelle ou collective des prières ou des chants liturgiques [abuyati]
Ziloho/Shiloho : (zi) Sorte de niche creusée dans le mur intérieur des maisons (Chamanga M. A. 1992 : p.139)
Zisima : (sing. Shisima) Puits d’eau saumâtre
Ziyara/ziara (-) Lieu sacré, spécialement dans les croyances Païennes. (Chamanga M. A. 1992 : 240)
CHRONOLOGIE
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TABLE DE MATIERE
Introduction P. 1
I. Cadrage et limite de l’étude…………………………………………… P. 2
II. Méthodologie……………………………………………………………P.5
III. Transcription en comorien………………………………………………P.8
IV. Typologie des éléments patrimoniaux………………………………….P.11
A.Les espaces publiques et urbaines………………………………..P.13
B.Palais et maisons princières………………………………………P.15
C.Mosquées, Zawiya et tombeaux…………………………………..P.17
D.Citadelle et remparts………………………………………………P.36
V. Contexte Historique………………………………………………………P.45
Rappel des périodes, vecteurs des différentes migrations……………P.45
Rappel des principaux traits de la société comorienne………………P.71
VI. Les centres historiques de l’archipel des Comores…………………………..P.81
A.Introduction………………………………………………………..P.82
B.Site de Ntsaweni ancienne capitale du sultanat de Mbude…………P.83
C.Les photos anciennes de la ville de Ntsaweni :Etude comparative..P.92
D. Site de Fomboni ancienne capitale du sultanat de Mbadjini………P.92
VII. Identification du Bien/Description du bien
La médina de Mutsamudu (élément 1)……………………………….P.100
La médina de Domoni (élément 2)……………………………………P.122
Grande Comore……………………………………………….P.134
La médina d’Itsandra (élément 3)…………………………………….P.135
La médina d’Iconi (éléments 4) ………………………………………P.144
La médina de Moroni (élément 5) ……………………………………P.153
La médina de Ntsudjini (élément 6) …………………………………P.166
VIII. Anjouan : autres villes historiques……………………………………………P.174
Typologie des divers biens et/ou attribut…………………………….P.176
La médina de Ouani………………………………………………….P.181
La médina de Moya…………………………………………………..P.214
Le cité état de Chaoueni (Nyumakele)……………………………….P.218
Domaine de Sunley à Mpomoni………………………………………P.220
Domaine de Dr Benjamin Franklin Wilson à Patsy…………………..P.224
Vieux-Sima – Ziara Sima : Un site majeur de l’histoire des Comores.P.226
IX. Mohéli : Ville historique : Fomboni……………………………………………P.228
X. Kwambani ya Washili………………………………………………………….P.241
Conclusion……………………………………………………………………………P.247
Glossaire………………………………………………………………………………P.250
Chronologie…………………………………………………………………………..P.258
Bibliographie…………………………………………………………………………P.259
Table de Matière………………………………………………………………………P.261